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Comptes à rebours Européens

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Publié le 11 février 2011
1643 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Les échéances européennes se rapprochent, et leurs implications vont balayer dans les semaines et les mois qui viennent ce qui a été péniblement bricolé jusqu’ici et ne tient pas debout.

 

Sans attendre le dîner du 11 mars des dirigeants de la zone euro, ni le sommet informel de ceux de l’Union européenne des 24 et 25 mars, les élections irlandaises du 25 février prochain vont lancer la renégociation des conditions du sauvetage de l’Irlande, déjà discrètement en cours d’évaluation. Non sans une certaine logique – quoique involontaire – puisqu’il vaut mieux se défaire des malfaçons avant de rebâtir !

 

Alan Dukes, ancien ministre des finances et président de l’Anglo Irish Bank nationalisée, vient de jeter de l’huile sur un feu déjà bien entretenu par la campagne électorale. Il a estimé que 50 milliards d’euros, en plus des 35 milliards déjà décidés dans le cadre du plan de sauvetage, seraient encore nécessaires pour assurer un niveau adéquat de fonds propres aux banques irlandaises. Il a également apporté un éclairage sans complaisance à la situation en annonçant que ces établissements financiers dépendaient encore à hauteur de 132 milliards d’euros des prêts de la BCE, sans tenir compte des 51 milliards d’euros prêtés par la banque centrale irlandaise, avec l’accord de cette dernière.

 

Alan Dukes a reconnu que la BCE jouait un rôle de substitut aux marchés pour lequel « elle n’a pas été conçue et est mal équipée ». Il a appelé l’eurozone à la remplacer, en accroissant les moyens de son fonds de stabilité, afin que « le système financier et bancaire irlandais ne mette pas à terre le système dans son ensemble ». Car, a-t-il expliqué, « d’importantes banques de l’eurozone ont des expositions significatives à la dette publique et privée irlandaise. Un défaut sur l’une ou l’autre aurait de sérieuses répercussions sur toute la zone. La BCE est parmi les banques qui seraient durement affectées par un tel défaut, étant donné que la majeure partie de la dette souveraine et de la dette garantie par l’Etat a atterri à la BCE et à la banque centrale irlandaise, sous la forme de collatéraux mis en pension par les banques irlandaises ».

 

Une autre impasse est parallèlement évoquée sous un angle différent, celui d’une restructuration de la dette publique que de plus en plus de voix considèrent comme strictement inévitable pour la Grèce (pour commencer). Interrogé par la commission économique du Parlement européen sur une telle éventualité deux jours auparavant, Jean-Claude Trichet s’était adressé publiquement aux gouvernements grecs et irlandais : « Mon message est simple : il faut appliquer les programmes. Ce message s’adresse au gouvernement grec, mais aussi à l’Irlande, afin de retrouver une crédibilité. Cela prend du temps (…) Les plans adoptés doivent être exécutés et la communauté internationale attend que l’on se conduise de manière appropriée ».

 

Lorenzo Bini Smaghi, l’un des gouverneurs de la BCE, n’a toutefois pas claqué la porte aussi brutalement, évoquant la possibilité d’une adaptation du plan d’aide à l’Irlande, un principe qu’il oppose à celui d’une renégociation. Quant à la Grèce, il a simplement estimé qu’elle devait passer par « les procédures normales » de l’Union européenne et du FMI pour discuter. S’opposant avec virulence à toute restructuration de dette, peut-être en est-il venu à l’idée qu’il est préférable pour l’éviter de faire la part du feu.

 

Le débat sur le renforcement du fonds de stabilité européen, ou à propos de son successeur en 2013, ne pourra pas éluder la remise à plat désormais quasi-inévitable des plans mis en œuvre en Grèce et en Irlande. Mais le fossé s’élargit entre ce qui est tout juste admis et ce qui va se révéler nécessaire pour ces deux pays, et qui ferait alors jurisprudence.

 

Un autre événement semble s’être produit, qui à lui seul symboliserait l’échec de l’orientation d’Angela Merkel et du gouvernement allemand, dont l’application peine pour le moins. Il s’agirait de la renonciation d’Alex Weber, président de la Bundesbank, à la candidature pour succéder à Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE, fin octobre 2011. Elle n’a toutefois pas été formellement confirmée par l’intéressé. Avec lui disparaîtrait la clé de voûte d’un édifice dont le futur équilibre serait rompu, ce qui explique qu’Angela Merkel se soit dans l’urgence efforcée de le retenir. La stratégie préconisée à Berlin n’est qu’une fuite en avant à la mode allemande, dont l’élan initial est en train se se briser. Un abandon d’Alex Weber ne ferait que l’illustrer.

 

D’autres échéances attendent les dirigeants européens dans les mois à venir, au Portugal et en Espagne, qui vont également imposer une reconsidération de la politique « au jour le jour » qui a jusqu’à maintenant prévalu.

 

L’Etat portugais vient de boucler une émission syndiquée (placée par des banques, sans adjudication sur le marché) de 3,5 milliards d’euros à 5 ans et au taux très élevé de 6,5 %. Mais il continue d’être poussé vers un sauvetage européen, alors que le taux de ses obligations à 10 ans vient de grimper à 7,5 % et que le marché est déserté à l’achat. Une opération de refinancement de la dette de 9,5 milliards d’euros doit intervenir fin juin, une somme qu’il sera difficile de lever dans ce contexte. Le sort du Portugal pourrait se jouer fin mars au sommet européen, afin d’éviter un nouveau sauvetage à chaud et un emballement de la crise touchant l’Espagne, pays qu’il faut à tout prix protéger.

 

La bulle immobilière espagnole semble quant à elle ne rien avoir à envier à celle des Irlandais, toutes deux constituant les deux plus grands dangers de déstabilisation financière de la zone euro. L’Espagne ayant donné fin septembre comme date limite à ses cajas (caisses d’épargne) pour se recapitaliser avec des fonds privés, celles-ci se sont engagées dans leur transformation en banques classiques, afin de pouvoir entrer en bourse et lever des capitaux. Mais les analystes ont le sentiment de se retrouver dans une situation à l’irlandaise, où les pertes sont reconnues au fur et à mesure que les concours sont recueillis, le trou ne faisant que s’agrandir.

 

Le gouvernement espagnol a annoncé qu’il haussait la barre et réclamait dorénavant à certaines cajas un ratio de 10 % de fonds propres par rapport aux engagements, mais il sous-estime toujours le montant de ces derniers et des dépréciations qui devraient être enregistrées. Cela afin de ne pas avoir à mettre la main à la poche, dans un contexte de réduction de son déficit et de ses propres engagements. D’autant que les difficultés financières des régions, à commencer par la Catalogne, la seconde en importance, impliquent qu’elles aillent sur le marché, en contradiction avec la politique définie par Madrid, le déficit des régions entrant dans le calcul du déficit national. A elle seule, la Catalogne a besoin de 11 milliards d’euros cette année. Toutes lesComunidades autónomas frappent à la porte du gouvernement pour obtenir l’autorisation d’émettre des obligations. Toutes les coutures craquent : combien de temps ces fictions vont-elles pouvoir tenir ?

 

Dans l’immédiat, le pacte de compétitivité que les Allemands, suivis par les Français, ont tenté d’imposer lors du dernier sommet, a suscité une levée de boucliers – notamment de la Belgique, du Luxembourg, de l’Autriche et de l’Espagne – imposant à Angela Merkel de reculer pour en faire une simple « base de discussion ». La tentative de faire adopter à l’échelle européenne un ensemble disparate de mesures, dont certaines lourdes de conséquences sociales, a fait pour l’instant long feu. L’Europe peut-elle être façonnée sur le modèle de l’Allemagne ? Cette étrange et irréaliste conception illustre l’absence de véritable stratégie européenne de la part de ceux qui l’impulsent comme de ceux qui la soutiennent du bout des lèvres.

 

Y a-t-il une alternative envisagée à ce pacte mort-né ? Aucune, si ce n’est de rapiécer tant bien que mal, à coups de compromis qui restent à trouver d’ici fin mars. Sous sa forme première, le pacte de compétitivité s’est révélé inapplicable ; à l’arrivée, il sera de la même portée que la défunte stratégie de Lisbonne. Les considérations électorales immédiates qui dominent la réflexion des gouvernements allemand et français ne peuvent tenir lieu de stratégie européenne.

 

Même si elle est atténuée provisoirement, la logique de l’éclatement de l’euro est toujours forte. La préservation de son unité suppose des mécanismes de solidarité financière qui restent introuvables. Alors que les mégabanques allemandes, britanniques et françaises, hier trop heureuses d’acheter de la dette des pays de la zone des tempêtes, ne savent plus aujourd’hui comment s’en défaire, les Etats concernés ne pouvant les rembourser. On attend à ce propos avec curiosité et intérêt les nouvelles – qui se font attendre – des stress tests devant mesurer leur résistance et déterminer leurs besoins de recapitalisation. Les Irlandais ayant tiré les premiers, les Espagnols, les Allemands et les Français pourraient prendre exemple sur eux…

 

Pour ces derniers, cela ne semble pas bien parti. Un rapport sur la prévention et la résolution des crises bancaires, rédigé par Jean-François Lepetit, président du Conseil national de la comptabilité, et Thierry Dissaux, conseiller à la direction du Trésor, vient d’être remis à Christine Lagarde. Il va, de son point de vue, à l’essentiel en combattant toute « surcharge systémique » des banques (des exigences renforcées de fonds propres), car elle romprait « l’égalité de concurrence entre établissements », le principe de la labellisation des banques en tant qu’établissements systémiques étant en soi « contestable »… C’est tout ce qu’ils ont trouvé.

 

 Billet rédigé par François Leclerc

 

 

Paul Jorion

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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