Dans son livre, Vincent Held l’affirme d’emblée : « l’ordre
monétaire international traduit un rapport de forces entre nations ».
Or, la nouvelle puissance financière chinoise, notoirement assise sur des
réserves d’or considérables (quoique sous-évaluées) – et forte d’une alliance
avec des partenaires stratégiques tels que la Russie- devrait selon toute
vraisemblance réclamer un nouveau Bretton Woods.
Ce point de vue converge avec une publication de septembre 2017, intitulée
« Le retour de l’or sur la scène monétaire mondiale? » Il y était
annoncé alors que dès « Mars 2009, le gouverneur de la Banque populaire
de Chine M Zhou Xiaochuan revint dans le cadre d’une conférence
intitulée Reform the international Monetary System sur la vision de Keynes au
sujet du bancor.Pour lui, le système centré sur le dollar américain et les
taux de changes flottants, plus ou moins librement, devrait être repensé.
M Zhou Xiaochuan avait rappelé alors les effets pervers du système
de changes flottants sur fond de dollar américain dans la mesure où pour
qu’il y ait suffisamment de liquidités en dollars, il faut que les Etats-Unis
soient déficitaires. (Dilemme de Triffin, alertes vaines de Jacques Rueff)
Or, le déficit de ce pays atteint des sommets jamais vus. Actuellement,
nous sommes de nouveau dans une situation de menaces de « shutdown »,
c’est-à-dire de cessation de paiement du plus grand débiteur de la planète.
Les conséquences seraient systémiques et planétaires.
La Chine, en premier créancier de ce pays, devrait détenir, à l’horizon de
2035, 50% du stock mondial de billets verts. Et celle-ci commence à
s’impatienter puisqu’elle serait le pays qui aurait le plus à perdre en cas
de cessation de paiement US.
Il faut donc quitter le système, mais le quitter progressivement…
Du
coup, la Chine tente de réduire la domination du dollar sur le marché des
matières premières. Pour cela, elle s’appuie sur l’or, avec l’arrière-pensée
du bancor.
En
avril 2016 déjà, des
contrats à terme sur or libellés en yuan ont été négociés à l’échange d’or de
Shanghai et le produit devrait être introduit à Budapest plus tard cette
année.
Et voilà qu’aujourd’hui, la
Chine aspire à lancer prochainement un contrat à terme de pétrole brut –crude
oil futures contract– évalué en yuan et convertible en or
.Et elle a largement les moyens d’imposer la démarche en
tant que plus grand importateur de pétrole au monde.
Cet
évènement est extrêmement important et menace directement le dollar en tant
que monnaie de réserve. »
https://lilianeheldkhawam.com/2017/09/07/le-r...ne-held-khawam/
Bref, le nouvel ordre monétaire international pourrait bien
remettre au goût du jour le principe de l’étalon-or. Toutefois, le nouveau
modèle intègrerait, selon Vincent Held, l’emploi de cryptomonnaies
souveraines …
Extraits de Après la Crise
![](http://www.24hgold.com/24hpmdata/articles/img/Liliane%20Held-Khawam-Nouvel%20ordre%20montaire%20Et%20si%20les%20prdictions%20de%20Aprs%20la%20crise%20v-2019-05-26-001.png)
L’ascension irrésistible des cryptomonnaies souveraines
« [Créer une cryptomonnaie nationale] serait une manière plutôt
efficace de pouvoir mettre en œuvre notre politique monétaire lorsque la
prochaine crise éclatera. » (Kevin Warsh, « ex-membre de la
direction de la Réserve fédérale américaine, qui avait aussi été pressenti
pour diriger l’institution » )
« Une cryptomonnaie nationale telle que le FedCoin rendrait possible
le fameux « hélicoptère monétaire« de Milton Friedman. […] Une
simple ligne de code permettrait d’envoyer instantanément 1000$ dans le
portefeuille de chaque personne. » (Prof. Campbell R. Harvey)
Les deux citations ci-dessus devraient aisément nous en convaincre :
l’arrivée de « l’hélicoptère monétaire » annoncé par les banques
centrales sonnera également l’avènement des cryptomonnaies officielles.
Dans son rapport trimestriel du mois de septembre 2017, la Banque des
règlements internationaux (BIS)*, nous apprenait ainsi que trois pays avaient
d’ores et déjà développé leurs propres cryptomonnaies :
- Les États-Unis, avec le FedCoin ;
- Le Canada, avec le CADcoin ;
- La Suède, avec l’eKrona.
*Située à Bâle, la « banque centrale des banques centrales » a
chapeauté l’élaboration des fameux Accords Bâle I, II et III.
La Banque d’Angleterre n’allait pas tarder à révéler qu’elle étudiait la
question depuis 2015 et songeait, elle aussi, à lancer sa propre
cryptomonnaie. Sans grande publicité, il est vrai.
Quant à l’Union européenne, il semble qu’elle ait choisi d’avancer à pas
feutrés. Plutôt que de parler ouvertement de « cryptomonnaie »,
elle allait mettre l’accent sur la notion de « blockchain », la
technologie qui est à la base des cryptomonnaies.
(…)
En juillet 2018, une étude produite par le Secrétariat général du
Parlement européen allait en effet préconiser une « participation
publique directe [au marché des cryptomonnaies] grâce à une monnaie
digitale de banque centrale. »
Peu de doute, donc, quant au fait que l’UE aura fait le nécessaire pour
pouvoir disposer de sa propre cryptomonnaie le moment venu ! Même s’il
se pourrait bien, au final, que certains pays sortent de l’euro et
n’utilisent plus cette monnaie que pour les échanges internationaux*…
*Depuis 2012, le professeur d’économie monétaire suisse Sergio Rossi a
publié un grand nombre d’articles démontrant qu’une cryptomonnaie européenne
pourrait parfaitement coexister avec des cryptomonnaies nationales (cf. par
ex. « Plan pour un nouvel ordre monétaire européen », 2018).
(…)
La Suisse, quant à elle, nous offre un exemple particulièrement comique.
On y aura en effet vu le ministre des Finances fustiger les cryptomonnaies en
les qualifiant de « bulle spéculative »… (« Kryptowährungen
sind eine Spekulationsblase », Blick, 28/03/2018)
Et pourtant, au même moment, les Écoles polytechniques de Lausanne et
Zurich travaillaient d’arrache-pied à l’élaboration du futur
cryptofranc !
Selon Vincent Held, un « Nouveau Bretton Woods » à base
d’étalon-or ET de cryptomonnaies devrait voir le jour…
A lire aussi:
Nouvel
ordre monétaire: Et si les prédictions de « Après la crise » venaient à se
réaliser… La perte du salariat ?(partie 1)
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