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Cours Or & Argent en

Redécouvrons l’histoire secrète de la prospérité des Etats-Unis

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New World Economics
Publié le 28 octobre 2016
1536 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour


Larry Kudlow et Brian Domitrovic ont joint leurs forces pour nous livrer une excellente étude de la réforme fiscale adoptée par Kennedy en 1964 – qui est encore plus pertinente aujourd’hui, parce que nous avons une fois encore des chefs d’Etat qui cherchent à « relancer l’économie », chose que Kennedy avait promise avant les élections de 1960. Si vous n’en avez jamais entendu parler jusqu’à maintenant, attendez-vous à ne pas être déçu. Apparemment, beaucoup n’en savent rien, à en croire le titre de leur livre, JFK and the Reagan Revolution: A Secret History of American Prosperity. Et si vous en avez eu vent – j’ai moi-même expliqué cette réforme dans Gold: the Once and Future Money (2007) – attendez-vous à savourer tous les détails délicieux que Kudlow et Domitrovic ont retenu de ce moment de l’Histoire. Une lecture vivement conseillée.

 

Bien que nous nous souvenions souvent des années 1950 comme d’une période de santé économique relativement bonne – ce qui était le cas en comparaison à ce à quoi nous nous sommes habitués depuis 1971 – elles ont en réalité été assez médiocres comparées aux impressionnantes performances des économies allemande et japonaise de l’époque, ou même à l’expansion de l’économie américaine de la fin des années 1960. Après avoir été témoin de quatre récessions en onze ans, Kennedy a fait d’une croissance du PIB de 5% l’objectif de sa campagne électorale de 1960.

 

Comment y est-il parvenu ? Sur les conseils de Paul Samuelson, il a rassemblé un groupe d’experts qui lui ont dit qu’il aurait besoin de politiques monétaires d’argent facile et de projets budgétaires pour combattre le chômage (la solution recommandée par John Maynard Keynes en 1936) ainsi que de taxes élevées pour empêcher une inflation. Son Secrétaire du Trésor, Douglas Dillon, était quant à lui un riche homme d’affaires de Wall Street au courant du fonctionnement de l’économie réelle. Il était aussi un Républicain. Dillon était un partisan de l’étude de Stanley Surrey, un membre de la faculté de droit d’Harvard – il n’était pas un économiste, bien qu’il ait plus tard été qualifié de « l’un des plus grands experts fiscaux de sa génération » et soit l’auteur de 20 livres.

 

Surrey était d’avis que la tranche la plus élevée des impôts sur les revenus (91%) était un taux « fantôme » que personne ne payait : des lobbyistes étaient employés pour trouver des failles dans le système, ce qui se produit inévitablement lorsque des taux nominaux très élevés sont adoptés. Des taux plus faibles, pensait-il, permettraient de générer davantage de croissance. Kennedy s’est penché d’abord sur l’opinion de ses experts, avant de la laisser de côté pour adopter celle de Dillon et Surrey. La conséquence en a été une réforme fiscale qui a porté le taux d’imposition le plus élevé à 70% et fait diminuer toutes les autres tranches proportionnellement – pour donner lieu à la plus grosse croissance économique des années 1950 et 1960.

 

La première réforme fiscale employée par Reagan en 1982 a été une copie exacte de celle adoptée par Kennedy en 1964 - un acte délibéré visant à accroître sa popularité parmi un Congrès majoritairement démocrate. Un nombre substantiel de Démocrates comprenaient que la meilleure chose à faire pour les classes moyenne et ouvrière était de générer une croissance du secteur public qui mènerait à une croissance de l’emploi et des salaires. En 1982, la première réforme fiscale de Reagan a divisé les deux partis, avec 103 contre 89 voix parmi les Républicains et 123 voix contre 118 parmi les Démocrates. La tranche d’imposition la plus élevée a été portée à 50%, et toutes les autres tranches ont été réduites dans les mêmes proportions.

Comme nous l’expliquent Kudlow et Domitrovic, la réforme fiscale de 1986, qui a vu passer le taux d’imposition fédéral le plus élevé à 28%, a été adoptée par le Sénat à 97 voix contre 3. Edward Kennedy, Joe Biden, Paul Sarbanes, Chris Dodd, Al Gore Jr. et John Kerry ont tous voté en faveur de la réforme, qui avait été élaborée par le Comité des voies et moyens de la Chambre en 1985, sous la gouvernance des Démocrates Dan Rostenkowski, Richard Gephardt et Bill Bradley.

 

Aujourd’hui, les Démocrates (à l’inclusion apparente de la famille Kennedy) refusent l’idée que Kennedy et Reagan aient pu adopter les mêmes réformes ; ou que des Démocrates aient voté en grand nombre en faveur de ces réformes. Les économistes de Kennedy, qui lui avaient donné des conseils complètement différents, ont plus tard décrété être à l’origine de sa réforme.  

 

Aucun des successeurs de Kennedy n’a embrassé ses intuitions : le Démocrate Lyndon Johnson et le Républicain Richard Nixon ont tous deux augmenté les taxes et tenté de combattre les conséquences récessives de leurs décisions grâce à l’argent facile – ce que conseillaient Paul Samuelson et James Tobin. Le Républicain Gerald Ford et le Démocrate Jimmy Carter n’ont pas mieux fait. Lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, les taxes grimpaient régulièrement au travers de l’inflation des paliers d’imposition. Les élites politiques de l’époque ne s’y opposaient pas. La Réserve fédérale était supposée être « accommodante » et chargée de maintenir les Etats-Unis hors d’un état de récession : la conséquence en a été un effondrement stagflationniste.

 

Depuis, la situation a beaucoup changé. Des réformes qui porteraient le taux d’impôt sur les revenus le plus élevé en-dessous de 20% tout en éliminant automatiquement 90% du code fiscal seraient une bénédiction. Les conséquences en seraient excellentes. Comment le sais-je ? Parce que plus de trente gouvernements globaux ont déjà mis en place des réformes fiscales de ce type depuis 2000, et les résultats en ont été fantastiques. Les plus gros bénéficiaires en sont ceux qui ne paient plus du tout d’impôts. Le chômage reste exonéré d’impôts. Une économie privée forte est la seule source possible de création d’emplois.

 

Comme l’expliquent Kudlow et Domitrovic, le succès de Kennedy n’était pas lié qu’à sa réforme fiscale, mais à un mélange de politiques diverses, et notamment au rejet de la politique d’argent facile en faveur d’une devise stable. Une devise stable signifie un étalon or. Kennedy était un grand défenseur du système de Bretton Woods, que Reagan a cherché à raviver. Les gouvernements les plus prospères de l’ère de Bretton Woods, ceux de l’Allemagne et du Japon, ont aussi embrassé des stratégies de monnaie stable et défendu un taux de change stable avec le dollar, et donc avec l’or. La Grande-Bretagne et la France ont quant à elles tenté de relancer leurs économies grâce à l’argent facile, et la conséquence en a été la dévaluation périodique de leurs devises.

 

Ce sont les politiques d’argent facile de Nixon qui ont finalement mis fin à l’étalon or en 1971 et plongé le pays dans une décennie de stagflation puis quatre décennies supplémentaires de chaos fiduciaire. Nixon a suivi les conseils monétaires de Milton Friedman, en adoptant notamment un objectif de croissance du PIB nominal de 9% en 1972, qui serait atteint grâce à la création monétaire de la Fed. En 1972, il est parvenu à atteindre un taux de 9,8%. Le dollar a perdu près de la moitié de sa valeur en cours de route. Les petits-enfants intellectuels de Friedman cherchent maintenant à systématiser la grande idée de Nixon sous la forme d’un système d’objectif de croissance mécanique du PIB nominal, bien que cet objectif doive aujourd’hui être plus proche de 3,65%.

Les stratégies de monnaie saine et de réduction d’impôts de Kennedy ont produit une croissance du PIB nominal de 9,6% en 1966, sans aucun recours à l’argent facile ou à la dévaluation du dollar rattaché à l’or. Et il aurait même été possible de faire mieux. Le Japon, qui avait réduit ses impôts tous les ans depuis 1950, a enregistré une croissance de son PIB nominal de 18,4% en 1968 – avec un yen stable. Entre 1950 et 1970, les recettes fiscales du Japon ont été multipliées par seize, et ont pu financer l’expansion des aides sociales, dont personne n’avait besoin parce que le chômage était très bas (avec 1,2% en 1968). Que se serait-il passé si le Japon avait adopté un impôt forfaitaire en 1964 ? Peut-être bien plus encore.

Stanley Surrey, le cerveau derrière la réforme fiscale de Kennedy, s’était rendu au Japon entre 1949 et 1950 afin de réformer le code fiscal du pays. A l’époque, le gouvernement japonais a non seulement réduit les impôts des plus fortunés pour les porter de 85 à 55%, il a aussi éliminé la taxe sur la plus-value, les taxes des entreprises et la taxe de vente nationale, éliminé l’émission d’obligations gouvernementales et rattaché le yen à l’or.

C’est là le pouvoir de la formule magique de « faibles taxes et de monnaie stable » découverte par Kennedy, mais aussi par Andrew Mellon avant lui et par Ronald Reagan plus tard. Nous n’avons plus besoin de la « découvrir », seulement de l’adopter. Elle n’attend que quelqu’un qui cherche vraiment à refaire des Etats-Unis une grande nation.

J’espère voir d’autres ouvrages de ce calibre par Brian Domitrovic. Les médiocres docteurs en économie qui peuplent les universités du monde semblent tous vouloir devenir le nouveau Paul Samuelson. D’autres génies se cachent-ils dans les couloirs d’Harvard ?

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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