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Le taux d’intérêt naturel est toujours positif

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Thorsten Polleit
Extrait des Archives : publié le 25 février 2016
1384 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour

24hGold - Le taux d’intérêt na...

 

Certains économistes sont d’avis que l’équilibre des taux d’intérêt (taux d’intérêt naturel ou d’origine) est devenu négatif en raison d’une « stagnation séculière » qui aurait généré une « surabondance de l’épargne ». 1

L’idée est que l’épargne excède l’investissement, et que des taux d’intérêt réels sont nécessaires à l’équilibrage de l’épargne avec l’investissement. Du point de vue de l’école autrichienne, la notion d’un équilibre négatif des taux d’intérêt n’a absolument aucun sens. 2

Pour le prouver, je développerai ici une étude de cas étape par étape. Pour commencer, il est nécessaire de faire une distinction entre deux types de taux d’intérêt. Il y a d’abord le taux d’intérêt de marché, et le taux d’intérêt d’origine.

Le taux de marché est le résultat de l’offre et de la demande sur l’épargne. Il peut par exemple être observé sur les dépôts, les obligations, le marché des prêts à diverses maturités, et la qualité du crédit.

Le taux d’origine est une conséquence de l’action humaine, et veut que l’Homme accorde plus de valeur aux biens disponibles aujourd’hui qu’à ceux qui seront disponibles plus tard. En d’autres termes : les biens futurs s’échangent pour moins cher que les biens disponibles aujourd’hui. Un dollar disponible aujourd’hui est perçu comme valant plus qu’un dollar qui sera disponible dans un an.

Si un dollar qui deviendrait disponible dans un an était évalué à 0,909 dollar, le taux d’intérêt d’origine serait de 10% (1 dollar divisé par 0,909 moins 1 nous donne 0,10, ou 10%).

Le taux d’intérêt d’origine reflète une valeur différentielle

Le taux d’intérêt d’origine est une valeur différentielle, qui résulte de la préférence temporelle. 3 Ce terme signifie que l’Homme préfère une satisfaction anticipée à une satisfaction future de ses besoins.

La préférence temporelle est toujours positive, et il ne va de même pour le taux d’intérêt d’origine. C’est du moins ce que veut le bon sens.

Si le taux d’intérêt d’origine était ne serait-ce que proche de zéro, alors vous préféreriez avoir deux pommes dans mille ans plutôt qu’une aujourd’hui. Un taux d’intérêt d’origine de zéro implique que l’horizon de planification de l’acteur, ou sa « période de provision », est infiniment longue, ce qui est une autre manière de dire qu’il préfère repousser constamment ses objectifs au lendemain.

L’idée que la préférence temporelle et le taux d’intérêt d’origine puisse être de zéro est non seulement absurde, elle est aussi une impossibilité de logique : une préférence temporelle positive et un taux d’origine positif sont logiquement impliqués par l’axiome de l’action humaine.

L’action humaine a un objectif, et implique l’utilisation de moyens pour parvenir à des fins. L’action demande du temps (il est impossible de penser autrement). Ainsi, le temps est un moyen indispensable à la satisfaction d’objectifs. Il doit donc être économisé, ce qui implique qu’une satisfaction anticipée des besoins est préférée à leur satisfaction future.

Pour des raisons logiques, la préférence temporelle et le taux d’intérêt d’origine ne peuvent pas atteindre zéro, ou encore devenir négatifs. Les implications de taux d’intérêt d’origine négatifs ne peuvent pas être considérées par l’esprit humain : un taux d’intérêt d’origine de zéro implique qu’aucune action n’aura jamais lieu.

Des arguments peu convaincants

Certains pensent toutefois qu’en raison des incertitudes grandissantes liées à l’espérance de vie, les gens ont parfois tendance à avantager la consommation future ; et à forcer la préférence temporelle et le taux d’origine en territoire négatif.

Les préférences temporelles des gens ont sans aucun doute tendance à décliner au fil du temps, ce qui implique que l’épargne augmente dans le même temps que la consommation décline. Bien que pour des raisons logiques, la préférence temporelle, et donc le taux d’origine, puisse baisser, ils ne peuvent pas atteindre zéro, et encore moins entrer en territoire négatif.

Un autre argument est celui de la « saturation » : imaginez que vous ayez deux pommes, et que vous mangiez l’une d’entre elles. Votre faim est satisfaite, et vous préférez garder la deuxième pomme pour demain plutôt que la manger aujourd’hui. Cela ne prouve-t-il pas que les gens accordent une valeur plus grande aux biens futurs qu’aux biens disponibles immédiatement, et que la préférence temporelle et le taux d’origine puissent être négatifs ?

Absolument pas. La non-consommation de la deuxième pomme peut être expliquée par l’utilité marginale de la consommation de cette pomme aujourd’hui, qui est inférieure à sa consommation demain ou après-demain, même lorsque l’utilité marginale future est retirée à un taux d’origine positif.

Ceci étant dit, l’exemple ci-dessus est erroné 4. Il n’illustre pas le bon cas, notamment la prise en considération des utilisations alternatives d’un seul et même bien – et ne prouve pas que la préférence temporelle, et donc le taux d’origine, puisse être négatif.

La fin de l’économie de marché

Quelle est la relation entre le taux d’intérêt marché et le taux d’origine ? Sur le marché des prêts, par exemple, le taux d’intérêt des prêts est ajusté au taux d’origine. Si le taux d’origine est de 2% et que les taux du crédit et de l’inflation sont de 1%, le taux d’intérêt de marché est de 4%.

Les taux d’intérêt marché peuvent devenir négatifs en termes réels. Sur un marché altéré, la banque centrale peut forcer le taux d’intérêt réel en territoire négatif. En revanche, cela ne peut pas créer de situation d’équilibre, puisque la préférence temporelle et donc le taux d’intérêt d’origine peuvent devenir négatifs.

Si une banque centrale parvenait réellement à rendre tous les taux d’intérêt négatifs en termes réels, l’épargne et l’investissement prendraient fin : alors que la préférence temporelle et le taux d’origine sont toujours positifs, l’épargne capitaliste – l’accumulation de biens dont l’objectif est d’améliorer le processus de production – prend fin. La consommation de capital augmenterait, et l’humanité serait à nouveau plongée dans la pauvreté. Ce serait la fin de l’économie de marché.

Dans ce contexte, il serait intéressant de noter que les national-socialistes allemands ont demandé l’abolition et l’interdiction des taux d’intérêt. Vous savez maintenant pourquoi : sans un taux d’intérêt d’origine positif, l’économie de marché cesse de fonctionner.

Le véritable objectif de la politique de taux d’intérêt négatifs

Pour quelque raison que ce soit, ceux qui pensent que le taux d’intérêt d’origine est devenu négatif devraient comprendre qu’il est un phénomène qui n’est pas restreint aux marchés du crédit. Il concerne tous les marchés sur lesquels des biens présents sont échangés contre des biens futurs. 5

Le taux d’intérêt d’origine prévaut à chaque stage de la production consommatrice de temps. Il existe sur le marché boursier, où des investisseurs échangent de la monnaie disponible aujourd’hui contre de la monnaie future (un paiement de dividende).

S’ils voulaient être consistants, ceux qui croient en la négativité du taux d’origine devraient aussi croire en une politique qui non seulement rend les taux réels négatifs sur le marché du crédit, mais aussi sur les autres marchés tels que les actions et l’immobilier.

Mais une politique qui prône la destruction des valeurs et du capital ne devrait pas être acceptée par le public. Les économistes qui la recommandent ne devraient pas s’attendre à être acclamés.

La conséquence d’une politique de taux d’intérêt de marché négatifs devrait déjà être évidente : elle est une politique perfide de dévaluation de la valeur réelle de la dette, et est le cocktail parfait de la destruction économique.

Source de l’image : iStockphoto

  • 1. voir Gregory Mankiw, "It May be Time for the Fed to Go Negative," New York Times, 18 avril 2009; ou le discours donné par Larry H. Summers lors du Forum économique du FMI le 8 novembre 2013.
  • 2. voir Jeffrey M. Herbener, ed., The Pure Time-Preference Theory of Interest (Auburn, Ala.: Mises Institute, 2011).
  • 3. voir Ludwig von Mises, Human Action: A Treatise on Economics, The Scholar’s Edition (Auburn, Ala.: Mises Institute, 2008), chapitre XIX: “The Interest Rate,” pp. 521 – 534.
  • 4. En voici un exemple correct : Vous avez faim et avez une pomme. Vous décidez sans aucun doute de manger votre pomme aujourd’hui plutôt que demain. En d’autres termes : vous accordez une plus grande valeur à la pomme dont vous disposez aujourd’hui qu’à celle dont vous pourriez disposer demain.
  • 5. voir Murray N. Rothbard, Man Economy, and State (Auburn, Ala.: Mises Institute, [1962] 2001), chapitre 6 “Production: The Rate of Interest and Its Determination,” pp. 313 – 386.

 

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