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Le plan « A « est arrivé !

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Publié le 02 juillet 2012
1207 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

« Il faut changer radicalement de mode de gouvernance de l’Europe » et compléter un « modèle institutionnel incomplet ». Voilà résumé le nouveau credo des dirigeants européens, appuyés par les responsables financiers, au lendemain du 26ème sommet consacré à la crise. Les uns et les autres réconciliés après une petite brouille, ils y trouvent enfin une réponse créative à la crise de la dette européenne et un moyen de calmer leurs frayeurs tout en continuant d’avancer les mêmes pions, mais plus prudemment. Il est toujours question de résoudre la crise de compétitivité. Et comme la monnaie unique interdit par construction les dévaluations internes, il ne reste plus selon nos stratèges qu’à réajuster le coût du travail. Toucher à la rente et au principal, cela ne leur vient même pas à l’idée !


Les dysfonctionnements de la construction européenne – et de la monnaie unique – ne sont identifiés et combattus qu’à une seule aune, la poursuite d’un désendettement arrivé au fond de l’impasse. Car il est vite apparu que la croissance économique était une fausse piste dont on ne pouvait attendre la solution et qu’il fallait trouver un autre mécanisme. Par la force des choses, une nécessité a commencé à s’imposer : conçu de manière trop précipité, le rythme du désendettement doit être modifié pour être allongé. Le plan A’ commence à se dessiner, empruntant une nouvelle fausse piste.


L’endettement a connu une croissance foudroyante depuis les années 80. Selon la Banque des règlements internationaux, la dette publique et privée serait pour les 30 pays membres de l’OCDE passée de 172% du PIB en 1980 à 246% en 2000, et 306% en 2010. Suscitant comme commentaire de Philippe d’Arvisenet, directeur des études économiques de BNP Paribas, « L’institution bâloise montre que la hausse de l’endettement favorise la croissance mais jusqu’à un certain seuil au-delà duquel la relation s’inverse ». Il a fallu trente ans pour creuser le trou, combien de décennies seront nécessaires pour le combler ? Cette question n’est prudemment pas posée.


Un gigantesque pari sur l’avenir a donc été engagé dans les pays développés afin de soutenir la croissance. Appuyé sur la conviction que son rythme ne faiblirait jamais – de même que le prix de l’immobilier ne pouvait que continuer de progresser – et que cela permettrait de rembourser l’endettement qui en était une anticipation. Il faut lire à ce propos les justifications passe-partout que le docte directeur des études économiques de BNP Paribas trouve à la constitution de la mère des bulles financières : « Jusqu’à un certain point [maintenant dépassé, NDLR], l’endettement est un facteur d’amélioration de l’allocation des ressources. Il permet aux ménages de lisser leur consommation face aux aléas des revenus, aux entreprises leur investissement et leur activité face aux fluctuations de la demande. L’endettement public permet de répartir les prélèvements et la consommation entre générations » (L’AGEFI Hebdo, n°330). Mais voilà, la fête est finie ! Les progrès de la productivité ont été confisqués et l’endettement a permis de le masquer tout en générant une immense rente. Telle était la stratégie gagnante-gagnante de ceux qui ne veulent pas abdiquer.


Le chemin qui est tracé en Europe est plein d’embuches. Le renforcement de l’intégration européenne repose sur des structures et des instruments qui ne sont que crayonnés, il faudra du temps pour tout mettre au propre, puis les rendre opérationnels. Qu’importe, les dirigeants politiques peuvent enfin se dire qu’ils ont gagné cet allié qui leur est si cher : le temps. Celui qui permet de calmer le jeu, de voir venir et de ne pas rendre de comptes à l’occasion.


Sans surprise, la BCE est à nouveau le sauveur. Il lui est confié sans attendre la supervision du système bancaire, première étape d’une « union bancaire » aux contours encore flous et qui repose sur trois piliers : une supervision plus intégrée, une garantie européenne des dépôts destinées à éviter les retraits massifs de capitaux enregistrés ces derniers temps en Espagne (alternative au contrôle des capitaux), ainsi qu’un fonds européen de résolution des accidents à venir, au financement en pointillés.


Toutefois, la logique de cette union est de faire appel au financement de la BCE, vu les montants qui peuvent être en cause. Son accomplissement n’est donc pas à ce stade garanti. Ce n’est qu’à ce prix, si l’on veut bien y réfléchir, qu’il sera possible de déconnecter les risques souverains et bancaires (la dette publique de la dette privée), ce qui est désormais l’objectif proclamé mais cela impliquera une création monétaire de la banque centrale qui reste un tabou. L’Eurosystème devenu une bad bank, il ne restera plus qu’à financer le renflouement des banques via celle-ci. Sinon, il faudra adosser ce nouveau fonds de sauvetage des banques au FESF et au MES et accroitre en conséquence leurs moyens. On reparle à ce sujet du système d’assurance qui pourrait être monté à l’intention des investisseurs privés, étudié puis abandonné, et qui pourrait procurer à ces fonds un effet de levier évitant aux États de mettre la main à la poche. Encore une construction hasardeuse.


Dans le même ordre d’idée, il est affirmé que les actionnaires et les créanciers des banques vont désormais devoir assumer leur part du fardeau, quand celles-ci devront être renflouées, afin de soulager les États qui n’ont plus les moyens de le faire. La première décision qui a été prise par le dernier sommet à été cependant d’annuler le statut de dette senior accordé aux futurs prêts du MES aux banques, ce qui revient à placer l’État et les investisseurs privés sur le même plan, car il ne faut pas effaroucher ces derniers. Une contradiction de plus. Reconnaître fort tardivement que les banques rencontrent des problèmes de solvabilité et pas seulement de liquidité ne règle pas tout.


En tirant plusieurs cartes à la fois pour regarnir leur jeu, les autorités européennes ne font que le compliquer encore. Les unions bancaire, budgétaire et politique qu’ils veulent construire suscitent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses ; la conception et les calendriers respectifs de leur réalisation vont avoir de quoi les occuper ! Mais pourront-ils à l’arrivée éluder la question centrale du financement du désendettement et choisir entre deux options : soit faire régler l’ardoise par la BCE, soit restructurer en grand la dette publique et reconfigurer à la suite le système financier. On croit deviner quelle sera la solution de facilité…


En attendant, laissons à ceux qui se raccrochent comme à une planche de salut l’explication que nous avons affaire à une crise de l’espace macro-économique européen. En préconisant une intégration européenne très orientée, ils ne s’attaquent qu’aux aspects européens particuliers de la crise de la dette et négligent le cas général : celle-ci est avant tout mondiale et ne sera pas résolue à une autre échelle.




Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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