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Les mauvaises
nouvelles économiques en provenance de l’Espagne s’accumulent.
Le pays revient sur le devant de la scène de la crise de la zone euro
qui se poursuit inexorablement.
Ainsi, selon les
prévisions de Citigroup, l’économie se contracterait
de 2,7% cette année, l’objectif d’un déficit public
– à 5,3% du PIB – sera difficile à atteindre en
dépit des dernières mesures d’austérité. La
dette pourrait atteindre 80% du
PIB (contre 68,5% l’an dernier), soit un record depuis plus de deux
décennies. Le chômage a continué d’augmenter au
mois de mars alors qu’en la matière l’Espagne est en
tête de l’UE avec un taux de 23,6%.
Le coût de la dette espagnole a également repris le chemin de la
hausse – dépassant de nouveau la barre des 6% à la
mi-avril – et le pays a dû laisser les taux monter lors de ses
dernières adjudications. Par exemple, le 4 avrille coût desobligations
à trois ans a été de 2,89% pour contre 2,44% le 15
mars ; 4,319% pour les bons à 4 ans contre 3,376% le 1er mars et 5,338%
pour les obligations à huit ans contre 5,156% le 15 septembre 2011.
Mais un risque
sans doute moins connu et pourtant plus important vient de la situation des
banques espagnoles.
Car elles cachent
dans leurs bilans des pertes considérables, notamment liées
à la déconfiture du secteur de la construction et du
marché immobilier. Comme le souligne une
étude, des prêts pour près de 400 milliards
d’euros destinés à ces secteurs seraient ainsi
« logés » dans leurs livres comptables. Or, les créances
« douteuses » (ayant un risque de défaut
significatif) – liés à la baisse des prix de
l’immobilier et des difficultés de les rembourser – représenteraient
20%, soit 80 milliards d’euros. Les montants provisionnés pour faire
face à ces pertes potentielles ne seraient que de 50 milliards
seulement. Alors que les prix de l’immobilier continuent de baisser, le
volume de ces créances « douteuses » pourrait
augmenter, aggravant ainsi les pertes que devront essuyer les banques.
La situation
est d’autant plus préoccupante que par les opérations
exceptionnelles de refinancement à 3 ans bon marché de la BCE (à
1%), les soi-disant LTRO, elles peuvent encore s’offrir le luxe de
reporter à plus tard les restructurations nécessaires, au
risque d’aggraver encore leur situation.
Par exemple, pour
éviter la faillite de certaines entreprises de tauromachie qui leur
doivent de l’argent et donc d’enregistrer les pertes que cela
occasionnerait, certains
banques accordent des crédits aux spectateurs de corrida afin de financer
leur abonnement saisonnier (coûtant plusieurs centaines d’euros).
Les crédits sont à rembourser un an plus tard, avec les
intérêts. En attendant, il n’y a peut-être pas de
pertes à inscrire dans les comptes des banques, mais qu’en
sera-t-il, quand l’économie se sera davantage contractée
et qu’il sera encore plus difficile pour les spectateurs de consacrer
une partie plus importante de leur budget à leur loisir favori ?
Drôle de façon de reporter les pertes en finançant par le
crédit facile la clientèle de vos propres clients qui ne
peuvent plus vous rembourser!
L’effet
« anesthésiant » du trillion d’euros,
déversé récemment par la BCE, est en train de
s’estomper et les inquiétudes à propos de la situation en
Espagne – comme dans d’autres pays – reviennent au galop.
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