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Euroland, le film d’horreur

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Publié le 25 février 2010
1354 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
( 8 votes, 4,8/5 ) , 1 commentaire
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Rubrique : Editoriaux





 Un jeu de chaises musicales, -au niveau olympique-, s’apprête à atteindre son paroxysme ces jours-ci dans la finance mondiale, alors que les yeux du monde entier sont tournés vers les festivités qui ont lieu en Colombie Britannique et dans lesquelles des hommes adultes se battent pour du faux or en montant sur des trucs qui ont l’air de plateaux de cafétéria et avec lesquels ils dévalent des pentes montagneuses glacées : c’est le moment qui revient tous les quatre ans et pendant lequel vous vous demandez pourquoi vous n’avez pas acheté de luge à vos gosses pour Noël.


Les publicitaires doivent adorer, mais six mille miles plus loin, il y a tout un groupe de banquiers européens qui doivent se demander comment ils vont réussir à s’asseoir sur un nombre de sièges qui diminue constamment, et sans perdre d’argent. La Grèce est en faillite. L’Histoire est un grand plaisantin dans un sens. Au moment même où vous vous demandez comment l’Amérique va réussir à faire de l’Afghanistan un pays sûr pour y établir une démocratie ou bien si le Venezuela va exploser avec les marchés pétroliers voici qu’arrive gentiment, pittoresque et inoffensif, le vieil oncle de Grèce,  – pays d’antiquités et de petits entrepreneurs-, et qui risque de tout balancer en l’air.


Ceux qui dirigent l’Europe ont trois possibilités: venir à la rescousse de la Grèce, laisser la Grèce couler (dans une dépression économique désespérée) ou bien prétendre sauver la Grèce. La triste vérité de cette situation est qu’il n’existe pas suffisamment d’activités productives en Europe pour soutenir réellement tous les membres de l’Union Européenne de la manière dont ils sont habitués à recevoir de l’aide. Ceci est également vrai des Etats-Unis et des Etats qui les constituent, mais vous le savez déjà probablement.


L’Europe est un triste cas, vraiment poignant, parce que c’est devenu un coin tellement beau après les convulsions de la première moitié du 20ème siècle. Qui, par exemple, peut flâner pendant deux semaines dans les attrayantes rues anciennes de Bruges ou d’Orvieto et ne pas se désoler, se désespérer à l’idée de devoir retourner dans les bidons-villes de l’aéroport Kennedy ? L’Europe s’est reconstruite en toute beauté après la guerre alors que l’Amérique est devenue une utopie de clowns trop nourris conduisant des voitures clownesques dans les banlieues uniformes dignes de bandes dessinées. Les européens ont des transports publics merveilleux tandis que l’Amérique laisse ses chemins de fer à l’abandon. Les hommes européens vont à leur travail vêtus comme des adultes alors que les hommes américains sont habillés comme des enfants de cinq ans et ont des flammes tatouées sur leur cou comme si on assistait à l’invasion barbare d’Akron, Ohio.


Mais l’histoire, cette moqueuse, dans l’horrible mélodrame de la démission du capital industriel semble maintenant avoir fait gentiment marche arrière et relégué l’Europe dans un coin comme un vieil objet d’étude sur les agonies de la dé-complexification et de la délocalisation. L’union monétaire semblait être une belle idée tant que ses membres ont joué le jeu du racket du crédit révolving. L’Europe n’a jamais été si paisible et si heureuse si longtemps. Mais la crise financière a ouvert un trou noir dans le système de commande et dans lequel sont engloutis tous les marqueurs de richesses abstraits extrêmement élaborés – sous la forme de crédits irrécupérables.  Voilà la triste vérité : il n’existe plus assez de richesses pour continuer. Des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne, et l’Ireland doivent retourner à leur ancienne condition de pays économiquement sous-développés et sous la protection de tranquilisants. Et ce sont soit les Allemands soit les français qui devront devoir  travailler 17 heures de plus par semaine pour remettre ces pays  en ordre, ce qui semble hautement improbable.


L’Europe a bien d’autres chats à fouetter dans une perspective plus globale. Par exemple, elle est supposée se procurer tout le pétrole et le gaz naturel dont elle a besoin pour continuer à fonctionner. Qui en a ? Et bien, le Royaume-Uni en avait pas mal mais il l’a gaspillé en construisant des autoroutes et des banlieues. La Norvège avec seulement un douzième de la population de l’Angleterre en a encore pas mal, mais pas suffisamment pour en fournir à toute l’Europe oisive. La Roumanie a environ une cuiller à soupe de pétrole en réserve, peut-être moins. Pour le moment, l’Europe se procure toute son énergie fossile auprès de la Russie et des exportateurs habituels qui vendent du pétrole dans le monde. En fin de compte, l’Europe a le choix entre devenir l’esclave énergétique de la Russie (et pendant un temps seulement parce que les réserves de la Russie s’amenuisent) ou bien entrer en concurrence avec la Chine, le Japon, l’Inde et les USA pour acheter de ce qui provient du Moyen Orient, d’Afrique et du Venezuela. Entre-temps, tous les exportateurs voient leurs propres exportations s’amenuiser parce que leur population augmente et augmente et qu’ils versent davantage de pétrole dans leurs nouvelles centrales électriques. Sans compter qu’ils ont toujours davantage de voitures et qu’Hugo Chavez qui continue de pomper de l’essence à 35 cents pour « le peuple ».


A mon sens, la situation en Europe est irréversible. La « contagion » de la Grèce a déjà démarré et ce n’est qu’une question de mois avant que la péninsule ibérique ne sombre également. Est-ce que j’ai oublié de mentionner les problèmes financiers anglais (en soulignant qu’ils ne font pas partie du système monétaire européen) ? Pour ne pas le citer : le vieux malade est bien atteint aussi. Il a pris l’express vers le quinzième siècle et ne le sait pas encore. Sortez les casques en cuir et les charrues en bois. Le Royaume-Uni est à cours de pétrole et de crédibilité bancaire, ses seules deux ressources de ces quarante dernières années) et n’a plus de temps devant lui. La seule chose qu’il ait encore c’est beaucoup de mauvaise monnaie à l’abri dans ses coffres – assez pour creuser encore un peu plus ce trou noir de capital.


Une question plus importante est ce qui va arriver à la paix de l’Europe contemporaine une fois que l’effet tranquillisant de la prospérité universelle se sera estompé. Peut-être sera-t-elle trop choquée pendant un temps pour faire quoi que ce soit. Plus vraisemblablement, pourtant, les vieilles rivalités (et les nouvelles) vont voir le jour dans de ces vieilles rues pittoresques. Les nations qui semblaient peuplées de gens tranquilles dans les cafés vont se retransformer en sociétés guerrières. Ne jamais sous-estimer la simple puissance de la testostérone chez les jeunes hommes oisifs au chômage.


D’autre part, je m’attends à ce que l’Europe rejoigne la compétition mondiale pour le contrôle des ressources pétrolières restantes. L’Allemagne et la France, au moins, n’auront plus le luxe de rendre les coups pendant que les militaires US tentent désespérément de conserver une présence « policière » dans les déserts là-bas. La France et l’Allemagne n’auront plus le luxe non plus de prendre leur expresso et de se contenter de regarder l’Iran devenir une puissance nucléaire incontrôlée avec des missiles capables d’atteindre Francfort et Lyon. Cela va devenir vraiment intéressant.


Et pendant que tout ceci a lieu, les Etats Unis vont faire face à des problèmes économiques et capitalistiques très similaires. Et pendant que leurs  Etats feront faillite, on peut facilement imaginer toutes sortes d’actions politiques malignes rappelant celles qui ravagent l’Europe en parallèle. Tous ces arrangements financiers sont interconnectés en tout état de cause et l’effondrement d’une banque importante, ou d’un pays, va creuser plus de trous noirs dans les fondations de leurs institutions de base. Les choses changent vite. Nous ne sommes plus que des zombies, des morts à l’apparence de vivants.



James Howard Kunstler

www.kunstler.com/



James Howard Kunstler  a travaillé comme journaliste pour de nombreux journaux. Son dernier livre, « The Long Emergency », décrit les changements auxquels devront faire face les Etats-Unis au cours du 21° siècle.  Kunstler prévoit la disparition progressive de la Surburbia dans le cadre d’un monde en guerre pour la lutte pour le pétrole.  Vous pouvez acheter son livre en cliquant ici, ou avoir plus d’information en visitant son blog et son site web à: http://www.kunstler.com/








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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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Des économistes français ont déja commencé à dresser les français contre l'allemagne:cf article de B.St Etienne dans le Monde (c'est la faute de l'allemagne si nous avons un déficit commercial)D'autres pronent l'inflation pour résoudre le probléme de l'endettement:M. Fitoussi dans le Monde en sachant trés bien que l'Allemagne qui a vécu L'hyperinflation avant la venus d'Hitler n'en veut pas.Qu'à cela ne tienne, quittons l'Euro : article de M.Moschetto ou annonçons la fin de l'euro: livre de M.St Etienne.Le scénario est déja écrit et il ne s'agit plus que de préparer l'opinion française
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