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Les communistes, les fascistes et les
nazis répètent à coeur joie
que le capitalisme est condamné, qu'il est appelé à
disparaître pour céder la place à un système
social meilleur et plus équitable, c'est-à-dire le socialisme.
Le fanatisme dont témoignent ces assertions est en
vérité très remarquable. Mais les arguments
invoqués sont assez faibles et ne prouvent pas grand-chose.
La quintessence de toutes les affirmations socialistes est le
matérialisme dialectique, la doctrine marxiste selon laquelle le
règne du socialisme viendra fatalement, indépendamment de la
volonté des mortels. Ce dogme fondamental découle de la
dialectique de Hegel et de sa prétendue loi de la négation. Le
capitalisme serait « la première négation de la
propriété individuelle privée ». Il
« engendre sa propre négation avec l'inexorabilité
d'une loi naturelle », c'est-à-dire la mainmise par
l'État sur les moyens de production. Cette référence
à Hegel pourrait être considérée comme une
démonstration suffisante dans la Prusse des Hohenzollern où les
oeuvres de Hegel étaient une sorte
d'évangile. Aujourd'hui, hors de l'Empire de Staline, même les
marxistes les plus fanatiques n'osent plus invoquer cette dialectique
à l'appui de leurs prophéties. Pas un homme de bon sens
n'attache à présent la moindre valeur aux subtilités
dialectiques de Marx et de Hegel.
De même, l'expérience que l'on invoque n'apporte aucune preuve
à l'appui du socialisme. S'il y avait un enseignement ou une
démonstration à tirer de l'histoire, ce serait que la
propriété privée des moyens de production constitue une
condition indispensable de civilisation et de bien-être
matériel. Jusqu'à maintenant toutes les civilisations ont
été fondées sur la propriété
privée. Seules les nations qui ont adopté ce principe sont
sorties de la pauvreté et ont vu s'épanouir les sciences, les
lettres et les arts. Enfin une comparaison entre les conditions de vie des
masses dans la Russie socialiste et dans l'Amérique capitaliste n'est
certainement pas à l'avantage du système communiste.
Ceux qui parlent avec complaisance d'une prétendue faillite de la
bourgeoisie ont recours à un procédé très simple.
Tout ce qui est peu satisfaisant est imputé au capitalisme. Par
contre, aucun mérite ne lui est concédé. On laisse
entendre que ses améliorations furent offertes à
l'humanité comme un cadeau du destin. S'il n'y avait pas
« les contradictions inhérentes du mode de production
capitaliste » tous les hommes pourraient jouir en paix des
bénédictions d'un pays de cocagne. Avides de profits
élevés, les bourgeois ne produisent pas les choses dont les
gens ont besoin, mais seulement celles dont la vente est profitable. C'est
ainsi qu'ils maintiendraient intentionnellement les masses dans la
pauvreté et l'esclavage.
Pour réfuter ces ineptes sornettes, il n'est que de considérer
le fonctionnement des marchés économiques, du système
capitaliste dont on a tant médit.
En régime capitaliste, la production travaille pour le marché.
Le « test » de toute la production, c'est la vente, les
acheteurs étant mus par le désir de se procurer les
marchandises mises à leur disposition. Il ne peut pas être
question de faire un bénéfice en produisant d'autres biens que
ceux dont le public a besoin et qu'il est, pour cette raison, disposé
à acheter. Il n'y a, par conséquent, aucune contradiction entre
la production en vue du profit et la production en vue de la consommation,
puisque c'est seulement en produisant pour celle-ci que l'homme d'affaires
peut réaliser un profit. Le capitalisme c'est le règne du
consommateur. Ce sont les consommateurs qui, en achetant ou en s'abstenant
d'acheter, déterminent ce qui doit être produit, tant au point
de vue de la qualité que de la quantité. Leur attitude engendre
soit un profit soit une perte pour l'homme d'affaires. C'est par eux que les
pauvres deviennent riches et les riches deviennent pauvres. Ils
décident en fin de compte à qui doit appartenir le capital et
qui doit diriger les usines.
La production en masse est la clef de la prospérité des grandes
affaires. Une grosse entreprise court au désastre si elle ne parvient
pas à réduire les frais de production de chaque article en
augmentant le total de la production et en même temps le total de la
vente. Ce n'est ni la grandeur de ses usines ni l'importance du capital
investi qui constituent la caractéristique de la grosse entreprise,
mais le fait qu'elle sert de vastes couches de la population. Toutes les
ramifications des grosses entreprises sans aucune exception, produisent
directement ou indirectement pour les besoins de tous. Les
établissements qui n'ont en vue que les besoins particuliers des
classes aisées sont relativement de petites dimensions. Pourtant dans le capitalisme de la
société bourgeoise ou capitaliste, les industries de luxe
assument, elles aussi, une fonction très importante. Aussitôt
que les riches ont adopté une nouveauté et en ont fait un luxe
à la mode, l'homme d'affaires se trouve incité à
améliorer ses méthodes de production afin de la rendre
accessible aux masses. Le grand sociologue français Gabriel Tarde a
dit à ce sujet: « Une innovation est le caprice d'une
élite avant de devenir un besoin du plus grand nombre... ce qui est un
luxe aujourd'hui sera demain une nécessité. » En
jetant un coup d'oeil rétrospectif sur
l'histoire des trente ou quarante dernières années, nos
contemporains n'auront pas de peine à trouver de nombreux exemples de
cet axiome.
En achetant ses produits, les consommateurs remboursent également les
frais encourus par l'homme d'affaires pour le développement de la
production. En dernier ressort les salaires ne sont pas payés par le
chef d'entreprise mais par le consommateur. Cette constatation montre
clairement la futilité de toutes les tentatives d'améliorer le
bien-être matériel des masses par une manipulation des salaires.
On peut soutenir que le profit résultant pour les salariés
d'une hausse de salaires s'accompagne d'une perte égale pour eux en
tant qu'acheteurs. En fin de compte on ne peut relever le niveau de vie
général qu'en améliorant les méthodes
technologiques de la production.
Si l'on considère les bénéfices, la situation est
à peine différente. En 1946, M. Robert Nathan avait
préparé, pour les syndicats ouvriers qui demandaient des
augmentations de salaires, un rapport intitulé « Une
politique nationale des salaires pour 1947 ». Dans ce document,
qui fut sévèrement critiqué en raison du parti pris dont
il témoignait contre le système capitaliste, M. Nathan estimait
que les bénéfices de toutes les entreprises de production aux
États-Unis en 1946 ne représentaient que 4,8% des ventes.
Contrairement aux mensonges généralement
accrédités, la part du revenu qui est touchée par les
actionnaires ne représente qu'une faible fraction de la somme
payée pour les salaires et les émoluments.
Bien plus, sur le revenu net qui est remis aux actionnaires après
payement des impôts, une partie seulement est dépensée
tandis que le reste est mis de côté et investi en vue d'un
développement ultérieur de l'entreprise. De tels
investissements permettent d'accomplir de nouveaux progrès
technologiques. Aucun projet n'est réalisable si les fonds
nécessaires à son exécution n'ont pas été
préalablement mis de côté dans ce but. La détresse
actuelle des pays européens vient précisément du fait
que les fonds nécessaires pour la modernisation de leur outillage
industriel font défaut.
On ne fait pas de profits en réduisant la part qui, de droit, revient
aux ouvriers, mais en réussissant à fournir aux consommateurs,
dans les meilleures conditions, les produits qu'ils demandent. Les
entreprises qui excellent à adapter leur production à la
demande changeante du public et qui utilisent l'afflux incessant de connaissances
technologiques nouvelles font des bénéfices tandis que les
entreprises moins habiles enregistrent des pertes.
La qualité essentielle du système de libre entreprise, c'est de
répéter chaque jour ce procédé
d'élimination qui confère un rôle dominant aux hommes les
plus capables dans la conduite des affaires et en écarte les autres.
Ce n'est pas par suite d'un défaut du système de production
capitaliste que nous ne disposons pas d'un stock plus abondant de biens. La
cause doit en être recherchée dans la
pénurie des facteurs naturels de la production et aussi dans le fait
que le fruit des économies antérieures, c'est-à-dire le
capital disponible, est limité et ne permet pas de faire face à
tous les investissements désirables. Un facteur naturel et un facteur
historique limitent notre pouvoir de créer pour tous la
prospérité que nous souhaitons. Mais en contrepartie de ces
handicaps, l'entreprise inspirée par l'esprit de profit
représente une indéfectible impulsion dans le sens du
progrès et de l'amélioration.
Il est triste de constater que les gouvernements et les démagogues
falsifient les données fondamentales de l'économie et
s'engagent dans des politiques qui aboutissent à de sérieux
mécomptes voire même à des catastrophes. Le
développement de la production et l'amélioration de l'outillage
industriel exigent un volume plus considérable de capitaux,
c'est-à-dire de moyens de production, tels que
instruments, machines et ainsi de suite. Mais les charlatans
s'imaginent qu'ils peuvent remplacer par l'émission des billets et
l'extension du crédit, des capitaux inexistants. Il est vrai qu'au
début, de telles manipulations déterminent une brève et
artificielle prospérité. Mais l'orgie financière qui en
résulte est fatalement suivie par la dépression, la crise
économique.
Les efforts des politiciens et des chefs ouvriers d'augmenter les salaires
par des moyens de pression que l'on appelle par un euphémisme
« méthodes syndicalistes », ne valent
guère mieux. Elles ne réussissent, elles aussi, que pour une
brève période. Par la suite elles suscitent
inévitablement une vague de chômage. En élevant le niveau
des salaires au-dessus du niveau du marché, les ouvriers s'excluent
eux-mêmes de celui-ci.
Les communistes nous disent que la crise économique et le
chômage sont les maux inhérents au système capitaliste.
La vérité est qu'ils sont l'inéluctable résultat
d'une politique tendant à substituer au capitalisme un système
de « compromis »... Le seul moyen de prévenir le
retour de dépressions économiques et de vagues de chômage
est de ne pas manipuler artificiellement le taux de l'intérêt,
le montant du crédit et le niveau des salaires.
Le système capitaliste tend à relever continuellement le niveau
des salaires. Mais le développement de cette tendance dépend de
l'accroissement des économies et de l'accumulation de capital. En
confisquant par des impôts cette partie du revenu de la population qui
aurait été économisée et en se laissant aller
à des dépenses inconsidérées conformément
à la formule préconisée par Lord Keynes, les
gouvernements font tout ce qu'il faut pour porter atteinte au bien-être
de la population.
Le capitalisme a amélioré le sort matériel de toutes les
couches de la population d'une manière inouïe. Dans les pays
capitalistes, les populations sont infiniment plus nombreuses qu'à la
veille de la « révolution industrielle » et
l'« homme de la rue » jouit d'un standard de vie bien
plus élevé que celui des classes aisées des
époques passées. Le capitalisme n'a pas besoin de propagande
pour faire son apologie. Ses réussites suffisent. Quelles sont donc
celles que pensent lui opposer les socialistes?
Article originellement
publié par le Québéquois Libre
ici
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