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Feuerbach avait dit: « La pensée procède de
l'être et non l'être de la pensée. »(1) Cette
remarque, qui prétendait traduire simplement l'abandon de
l'idéalisme hégélien, est devenue, sous la forme de
l'aphorisme célèbre, « l'homme est ce qu'il
mange » (« Der Mensch ist was er ist »)(2),
le mot d'ordre du matérialisme tel que l'ont représenté
Büchner et Moleschott. Vogt a donné de la thèse
matérialiste la formule la plus brutale en soutenant « que
les idées entretiennent avec le cerveau les mêmes rapports que
la bile avec le foie ou l'urine avec les reins »(3). On
retrouve dans la conception économique de l'histoire de Marx et de
Engels ce matérialisme naïf qui, sans se douter de la difficulté
des problèmes, croit pouvoir résoudre simplement et
complètement le problème fondamental de la philosophie en
ramenant le spirituel au corporel. Le nom de matérialisme historique
qu'on a donné à cette conception de l'histoire en exprime bien
la nature. Il souligne sa ressemblance avec le matérialisme
contemporain, comme l'avaient fait ses propres fondateurs(4).
Le
matérialisme historique expose la doctrine de la dépendance
où se trouve la pensée par rapport aux conditions sociales sous
deux formes qui sont au fond contradictoires. Selon l'une d'elles, la
pensée serait tout simplement déterminée d'une
façon immédiate par le milieu économique et le
régime de la production dans lequel vivent les hommes. Il n'existe ni
histoire de la science ni histoire des sciences particulières; leur
évolution en effet ne présente aucun caractère autonome,
étant donné que la façon de poser les problèmes
et de les résoudre n'a pas été le résultat d'un mouvement
intellectuel progressif mais simplement le reflet des conditions sociales de
la production à chaque époque envisagée. Selon Marx, si
Descartes considérait l'animal comme une machine, c'est
qu'« il le regardait avec les yeux de la période de l'industrie
manufacturière, tandis que l'homme du moyen-âge voyait en lui un
auxiliaire – comme le fit plus tard Haller dans sa Restauration
der Staatswissenschaft »(5). Dans la conception
marxiste, les conditions de la production sont présentées comme
des données totalement indépendantes de la pensée
humaine. Elles « correspondent » à chaque moment
« à un stade déterminé de
l'évolution » des « forces productrices
matérielles »(6) ou, en
d'autres termes, « à un certain stade de l'évolution
des moyens de production et d'échanges »(7).
De la force productrice des moyens de travail
« résulte » un ordre social
déterminé(8). « La technologie révèle
la position active de l'homme par rapport à la nature, le processus
immédiat de production de sa vie, et par là aussi ses
conditions d'existence et les représentations intellectuelles qui en
découlent. »(9) Marx n'a pas songé à l'objection qu'on
aurait pu lui faire que les forces de production sont elles-mêmes un
produit de la pensée humaine et que par suite on s'enferme dans un
cercle vicieux quand on veut déduire la pensée de ces forces.
Il était envoûté par les mots magiques
« production matérielle ». Matériel,
matérialiste, matérialisme, tels étaient les termes
philosophiques à la mode à son époque, et il n'a pas su
échapper à leur influence. Il considérait que sa plus
haute mission philosophique consistait à remédier aux « défauts
du matérialisme abstrait des sciences naturelles, qui ignore le
processus historique », défauts qu'il croyait
déjà découvrir dans les « constructions
abstraites et idéologiques de ses représentants, dès
qu'ils se hasardent en dehors de leur spécialité ».
Et c'est pourquoi il qualifiait sa méthode de « seule
méthode réellement matérialiste et par suite
scientifique »(10). Sous son deuxième aspect,
le matérialisme historique présente la pensée comme
étant déterminée par l'intérêt de classe.
À propos de Locke, Marx dit: « qu'il représentait la
nouvelle bourgeoisie sous toutes ses formes, les industriels contre les
classes ouvrières et les paupers, les commerçants
contre les usuriers à l'ancienne mode, les aristocrates de la finance
contre les débiteurs de l'État, et que même dans une de
ses oeuvres il présentait l'intelligence bourgeoise comme l'intelligence
humaine normale »(11). Selon Mehring, le plus fécond
des historiens marxistes, Schopenhauer est « le philosophe de la
petite bourgeoisie affolée...; sa manière mesquine,
égoïste et dénigrante, n'est que le reflet intellectuel de
la bourgeoisie qui, effarée par le bruit des armes et tremblant comme
la feuille, se confine dans sa retraite pour vivre de ses rentes et repousse
comme la peste l'idéal de son époque »(12).
Dans Nietzsche il voit « le philosophe du grand
capital »(13).
C'est dans le domaine
de l'économie politique que cette attitude se présente sous son
aspect le plus brutal. Marx a imaginé de distinguer parmi les
économistes, les économistes bourgeois et prolétariens
et cette distinction a été reprise par l'étatisme. Held
explique la théorie de la rente foncière de Ricardo comme
étant « simplement le produit de la haine des capitalistes
d'argent contre les propriétaires fonciers »; pour lui,
toute la théorie de la valeur de Ricardo ne saurait être
considérée « que comme une tentative pour justifier
la domination et le profit du capital sous les apparences d'une aspiration
à une plus grande justice naturelle »(14). La
meilleure réfutation de cette conception se trouve dans le fait que la
doctrine économique de Marx n'est pas autre chose qu'un produit de
l'école de Ricardo. Elle lui emprunte tous ses éléments
essentiels, en particulier aussi le principe méthodologique qui
sépare la théorie de la politique et la répudiation du
point de vue éthique(15). Le système de
l'économie politique classique a été mis à
contribution à la fois pour défendre le capitalisme et pour le
combattre, à la fois pour prêcher le socialisme et pour le
condamner.
Il en est de
même du système d'idées de l'économie
subjectiviste moderne. Incapable de lui opposer la moindre critique
raisonnable, le marxisme cherche à s'en débarrasser en le
clouant au pilori comme une « économie
bourgeoise »(16). Mais le seul fait que certains
socialistes se placent entièrement sur le terrain de la théorie
du profit prouve que l'économie politique subjectiviste n'est pas
« une apologétique capitaliste »(17).
L'évolution de l'économie politique en tant que science est un
processus intellectuel tout à fait indépendant des
prétendus intérêts de classe des économistes et
n'a rien à voir avec l'apologie ou la condamnation d'institutions
sociales déterminées. Il est toujours possible d'abuser d'une
théorie scientifique pour des buts politiques et l'homme de parti n'a
pas besoin de l'adapter aux fins particulières qu'il se propose(18).
Les idées du
socialisme moderne ne sont pas sorties de cerveaux prolétariens. Elles
sont nées chez des intellectuels, des fils de la bourgeoisie et non
chez des travailleurs salariés(19). Le socialisme ne s'est pas
emparé seulement de la classe ouvrière; il compte aussi des
partisans avoués ou non parmi les possédants.
La pensée théorique est indépendante des désirs
de celui qui pense et des fins auxquelles il aspire(20). C'est cette
indépendance qui en fait la valeur en tant que pensée. Les
désirs et les fins gouvernent l'action, non la pensée pure. Si
l'on estime que l'économie exerce une influence sur la pensée,
on renverse l'ordre des facteurs. L'économie en tant qu'action
rationnelle dépend de la pensée, non la pensée de
l'économie.
Même si l'on
admettait que l'intérêt de classe sociale oriente la
pensée dans un sens déterminé, cela signifierait
seulement que la conscience de l'intérêt de classe intervient.
Mais cette conscience est elle-même un produit de la pensée. Le
processus de pensée, qu'il aboutisse à la reconnaissance de
l'existence d'intérêts particuliers de classe ou au contraire
à la conclusion qu'en définitive les intérêts de
toutes les classes s'harmonisent dans la société, ce processus
est en tout cas antérieur à la pensée en tant qu'elle
est déterminée par la conscience de classe.
Sans doute le
marxisme a-t-il déjà pris pour la pensée
prolétarienne une valeur de vérité éternelle
indépendante de la conscience de classe. De même que le
prolétariat, tout en constituant encore une classe, doit
nécessairement sauvegarder dans son action les intérêts
de l'humanité tout entière et non plus déjà
simplement les seuls intérêts de classe, puisque sa mission
consiste à supprimer la division de la société en
classes, de même on peut déjà découvrir dans la
pensée prolétarienne, à la place de la relativité
de la pensée déterminée par la conscience de classe, la
vérité absolue qu'il est à proprement parler
réservé à la science pure de la société
socialiste future de développer. En d'autres termes: seul le marxisme
est une science. Tout ce qui a précédé Marx n'est que la
préhistoire de la science. Dans cette conception, les philosophes
antérieurs à Hegel occupent à peu près la place
que le christianisme assigne aux prophètes, et Hegel celle que le
christianisme assigne à saint Jean-Baptiste par rapport au Sauveur.
Mais depuis que Marx est apparu, il n'y a plus de vérité que
chez les marxistes; tout le reste n'est que tromperie et illusion,
qu'apologétique capitaliste.
C'est une philosophie
simpliste et claire, et qui devient sous la plume des successeurs de Marx
encore plus simpliste et plus claire. Le socialisme marxiste s'identifie avec
la science. La science n'est que l'exégèse des écrits de
Marx et de Engels. On considère comme preuves des citations, des
interprétations de la parole des maîtres; on s'accuse
réciproquement d'ignorer « l'Écriture ».
En même temps, on pratique un véritable culte du prolétariat.
« Ce n'est que dans la classe ouvrière, dit
déjà Engels, que survit la pure pensée théorique
allemande. On ne saurait l'en extirper; là ne jouent aucune
considération de carrière, de profit, aucun souci d'obtenir la
protection des grands. Au contraire, plus la science se montre brutale et
objective, et plus elle s'accorde avec es intérêts et les
aspirations des travailleurs. »(21) « Seul
le prolétariat, c'est-à-dire ses porte-parole et ses
chefs », dit Tönnies, professe « une philosophie
scientifique du monde dans toutes ses conséquences
logiques »(22).
Pour faire
apparaître sous leur jour véritable ces affirmations
téméraires, il suffit de rappeler l'attitude que le socialisme
a adoptée à l'égard des conquêtes scientifiques
des derniers siècles. Lorsque, il y a environ un quart de siècle,
quelques écrivains marxistes tentèrent de libérer la doctrine
de leur parti de ses erreurs les plus grossières, ils furent l'objet
d'une véritable inquisition destinée à préserver
la pureté du système. L'orthodoxie l'emporta sur le
révisionnisme. À l'intérieur du marxisme, il n'y a pas
de place pour la pensée libre.
3. Les
postulats psychologiques du socialisme
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Pourquoi, peut-on se demander, la pensée du prolétariat dans la
société capitaliste doit-elle nécessairement être
socialiste? Il est facile d'expliquer pourquoi la pensée socialiste ne
pouvait pas se faire jour avant l'apparition de la grande exploitation dans
l'industrie, le commerce et les mines. Tant qu'il fut possible de penser
à un partage des biens des riches, il ne vint à l'idée
de personne de chercher à donner satisfaction par un autre moyen aux
aspirations de ceux qui rêvaient d'égalité des revenus.
Ce ne fut que lorsque l'évolution de la coopération sociale eut
créé les grandes entreprises dont l'indivisibilité
était évidente que l'on s'avisa de la solution socialiste du
problème de l'égalité. Mais cela explique seulement
pourquoi dans la société capitaliste il est désormais
impossible de parler de partage des richesses; cela n'explique en aucune
manière pourquoi, dans cette société, le socialisme doit
être nécessairement la politique du prolétariat.
Il semble tout naturel
à nos contemporains que la pensée et l'action du travailleur
soient inspirées par le socialisme. C'est qu'ils admettent que la
société socialiste est la forme de vie en société
qui répond le mieux aux intérêts du prolétariat ou
que tout au moins telle est la conviction de ce dernier. Nous avons
suffisamment montré ce qu'il faut penser de la première
hypothèse. En présence du fait incontestable que le socialisme,
même s'il compte de nombreux partisans dans les autres couches de la
société, est répandu surtout dans la classe
ouvrière, il reste donc à rechercher pourquoi l'esprit du
travailleur, en vertu de la position particulière qu'il occupe dans le
processus social de la production, constitue un terrain tout
préparé pour l'idéologie socialiste.
La démagogie
des partis socialistes célèbre le travailleur du capitalisme
moderne comme un être qui possède toutes les qualités de
l'esprit et du caractère. Si l'on examinait les choses avec un esprit plus
rassis et moins prévenu, on arriverait peut-être à des
conclusions toutes différentes. Mais nous laisserons aux
polémistes des diverses tendances politiques le soin de
procéder à cette recherche sans aucun intérêt pour
la connaissance des rapports sociaux en général et de la
sociologie des partis en particulier. La seule question qui nous
intéresse ici est de savoir de quelle façon la position que le
travailleur occupe dans le processus de la production l'amène naturellement
à considérer les méthodes socialistes de production non
seulement comme possibles mais encore comme plus rationnelles que celles du
capitalisme.
La réponse
à cette question est aisée. Dans la grande et moyenne
exploitation capitaliste, le travailleur ignore tout des liens spirituels qui
unissent les différentes parties de la production pour en faire un
ensemble économique pourvu de sens. Son horizon comme travailleur et
producteur ne dépasse pas la tâche particulière qui lui
incombe. Il considère que lui seul est un membre producteur de la
société humaine et voit dans tous ceux qui ne sont pas comme
lui attachés à la machine ou qui ne traînent pas des
fardeaux, qu'il s'agisse de l'entrepreneur ou même de
l'ingénieur ou du contremaître, des parasites. L'employé
de banque lui-même croit qu'il est le seul à avoir une
activité productive dans la banque, que les bénéfices
réalisés par l'entreprise sont son oeuvre et que le directeur,
qui conclu les affaires, n'est qu'un paresseux inutile qu'on pourrait sans
inconvénient remplacer par un individu quelconque. En raison
même de sa position; le travailleur ne peut pas apercevoir les choses
dans leur ensemble et leurs véritables rapports. Il pourrait y
parvenir sans doute par la réflexion et la lecture; les éléments
qui lui fournissent son activité personnelle ne le lui permettent pas.
De même que, s'il s'en rapporte à son expérience
quotidienne, l'homme de la rue doit croire que la terre est immobile et que
le soleil se déplace chaque jour d'Est en Ouest, de même que le
travailleur ne peut tirer de sa propre expérience la connaissance de
la nature et du fonctionnement de l'économie.
Et c'est à cet
homme qui ignore tout de l'économie que l'idéologie socialiste
vient dire:
Travailleur!
Debout! Debout!
Reconnais ta force.
Toutes les machines s'immobilisent
Si ton bras puissant le veut. (Herwegh.)
Peut-on s'étonner que, grisé par sa propre puissance, le
travailleur réponde à cet appel? Le socialisme est l'expression
du principe de force qui correspond à l'âme du travailleur comme
l'impérialisme est celle qui correspond à l'âme du soldat
et du fonctionnaire.
Ce n'est pas parce que
le socialisme est réellement conforme à leurs
intérêts que les masses, vont au socialisme, c'est parce
qu'elles croient qu'il en est ainsi.
1. Cf.
Feuerbach, Vorläufige
Thesen zur Reform der Philosophie, 1842,
(OEuvres complètes, t. II, Stuttgart, 1904, p. 239).
2. Cf. Feuerbach, Die
Naturwissenschaft und die Revolution, 1850, (T. X, Stuttgart, 1911,
p. 22).
3. Cf. Vogt, Kohlerglaube
und Wissenschaft, 2e éd., Giessen, 1855, pp. 32.
4. Max Adler, qui s'efforce de concilier le
marxisme avec le néo-criticisme, tente vainement de démontrer
que le marxisme n'a rien de commun avec la philosophie matérialiste
(cf. en particulier Marxistlische Probleme, Stuttgart, 1913,
pp. 60 sqq, 216 sqq.); ce faisant il s'oppose violemment à
d'autres marxistes (par exemple à Plechanow, Grundprobleme
des Marxismus, Stuttgart, 1910).
5. Cf. Marx, Das
Kapital, t. I, p. 354, remarque. Mais entre Descartes et Haller
il y a eu de la Mettrie et son homme-machine et Marx a malheureusement omis
de donner une interprétation génétique de sa
philosophie.
6. Cf. Marx, Zur
Kritik der politischen Ökonomie, p. xi.
7. Cf. Marx et Engels, Das
kommunistische Manifest, p. 27.
8. Cf. Marx, Das
Elend der Philosophie, p. 91. Voir également ci-dessus, p. 347.
9. Cf. Marx, Das
Kapital, t. I, p. 336.
10. Ibid.
11. Cf. Marx, Zur
Kritik der politischen Ökonomie, p. 62. – Barth (o.c.,
t. I, pp. 658 sqq) estime avec juste raison que la comparaison
entre les privilèges que la noblesse tient de la naissance avec les
idées prétendues innées peut tout au plus être
considérée comme un jeu de mots. Mais la première partie
de l'exposé que fait Marx de la doctrine de Locke ne vaut pas mieux
que la seconde.
12.
Cf. Mehring, Die
Lessing-Legende, 3e éd.,
Stuttgart, 1909, p. 422.
13. Ibid., p. 423.
14. Cf. Held, Zwei
Bücher zur sozialen Geschichte Englands, Leipzig, 1881,
pp. 176, 183.
15. Cf. Schumpeter, Epochen
der Dogmen-und Methodengeschichte (« Grundriss
der Sozialökonomik », Section I, Tübingen, 1914,
pp. 81 sqq).
16. Cf. Hilferding, Böhm-Bawerks
Marx-Kritik, Vienne, 1904, pp. 1, 61. –
Pour le marxiste catholique Hohoff (Warenwert und Kapitalprofit,
Paderborn, 1902, p. 57), Böhm-Bawerk est « un
économiste populaire, doué sans doute, mais qui n'a pas su
s'élever au-dessus des préjugés capitalistes dans
lesquels il avait été élevé ». Cf. Mises, Grundprobleme
der Nationalökonomie (Trad.
fr.: Les Problèmes fondamentaux de
l'économie politique),
Iéna, 1933, pp. 170 sqq.
17. Cf. par exemple Bernard Shaw, Fabian
Essays (1889, pp. 16 sqq). De même, dans la
théorie de la sociologie et de la politique, le droit naturel et la
théorie des contrats ont servi à la fois à
défendre et à combattre l'absolutisme.
18. Si l'on prétend faire un
mérite au matérialisme historique d'avoir insisté avec
force sur la dépendance des rapports sociaux à l'égard
des conditions naturelles de la vie et de la production, il faut prendre
garde que ce mérite n'existe réellement que par opposition aux
excès de la philosophie de l'histoire d'inspiration
hégélienne. La philosophie libérale de la
société et de l'histoire était déjà
parvenue à un stade plus avancé depuis la fin du XVIIIe siècle
(et cela même en Allemagne, cf. Below, Die
deutsche Geschichtsschreibung von den Befreigungskriegen bis zu unseren Tagen,
Leipzig, 1916, pp. 124 sqq.)
19. Sombart dit des principaux
représentants du syndicalisme français et italien (Sozialismus
und soziale Bewegung, 7e édit.,
Iéna, 1919, p. 110): « Ce sont dans la mesure
où je les connais personnellement, des gens aimables, fins et
cultivés; des hommes de bonne éducation qui portent du linge
propre, ont de bonnes manières et des femmes élégantes,
que l'on fréquente aussi volontiers que ses semblables et dont on ne
soupçonnerait aucunement à les voir qu'ils représentent
un politique hostile avant tout à l'embourgeoisement du socialisme et
qui veut aider la véritable classe ouvrière aux mains calleuses
à conquérir ses droits. » Et de Man dit (O.c.,
pp. 16 sqq) de même: « Si l'on voulait appliquer
jusqu'au bout la façon de s'exprimer des marxistes, si grosse
d'erreurs, qui fait dépendre toute l'idéologie sociale de
l'appartenance à une certaine classe, alors il faudrait dire que le
socialisme en tant que doctrine, sans en excepter le marxisme, est d'origine
bourgeoise. »
20. Le désir, dit-on, est le père
de la pensée. Mais cette formule signifie en réalité: le
désir est le père de toute croyance.
21. Cf. Engels, Ludwig
Feuerbach und der Ausgang der klassischen deutschen Philosophie,
p. 58.
22. Tönnies, Der
Nietzsche-Kultus, Leipzig, 1937, p. 6.
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Article
originellement publié par le Québéquois Libre ici
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