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En défense de l’Euro IV - Les véritables péchés capitaux de l’Europe et l’erreur fatale de la BCE

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Publié le 07 août 2012
2009 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

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5.     Les véritables péchés capitaux de l’Europe et l’erreur fatale de la Banque Centrale Européenne[1]


Personne ne niera que l’Union Européenne souffre de problèmes économiques et sociaux importants et chroniques. Toutefois, cet euro tant critiqué n’en fait pas partie. L’euro agit, au contraire, comme un puissant catalyseur ; il montre la gravité des véritables problèmes de l’Europe et accélère (ou « précipite ») la prise des mesures nécessaires à leur solution. Aujourd’hui, en effet, et grâce à l’euro, se développe plus que jamais la conscience de la non-durabilité de cet Etat-providence européen hypertrophié et de la nécessité d’importantes réformes.[2] L’on peut en dire autant des programmes omni-compréhensifs d’aides et de subventions, parmi lesquels la Politique Agricole Commune occupe la première place, à cause tout autant de ses effets très nocifs que de son manque total de rationalité économique.[3] Et l’on peut surtout en dire autant de l’ingénierie sociale et de la règlementation écrasante qui, sous prétexte d’harmoniser les diverses législations nationales, fossilise le marché unique européen et l’empêche d’être un véritable marché libre.[4] Aujourd’hui, plus que jamais, apparaît, dans la zone euro, le coût véritable de toutes ces insuffisances structurelles : sans politique monétaire autonome, les différents gouvernements sont obligés de reconsidérer (et, éventuellement, de réduire) tous leurs postes de dépenses publiques et d’essayer de gagner en compétitivité sur le plan international, en dérégulant et en flexibilisant au maximum leurs marchés (en particulier celui du travail, traditionnellement très rigide dans de nombreux pays de l’Union Monétaire).


A tous ces péchés capitaux de l’économie européenne s’ajoute un autre, plus grave encore à cause de son caractère particulier et sinueux. Il s’agit de la grande facilité avec laquelle les institutions européennes se laissent entraîner, souvent par manque de vision, de leadership, ou de foi en leur propre projet, dans des politiques incompatibles, à la longue, avec les exigences d’une monnaie unique et d’un véritable marché unique libre.


Ainsi, par exemple, il est surprenant de voir que les nouvelles mesures croissantes et asphyxiantes introduites en Europe viennent de plus en plus du monde universitaire et politique anglo-saxon et, en particulier, des Etats-Unis,[5] alors qu’elles se sont déjà avérées inefficaces ou fortement perturbatrices. Cette influence malsaine date de loin (rappelons que les subventions accordées à l’agriculture, la législation de « défense de la concurrence », ou les réglementations en matière de gouvernement et de « responsabilité sociale corporative » sont venues des Etats-Unis) ; elle se répète et se renforce aujourd’hui : pensons aux Normes Internationales de Comptabilité, ou aux tentatives faites, heureusement sans succès, pour parachever les accords de Bâle III dans le secteur bancaire (ou de Solvabilité II dans le secteur des assurances) et qui montrent d’insurmontables carences théoriques de fond et de graves problèmes d’application pratique.[6]


Un deuxième exemple de cette influence anglo-saxonne malsaine concerne le Plan Européen de Relance Economique (« European Economic Recovery Plan »). Celui-ci fut lancé, sous l’égide du sommet de Washington et le leadership de politiques keynésiens comme Barak Obama et Gordon Brown et avec le conseil de théoriciens ennemis de l’euro comme Krugman,[7] fin 2008 par la Commission Européenne. Il était recommandé aux pays membres une expansion de la dépense publique d’environ 1,5 pour cent du P.I.B. (environ 200 milliards d’euros au niveau agrégat( ?)). Quelques pays, comme l’Espagne, commirent l’erreur d’élargir leurs budgets mais, grâce à Dieu et à l’euro, le plan s’en est vite allé « en eau de boudin », au désespoir des keynésiens et de leurs acolytes,[8] lorsqu’on a vu qu’il ne servait qu’à augmenter le déficit, empêcher l’accomplissement des objectifs du Traité de Maastricht et déstabiliser gravement les marchés de la dette publique souveraine des pays de la zone euro. L’euro a agi une nouvelle fois comme cadre disciplinant et frein anticipé du déficit, en contraste avec le désordre budgétaire des pays victimes du nationalisme monétaire et, en particulier, des Etats-Unis et de l’Angleterre, qui a clôturé avec un déficit public de 10,1 pour cent du P.I.B. en 2010 et de 8,8 pour cent en 2011, dépassé seulement, au niveau mondial, en Grèce et en Egypte. Malgré de tels déficits et stimulants fiscaux, le chômage continue d’atteindre en Angleterre et aux Etats-Unis des niveaux records (ou très hauts) et leurs économies respectives n’arrivent pas à démarrer.


Enfin, et surtout, on remarque une pression croissante en faveur de l’union politique européenne complète, présentée comme la seule « solution » capable de permettre la survie de l’euro à long terme. Mis à part les « euro-fanatiques », adeptes de tout prétexte justifiant plus de pouvoir et de centralisme en faveur de Bruxelles, deux groupes appuient l’union politique. D’une part, et paradoxalement, les ennemis de l’euro, groupe d’origine anglo-saxonne : les américains, éblouis par le pouvoir central de Washington et conscients qu’il ne peut exister en Europe, savent que leur proposition introduit le virus de la discorde, mortel pour l’euro ; d’autres, les britanniques, utilisent l’euro comme tête de turc (injustifiée) pour y déverser leurs frustrations (totalement justifiées) face à l’interventionnisme croissant de Bruxelles. Le second groupe comprend tous les théoriciens et penseurs qui croient que seule la discipline imposée par un organe gouvernemental central peut garantir les objectifs de déficit et de dette publique fixés à Maastricht. Cette croyance est erronée. Le mécanisme de l’Union Monétaire crée, tout comme l’étalon-or, une menace pour la solvabilité des pays qui abandonnent la rigueur et la stabilité budgétaires, et les obligent à prendre des mesures urgentes pour rétablir la durabilité de leurs finances publiques, s’ils ne veulent pas se voir contraints à suspendre leurs paiements.


Nonobstant ce qui vient d’être dit, le problème le plus grave ne consiste pas dans la menace d’une union politique impossible, mais dans le fait indiscutable qu’une politique d’expansion de crédit continue de la part de la Banque Centrale Européenne durant une étape de prospérité économique, est capable de neutraliser, du moins temporairement, l’effet disciplinant de l’euro sur les agents économiques de chaque pays. Et ainsi, par exemple, l’erreur fatale de la Banque Centrale Européenne a consisté à ne pas savoir isoler et protéger l’Europe de la grande expansion de crédit orchestrée au niveau mondial par la Réserve Fédérale des Etats Unis à partir de 2001. Pendant plusieurs années, la Banque Centrale Européenne a permis, en contradiction flagrante avec le Traité de Maastricht, que M3 atteigne des niveaux supérieurs même à 9 pour cent par an, bien au-delà de l’objectif de croissance de 4,5 pour cent de la masse monétaire, originairement fixé par la BCE elle-même.[9] De plus, cette croissance, même si elle est moins délirante que celle menée par la Réserve Fédérale des Etats Unis, s’est distribuée de manière non uniforme dans les pays de l’Union Monétaire et a touché de façon disproportionnée les états de la périphérie (Espagne, Portugal, Irlande et Grèce) qui ont vu croître leurs agrégats monétaires à un rythme très supérieur -de trois à quatre fois- à celui que connaissaient la France ou l’Allemagne. Il y a à cela plusieurs raisons : elles vont de la pression exercée par la France et l’Allemagne pour que la politique monétaire ne soit pas trop restrictive pour elles, jusqu’à la myopie absolue des pays périphériques qui, ne voulant pas reconnaître qu’ils étaient en pleine bulle spéculative, n’ont pas su, telle l’Espagne, donner des instructions catégoriques à leurs représentants au Conseil de la BCE afin d’exiger la stricte exécution des objectifs de croissance monétaire fixés par la BCE elle-même. Durant les années précédant la crise, en effet, tous ces pays, sauf la Grèce,[10] observèrent largement les limites du déficit de 3 pour cent, et quelques-uns, comme l’Espagne et l’Irlande, clôturèrent même leurs comptes publics avec d’importants excédents.[11] Ainsi, bien que le cœur de l’Europe ait réussi à se tenir à l’écart du processus d’exubérance irrationnelle américain, celui-ci s’est reproduit avec virulence dans les pays européens périphériques, sans que personne, ou presque, ait su diagnostiquer le grave danger de ce qui se passait.[12] Si les universitaires et les responsables politiques des pays affectés et de la Banque Centrale Européenne avaient utilisé, non pas les instruments d’analyse macroéconomiques et monétaristes importés du monde anglo-saxon, mais ceux de la Théorie Autrichienne du Cycle Economique[13] (produit, en fin de compte, de la pensée économique continentale la plus authentique), ils auraient pu détecter à temps le caractère largement artificiel de la prospérité de ces années-là et la non-durabilité de beaucoup d’investissements (en particulier dans le domaine de la promotion immobilière) entrepris grâce aux grandes facilités de crédit. Ils auraient, en somme, compris que le flux étonnamment croissant de recettes publiques allait être de très courte durée. Cependant et heureusement, bien que la Banque Centrale Européenne n’ait pas été, durant le dernier cycle, à la hauteur de ce que la société européenne était en droit d’exiger et que sa politique puisse être qualifiée de « tragique », la logique de l’euro, en tant que monnaie unique, s’est de nouveau imposée. Elle a fait apparaître les erreurs commises et obligé chacun à reprendre le chemin du contrôle et de l’austérité. Le paragraphe suivant présente un bref commentaire de la façon dont la Banque Centrale Européenne a développé sa politique durant la crise et en quoi elle diffère de celle menée par les banques centrales des Etats Unis et d’Angleterre.


 

 



[1] Il convient de signaler que l’auteur de ces lignes est un ”eurosceptique” ; il considère que l’Union Européenne devrait exclusivement se borner à garantir la libre circulation des personnes, des capitaux et des biens dans un cadre de monnaie unique (si possible étalon-or).

[2] Nous avons parlé, par exemple, des changements législatifs récents retardant l’âge de la retraite, jusqu’à même 67 ans (avec possibilité de glissement supplémentaire en fonction de l’évolution future de l’espérance de vie), déjà réalisés en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce. Ou de l’établissement du ”ticket modérateur” et des privatisations croissantes en matière d’assistance sanitaire. Avancées timides dans la bonne direction qui, étant donné leur coût politique élevé, n’auraient pas eu lieu hors de l’euro, et font contraste avec la tendance contraire qu’a supposée la réforme sanitaire de Barak Obama, ou avec cet immobilisme évident face à la réforme inéluctable du National Health Service britannique.

[3] O’Caithnia 2011.

[4] Booth 2011.

[5] Voir, par exemple, “United States’Economy: Over-regulated America: The home of laissez-faire is being suffocated by excessive and badly written regulation”, The Economist, février 18, 2012, p. 8, et les exemples qui y sont cités.

[6] Huerta de Soto 2003 et 2008.

[7] Sur l’hystérie en faveur des grands stimulants fiscaux de cette période, consulter Fernando Ulrich 2011.

[8] Krugman 2012.

[9] Concrètement, la croissance moyenne de M3 dans la zone euro, de 2000 à 2011, dépasse les 6,3% ; il faut souligner les augmentations vécues pendant les années de la bulle 2005 (de 7% à 8%), 2006 (de 8% à 10%) et 2007 (de 10% à 12%). Ces données montrent que l’objectif du déficit zéro, quoique louable, n’est qu’une condition nécessaire mais non suffisante de stabilité : au cours d’un cycle dominé par l’expansion de crédit, des engagements de dépense publique peuvent être assumés pendant la période d’expansion avec la fausse idée rassurante qu’ils engendrent des excédents, lesquels sont ensuite, à l’arrivée inévitable de la récession, insoutenables. Cela prouve que l’objectif du déficit zéro exige, en outre, une économie non soumise aux oscillations de l’expansion de crédit ou, du moins, de clôturer les budgets, pendant les années d’expansion, avec des excédents beaucoup plus importants.

[10] La Grèce serait donc le seul cas auquel on puisse appliquer l’argument de “la tragédie des biens communs” à propos de l’euro, développé dans Bagus 2010. Nous croyons que le livre remarquable de Bagus devrai s’intituler, nous l’avons dit, non pas The Tragedy of the Euro mais The Tragedy of the European Central Bank.

[11] Les excédents, en Espagne, ont été de 0,96%, 2,02% et 1,90% en 2005, 2006 et 2007 respectivement. En Irlande, de 0,42%, 1,40%, 1,64%, 2,90% et 0,67% en 2003, 2004, 2005, 2006 et 2007 respectivement.

[12] On peut citer, comme exception, l’auteur de ces lignes : Huerta de Soto 2011a.

[13] Ibid.

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