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Cours Or & Argent

Effets Cantillon et fluctuations de marché : Prologue

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Extrait des Archives : publié le 17 septembre 2012
1172 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Les événements récents et l’intensification de la crise posent un certain nombre de questions auxquelles je vais essayer de répondre dans une série d’articles. Il s’agit d’essayer de comprendre sur quelles bases on justifie habituellement le modèle financier et bancaire actuel. Pour ce faire, il est nécessaire d’expliquer quel est le fondement théorique sur lequel s’appuient des politiques monétaires basées sur la création monétaire et l’aide au système bancaire.


Les banques centrales s’inspirent toutes d’un outil analytique basique de la théorie économique pour élaborer leurs politiques monétaires. Il s’agit de la théorie quantitative de la monnaie. Selon cette théorie, le niveau des prix dépend de la quantité de monnaie offerte sur le marché.


Cette relation entre prix et monnaie a été initialement observée par Nicolas Copernic (1473-1543), Martin de Azpilcueta (1493–1586), et Jean Bodin (1530-1596) lors de l’afflux massif en Europe de métaux précieux venus des Amériques au XVIème siècle. L’abondance soudaine d’or et d’argent avait conduit à une hausse apparemment généralisée des prix partout en Europe. Cependant, les auteurs mentionnés se sont aperçus à l’époque que la hausse des prix variait en intensité selon la quantité relative de métaux d’un marché à l’autre. Les marchés ayant reçu plus d’or et d’argent, tels que l’Espagne et le Portugal, présentaient une inflation des prix plus accélérée que d’autres pays ayant eu un accès plus difficile à cette manne métallique, comme ce fut le cas des pays du Nord de l’Europe.


Les économistes néoclassiques[1] du début du XXème siècle, comme Irving Fisher (1867-1947), se sont concentrés sur cette relation entre prix et monnaie au point d’établir une relation directement proportionnelle entre niveau de prix et quantité de monnaie. Ainsi, si la quantité de monnaie augmente de 10% à un moment donné, alors le niveau de prix devrait augmenter proportionnellement de 10%.


La conclusion de ces économistes était donc de dire que la monnaie est neutre par rapport à l’économie dite réelle. Autrement dit, la politique monétaire n’aurait aucun effet réel sur la production de biens et services autre que de provoquer une variation du niveau des prix de ces biens et services.


Le règne de la version « neutre » de la théorie quantitative de la monnaie vole en éclats lors de la crise de 1929 et la longue dépression qui suivit. John M. Keynes (1883-1946) défend alors dans son Traité sur la Monnaie (1930) et sa Théorie Générale (1936) que la politique monétaire peut avoir un impact réel sur la production des biens et services. Les prix nominaux (c’est-à-dire, en termes de monnaie) des facteurs de production, en particulier ceux du travail, seraient plutôt rigides par rapport aux variations monétaires.


Ceci donnerait donc à l’État les moyens de mener une politique monétaire active afin de stimuler la reprise économique. Selon Keynes, si les prix nominaux ont tendance à être rigides, les prix réels (c’est-à-dire, en termes de pouvoir d’achat) ne le seraient pas. L’idée serait alors d’utiliser la politique monétaire afin de fournir aux entreprises les moyens financiers de maintenir les salaires nominaux, voire de les augmenter, tout en bénéficiant d’une dévaluation de ces mêmes salaires par le biais de l’inflation des prix. Les salariés seraient alors obligés de dépenser plus d’argent pour la même quantité de biens, voire pour une moindre quantité, ce qui augmenterait les recettes des entreprises et justifierait ainsi leurs « investissements ». Ce rapport positif entre inflation, emploi et croissance a été théorisé plus formellement dans le fameux concept de la courbe de Phillips (1958).


La courbe de Phillips fut cependant l’objet des critiques  du prix Nobel Milton Friedman (1912-2006) dans les années 1970 lorsque le phénomène de stagflation (inflation avec chômage et croissance quasi-nulle) apparaît en Occident.


Cet économiste va alors ressusciter la théorie quantitative de la monnaie, sous une nouvelle formule. Pour lui, la relation positive entre emploi et inflation ne s’avère réelle qu’à court-terme. A long-terme, les travailleurs s’aperçoivent de leur perte de pouvoir d’achat et demandent des réajustements. Cela  va neutraliser la politique monétaire préconisée par les Keynésiens.


Pourtant, Friedman ne pense pas inutile toute politique monétaire. Dans son ouvrage, écrit en collaboration avec Anna Schwarz  (Une histoire monétaire des États-Unis, 1963), il constate que les producteurs ont vu leurs sources de crédit s’assécher un peu avant et pendant la crise de 1929. Sans crédit, les producteurs ne pouvaient ni initier ni même continuer leurs projets de production par manque des capitaux nécessaires.


 Il conclut alors que la neutralité de la monnaie peut être maintenue, sans effet inflationniste majeur, si l’offre monétaire augmente au même rythme que le potentiel de croissance de l’économie. Il serait même souhaitable d’utiliser la politique monétaire pour maintenir un accès permanent au crédit à ces producteurs.


Néanmoins, les travaux des nouveaux économistes classiques[2], surtout ceux de Robert E. Lucas (1937), ont révélé vers la fin des années 1970 et début des années 1980 qu’une politique monétaire d’ajustement comme celle préconisée par Friedman avait ses limites.


Une fois que le public anticipe la politique monétaire du gouvernement, elle serait aussi neutralisée au niveau du crédit, où la demande de réajustements de prix serait également présente. Par conséquent, au lieu de cibler une croissance stable de la masse monétaire, les banques centrales devraient cibler les taux d’intérêt puisque ceux-ci entrent directement dans les évaluations des projets des entrepreneurs. Pour stimuler la production, il ne suffirait donc pas de fournir du crédit en abondance, mais que les taux d’intérêts soient suffisamment attractifs pour les producteurs et qu’ils évitent, en  même temps, l’inflation.


Si les banques centrales ont pris note de ces différentes positions, les résultats de leurs politiques sont loin d’être satisfaisants.


Les pressions inflationnistes s’intensifient, l’abondance de crédit ne débouche pas sur un processus de croissance soutenu, et le spectre du chômage de masse continue de rôder.


Cela n’a rien de surprenant car les banques centrales, comme les principaux courants actuels de la science économique, ignorent un outil théorique fondamental. Cet outil est capable d’expliquer ces phénomènes de redistribution de pouvoir d’achat qui suivent les manipulations monétaires et qui semblent résister à toute explication rationnelle.


Les prochains articles aborderont les effets dits de Cantillon afin d’expliquer les limites des politiques monétaires actuelles et la dynamique des cycles économiques.






 

 



[1] L’école classique d’économie – représentée par des noms tels qu’Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823) et Jean-Baptiste Say (1767-1832) – soutenait que l’économie s’ajustait selon les principes d’offre et demande (la Loi de Say) et que la valeur des biens était expliquée par les coûts de production uniquement, particulièrement le coût du travail. L’école néoclassique inaugurée par William Stanley Jevons (1835-1882), Carl Menger (1840-1921) et Léon Walras (1834-1910), soutient le même principe d’ajustement tout en abandonnant la théorie de la valeur travail en faveur de la théorie marginaliste de la valeur qui explique les valeurs de biens par l’utilité marginale subjective attribuée aux biens par les acteurs du marché.

[2] Les nouveaux classiques sont des économistes néoclassiques souvent issus de l’Université de Chicago qui ont adopté l’hypothèse des anticipations rationnelles développée par John F. Muth (1930-2005) en 1961 dans leurs modèles macroéconomiques.

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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