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Une romance de l’établissement

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lewRockwell
Publié le 18 juin 2016
1550 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
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Rubrique : Article du Jour

Lorsque l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a eu vent du fait que le Département du Trésor cherchait à remplacer Alexander Hamilton sur les billets de dix dollars, la colère lui est monté au nez. Sur son blog, Brookings Institution, Bernanke s’est dit « consterné » par le fait que le « plus grand des Pères fondateurs des Etats-Unis » (et le Père fondateur du système bancaire centralisé) se trouve maltraité de la sorte.

Le New York Times s’est immédiatement penché sur la question, apparemment outré par l’idée qu’un célèbre New Yorkais puisse être rétrogradé ainsi. Les néoconservateurs ont été particulièrement sensibles à la question. Après tout, David Brooks, du New York Times, est persuadé qu’Hamilton ait créé à lui seul le capitalisme américain, avec l’aide de personne, pas même Dieu. 

Pat Buchanan, qui m’a un jour dit qu’Hamilton était son héros, doit avoir perdu quelques heures de sommeil après avoir eu vent de la nouvelle. Il faut dire qu’au même moment, les New Yorkais commençaient à faire la queue par centaines devant le théâtre dans lequel se jouait la nouvelle comédie musicale Hamilton, reprenant l’ancien conte étatiste qui explique à quel point notre Hamilton impérialiste était un personnage merveilleux en comparaison au constructionniste Thomas Jefferson, selon qui meilleur est un gouvernement, moins il gouverne.

L’établissement est en adoration devant Hamilton (et haït Jefferson) parce qu’Hamilton était un étatiste et un impérialiste. Il dénonçait sans cesse son grand ennemi Jefferson pour son « souci excessif pour la liberté ». Quand le président Jefferson a annoncé, dans son premier discours d’investiture, que ses politiques étrangères seraient basées sur une « amitié honnête avec les autres nations, et une alliance avec aucune », et qu’un « gouvernement sage et frugal, qui empêche les Hommes de se faire du mal les uns aux autres, devrait les laisser libres de réguler leurs propres poursuites industrielles et commerciales sans jamais prendre de la bouche du travail le pain qu’il a gagné, parce que c’est là la somme du gouvernement », Hamilton l’a dénoncé de présenter le « symptôme d’un esprit pygmée ». Hamilton souhaitait avant tout une économie centralisée et subventionnée par le gouvernement, et n’avait de désir plus ardent que de déclarer la guerre à la France en le nom de ce qu’il appelait « gloire impériale ».

Quand la convention constitutionnelle a laissé de côté la proposition d’Hamilton d’élire un président permanent (un roi) qui nommerait tous les gouverneurs des Etats qui disposeraient du pouvoir de veto sur les législations de l’Etat, détruisant ainsi toute semblance de fédéralisme, Hamilton a vivement dénoncé la Constitution comme étant une fraude, un « tissu frêle et sans aucune valeur ».

L’objectif d’Hamilton était de « couler les fondations d’un nouvel Empire », a écrit le biographe d’Hamilton, Clinton Rossiter. Sur le même modèle que l’Empire britannique, que la Révolution américaine venait de combattre. Hamilton « respectait certainement plus le gouvernement que n’importe quel autre penseur politique américain », nous dit Rossiter. Pas étonnant que l’établissement l’ait toujours porté dans son cœur.

Hamilton était le Père fondateur de la subversion constitutionnelle, ayant littéralement inventé l’arnaque des « pouvoirs tacites de la Constitution » lors de son débat avec Jefferson quant à la constitutionnalité d’une banque nationale. Il était en faveur d’une telle banque, alors que Jefferson s’y opposait. Bien entendu, une fois qu’il a été décrété que les pouvoirs de la Constitution étaient tacites et non des pouvoirs explicites délégués au gouvernement fédéral, la voie a été ouverte pour la mise en place d’un gouvernement illimité tel qu’en rêvait Hamilton. « Avec l’aide de la doctrine des pouvoirs tacites, explique Rossier, Hamilton a converti les pouvoirs énumérés dans l’article premier, section 8, pour en faire les fondations des prouesses et législations que pourrait plus tard contempler le Congrès. » La Constitution « vivante » était née. Pas étonnant que l’établissement apprécie Hamilton.

Au travers de ce subterfuge, Hamilton espérait pouvoir apporter un certain certificat de constitutionnalité à chaque nouvelle taxe. « Hamilton était en faveur du pouvoir du Congrès d’établir de nouvelles taxes, parce qu’il défendait son droit de dépenser. »

Son opinion de la Constitution était à l’opposé de celle de Jefferson. Pour Jefferson, le gouvernement devait être « limité par les chaines de la Constitution ». Pour Hamilton, la Constitution pouvait et devait être utilisée comme approbation officielle de toute décision prise par le gouvernement fédéral. C’est à ce genre de Constitution que les Américains sont soumis depuis maintenant plusieurs générations.

Hamilton souhaitait plus que tout assassiner les coupables d’évasion fiscale qui osaient remettre en cause l’autorité du gouvernement fédéral, ce qui nous a été prouvé par son comportement à l’occasion de la Révolte de whiskey en Pennsylvanie. Cette pulsion est finalement devenue la caractéristique principale du gouvernement fédéral sous le régime de Lincoln, ce dernier ayant été le fils politique d’Alexander Hamilton.

Lorsque les agriculteurs de Pennsylvanie ont commencé à fermenter des céréales pour en faire du whiskey et à qualifier la nouvelle taxe d’Hamilton sur le whiskey de discriminatoire, Hamilton a persuadé George Washington de demander aux gouverneurs de la côte occidentale de lever 15.000 hommes afin qu’ils marchent sur l’ouest de la Pennsylvanie et mettent fin aux protestations. Plusieurs douzaines de protestataires ont été arrêté et traînés, pieds nus et en plein hiver, jusqu’à Philadelphie où ils ont été jugés, Hamilton ayant fait office de juge. Hamilton voulait les pendre tous autant qu’ils étaient, pour donner une leçon aux autres contribuables. Mais George Washington a introduit une certaine dose de sens commun à l’affaire en leur accordant le pardon, pour le plus grand désarroi d’Hamilton. Pas étonnant que l’établissement l’adore.

Hamilton était le porteur d’eau politique des capitalistes de copinage, des 1% de son temps. Tous ses efforts de créer une banque gérée par les politiciens depuis la capitale américaine (la Première banque des Etats-Unis) avaient un objectif principal : apporter du crédit peu cher à ses gros patrons d’entreprises et alliés politiques de New York et Philadelphie, et subventionner l’industrie bancaire aux dépens du grand public.

Hamilton était un protectionniste qui répétait tous les slogans absurdes des mercantiles britanniques. Il souhaitait apporter aux Etats-Unis le système mercantiliste rouillé et corrompu contre lequel avait éclaté la Révolution, et sous le pouvoir d’Américains comme lui-même et ses amis politiques de New York. Il se moquait des opinions de marché libre de son contemporain britannique Adam Smith, des physiocrates français, et de tous les autres penseurs économiques de son époque. Il défendait le vol de l’individu commun au bénéfice, une fois de plus, de ses patrons politiques qui cherchaient à être protégés contre la compétition internationale (comme John C. Calhoun l’a un jour dit, ce contre quoi le public est « protégé » par le protectionnisme n’est rien d’autre que les bas prix).

Comme si ce n’était pas suffisant, Hamilton a également défendu un système d’assistance publique direct sous la forme de subventions de toutes sortes par les contribuables pour toutes sortes d’industries et d’entreprises dans son célèbre Report on Manufactures. On l’appelait l’ « argument pour les industries naissantes », mais parce que les Etats-Unis étaient un pays jeune, toutes les industries pouvaient alors être qualifiées de naissantes. Il ne pensait simplement pas que le commerce puisse parvenir à quoi que ce soit sans son aide.

Il a accordé les plus grosses subventions publiques aux sociétés de construction de routes et de canaux, bien que des milliers de kilomètres de routes avaient déjà été construits par des sociétés privées et grâce à du capital privé dès le début des années 1800. Et si les recettes fiscales ne suffisaient pas à couvrir ces dépenses anticonstitutionnelles qui n’apparaissent nulle part dans la section 8 de l’article premier de la Constitution, Hamilton ne cessait d’expliquer en quoi la dette publique pouvait être une « bénédiction publique ».

L’argument d’Hamilton en faveur de la dette publique était assez machiavélique. Sa théorie voulait que, parce que les individus les plus riches du pays étaient les propriétaires de cette dette (obligations gouvernementales, par exemple), ils pourraient former un pouvoir de pression formidable en faveur d’une hausse des taxes et d’un gouvernement toujours plus large et plus centralisé, afin de s’assurer à ce que leurs obligations soient toujours remboursées. Comme William Graham Sumner l’a écrit dans sa biographie d’Hamilton, ce dernier était en faveur d’une grosse dette en raison de sa capacité à « renforcer notre gouvernement en augmentant le nombre de ligaments entre le gouvernement et les intérêts des individus ». Les plus riches et les mieux politiquement connectés, bien évidement. Comme Douglas Adair, éditeur de The Federalist Papers, l’a écrit dans une édition :

Avec une brillance sournoise, Hamilton s’est lancé dans l’établissement d’un programme législatif de classes pour unir les intérêts propriétaires de la côte Est à un parti administratif uni, tout en rendant le pouvoir exécutif supérieur au Congrès au travers de son usage du système des dépouilles… Hamilton a transformé toutes les transactions financières du Département du Trésor en une orgie de spéculation à laquelle ont participé Sénateurs, membres du Congrès et certains des plus riches constituants du pays.

Est-il étonnant que l’établissement de Sénateurs, de membres du Congrès et de riches constituants d’aujourd’hui adorent Hamilton et souhaitent plus que tout que son visage continue d’apparaitre sur les billets de dix dollars ?

 

 

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Thomas DiLorenzo est économiste et professeur au Loyola College du Maryland. Il est l'auteur de 10 livres sur l'histoire américaine, les politiques antitrust et l'interventionnisme de l'état dans l'économie en général.
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