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Francis Fukuyama et la fin de l’homme

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Publié le 29 décembre 2014
738 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Après La fin de l’histoire, Francis Fukuyama s'est également intéressé aux conséquences des évolutions biotechnologiques. En 2003, son livre Our posthuman future (La fin de l’Homme), tente de montrer que les biotechnologies peuvent réussir là où l’ingénierie sociale a échoué. « Nous n’approchons nullement de la fin de la science et il semblerait même que nous soyons au cœur d’une période d’avancée monumentale dans les sciences de la vie. »

 

En quoi la révolution biotechnique a-t-elle le pouvoir de transformer l’homme au plus profond de lui-même, ainsi que les mécanismes de la société elle-même ? Grâce à de nouveaux médicaments qui agissent sur le cerveau, il est possible de réduire l’anxiété, d’améliorer la capacité à apprendre de nouvelles choses, d’augmenter la résistance et la motivation, de diminuer la sensibilité à la douleur. Il écrit : « L’humanité sera bientôt capable de stimuler l’intelligence, la mémoire, la sensibilité émotionnelle et la sexualité, aussi bien que de réduire l’agressivité et de manipuler le comportement de mille autres façons ». Faut-il s'inquiéter de ces transformations conduisant vers une post-humanité ?

 

La droite se montre plus ouverte à la biotechnique et accepte le fait que l’inné (l’hérédité) joue un grand rôle chez l’individu. Excepté pour l’orientation sexuelle, la gauche se montre réactionnaire par rapport à la biotechnique. Elle refuse d’accepter que la génétique influe sur l’intelligence, le caractère de l’enfant. « Bien des gens de gauche auraient aimé ruiner les arguments sur l’intelligence génétique comme intrinsèquement racistes et résultant du travail de pseudo-scientifiques, mais la science elle-même ne permet pas ce genre de simplification ».

 

Selon Fukuyama, on ne peut que s'accorder sur ses bienfaits médicaux attendus. Mais il souligne tout de même plusieurs objections. Du point de vue économique, les biotechnologies ne pourront pas se développer compte tenu des coûts énormes engendrés, bien supérieurs aux bienfaits attendus. Par ailleurs, le politiquement-correct pourrait conduire les parents à faire des choix contraires à l’intérêt de leurs enfants, en fonction d'une mode ou d'une contrainte culturelle.

 

Mais surtout, la nature est un équilibre fragile et dénaturer l’homme peut avoir des conséquences dramatiques, invisibles aujourd’hui. La nature humaine modèle et détermine les différents types possibles de régimes politiques, si bien qu'une technique assez puissante pour remodeler ce que nous sommes risque bien d'avoir des conséquences potentiellement mauvaises pour la démocratie libérale et la nature de la politique elle-même. Les États-Unis se sont édifiés sur la base du droit naturel ainsi que sur les libertés fondamentales et l’égalité de tous. Et une bonne partie de notre monde politique repose sur l’existence d’une « essence » humaine stable dont nous sommes dotés par nature.

 

C’est pourquoi, conclut-il, « nous n’avons à accepter aucun de ces mondes futurs sous le faux étendard de la liberté, qu’il soit celui des droits de reproduction illimités ou celui de la recherche scientifique sans entraves. Nous ne devons pas nous considérer nous-mêmes comme les esclaves obligés d’un progrès technologique inéluctable, si ce progrès n’est pas mis au service de finalités humaines favorables. La liberté véritable signifie la liberté, pour les communautés politiques, de protéger les valeurs qui leurs sont les plus chères ; et c’est cette liberté-là qu’il nous faut exercer à l’égard de la révolution biologique d’aujourd’hui ».

 

Ainsi, face au défi que pose ce genre de technologie, où le bien et le mal sont intimement liés, Fukuyama plaide pour une régulation politique du développement et de l’utilisation de la technologie, en mettant sur pied des institutions régulatrices qui doivent être investies du pouvoir d’imposer les discriminations sur le plan national, puis de s’étendre ensuite sur le plan international. Pour lui, la science est devenue un domaine éminemment politique. Il en va de l'avenir de l'homme.

 

Il écrit : « Les pays doivent réguler politiquement le développement et l'utilisation de la technique en mettant sur pied des institutions qui discrimineront les progrès techniques qui favorisent la prospérité de l'humanité et qui font peser des menaces sur la dignité et le bien-être de l'homme ». Toutefois, ajoute-t-il, « il y a bien des approches différentes de la réglementation, allant de l’autorégulation par l’industrie ou la communauté scientifique avec un minimum de surveillance gouvernementale, à la régulation formelle par le biais d’une agence institutionnelle ».

 

À lire

 

Francis Fukuyama, La Fin de l'homme, les conséquences de la révolution biotechnique, Folio actuel, 2004.

Francis Fukuyama, Le grand bouleversement : La nature humaine et la reconstruction de l'ordre social, éditions de La Table Ronde, 2003.

 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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"Nous ne devons pas nous considérer nous-mêmes comme les esclaves obligés d’un progrès technologique inéluctable, si ce progrès n’est pas mis au service de finalités humaines favorables." Qui définit les finalités humaines favorables ?????????????
Cela dit, droite ou gauche, d'une nation à l'autre, il me semble que tous ces scientifiques et décideurs politiques soient globalement athées et se prennent pour des petits dieux. Et mettent de côté par confort intellectuel et avec un petit sourire supérieur en coin le fait que chaque individu a une destinée à vivre. Nos enseignants, au sens le plus large du terme, devraient aider ceux qui leur succèdent à prendre conscience de ce qu'ils sont et d'assumer leur destin, d'abord individuel puis dans la société où ils sont. On dépense beaucoup de temps, d'argent, d'énergie pour "bricoler" les gens alors que toutes les réponses sont en chacun de nous.
"Science sans Conscience n'est que ruine del'Âme".
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On pourrait tout aussi bien transformer l'homme en restant dans l'ordre de la Nature. Par exemple, l'agriculture biologique moderne, n'a rien avoir avec l'agriculture pré industrielle. Quantité de savoir sur les plantes alimentaires a été acquis. Je suis étonnée de ne jamais voir un seul article sur ce sujet ! C'est pourtant si évident. Nos contemporains sont bien déracinés de la nature et vivent dans un univers tellement artificiel, qu'ils ne se posent même plus la question.
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@ samideano
Si vous ne la connaissez pas, je me permets de vous conseiller la revue "Plantes et Santé". Ils ont également je pense un site Internet. Abonné depuis plusieurs années, je trouve que c'est une mine d'or pour ses lecteurs.
Merisier.
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merci pour l'info Lire la suite
samideano - 29/12/2014 à 08:43 GMT
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