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Ils ne veulent pas en démordre

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Publié le 06 février 2012
1153 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
( 7 votes, 3,6/5 ) , 3 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Présentées à tort chaque jour comme sur le point d’aboutir, les tractations à propos du second plan de sauvetage de la Grèce sont désormais « sur le fil du rasoir », si l’on en croit Evángélos Vénizélos, le ministre des finances grec. Nouvelle date butoir, ce dimanche soir. D’autres, comme François Baroin, annoncent prudemment un report de cette échéance au 13 février.


Dans cette phase où tout est encore possible, les négociations se poursuivent parallèlement sur deux terrains, identifiés par les acronymes de PSI et d’OSI (private et official sector involvement). Avec d’un côté des efforts supplémentaires demandés aux créanciers privés de la Grèce, qui s’y refusent au nom de la « générosité » dont ils ont déjà fait preuve, et de l’autre de nouvelles mesures d’austérité exigées du gouvernement grec, qui cherche à esquiver les plus explosives. Drôle de jeu qui s’éternise et va devoir trouver une fin.


Jean-Claude Junker vient de mettre en garde à propos du risque de faillite de la Grèce, si les réformes exigées n’étaient pas adoptées et menées à bien, car « nous ne reculerons pas sur le thème des privatisations ». Apportant de l’eau au moulin de ceux qui pensent que cette éventualité n’est plus le tabou qu’elle était. Tandis que d’autres, notamment Josef Ackermann, président de la Deutsche Bank, exprimait la crainte que « si nous laissons la Grèce s’effondrer, je pense que nous ouvrons la boîte de Pandore ». On aurait tendance à dire qu’il en sera ainsi dans tous les cas !


L’objectif est de créer les conditions permettant de réduire la dette publique grecque, à l’horizon 2020, de 160 % à 120 % du PIB, selon le butoir placé par le FMI, qui selon les Français pourrait être un peu augmenté. Cela a comme conséquence de lier les deux négociations, car si les effets du PSI sont moindres que prévus, ceux de l’OSI doivent le compenser, toujours en application de l’équation posée par le FMI.


Tout s’annonçait bien : la dette devait être réduite de 100 milliards d’euros, et 130 milliards d’euros être prêtés par l’Union européenne et le FMI. Mais voilà qu’une quinzaine de milliards d’euros ont manqué à l’appel, faute à la récession et aux difficultés que rencontre l’État pour accroître ses rentrées fiscales, et que tout en dépend. D’une manière qui pourrait paraître surprenante, vu la modicité de la somme comparée à ce qui était acquis. Que s’est-il donc passé ?


L’attention a été focalisée sur les négociations du PSI, ainsi que sur la participation éventuelle de la BCE, faisant oublier l’importance de celles de l’OSI. En particulier à propos des salaires du secteur privé, du montant du salaire minimum et des retraites complémentaires. Or c’est pourtant là que se trouve maintenant la clé des négociations. Le gouvernement grec est sommé de réaliser ses promesses non tenues, notamment dans le domaine des privatisations, et de ne pas s’en tenir aux coupes budgétaires et aux impôts qu’il a levés dans l’urgence. Comme disent les financiers qui affectionnent cette expression, il faut gratter jusqu’à l’os. L’enjeu est toujours de le faire plier, après s’être traduit par la tentative inachevée de le mettre sous tutelle.


Dans toute l’Europe, la diminution du coût du travail apparaît de plus en plus comme au centre de la stratégie suivie par les dirigeants européens. En application de l’analyse selon laquelle il faut ainsi accroître la compétitivité pour relancer la croissance ; une pirouette que la Grèce a le redoutable honneur de réaliser en premier, afin d’éviter à l’Allemagne d’infléchir son propre modèle tourné vers l’exportation. Celui-ci s’appuie sur des salaires contenus sur son sol et le développement de la sous-traitance dans les pays d’Europe Centrale et de l’Est à bas salaires.


Pour le reste, il faut encore et toujours gagner du temps, ce à quoi la BCE s’emploie. En inondant de liquidités le système bancaire européen, elle est parvenue à détendre un peu le marché obligataire (sauf pour le Portugal), en attendant la suite. Elle finance les banques des pays sous le feu d’attaques sur le marché obligataire, afin qu’elles achètent sa dette. Ce qui la conduit à prendre ensuite ces titres en pension, faisant d’elle la bad bank que les gouvernements n’ont pas créée, ne sachant plus comment la financer. Après la quasi monétisation par des prêts à trois ans pour sauver les banques, nous assistons à la création d’une structure de défaisance by proxy (par procuration) afin d’en faire autant avec les États ! Ceux qui réclament l’intervention de la BCE comme allant tout régler feraient mieux de s’apercevoir qu’elle a lieu, sous des formes appropriées pour employer le vocabulaire des banquiers centraux, et qu’elle représente une fuite en avant.


Depuis, la menace s’est déplacée. La BCE constate elle-même que le crédit aux entreprises et aux particuliers diminue. Afin de reconstituer leurs fonds propres, les banques contribuent à la récession dans un monde qui dépend de la croissance comme d’une énergie vitale, car il a été ainsi calibré.


La démonstration qui est en train de nous être administrée est à contre-pied de ce qui est revendiqué, pour être repoussée à plus tard. Résumant l’analyse de la situation à une simple question, si l’on ne veut pas voir plus loin que le bout de son nez : combien de temps va-t-il falloir donner aux banques pour qu’elles puissent relancer la machine, et comment tenir en attendant ?


Pour ce faire, le FMI est attendu comme le Messie par ceux qui ont compris que ni l’Espagne ni l’Italie ne pourront longtemps se financer aux conditions actuelles, mêmes adoucies, et qu’il faudra leur trouver un relais. Cherchant des fonds, Christine Lagarde vient de s’y employer en Arabie Saoudite, et Angela Merkel en Chine. Mais quelles seront les conditionnalités de demain du FMI, s’ils sont finalement réunis ? Est-il possible de suivre toujours la même stratégie en se contentant de moins en précipiter le déroulement, une fois les États en difficulté provisoirement soustraits aux rigueurs du marché ? Cette variante n’abandonne pas le cœur de la stratégie poursuivie, la recherche illusoire d’une compétitivité reposant sur la diminution du coût du travail, dans un monde où celui-ci est à bas prix et le demeurera longtemps.


L’autre question pendante n’est pas moins lancinante : si la machine à faire de la dette et du crédit ne peut plus prétendre aux mêmes performances, son mécanisme brisé, ne va-t-on pas accélérer le déclin des pays avancés, dont la croissance repose sur la consommation ? Pour déséquilibrer encore plus le monde, car le succès des pays émergents repose sur leurs exportations vers les premiers, leur marché intérieur ne pouvant pas prendre le relais sans une profonde réorientation de l’appareil de production et d’importantes remises en causes sociales.


À bien y réfléchir, pour réussir, l’exercice reviendrait à tout simplement inverser les grands flux d’échanges commerciaux… Tant qu’à faire de retourner le cadre, il vaudrait alors mieux carrément en changer.



Billet rédigé par François Leclerc

 

 



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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Merci messieurs les banquiers et les politiques. les résultats sont là.Maintenant la solutions qui s'imposent ,c'est d'être moins bien rétribués que les chinois!!!!Mais un grand ménage s'impose dans la finance ,la politique et autre parasites. Un dur moment a passer............
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Les mois avancent et le cadre reste le même, bien qu'on en parle plus.

Si la Grece fait défaut, il sera impossible de faire admettre désormais qu'il ne s'agit pas d'un risque de crédit. Les CDS devront être activés, ce qui signifie soit la destruction du système bancaire en quelques jours, soit l'émission par la BCE d'une pelletée de trillions de dollars pour faire tenir le système, ce qui nous ramène au 1°, à savoir la destruction du système bancaire, mais en un peu plus longtemps.
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" fuite en avant "
" récession dans un monde qui dépend de la croissance car il a été ainsi calibré "
" le cadre..............carrément en changer . "

Tout est dit et bien dit : Dans le cadre actuel, il n'y a pas de solution.
Attachez vos ceintures !
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Merci messieurs les banquiers et les politiques. les résultats sont là.Maintenant la solutions qui s'imposent ,c'est d'être moins bien rétribués que les chinois!!!!Mais un grand ménage s'impose dans la finance ,la politique et autre parasites. Un dur mom  Lire la suite
jefff310 - 06/02/2012 à 18:23 GMT
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