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Comment les banques centrales manipulent les marchés ? Partie III

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Extrait des Archives : publié le 01 juillet 2014
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Rubrique : Université de l'or

 

 

 

 

Partie II

 

Les spécialistes en économie bancaire ont pu constater que depuis au moins une vingtaine d’années, les banques centrales passent rarement par les opérations d’open market  pour influencer les taux d’intérêt en vigueur sur les marchés. Ces opérations, cas d’école préféré de la plupart des manuels d’économie bancaire, sont plutôt des outils d’ajustement. De fait, la détermination des taux d’intérêt par la BC ne se traduit pas nécessairement par des injections ou retraits nets de monnaie dans l’économie. Car si le cas d’école était vrai, il devait y avoir un mouvement toujours inverse entre les taux d’intérêt et la demande de liquidités. Or, la réalité est toute autre. Durant certaines périodes, la demande augmente avec des taux élevés et inversement (voir les travaux de Claudio Borio et Piti Disyatat dans la BIS).

 

Comment expliquer ce phénomène ? Comme n’importe quelle autre entreprise, une banque juge inutile de détenir plus de liquidités que ce dont elle a besoin pour assurer ses transactions quotidiennes. Garder des fonds de trésorerie en réserve sans justification financière implique en un coût d’opportunité pour l’entreprise, qu’elle soit une banque ou non. Ce coût est celui de rater un investissement rentable, y compris à court terme. Par conséquent, les banques ajuste leurs réserves de liquidités afin qu’elles soient tout juste suffisantes pour honorer leurs transactions quotidiennes, ni plus ni moins.

 

On aura compris qu’une banque veut avoir assez de liquidités, car sans un minimum de réserves, une banque pourrait faire défaut. Elle est donc prête à accepter des coûts élevés pour avoir ce minimum de liquidités.  On dit que sa demande est assez inélastique pour ce montant minimal et le taux d’intérêt à payer peut donc être élevé. Ce niveau de taux détermine le haut de la fourchette des taux en vigueur pour se procurer des liquidités dans le marché et auprès de la banque centrale. En bas de la fourchette se situe le taux directeur de la banque centrale. Les taux pour se procurer des liquidités peuvent donc se situer entre une fourchette allant de zéro au prix de réserve des banques commerciales, et ceci pour un même niveau d’offre de liquidités.

 

Les taux peuvent donc fluctuer et l’objectif de la banque centrale est que le taux pratiqué sur le marché soit le plus proche de celui qu’elle fixe. Comment procède-t-elle ? Elle utilise l’effet d’annonce.  Elle annonce cibler un taux d’intérêt donné (comme toujours, un taux de court terme). À ce stade, elle n’a pas utilisé d’opération d’open market.  Si le message de la banque centrale est crédible – ce qui est généralement le cas, d’autant plus qu’elle peut justement toujours recourir aux opérations d’open market pour forcer sa politique de taux – alors les banques commerciales pratiqueront entre elles un taux interbancaire assez proche de celui qui a été annoncé. En cas d’impossibilité de refinancement auprès des consœurs sur le marché interbancaire, une banque commerciale pourra recourir en fin de journée aux opérations marginales de refinancement.

 

Les opérations marginales de refinancement consistent généralement en des REPOs (accords de rachat) de la banque centrale visant juste à offrir le minimum nécessaire de liquidités aux banques commerciales afin qu’elles puissent honorer leurs transactions quotidiennes, ni plus ni moins. Ces opérations sont financées au taux marginal de refinancement, légèrement plus élevé que le taux directeur de la banque centrale. Celui-ci reste réservé aux opérations d’open market hebdomadaires (en Europe ; aux États-Unis, l’intervalle peut être plus long). Les opérations marginales de refinancement ont lieu quotidiennement.

 

Pour que le taux du marché ne devienne pas inférieur au taux directeur, la banque centrale doit s’assurer de ne pas offrir trop de liquidités qui seront sinon échangées sur le marché interbancaire part les banques commerciales qui y feront baisser le taux. Comme il est impossible de connaître à l’avance la bonne quantité, la banque centrale recourt à des opérations de stérilisation monétaire le cas échéant. Actuellement, les banques cenrales disposent de deux outils de stérilisation : les dépôts bancaires rémunérés auprès de la banque centrale et la vente d’actifs financiers.

 

Le premier instrument consiste à offrir aux banques commerciales la possibilité de garder leurs réserves excédentaires de liquidités sous la forme de dépôts auprès de la banque centrale. Ces dépôts sont rémunérés par la banque centrale à un taux égal ou inférieur au taux directeur. L’avantage de ces dépôts à maturité fixe est qu’ils ne comportent aucun risque de défaut, contrairement aux opérations de REPO interbancaires ou aux titres de dettes des marchés monétaires et obligataires. En outre, ces dépôts peuvent être vendus à l’escompte sur le marché monétaire.

 

Le deuxième instrument de stérilisation consiste à vendre des actifs financiers détenus par la banque centrale. Ce type d’instrument de stérilisation lui permet de neutraliser tout excès d’offre monétaire de sa part. Malgré une manipulation active des taux d’intérêt, la banque centrale peut arriver à maintenir inchangé son bilan, de même que la base monétaire reste stable dans l’économie.

 

Autrement dit, une banque centrale crédible et disposant des instruments et des opérations décrits ci-dessus peut bel et bien établir son taux directeur à un niveau fixé dans une fourchette donnée sans pour autant avoir besoin de recourir à l’introduction ou au retrait additionnels de liquidités dans l’économie.

 

En conclusion, les banques centrales peuvent manipuler les taux d’intérêt sans que cette manipulation résulte en une variation brutale de la base monétaire. Les opérations d’open market qui visent à aller au-delà de l’ajustement de réserves, consistent souvent en une démonstration de force de la banque centrale face aux banques commerciales ou alors en un changement de politique.

 

 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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