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La question de la survivance ou
de la disparition de l’euro se résume à une seule
interrogation: l’Allemagne va-t-elle accepter de reprendre
à son compte directement, ou indirectement (via la BCE et le Fonds
dit de “stabilité” dont le principe a été
accepté mais que les différents parlements nationaux doivent
encore ratifier et qui n’est toujours pas financé), les
dettes nationales de la plupart des Etats-membres de la zone euro devenus
incapables de les rembourser et aussi d’assurer leur financement
pendant les dix à quinze années qui viennent, avant
qu’ils retrouvent éventuellement leur
compétitivité en acceptant d’appliquer le “modèle
allemand”, pour autant qu’ils soient en mesure politiquement,
socialement et économiquement de l’adopter? Ce qui
supposerait une modification complète de l’association
d’États-nations souverains que constitue la zone euro au sein de
l’Union européenne vers la construction d’un Grand
État fédéral, avec mutualisation totale des actifs et
des passifs, dont la capitale effective serait Berlin. Mais aussi des
politiques drastiques de rigueur qui mèneraient l’Europe vers
une récession durable et la paupérisation accélérée
de ses peuples, avec le risque d’explosion sociale violente du style de
celle que vit actuellement la Grande-Bretagne. Sans compter que la
démocratie représentative serait sacrifiée puisque ces
décisions se prennent à l’insu des peuples qui ne sont
pas consultés. Tout cela relevant de l’interventionnisme
forcené, alors même que la crise démontre que les Etats
et les banques centrales ne peuvent pas résoudre les
problèmes économiques et monétaires puisque ce sont eux
qui les créent, casserait ce qui reste de croissance!
Étant convaincus que
l’Allemagne n’a ni les moyens, ni la volonté, ni
l’intérêt, d’aller dans ce sens et les peuples des
autres Etats-nations européens non plus, nous pensons que l’euro
nécessairement disparaitra après quelques nouvelles
pantalonnades (de Sarkozy, Merkel, Berlusconi ou
Barroso, un “quarteron” de dirigeants incapables de gérer
la situation chaotique qu’ils ont directement contribué à
installer) destinées à gagner un peu de temps avant
l’issue finale. Tous les politiciens qui continuent de se voiler la
face par crainte de dire aux peuples européens la
vérité, de peur d’être balayés lors des
prochaines élections qui auront lieu un peu partout en Europe en 2012
et 2013, ce qui de toutes façons se produira, ne font qu’aggraver
les conditions dans lesquelles aura lieu l’implosion de la zone euro
à laquelle tout un chacun doit impérativement se
préparer. Jamais dans l’histoire une union monétaire
(au surplus rigoureusement non optimale comme la zone euro) n’a pu
conduire à une union politique, certains peuvent le regretter mais
c’est ainsi.
Il faut aussi avoir à
l’esprit que tout cela, si l’on allait vers le Gand État
européen sous direction allemande, aurait
comme conséquences géopolitiques, monétaires et
économiques, la marginalisation de l’Union européenne
via une bipolarisation accrue du monde autour des USA et de la Chine qui,
ensuite, s’affronteront pour le leadership planétaire, à
moins qu’ils réussissent à se résoudre à
une coexistence plus ou moins pacifique entre super-puissances
néanmoins inégales et affaiblies. L’euro aurait
tué l’Europe!
C’est exactement ce que
Charles de Gaulle avait anticipé. D’où son combat pour
l’Europe des nations, autour de l’adoption de
l’étalon-or, pour éviter que l’utopie de
l’Europe fédérale, autour d’une monnaie de papier
unique constamment mise à mal par les intérêts
opposés des Etats subordonnés et d’une banque centrale
apatride qui devraient en partager le monopole d’émission, ne
mette à bas tout l’ensemble européen ainsi que cela est
en train de se produire. Puisque l’étalon-or, ayant pour
caractéristique de soustraire la production de monnaie et du
crédit (alors devenue “automatique” en fonction des stocks
de métal) à toute influence du pouvoir politique, permettait de
résoudre non seulement la contradiction du partage de la même
monnaie unique entre plusieurs Etats souverains, mais encore de limiter tout
endettement public et déficit budgétaire excessifs, les deux
maux dont souffre nécessairement la monnaie de papier, toujours
produite en excès par les banquiers centraux et les Etats quand cela
ne dépend que de leur bon vouloir. La leçon
s’appliquera aussi aux USA et à la Chine, bientôt devenus
les deux seules super-puissances, qui devront
dépasser l’antagonisme entre le dollar US et le yuan (deux
monnaies de papier qui plus tard s’autodétruiront si elles ne
sont pas gagées sur l’or) pour instaurer un minimum de
stabilité des relations internationales et éviter un jour
d’avoir à se faire la guerre. Étant donné que
c’est cela qui finira par se produire s’ils ne s’accordent
pas pour réformer le Système monétaire international en
le basant sur un même étalon tangible et stable ne portant la
marque d’aucun État qui ne peut être que le métal
jaune. Voilà incidemment pourquoi la hausse de l’or contre
la plupart des monnaies de papier est loin d’être
terminée.
La péripétie de
la semaine passée, indépendamment des convulsions
boursières internationales et obligataires européennes qui ne
sont pas finies, a concerné les interventions de la Banque nationale
suisse pour tenter de faire baisser la devise helvétique. Le franc suisse (CHF) a corrigé de près de 10% et peut
encore s’affaiblir de quelques pour cents contre l’euro, mais la
BNS sera vraisemblablement bientôt aux limites de ses
possibilités pour le faire baisser plus tant qu’il restera, dans
le contexte mondial déliquescent actuel, l’une des deux
alternatives de placement, avec l’or, par rapport aux monnaies faibles.
C’est en revanche contre le dollar US que la dépréciation
du CHF pourrait être plus importante. Quant aux rumeurs
d’entrée de la Suisse dans la zone euro ou d’adoption
d’un “peg” entre le franc suisse
et l’euro, “usines à gaz” de toutes façons
ultra compliqués à mettre en œuvre, elles n’ont
aucun sens dans la mesure où, outre que ces projets sont en contradiction
avec la constitution helvétique, ils seraient rejetés par le
peuple et les cantons suisses s’ils devaient avoir à se
prononcer sur sa modification dans ces matières. Étant au
premier chef concernés par cette question du franc suisse, nous en
parlerons en détail dans un prochain commentaire. A noter que la
baisse du CHF été positive pour notre Fonds sur les
métaux précieux côtés en CHF (ISIN: KYG 3684 X 1079) puisque l’or et
l’argent exprimés en CHF ont tout de suite bondi à la
hausse (alors, qu’au même moment, ils baissaient en USD)
d’un montant bien supérieur à la correction du CHF.
Quoi qu’il en soit, nous
pensons toujours que le dollar US est à la veille d’un mouvement
majeur de hausse contre la plupart des monnaies (partie basse du
graphique ci-dessous) dont la première conséquence sera une
chute supplémentaire du S+P500 et autres bourses d’actions
(partie haute du graphique ci-dessous), ce qui rappelle leur configuration du
début 2008. Et la seconde conséquence de faire monter
l’or exprimé en euros et en francs suisses surtout, ce qui
apporterait un certain rééquilibrage alors que ces derniers
mois l’or est surtout monté en USD. Comme toujours en cas de
crise grave, ce qui va faire monter le dollar US c’est la hausse (et la
grande liquidité) des obligations d’Etat US par rapport aux
obligations d’Etat européennes ou asiatiques, la perte du triple
A par les USA n’ayant à court terme que peu d’impact sur
la valeur nominale des US Treasury Bonds et Bills.
Le comportement actuel de la
bourse des actions US présente une grande similarité avec le
krach de 1907, suivi d’une reprise jusqu’en novembre 1909 puis
d’un second krach jusqu’en septembre 1911 (en vert les
années 1907-1911 et en orange les années 2008-2011).
LIRE:
http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-...tor=Paul+Jorion
—
http://www.project-syndicate.org//commenta.../soros69/French
—
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/0...vent-sortir.php
—
http://www.lemonde.fr/idees/article/...58488_3232.html
—
http://www.bloomberg.com/news/201...uries-soar.html
—-
Le taux d’assurance sur
la dette française (CDS) prend l’ascenseur, ce qui annonce une
montée crescendo de la crise obligataire et bancaire
européenne.
Pour ceux qui n’auraient pas compris la signification des
graphiques dans notre article précédent, on pourra constater
sur celui publié ci-dessous les performances comparées de
l’or et des actions depuis 2000 qui se passent de tout commentaire.
Pierre
Leconte
Article originellement
p target="_blank"ublié ici
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