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Que vive le monopole naturel !

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Extrait des Archives : publié le 12 août 2013
947 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Un avantage concurrentiel est une barrière productive à la concurrence en ce qu’elle traduit qu’un producteur utilise ses ressources de façon plus efficace que ses concurrents. Ceux-ci – incapables de faire aussi bien – menacent néanmoins potentiellement le producteur et l’incitent à utiliser cet avantage concurrentiel. Cela se traduit concrètement pour les consommateurs par des baisses de prix ou des améliorations de la qualité de production. En même temps, les producteurs potentiels sont aussi incités à trouver et maîtriser un avantage concurrentiel qui pourrait leur permettre d’accéder au marché ciblé et peut-être de renverser le pouvoir des producteurs en place.


Or, on confond souvent cette barrière productive avec une autre barrière, celle qui interdit  ou sélectionne arbitrairement les concurrents sur un marché. Dans certains cas, cette confusion n’est rien d’autre qu’un signe de naïveté, dans d’autres, elle est clairement le signe d’un intérêt privé. De nouveaux entrants, incapables de baisser leurs prix facilement ou d’améliorer rapidement la qualité de leurs produits, peuvent être tentés de demander un droit automatique d’accès au marché en question. Ceci est surtout vrai lorsque les producteurs potentiels sont face à un monopole naturel.


Le monopole naturel ne doit pas être confondu avec le monopole public. En effet, le monopole naturel est exactement celui qui résulte d’un avantage concurrentiel tellement fort qu’il rend pratiquement impossible à un nouvel entrant d’accéder au marché en offrant le même produit. Cela ne signifie pas pour autant que la situation est gravée dans le marbre. Au contraire. Généralement, les monopoles naturels ont deux caractéristiques : un investissement initial conséquent et l’éventuelle présence d’économies d’échelle qui permettent au producteur d’augmenter sa production tout en jouissant de coûts moyens décroissants. Il est alors pratiquement impossible à un nouvel entrant de faire face à un monopole naturel qui fait des économies d’échelle alors  que le premier doit encore mettre en place une structure productive dispendieuse.


Les exemples typiques de ces monopoles naturels sont le réseau ferroviaire, les autoroutes, les canaux fluviaux, les réseaux de distribution d’énergie et de télécommunications.


Si le monopole naturel bénéfice donc d’un atout dont profitent les consommateurs, il a aussi un talon d’Achille. En effet, la « protection » de l’investissement initial implique qu’il se spécialise dans une structure productive qu’il sera très difficile de reconvertir à d’autres usages. Les économies d’échelle incitent aussi le monopole naturel à se retrancher encore plus dans cette spécialisation. Du coup, s’il est vrai qu’un concurrent potentiel peut difficilement battre un monopole naturel en proposant le même type de produit, il peut cependant parvenir à proposer un autre produit qui rendra un service similaire à celui du monopole naturel. Ceci est d’autant plus probable que les profits du monopole naturel sont tellement élevés qu’ils sont une incitation et une justification au développement d’innovations capables de battre le monopole naturel.


C’est ainsi que les chemins de fer ont été développés pour concurrencer les canaux fluviaux, les autoroutes pour concurrencer les trains, les voies aériennes pour concurrencer les bateaux et les trains. De manière similaire, les avantages exorbitants des monopoles publics et privés de la téléphonie fixe ont poussé le développement de la téléphonie mobile.


Parfois, l’incitation concurrentielle permet de créer un nouveau marché. Par exemple, le marché des ordinateurs personnel a été développé par des sociétés comme Apple parce qu’il avait été négligé par des entreprises comme Xerox ou IBM qui se concentraient sur le marché des professionnels juteux.


La différentiation du produit est une autre façon de concurrencer un monopole naturel. Cela passe souvent par l’exploitation de niches de marché trop coûteuses pour le monopole naturel car elles ne permettent pas le déploiement d’économies d’échelle C’est ce qui explique l’abondance de l’offre de chaînes et de petites exploitations de fast-food dans le monde entier coexistant avec des mastodontes comme Mc Donald. Servir une niche représenterait une adaptation coûteuse de la structure productive du monopole naturel qui ne se justifierait vu la taille de la niche. Mieux vaut alors laisser la niche aux petits concurrents et rester concentré sur un marché plus large.


Autrement dit, la présence effective de concurrents n’est pas nécessaire pour faire plier un monopole naturel. La simple menace de pression concurrentielle peut suffire à inciter le monopole naturel à maintenir ses prix relativement bas et à améliorer son produit en continu.


Un exemple souvent ignoré du grand public est celui du pétrole. Alors que Rockefeller obtient un monopole quasi-absolu sur la production et la distribution du pétrole aux États-Unis, il découvre également la pression concurrentielle potentielle de la Russie et du Mexique. Les schémas visant à soudoyer les transporteurs et les distributeurs au détail peuvent fonctionner contre un rival isolé. Mais pas si les rivaux potentiels viennent de loin ou s’ils sont trop nombreux, la technique échoue et il ne reste plus au monopole que de continuer à être meilleur. Du coup, Standard Oil fut obligée de pratiquer des prix relativement bas en dépit d’un monopole naturel bien établi. N’en déplaisent aux lois antitrust américaines qui se sont acharnées contre ce monopole, elles n’ont pas fait évoluer les prix pour le consommateur qui étaient déjà sujets à une réelle pression concurrentielle.


C’est seulement quand le monopole naturel obtient un  privilège juridique qu’il peut dès lors se libérer de la souveraineté du consommateur et abuser en matière de prix et de qualité. C’est le cas de la téléphonie fixe qui dans presque tous les pays a longtemps appartenu  à l’État. C’est aussi le cas aujourd’hui, dans une certaine mesure de la téléphonie mobile, protégée par des licences d’exploitation.


J’ose même affirmer qu’il n’est pas possible de trouver un monopole naturel qui ait pu abuser de position sans en même temps détenir un privilège de monopole octroyé par l’État.


 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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