Dernière
idée du gouvernement, sentant les ennuis financiers graves se
rapprocher à grands pas: créer, sur le
"modèle" français de la Caisse d'Amortissement de la
Dette Sociale (CADES), une
structure de défaisance européenne qui
pourrait refinancer à bas taux les dettes des pays "issues de la
crise", une caisse
européenne d’amortissement de la crise, que nous
appellerons CEAC par la suite.
Le
problème: la plupart des pays européens voient leur
différentiel de taux d'emprunt avec l'Allemagne augmenter. Cet
écart est révélateur du niveau de défiance
inspiré par chaque pays emprunteur vis à vis des
investisseurs.Cela coûte très cher aux trésors publics
des pays concernés.
La
"solution" imaginée par nos énarques de Bercy:
mutualiser les dettes dans une structure européenne qui lancerait de
grands emprunts européens, en espérant que la présence
de l'Allemagne dans le pool fasse baisser les taux.
Les
problèmes de la "solution":
(1) Limiter les
dettes inscrites au bilan de cette "CEAC" à celles
"issues de la crise" sera difficile. Comment empêcher ces
ineffables latins de français, d'italiens et de grecs de trafiquer
leurs comptes pour imputer à cette CEAC des dettes liées
à leur mauvaise gestion interne et à leur incapacité
à mener de vraies réformes, et non uniquement des
"dépenses exceptionnelles" liées à la crise ?
(2) Si, par
extraordinaire, le plan fonctionnait et les taux d'intérêts des
emprunts européens permettaient à ces ineffables latins, ainsi
qu'aux irlandais et quelques autres, d'emprunter à meilleur compte
qu'actuellement, alors cela constituerait une forte incitation à se
réfugier dans la fuite dans l'endettement, plutôt qu'à
conduire les bonnes réformes: le bilan de la CEAC serait vite
plombé par le surendettement.
(3) Surtout, on
ne voit guère par quel miracle mélanger un peu de bon steack
haché allemand avec de la viande pourrie grècque ou semi
avariée française permettrait de fabriquer un hamburger
désirable pour les investisseurs européens.
La CEAC devra
avoir des ressources propres pour rembourser ses échéances, en
intérêts et en principal. (Naturellement, nos gouvernements
espèrent que le jeu sera infini et qu'ils trouveront toujours un
investisseur pour racheter une nouvelle émission de dette quand une
tranche viendra à échéance).
> Ou bien
chaque état met au pot une somme au prorata de la dette qu'il
amène: dans ce cas, on ne voit pas par quel miracle le banquier
réticent à emprunter aux italiens ferait plus confiance
qu'aujourd'hui dans les italiens pour payer leur quote part à la CEAC:
l' effet sur les taux d'intérêts serait faible...
> Ou bien,
pour permettre au taux d'emprunt de la CEAC de se rapprocher de celui de
l'Allemagne, on met en place un mécanisme qui fait supporter à
la vertueuse Allemagne le poids de l'incurie des pays du club med': CEAC
alimentée par le budget Européen (Allemagne première
contributrice), impôt européen sur le "modèle"
français de la CRDS (Allemagne, première population
Européenne), ou Allemagne se portant caution de la dette de la CEAC
(!).
Ce qui nous
amène au 4 ème "hic" majeur avec la
"solution" Française :
(4) IL N'Y A PAS
ECRIT "CRETINS" SUR LE FRONT D'ANGELA MERKEL et de son
ministre des finances au nom imprononçable.
Les allemands ont
d'ailleurs fort diplomatiquement fait savoir que les risques d'abus (sous
entendu: des pays du club med) risquaient de rendre la vie de cette caisse
périlleuse et que de fait, l'idée ne les intéressait
pas.
Nos énarques répondent que l'Allemagne aussi pourrait avoir
besoin d'une telle caisse plus tard.
On se demande
bien, sans pouffer de rire, comment les Allemands pourraient compter sur
l'Italie, la Grèce ou la France pour faire baisser le taux
d'intérêt auquels ils pourraient emprunter un jour...
Et, comme le fait
justement remarquer Philippe Herlin, le jour où l'Allemagne aura
besoin d'un tel instrument "d'enfumage" des emprunteurs, c'est que les
pays du Club Med auront fait faillite depuis
longtemps.
Que nos
politiques puissent sérieusement avancer de telles idées sur la
scène internationale n'est pas rassurant. Cela me parait
révélateur d'une certaine panique à bord, alors que le
mur de nos dettes (annoncé
ici dès 2004) se rapproche toujours un peu plus vite...
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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