La semaine dernière en
Ukraine, deux membres éminents de l’opposition ont été abattus en plein jour.
Ils rejoignent les dix autres personnes qui ont été assassinées ou se sont
suicidées dans des circonstances douteuses depuis le début de l’année. Ces
individus ont une chose en commun : ils ont soit fait partie soit sympathisé
avec le gouvernement de Ianoukovitch, qui a été renversé l’année dernière par
un coup mené par les Etats-Unis. Cette liste inclut des membres du Parlement
ukrainien et d’anciens éditeurs en chef de journaux de l’opposition.
Bien qu’aux Etats-Unis,
certains journalistes aient commencé à s’intéresser à l’étrange série d’assassinats
survenus en Ukraine, le gouvernement américain ne s’est pas encore prononcé.
Comparez cette attitude
à la réaction qui est née de l’assassinat d’un membre de l’opposition en
Russie un peu plus tôt cette année. Boris Nemtsov était un membre d’un petit
parti politique qui n’est pas représenté au Parlement russe. Il n’en est pas
moins que le gouvernement américain a immédiatement demandé à la Russie d’ouvrir
une enquête suite à son assassinat, et a suggéré que ses assassins avaient un
mobile politique.
Dès que son meurtre a
été rendu public, le directeur du Comité de la chambre des affaires
étrangères, Ed Royce (R-CA) n’a pas attendu d’obtenir plus de preuves pour
blâmer le président russe. Le jour de l’assassinat, a précisé Royce aux
médias que « ce meurtre choquant est le dernier assaut en date contre
ceux qui osent se dresser contre le régime de Poutine ».
Ni Royce ni le
secrétaire d’Etat John Kerry, ni le président Obama ni aucun autre membre du
gouvernement n’a dit un mot quant à la série de meurtres apparemment
politiques perpétrés en Ukraine.
Au contraire, plutôt que
de remettre en question l’état de la démocratie dans une Ukraine qui semble
être plongée dans l’anarchie, l’administration a envoyé ses troupes sur le
terrain pour entraîner des soldats ukrainiens.
La semaine dernière,
alors qu’étaient perpétrés les deux assassinats, la 173e brigade
aérienne des Etats-Unis atterrissait en Ukraine pour venir y entraîner la
garde nationale – et laisser derrière elle des équipements militaires qui
pourraient s’avérer utiles. Bien que les troubles politiques se multiplient
en Ukraine, les militaires américains continuent de porter secours à l’un des
deux camps – dans le même temps que des sanctions sont imposées à la Russie
pour oser venir en aide à l’autre.
Alors que le
cessez-le-feu se poursuit, quel message l’arrivée de troupes américaines
armées de leur savoir et de quelques 350 millions de dollars d’équipement en
Ukraine envoie-t-elle au gouvernement ukrainien soutenu par les Etats-Unis ?
Ne pourrait-il pas percevoir leur arrivée comme un feu vert pour redonner
cours aux hostilités contre les régions de l’est ?
L’administration Obama
est très inconsistante en termes de politique étrangère. A Cuba et en Iran, l’administration
a mis en place une politique qui ressemble fort à une diplomatie de compromis
pour mettre fin à des décennies de mauvaises relations. Pour ces deux cas, l’administration
réalise que la confrontation ne l’a menée nulle part. Quand le président a
annoncé son désir de voir abolies les sanctions contre Cuba, il a déclaré que
« nous mettons fin à une politique qui a depuis longtemps dépassé sa
date d’expiration. Quand une politique ne fonctionne pas pendant cinquante
ans, il est temps d’essayer quelque chose de nouveau ».
Alors qu’Obama parle de
manière adéquate de la levée des sanctions contre l’Iran et Cuba, il continue
d’imposer des sanctions à la Russie, de soutenir les attaques de l’Arabie
Saoudite contre le Yémen, et d’influencer la transition de régime en Syrie.
Pense-t-il réellement que le reste du monde de perçoit pas le double standard ?
Une attitude non-interventionniste consistante en termes d’affaires étrangères
serait la voie à suivre. Espérons que les administrations suivantes penseront
aussi qu’il est « temps d’essayer quelque chose de nouveau ».