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Selon certains commentateurs,
la situation économique des U.S.A., première économie
nationale de l'économie mondiale, tendrait à
s'améliorer.
I. Les
échanges.
Quand on voit les séries chronologiques mensuelles qui suivent, il y a
tout lieu d’en douter même si on peut en accepter l'augure.
1.A. Les exportations
de biens, indicateur approximatif des échanges en
général.
Pour autant que la tendance des exportations de biens est prise comme un
indicateur approximatif de celle des échanges en général
- lesquels ne sont pas mesurés avec le même soin quand ils le
sont -, l’effondrement de ceux-ci ces derniers temps n’est
pas interrompu : les exportations mensuelles ont retrouvé leur niveau
moyen de 2006 ($ 80 milliards).
Source : Banque de
réserve fédérale de Saint-Louis
1.B. Les
importations de biens, autre indicateur approximatif des échanges en
général.
Cette tendance des échanges en général déduite de
la tendance des exportations est confirmée par celle des importations
de biens. Celles-ci retrouvent, elles, leur niveau mensuel de 2004 ($ 120
milliards) et non pas celui de 2006 ($ 150 milliards) comme les exportations.
Source : Banque de réserve fédérale de
Saint-Louis
1.C. Remarque :
il y a sept ans.
Comme on peut l'observer, ces tendances baissières sont beaucoup plus
profondes que celles de 2001-2002. On aura l'occasion de revenir sur ce
point dans un prochain billet.
II. La politique
monétaire.
Le doute sur l'amélioration actuelle n’est pas permis seulement
si on suppose que les effets de la politique monétaire ne sont pas
instantanés, mais décalés dans le temps.
A cet égard, la politique monétaire quantitative
menée ces derniers temps est tout à fait remarquable par son
intensité comme en témoignent les séries chronologiques
qui suivent.
2.A. La base
monétaire.
La base monétaire mensuelle a "explosé" passant ces
derniers mois de $ 800 à 1800 milliards. Comme l'atteste la
figure ci-dessous, ce phénomène est sans
précédent sur les trente dernières années.
Source : Banque de
réserve fédérale de Saint-Louis
2.B. La
quantité de monnaie en circulation.
En conséquence, et logiquement, la quantité de monnaie en
circulation a eu une tendance toujours plus croissante.
Source : Banque de
réserve fédérale de Saint-Louis
2.C. Remarque : le
poste « réserves totales ».
Le poste "réserves totales" de la base monétaire
mensuelle a, pour sa part, "explosé" comme celle-ci, en
passant de $ 50 à 900 milliards (phénomène lui aussi
sans précédent depuis trente ans).
Source : Banque de
réserve fédérale de Saint-Louis
Cette évolution témoigne de toutes les créances - plus
ou moins fausses - que la banque centrale des Etats-Unis a
achetées.
III. Les prix.
D'après la théorie économique, cette politique
monétaire quantitative pourrait avoir comme effet une évolution
des prix monétaires tout aussi remarquable, caractéristique de
ce qu'on a eu l'occasion de dénommer dans le
passé "forte inflation", voire
"hyperinflation".
Pour l’affirmer, il faudrait faire intervenir d’autres
informations, ce que je ne ferai pas dans ce billet.
Mais on pourra toujours se reporter, toutes mesures gardées, aux
billets :
* La
Banque centrale européenne "sort des clous"...
* Un
renversement spectaculaire à conséquences ignorées pour
l'instant.
* Euronomie
(monnaie, prix et inflation aujourd'hui en zone euro
* Un grand
écart ? Non, une hyper inflation potentielle !
Les évolutions retracées dans les billets n'infirment en
rien, bien au contraire, une évolution remarquable des prix
monétaires à attendre .
IV. Une
expérience sans antécédent.
Tout cela devrait donc amener chacun à considérer que
l'économie mondiale, en tant qu'ensemble des relations des êtres
humains à propos des choses en leur propriété, est
dans une expérience sans antécédent. Vouloir faire
parler, par exemple, Keynes
ou Marx sur le sujet témoigne d'une double inculture
économique, l'une d'elles étant qu'il n'y a pas de déterminisme
en particulier en économie. Je vous laisse deviner l'autre.
L'expérience est d'autant plus sans antécédent que les
politiques monétaires menées aujourd'hui par les docteurs
Folamour du domaine sont hors de proportion comme le font apparaître
les chiffres.
En conséquence, celles-là peuvent a priori autant conduire au meilleur
- ce qu'on espèrera si on est optimiste ou "banquier
central" - qu'au pire - ce qu'on attendra si on est pessimiste ou
un peu regardant sur les méfaits des actions que les banques
centrales ont menées dans le passé, dans des conditions certes
sans commune mesure -.
Pour ma part, pour l'instant, conscient de l'expérience et de ses
caractéristiques, par manque d'informations, je me limiterai à
avancer que l’avenir le dira. J'aurai bien
sûr l'occasion d'y revenir.
Georges Lane
Principes de science économique
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les articles publiés par Georges Lane
Georges
Lane enseigne l’économie à
l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec
Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que
dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels
libéraux authentiques en France.
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