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L’Espagne menace l’euro, à moins que la Catalogne plie

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Publié le 29 septembre 2017
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Tandis que l’Union européenne observe la situation avec incrédulité, une menace lointaine s’est subitement développée jusqu’à poser un risque de crise existentielle. C’est encore plus insoluble que le Brexit, et certainement plus dangereux.

Les événements volcaniques qui se développent jour après jour en Catalogne menacent le projet européen à sa base. Ils posent une menace directe pour l’intégrité de l’union monétaire.

L’ancien premier ministre français Manuel Valls, le fils d’un peintre catalan bien connu, a averti que si le vote interdit concernant l’indépendance devait avoir lieu et déboucher sur la sécession de la Catalogne, ce serait la fin de l’Europe en tant que projet d’importance.

Ceux qui sont assez vieux pour se souvenir de la guerre d’indépendance espagnole ne peuvent que frémir à la vision des foules aux 4 coins de l’Espagne qui applaudissent les unités de la Guardia Civil alors qu’elles prennent le chemin de la Catalogne, encouragés par des « allez vous en occuper ».

À l’heure actuelle, 14 officiels de haut rang de la Catalogne ont été arrêtés. Il y a eu des raids sur le Generalitat catalan, dont la présidence, le ministère de l’Économie et le bureau des affaires étrangères.

Les officiels qui se préparent au vote ont été interrogés. La Guardia Civil a été déployée pour saisir les bulletins de vote et pour empêcher la tenue du référendum, si nécessaire par des moyens coercitifs.

Les forces de sécurité catalanes, les Mossos d’Esquadra, ont déclaré aux autorités espagnoles qu’elles ne suivraient pas l’ordre de fermer les bureaux de vote si cela devait conduire à des troubles civils. Leur premier devoir est de maintenir la cohésion catalane, la « convivència ciutadana ». Il s’agit de désobéissance, un peu comme la mutinerie de Curragh de l’armée britannique de mars 1914.

Le gouvernement de Mariano Rajoy insiste sur le fait que la Guardia Civil est envoyée afin de préserver l’ordre constitutionnel et l’intégralité inviolable de l’Espagne.

Les leaders de la Catalogne qualifient cette décision de répression dangereuse et peu judicieuse qui risque de déraper. « Nous n’oublierons jamais ce qui est arrivé. Nous n’oublierons jamais cette agression, ce déni d’opinion, » a déclaré Carles Puigdemont, le leader catalan. Le contraste avec le référendum écossais de 2014 est évident.

Les marchés doivent encore réagir à ce bras de fer, même si le ministre des Finances espagnoles, Luis de Guindos, a averti ouvertement que la Catalogne sera victime de paupérisation brutale si elle poursuit ses efforts. Il affirme que la région serait victime d’un effondrement de son PIB de 25 à 30 %, du doublement du taux de chômage et d’une dévaluation de jusqu’à 50 % après son exclusion de la zone euro.

Il s’agit d’une menace, et non d’une prévision. Un tel effondrement n’arriverait que si l’Espagne choisissait de mener la vie dure à l’État catalan : en fermant ses frontières économiques, en utilisant son droit de veto à Bruxelles pour s’assurer que la Catalogne ne puisse rejoindre l’UE ou rester dans l’union monétaire, ou encore en bloquant l’accession de la Catalogne à des entités internationales telles que le FMI.

Le problème d’une telle stratégie pour l’Espagne, c’est qu’elle se tirerait une balle dans le pied en l’appliquant. La Catalogne est la région la plus riche et la plus dynamique d’Espagne, avec le Pays basque, qui représente près d’un 5e du PIB espagnol.

Un tel scénario déboucherait sur un détricotage partiel de la zone euro, ce qui rouvrirait la boîte de Pandore. Le statut de la dette souveraine espagnole serait un point d’interrogation. Pourquoi les Catalans devraient-ils porter leur partie du fardeau en cas de boycott ?

Les marchés devraient donc partir du principe que la dette du royaume ne serait plus de 99 % du PIB, mais plutôt d’environ 120 %. Ce fardeau devrait être porté par une société devenue plus pauvre qui se retrouverait forcément dans une situation économique encore plus difficile.

La banque d’Espagne a minimisé la crise ce jeudi, en affirmant que des taux en hausse sur la dette espagnole étaient la seule menace si les tensions devaient s’exacerber. « Cela affecterait initialement la note de l’Espagne, pour ensuite s’étendre aux taux, » a-t-elle déclaré. Jusqu’à présent, le silence des agences de notation est assourdissant.

Ce n’est pas aux étrangers d’arbitrer ce contentieux historique empreint d’émotion, gravé dans la mythologie, des blessures de Franquismo à celles des Journées de Mai jusqu’à aujourd’hui. Les nationalistes catalans font remonter à 1714 la date du péché originel, lorsque Philippe V fit abolir leurs institutions pour imposer les lois castillanes, et l’absolutisme, par la conquête.

Ce qui semble clair, c’est que Monsieur Rajoy et son Parti Populaire ont déclenché une réaction catalane violente en bloquant la décentralisation étendue qui avait déjà été acceptée par le gouvernement socialiste précédent. Les Catalans veulent un arrangement sur le modèle basque, avec leur propre budget et leur propre politique fiscale.

Monsieur Rajoy a ensuite exploité la crise bancaire de la zone euro pour essayer de casser le pouvoir des régions, en forçant la Catalogne à demander une aide d’urgence de 5 milliards alors qu’elle est un contributeur net au budget de l’État espagnol. Il se réfugie depuis dans le légalisme technique.

On peut également critiquer les nationalistes catalans pour leur volonté de passer en force avec un référendum interdit par la cour constitutionnelle, ce qui crée un climat de division entre les partisans et les opposants à l’indépendance. Cependant, ils ont été grandement provoqués. La réponse agressive de Monsieur Rajoy a été depuis tellement inepte qu’il a peut-être créé une majorité pour l’indépendance qui n’existait pas avant. Le problème de l’UE est qu’elle est prisonnière de rigidités légales. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a dû soutenir Monsieur Rajoy et l’ordre constitutionnel espagnol parce que c’est ainsi que le système européen fonctionne. Ce qui fait de Bruxelles, aux yeux des Catalans, un complice des abus.

Le maire de Barcelone Ada Colau, un adversaire de la sécession, a lancé un appel à l’Union européenne afin qu’elle « défende les droits fondamentaux des citoyens catalans face à la vague de répression de l’État espagnol ».

« L’Europe ne peut pas se permettre d’adopter une position passive sur le dossier catalan, vu que les événements qui ont lieu à Barcelone affectent aussi bien Paris, Madrid, Bruxelles que Berlin, » a écrit dans le Guardian.

Nous découvrirons dimanche si les Catalans iront faire la file devant les bureaux de vote, en défiant ainsi la Guardia Civil. Une déclaration unilatérale d’indépendance n’est pas encore sur la table, selon Monsieur Puigdemont. Pas encore.

L’UE est dans une situation extrêmement compliquée. Son autorité est remise en question en Hongrie et en Pologne. Elle fait face à une révolte des pays d’Europe de l’Est en ce qui concerne les quotas de migrants. Ses relations avec la Turquie sont désormais hostiles. Et maintenant, l’Espagne menace de casser la zone euro à moins que les Catalans ne plient.

Le Brexit est sans aucun doute le cadet de leurs soucis. Un problème qui peut être réglé si facilement avec une once de bon sens.

Article d’Ambrose Evans-Pritchard, publié le 28 septembre 2017 sur le site du Telegraph.

Source : or-argent.eu
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