L’idée est de vraiment donner à tous les établissements universitaires la possibilité de fixer eux-mêmes leur mode d’organisation. S’ils peuvent aujourd’hui gérer leur patrimoine, déterminer les formations qu’ils proposent et contrôler en partie les modalités de recrutement de leurs enseignants, ils devraient aussi pouvoir sélectionner leurs étudiants et adapter leurs tarifs. Pour employer un terme juridique, l’idée est de leur donner la compétence de leur compétence Le but de la réforme des universités sous Nicolas Sarkozy était pourtant de redonner de l’autonomie aux universités. Cependant, il n’y a pas eu de réelle évolution sur la possibilité de sélectionner les étudiants et de moduler les droits d’inscription. Dans ces conditions, les universités n’ont toujours pas les moyens de leur autonomie et restent tributaires d’un financement exclusivement public, ce qui renforce leur penchant naturel au corporatisme et à l’immobilisme. Il faut donc trouver un moyen de rendre les universités plus efficaces. Car plus de 20 milliards sont dépensés chaque année pour les universités mais les résultats ne sont pas au rendez-vous : plus d’un étudiant sur deux quitte la première année de licence sur un échec. 90 000 étudiants désertent ainsi chaque année l’université avec ‘Bac + rien’. A ce gâchis s’ajoute celui du redoublement à la fac – 200 000 étudiants par an – chiffré à 1 milliard d’euros. Pour ce faire, il faut accepter de resserrer les liens entre les institutions et leurs clients et consacrer ainsi une réelle indépendance. Pour cela, il faut être capable d’affronter deux tabous en France et réintroduire deux idées, à savoir un lien financier direct entre l’établissement et les étudiants et la concurrence entre les établissements. Il s’agit bien de réintroduire car notre modèle universitaire républicain n’a pas su s’émanciper du modèle Napoléonien si bien qu’il y a une parfaite continuité entre le verrouillage de l’université impériale et celle de l’université républicaine. L’une comme l’autre sont construites autour d’un modèle centralisé qui ne laisse que très peu de place à la diversité. De tels liens existaient pourtant déjà au Moyen Âge, où les étudiants bénéficiaient d’une scolarité gratuite mais assumaient des “droits d’examens” élevés. Il faut les réintroduire car c’est le seul moyen de mettre les institutions d’enseignement au service de leurs clients. Reste que la concurrence est difficile à créer dans un système aussi centralisé justement. Une possibilité concrète serait – comme dans le modèle anglais – de créer des établissements autonomes, maîtres de leur gestion, de leurs investissements, de leurs effectifs, financés sur fonds publics avec cependant la possibilité de quitter le régime général du service public sur demande des parents ou des enseignements. L’enjeu est de modifier radicalement les incitations des gestionnaires des universités pour en faire des managers, soucieux à la fois de leur gestion et de leurs étudiants.