A Wall Street, très peu sont
ceux qui comprennent la relation qui existe entre le prix de l’or et la
valeur réelle du dollar. Certains grands pontes estiment simplement qu’un
dollar qui grimpe selon l’indice du dollar (DXY) entraîne une baisse du prix
de l’or… Voilà à quoi se limite leur analyse.
Pour dire les choses telles
qu’elles sont, c’est la valeur intrinsèque du dollar qui est majoritairement
responsable de la détermination du prix de l’or, et non la manière dont le
dollar se comporte vis-à-vis d’un panier de devises. Selon de nombreux
analystes de marchés, la hausse de 5% du dollar sur le DXY enregistrée depuis
février est à attribuer au grand retour du dollar en tant que roi des
monnaies qui, disent-ils, est la raison pour laquelle le prix de l’or chute.
Ils décident simplement d’ignorer le fait que les économies de nos
partenaires commerciaux traversent une phase de récession et que la politique
monétaire employée par la banque du Japon est plus agressive en termes de
dévaluation du yen que la politique employée par la Fed pour déprécier le
dollar. La banque du Japon prévoit d’augmenter ses bilans de 1,4 trillion de
dollars d’ici la fin de l’année 2014. La Fed pourrait bien en faire de même,
mais n’oublions pas que l’économie du Japon est trois fois moins importante
que celle des Etats-Unis.
Il n’en est pas moins que la
valeur du dollar s’érode à une vitesse record, malgré ce que peut nous
laisser penser le DXY. La Fed maintient sa politique de taux d’intérêts à
zéro pourcent et ne prévoit pas de réviser sa politique de monétisation de la
dette qui s’élève désormais à 85 milliards de dollars par mois. Le déficit
national continue de croître plus rapidement que la croissance du PIB, et le
taux de chômage élevé (le rapport du NFP du mois
de mars a été publié vendredi) devrait prolonger les opérations de
quantitative easing de la Fed d’au moins quelques
années. En plus de cela, le taux d’intérêt nominal sur les bons du Trésor sur
un an est de .15%, alors que le taux d’inflation augmentait de 2% au mois de
février par rapport à l’année précédente. Les taux d’intérêts réels demeurent
négatifs et la valeur réelle du dollar chute par rapport à l’or.
Certains analystes de marché
pensent également que la Fed et le Trésor devraient imprimer et emprunter
plus de monnaie qu’ils ne le font déjà, afin que le dollar puisse perdre de
sa valeur contre l’euro, le yen et la livre sterling. Ils pensent non
seulement qu’une baisse de la valeur du dollar les aidera à stimuler la
croissance du PIB et équilibrer la balance budgétaire des Etats-Unis, mais
également que l’affaiblissement du dollar n’a des conséquences négatives pour
les consommateurs que s’ils achètent des biens importés ou partent en
vacances à l’étranger. Il n’existe cependant rien qui prouve qu’il est
possible d’équilibrer un déficit de compte courant en affaiblissant une
devise ou en stimulant la croissance du PIB. Cette théorie prouve d’une
absence totale de compréhension des effets réels de la dévaluation des
devises. Imprimer de la monnaie pour diminuer la valeur d’une devise entraîne
une inflation à l’échelle domestique, non seulement parce que le prix des
importations augmente, mais aussi parce que le prix des ressources, qui sont
limitées, doit augmenter en réponse à cette augmentation de la masse
monétaire.
Pour justifier l’idée que les
investisseurs ne devraient pas se contenter d’observer la valeur du dollar
par rapport à d’autres devises fiduciaires pour déterminer sa valeur,
imaginez ce qu’il se passerait s’il n’existait qu’une seule devise mondiale
contrôlée par une banque centrale. Ces mêmes pontes devraient prouver qu’une
inflation ne peut apparaître sous un système basé sur une devise unique parce
que la hausse des prix ne peut découler que de la chute de la valeur d’une
devise par rapport à une autre – et ne peut donc se pas produire s’il
n’existe qu’une seule devise. Ils devraient aussi prouver que la banque
centrale unique puisse augmenter la masse monétaire sans qu’aucune
conséquence négative n’en découle ou que le pouvoir d’achat diminue.
Si les quantités disponibles
de cette devise mondiale étaient multipliées par deux chaque année – ce qui
n’est rien en comparaison des politiques que mettent aujourd’hui en place la
Fed et la banque du Japon – les prix finiraient par grimper en raison de la
très importante quantité de monnaie en circulation par rapport à la quantité
de biens et services disponibles à la consommation. C’est particulièrement
vrai pour les métaux précieux, dont la disponibilité ne peut être accrue à la
même vitesse que la monnaie.
Les détenteurs de dollars ne
devraient tirer aucun réconfort de la possession d’une devise qui gagne de la
valeur par rapport à d’autres confettis comme l’euro, la livre sterling et le
yen. Les investisseurs ne tarderont pas à découvrir l’absurdité de l’idée que
le dollar est fort parce que les autres devises fiduciaires sont faibles.
C’est pourquoi les flux monétaires vers les métaux précieux reprendront de
plus belle à mesure que le dollar continuera de s’écraser sous le poids de la
dette de 17 trillions de dollars des Etats-Unis et du trillion de dollar de
dette monétisé chaque année par la Fed.