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L’engrenage de la crise :
Depuis que les Etats en 1971-1973 ont
abandonné la convertibilité du dollar US en or et sont
passés aux taux de change flottants entre les principales monnaies
fiduciaires de papier, tout en pratiquant à partir de ce
moment-là des politiques monétaires et économiques
laxistes keynésiennes, l’Occident a d’abord vécu
une crise inflationniste comme en ont alors témoigné les bulles
successives des matières premières et métaux précieux
puis des actions et divers autres actifs financiers qui ont finalement
explosé en faisant beaucoup de dégâts.
La mondialisation et le
libre-échange généralisé ayant ensuite pris place
à partir des années 1980-1990 dans le cadre d’un
Système monétaire international délabré, en
raison duquel les vieux pays développés se sont
révélés incapables d’entrer en compétition
ouverte équilibrée avec les nouveaux pays émergents,
sous-évaluant leurs monnaies comme bénéficiant de
coûts du travail bien plus bas et d’absence de toute contrainte
sociale ou environnementale, le chômage de masse a commencé
à croître en Occident avec sa désindustrialisation. Mais
les BRIC ont décollé et ont commencé à capter
l’essentiel de la richesse monétaire, en raison de leurs
excédents croissants de commerce extérieur et de balance des
paiements au fur et à mesure qu’ils ont commencé à
fabriquer chez eux la plupart des produits de consommation courante
consommés dans le monde et aussi gagné de plus en plus de parts
de marchés à l’extérieur.
Au lieu de revenir dès ce
moment-là à l’étalon-or, qui aurait permis
d’équilibrer le commerce international et de recréer les
bases d’un Système monétaire juste au bénéfice
tant des pays développés que des pays émergents,
l’Occident a alors masqué son déclin économique et
perpétué l’Etat-providence par l’endettement
à tout-va comme par le laxisme monétaire
généralisé, en particulier aux USA avec
l’arrivée de Greenspan à la tête de la Federal Reserve à partir de 1987 qui a
pratiqué des taux d’intérêt les plus bas possibles
et la création monétaire maximale pour faire monter les
marchés d’actions, comme pour faire baisser le dollar US et
tenter de maintenir la compétitivité extérieure des USA.
La parenthèse de la
création de l’euro, instauré dans une zone
monétaire non optimale et géré par une banque centrale
européenne supra-nationale à
l’encontre des intérêts nationaux de ses
États-membres, qui, inéluctablement, implosera prochainement
parce que ladite zone n’est qu’une association
d’Etats-nations indépendants sans solidarité
budgétaire et fiscale automatique entre eux (comme cela existe aux
USA) et que l’Allemagne ne paiera pas toutes les dettes des PIIGS,
n’aura conduit l’Europe qu’à proportionnellement
plus de dettes et moins de croissance encore que les USA. Raison pour
laquelle l’euro/dollar US a récemment repris sa baisse qui
devrait prochainement s’amplifier.
Nous sommes ainsi arrivés
à une crise financière et monétaire tant aux USA
qu’en Europe à partir des années 2000 que les Etats et
les banques centrales n’ont fait qu’attiser par des politiques
keynésiennes dites de « relance », dont ils
n’avaient plus les moyens financiers, et des politiques ultra-laxistes
de création monétaire artificielle, qui ont cassé le
pouvoir d’achat des monnaies occidentales. Ce qui explique la hausse de
l’or exprimé en dollars US, et à un moindre degré
dans les autres monnaies, depuis 2001 comme les krachs boursiers
répétés et l’instabilité monétaire
globale structurelle.
Tout cela, ayant été mis
en place pour faire reprendre par les pouvoirs publics les dettes excessives
et les produits financiers pourris, qui menaçaient de provoquer la
faillite en chaine des grandes banques privées, n’a en fait
apporté qu’un court répit. Tout cela a aussi
été décidé pour relancer l’inflation en
Occident, dont les pouvoirs publics espèrent qu’elle
allégerait mécaniquement le poids des dettes publiques et
privées.
Mais les banques centrales, en
dépit de leur monétisation à grande échelle des
dettes et de leur création monétaire bien supérieure
à la croissance réelle des économies, n’ont pas
encore été en mesure de provoquer l’inflation massive
attendue étant donné que la plupart des liquidités
qu’elles ont créées ex nihilo sont revenues se placer
chez elles ou sont allées s’investir dans les pays
émergents, dont les perspectives de croissance économique
semblent meilleures, et aussi dans les marchés d’actions ou bien
dans l’achat d’or et de matières premières
financiarisées.
Ces liquidités absorbées
dans un « trou noir » (la « trappe »
à liquidités déjà expérimentée par
le Japon depuis les années 1980-1990) n’étant donc pas
rentrées dans les économies réelles occidentales parce
que les banques privées ont diminué leurs prêts et que
les particuliers ou entreprises ont diminué leurs emprunts, il semble
évident que l’Occident non seulement est toujours en
récession mais encore est entré en déflation. A cet
égard, la chute actuelle des taux d’intérêt
à long terme US et allemands, comme la baisse des salaires
réels et l’extension du chômage de masse tant aux USA
qu’en Europe mais aussi les programmes d’ajustement dits de
« rigueur » imposés par le FMI aux Etats
lourdement endettés (les PIIGS), sans oublier l’effondrement des
prix de l’immobilier aux USA, constituent des facteurs fortement
déflationnistes. Voilà où les politiques manipulatrices
absurdes des Greenspan, Bernanke et autre Trichet
nous ont mené pour avoir sottement crû que leurs banques
centrales (ou leurs Etats) étaient en mesure de créer de la
croissance économique alors qu’elle ne dépend que des
forces du marché libre.
Dans le contexte déflationniste
actuel, tous les actifs indistinctement (les actions mais aussi les
matières premières et l’immobilier) devraient donc subir
des corrections de prix supplémentaires sévères à
la baisse jusqu’à ce que leur valeur revienne en ligne avec la
réalité des pouvoirs d’achat des populations occidentales
et des moyens financiers effectifs de leurs Etats. C’est seulement
après la purge précitée qu’une forte inflation
pourrait se développer ; mais il sera alors vraisemblablement
trop tard pour éviter la crise systémique finale en Occident
qui fera passer le pouvoir politico-économique aux BRIC, avec
l’émergence progressive du yuan et autres monnaies de ces Etats
qui supplanteront alors le dollar US, l’euro ayant quant à lui
déjà explosé bien avant.
Comment sortir de la crise avant sa
tragique issue finale ?
Il n’y a que deux moyens à
mettre simultanément en place pour éviter le double
désastre de la déflation d’abord puis de
l’inflation ensuite, cette dernière étant à tous
égards pire que la première.
A savoir, premièrement,
que les Etats et les banques centrales cessent de massivement intervenir dans
les économies occidentales, en laissant les ajustements indispensables
se produire. Ce qui conduirait à des faillites de grandes banques
privées, mais qui pourrait ne pas nuire à leurs
déposants dans la mesure où les Etats garantiraient leur
remboursement intégral avec intérêts à terme de
quelques mois ou de quelques années. Il faudrait aussi séparer
strictement les activités des banques privées de
dépôts, dorénavant interdites de spéculer pour
leur propre compte, et des banques privées d’affaires libres de
prendre des risques, que seuls leurs actionnaires auraient à assumer,
dans le but de sécuriser au maximum le système bancaire. Les
Etats les plus endettés devraient enfin organiser leurs défauts
via des restructurations de leurs dettes au lieu de continuer à
emprunter des montants toujours plus importants, qui ne font que les enfoncer
toujours plus dans des trous noirs parce qu’ils ne seront jamais en
mesure de les rembourser.
Mais aussi, secondement, que le
Système monétaire international soit réformé par
le rétablissement de l’étalon-or qui seul permettra de
couper tout lien entre la création monétaire et le pouvoir
politique. Tout en mettant un terme au mécanisme des
« réserves fractionnaires », permettant aux
banques centrales et privées de prêter avec un effet de levier
exagéré sans disposer des fonds propres suffisants pour assumer
leurs engagements futurs. C’est-à-dire d’en finir avec le sur-endettement étatique comme bancaire public et
privé, tout en rétablissant l’équité dans
les relations commerciales et monétaires internationales qui doivent
rester les plus ouvertes possibles. Ce qui conduirait à la fin des
politiques monétaires laxistes cassant le pouvoir d’achat des
monnaies actuelles, mais aussi des dévaluations dites
« compétitives ».
Autrement dit, il n’y a pas
d’autre choix que de sortir définitivement du
keynésianisme et de réduire le poids des Etats pour enfin
appliquer les principes libéraux de l’Ecole autrichienne
d’économie dont on peut vérifier tous les jours le
bien-fondé. Ludwig von Mises écrivait
que « les crises économiques sont provoquées par
les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales
». Charles Rist écrivait qu’ « une monnaie
de papier est une créance sur un inconnu, sur un pays ou sur un
gouvernement dont personne ne peut prévoir à l’avance les
aventures politiques, sociales ou financières et les décisions
arbitraires ». Il est grand temps de reconnaitre qu’ils
avaient raison et de rétablir l’ordre monétaire pour que
les économies puissent recommencer à
croître ! En ce sens, la crise actuelle est, aussi et surtout, une
crise de l’intelligence puisque tous modèles économiques
récents ont échoué et que presque personne ne veut
admettre qu’il faut revenir à ceux qui ont fonctionné
dans le passé.
Il y a, néanmoins, fort peu de
chances que les pouvoirs publics (Etats et banques centrales) renoncent
à leurs interventions déstabilisatrices et que les grandes
banques privées, qui contrôlent de facto la classe politique en
Occident, soient limitées dans leurs opérations
spéculatives. De telle sorte que le pire a toutes les raisons de se
produire, faute de dirigeants politiques acquis aux
idées libérales et possédant des
personnalités suffisamment affirmées pour convaincre leurs
électeurs d’en finir avec l’étatisme sous toutes
ses formes !
Comment placer son argent dans un
environnement déflationniste?
Au plan pratique, les détenteurs
d’actifs financiers doivent absolument cesser tout type de tactique
d’investissement Long-Only ou Buy-and-Hold, dans des
marchés dont la caractéristique majeure restera la
volatilité et l’absence de tendance soutenue de court et moyen
terme, mais recourir systématiquement à des pratiques de
gestion Long-Short (sur lesquelles nous pouvons vous informer) comme rester
les plus liquides possibles pour saisir les opportunités qui se présenteront
pendant la grande purge qui a commencé. Mais aussi aller
progressivement vers des investissements en actifs réels parce cette
déflation débouchera ultérieurement
nécessairement sur l’inflation et que, en cas de destruction
encore plus avancée du Système monétaire, il n’y a
finalement que l’or qui pourra garder son pouvoir d’achat. Ainsi,
aux alentours de 1.470-1.520 l’once, l’or en USD constituerait
une opportunité d’achat incontestable en vue d’un fort
rebond. En attendant, il faut le traiter Long-Short, par exemple en achetant
des options puts contre le physique que l’on
peut détenir (qu’il ne faut pas liquider surtout si on le
détient en EUR ou en CHF, deux monnaies appelées à
s’affaiblir plus encore contre le USD, l’EUR surtout) ou des ETF
comme le GLL, ainsi que nous l’avons fait pour nos
portefeuilles-clients en gestion dans les banques comme pour notre Fonds
d’investissement sur les métaux précieux (Fuchs &
Associates Long+Short Precious
Metals Investment Fund).
C’est encore la hausse du dollar
US (que nous avions parfaitement anticipée) qui exerce une forte
pression à la baisse sur les marchés d’actions
(comme le S+P500 américain), lesquels sont entrés dans un
“bear market”
majeur et donc devraient baisser beaucoup, beaucoup, plus; les pires
actions dont il faut impérativement se séparer (si l’on
ne l’a pas déjà fait) étant celles des
sociétés minières aurifères, argentifères
et d’autres métaux. Actions qui ne peuvent que
s’écrouler, avec la double correction baissière des
métaux en particulier et des actions en général. On
restera donc long SDS et TLT.
La clef de tous les marchés
c’est en fait le prix du cuivre. C’est le seul indicatif à
suivre en permanence. Parce
que, si sa chute continue, cela voudra dire que la Chine, la plupart des BRIC
et autres pays émergents en particulier d’Amérique du
Sud, après l’Occident (USA et Europe) et le Japon, sont aussi
rentrés dans un processus de récession et donc que l’on
va vers le krach boursier mondial des marchés d’actions et des
matières premières du type 2008 que tous les Etats et banques
centrales seraient parfaitement impuissants à enrayer parce que le
prix du cuivre ne dépend que de l’offre et de la demande sur le
marché libre et non pas des manipulations des pouvoirs publics. Le
cuivre est incontestablement orienté à la baisse (voir le MACD
en partie basse du graphique qui commence à peine son renversement
baissier) et semble devoir continuer de chuter vers 2,37 USD mais, si ce
niveau venait à casser, il pourrait plonger sur son plus bas de 2009
vers 1,25 et alors ce serait la panique généralisée sur
tous les marchés financiers, accompagnée d’une hausse
explosive du dollar US contre toutes les monnaies (la chute des matières
premières étant le seul facteur de nature à lui rendre
son pouvoir d’achat). Ce qui voudrait dire… l’euro/USD
à 1,20 et le S+P500 à 900-950 voire plus bas!
Pierre
Leconte
Article originellement
publié ici
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