Le Brésil, le « B »
de l’acronyme « BRIC », était largement considéré entre 2003 et
2011 comme un modèle d’excellence d’économie émergente. Il est aujourd’hui
perçu comme une cause perdue. Que s’est-il passé ?
Il y a toujours de
nombreux facteurs impliqués dans un retournement économique majeur, mais pour
l’économie brésilienne – et pour bien d’autres économies ces quelques quinze
dernières années – le point le plus important à comprendre est que l’impressionnante
croissance qui s’est manifestée n’était pas authentique. Le gouvernement du
Brésil était aussi corrompu et interventionniste que jamais pendant la
croissance, mais pendant longtemps, personne ne s’en est rendu compte (ou ne
s’en est soucié), parce l’inflation monétaire domestique rapide, en parallèle
à un marché haussier des marchandises alimenté par l’inflation monétaire
globale, avait créé l’illusion d’une prospérité accrue.
Le Brésil n’a aujourd’hui
plus de problème d’inflation monétaire. Comme le montre le graphique
ci-dessous, qui présente sa masse monétaire réelle, il est aujourd’hui en
déflation.
Et pourtant, sa banque
centrale continue de « resserrer la vis monétaire ». Comme le
montre ce deuxième graphique, elle a porté son objectif de taux d’intérêt à
un record à la hausse sur huit ans de 14,25% à la mi-2015, et ne l’a plus
modifié depuis.
La situation dans
laquelle se trouve actuellement le Brésil souligne le problème représenté par
les planificateurs centraux. Même les plus intelligents et les plus
incorruptibles d’entre eux finissent par rendre l’économie moins efficace, parce
que le niveau de prix juste est celui qui existerait en l’absence de l’interférence
d’un gouvernement ou d’une banque centrale. En revanche, les planificateurs
centraux tendent à aggraver la situation en réagissant aux chiffres
économiques et aux effets retardataires de leurs politiques précédentes.
Dans le cas du Brésil,
plutôt que d’admettre l’étroitesse extrême des conditions monétaires et d’agir
en conséquence, la banque centrale se concentre sur l’IPC, qui à son tour
accélère à la hausse en raison des effets retardataires de politiques mises
en place il y a des années. C’est là un excellent exemple de la manière dont
les banquiers centraux non seulement manquent d’atteindre leurs objectifs de
réduction des cycles économiques, mais aussi amplifient les oscillations
économiques.
L’expérience du Brésil
au cours de ces dix dernières années forme une longue liste de démonstrations
de la théorie autrichienne des cycles économiques. Une inflation monétaire
rapide et le rabais des taux d’intérêt débouchent sur une croissance
artificielle, au cours de laquelle le PIB paraît positif alors même que sont
faites des erreurs susceptibles de détruire le capital sur une grande
échelle. La phase de croissance laisse ensuite place à une récession, qui
annule tous les gains précédent, et parfois plus encore.
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