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Régionales: réflexions sur la poussée (inexorable ?) du FN

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Publié le 07 décembre 2015
1693 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Rubrique : Editoriaux

La loi des urnes est dure, mais c’est la loi: le Front National emportera au minimum 3 et peut être 6 régions de France métropolitaine à l’issue des régionales, en fonction des jeux de listes qui se joueront entre les deux tours. Le FN est aujourd’hui le premier parti de France, devant le PS qui paie 3 ans d’incurie gouvernementale, et les républicains, ex-UMP, qui n’excitent guère les foules, plombés par leur bilan en demi ou plutôt en tiers-teinte entre 2002 et 2012, et par la personnalité toujours aussi antipathique de leur président.

La banalisation de l’autoritarisme par le gouvernement

Premier constat que je n’ai vu dans la bouche d’aucun commentateur politique ce soir: la réaction du gouvernement aux attentats du 7 janvier puis du 13 novembre rend particulièrement inopérante la rhétorique anti-fasciste habituellement déployée contre le FN par les partis établis. Difficile de prétendre que “les Fachos, c’est le FN”, lorsque l’on a fait voter une loi renseignement qui élimine la notion de vie privée, que l’on songe à prolonger l’état d’urgence dans des termes qui rendent la notion d’état de droit pour le moins évanescente, et que les bavures de cet état d’urgence se multiplient. Après tout, on ne retrouve des armes que dans une perquisition sur 7, et la presse régionale fourmille d’articles où l’on s’interroge sur le bien fondé des opérations de police opérées, eu égard à leur finalité officielle, la lutte contre le terrorisme.

Bref, la France va mal, et tous les partis, de par leur attitude post attentats, ont décomplexé l’autoritarisme. Pas étonnant que la somme des partis ouvertement autoritaires (ext Gauche+ext Droite) atteigne aujourd’hui 35%, voire 40% si on intègre les supporters de Debout La France. Et sur le marché de l’état providence autoritaire, il ne peut y avoir qu’un seul leader. On avait cru au début des années 2000, alors que le vieux Le Pen père multipliait les provocations qui rebutaient beaucoup d’électeurs, qu’Olivier Besancenot et l’extrême gauche allaient reprendre le  leadership de ce créneau politique, que le FN avait chipé au PCF à la fin des années 80. Mais l’arrivée à la tête du FN de Marine Le Pen a changé la donne.

A défaut d’être économiquement crédible auprès des milieux économiques, Marine Le Pen est assez intelligente pour avoir compris que  l’électorat “autoritarien” voulait de l’état contrôleur, de l’état providence, de l’état nounou, de l’état ennemi de la finance, et qu’en mixant ce désir d’état avec une bonne pincée de protection contre les étrangers “du sud” (ce point lui permettant de se différencier nettement des socialistes historiques), elle réussirait là où son père, après une période faste, semblait perdre pied.

L’extrême droite, une extrême gauche presque comme les autres

Marine Le Pen a donc transformé le FN en parti ultra dirigiste renforçant l’état providence, mais seulement pour les “bons français”. Par absence totale de culture économique, la classe politique a été incapable d’établir le parallèle entre ce programme (planification, nationalisations, prix contrôlés, banque centrale sous tutelle, protectionnisme, expansion de l’état providence pour les “bons français”) et celui d’un Juan Peron, d’un Hugo Chavez, ou, osons le point Godwin, d’un Hjalmar Schacht.

Et c’est là que l’histoire prend sa revanche: au lendemain de la guerre, il a été assez facile pour la gauche dominant la médiasphère française, de marteler qu’Hitler était “d’extrême droite”, que toute assimilation d’Hitler ou du fascisme à une forme dure de socialisme était un mensonge, alors qu’Hitler et ses complices ont toujours clamé être les seuls vrais détenteurs de la vérité socialiste. Bref, le jeu politique de l’époque a placé les fascistes, politiquement embryonnaires au lendemain de 1945, à la droite de la droite, et non, comme une analyse sereine de ses propositions politiques aurait dû les y conduire, à peine à droite des communistes. Essayez donc d’arguer dans un forum qu’Hitler était socialiste: Malgré les évidences historiques incontestables, il se trouvera toujours une cohorte de sociaux-démocrates (encore que…) pour demander votre tête pour blasphème.

70 ans ont passé. L’extrême gauche est plombée par l’échec patent de toutes les politiques socialistes “plus ou moins extrêmes” conduites dans le monde depuis lors. On pense à l’URSS, bien sûr, mais aussi à tous les régimes social-autoritaires d’Amérique Latine, d’Ortega à Chavez en passant par Peron et Castro… Cette image là plombe l’extrême gauche. Marine Le Pen a beau avoir considérablement “gauchi” le programme économique et social du FN, elle s’est bien gardée d’en modifier le positionnement officiel à l’extrême droite, pour ne pas se faire assimiler aux échecs du socialisme dur et du communisme. Mais  son programme n’est ni plus ni moins qu’une énième version d’un “état providence à tendances autoritaires et financé par la dette” vu et revu mille fois. Mais voilà, défense d’assimiler extrême droite et socialisme ! Voilà qui rend difficile de développer un argument anti-FN fort.

Comment reconquérir les électeurs que nous avons offerts sur un plateau au FN ?

En effet, quel angle d’attaque la classe politique actuelle peut elle utiliser pour abattre le FN ? Critiquer sa vision de l’état providence ? C’est la même que celle de l’aile gauche du PS, qui est au coeur des institutions sociales françaises, et que la droite dite républicaine n’a jamais osé remettre en question. Critiquer ses pulsions autoritaires ? Comme je le disais plus haut, ceux qui multiplient les lois liberticides sont très mal placés pour se poser en poseurs de leçon dans ce domaine. L’attaquer sur sa propension à vouloir discriminer l’étranger ? Je vais être un peu brutal, mais face au sentiment d’abandon des français contre les exactions des minorités mafieuses, islamistes et terroristes “ethniques”, les gens raisonnables auront beau dire qu’il ne faut pas assimiler tous les étrangers d’Afrique et du Moyen Orient à leur pègre, cette forme de diabolisation du FN n’atteindra plus sa cible: Faute d’état régalien digne de ce nom, un grand nombre de français adoptent d’eux même une attitude de méfiance, et donc de rejet vis à vis de l’ensemble des communautés dont sont issues les “bandes” qui terrorisent les cités et au delà.

Les seuls moyens (normaux. Je ne parle pas des coups tordus que le pouvoir pourrait tenter d’employer contre la menace FN) de fermer le boulevard qui s’ouvre hélas à Marine Le Pen en 2017 sont :

$1●     D’une part, de restaurer un état de droit impitoyable avec tous les malfaisants, y compris étrangers, dans le respect des droits des justiciables et non dans un état d’urgence liberticide, mais sans faire peser sur les forces de l’ordre et du droit aucune crainte d’accusations de préjugés racistes, en rejetant par avance les postures victimaires que les malfaisants étrangers ne manqueront pas d’utiliser à leur avantage. Se montrer impitoyable avec les malfaisants est le seul moyen de réduire l’assimilation de tous les arabo-africains honnêtes avec leurs pègres, et de pouvoir entamer à nouveau un processus d’acceptation réciproque vis à vis de ceux qui sont venus pour contribuer positivement à notre société.

$1●     D’autre part, admettre que le “tout état providence” a lamentablement échoué, et lancer le pays sur la voie de réformes économiques véritablement libérales, susceptibles de redonner un espoir économique aux exclus et aux précarisés de l’économie privée aujourd’hui étouffée en France.


Même si vous êtes le plus convaincu des libéraux, vous conviendrez que vendre un tel message à l’électorat français demandera du temps, puisque ceux qui osent le faire sont si rares. Seul problème: les voix libérales en France sont aujourd’hui inaudibles. Mon très cher PLD, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à rassembler plus d’un à deux électeurs sur cent sur les quelques scrutins auquel il arrive à se présenter. Nous Citoyens, malgré la couverture médiatique que Denis Payre a pu obtenir au lancement de ce mouvement, ne décolle pas non plus. Au sein des républicains, le score tristement affligeant de Dominique Reynié (Midi Pyrénées), seul candidat libéral assumé de ce parti, et non issu de la nomenklatura habituelle, rend aléatoire la pourtant très prudente démarche de libéralisation de ce parti tentée par MM. Fillon, LeMaire et Mariton. A ce stade, il est trop tôt pour dire si Hervé Morin, autre candidat timidement libéral de la Droite et du Centre, se sortira du piège d’un second tour difficile en Normandie, mais sa réserve de voix semble inférieur à celle du candidat de gauche. Et de toute façon, LR est tellement discrédité par son aile étatiste, qui pèse incomparablement plus que le maigrichon courant libéral-mou en son sein, et par les scandales financiers qui plombent ce parti depuis 30 ans, dont Bygmalion n’est que le dernier avatar, qu’il est difficile de voir en ce parti sans vraie colonne vertébrale idéologique la solution d’avenir aux problèmes de la France.

Bref, pour les libéraux français, le constat d’échec dure et perdure avec la même sévère acuité, année après année. L’étatisme sous toutes ses formes, qu’il soit semi-autoritaire honteux ou autoritaire décomplexé, socialiste de gauche, socialiste de droite ou communiste, représente plus de 9 électeurs sur 10, même lorsqu’une offre dûment assumée “libérale” parvient à se présenter à leur suffrage.

Ce pays est-il foutu ?

Il est assez convenu et banal de crier à la gravité de la situation à chaque poussée électorale du front national. Mais aujourd’hui, il est difficile de se dire que l’électorat aura un “sursaut républicain” (qu’est-ce que cela veut dire, d’ailleurs…) à la prochaine élection nationale et que tout rentrera dans “l’ordre” aux présidentielles, si tant est qu’on puisse qualifier d’ordre la situation actuelle de la France. Les choix récents du gouvernement de gauche ont légitimé certaines formes d’action politique qui, autrefois, servaient à diaboliser le Front National. Et le refus de remettre en cause les pans malades de notre état-providence empêche d’attaquer… frontalement (!) l’extrême droite sur ce terrain. L’on ne peut qu’être très pessimiste pour l’évolution de notre pays, que le FN peut sérieusement espérer diriger en 2017.

Je ne vois qu’un mouvement très fort, mené intelligemment et rapidement, d’entrepreneurs et de leaders d’opinion de la société civile, capable de renverser la nomenklatura existante et de rebâtir de nouvelles institutions, pour avoir une petite chance de nous sauver de cette perspective très peu réjouissante. Une chance sur mille. Est-il déjà trop tard ?

 

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Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org).
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