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Publié le 20 décembre 2010
1286 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Au sommet, les cartes sont de plus en plus brouillées. Alors qu’à nouveau des alarmes retentissent à propos des banques et des régions espagnoles, et que l’Italie s’engage dans de premiers tours de chauffe, les dirigeants européens discutent du sexe des anges, faute de mieux. En séance plénière, ils se penchent sur la configuration d’un vague dispositif prévu pour dans deux ans, alors que la zone des tempêtes menace toujours et encore de s’élargir. Mais dans les couloirs, c’est une autre affaire et cela part dans tous les sens…


Ayant cru l’avoir évacué d’un coup de menton, les Allemands et les Français voient rejaillir avec insistance un débat sur l’avantage des euro-obligations pour venir à bout de la crise à rebondissements. Le Parlement européen vient de voter une motion à ce propos, joignant sa voix à tous celles qui se sont déjà exprimées en ce sens.


Tout en tenant bon, les Allemands multiplient dans la précipitation les actes de foi européens, conscients d’être soupçonnés des pires intentions, accompagnés par les Français qui font le pari qu’ils pourront ainsi atténuer les affres de leur rigueur et les foudres de leurs punitions.


Plus déterminant, un débat vient de surgir inopinément en Allemagne, emmené par les sociaux-démocrates et suivi par Die Grünen (les Verts), qui réclament que soit pris un tournant stratégique radical en faveur de la consolidation de la zone euro. Die Linke (la Gauche) critiquant vivement Angela Merkel pour pratiquer une politique en faveur des banques, protégées en priorité.


Des scénarios commencent à être ébauchés afin de prendre désormais en compte dans sa globalité une dette dont il n’a été volontairement retenu que celle des Etats. Afin de mettre sur pied une suite solide aux sauvetages improvisés au cas par cas qui ont jusqu’à maintenant prévalus, conçus de telle manière qu’il coulent irrémédiablement ceux qui en bénéficient.


En fin de compte, ces scénarios reviennent toujours à la mise en œuvre de deux principes : sous une forme ou sous une autre, une mutualisation plus ou moins directe de la dette afin de maîtriser les taux obligataires, et une remise de peine soulageant les émetteurs d’une dette publique gonflée par l’implosion financière.


Ces solutions ne sont toutefois pas magiques – seraient-elles adoptées et on est loin ! – car elles fragiliseraient immédiatement le système bancaire européen, dont l’exposition à la dette publique et l’étroite interconnexion se sont avérés facteur de forte déstabilisation. Alors que les estimations des besoins de recapitalisation des banques, additionnées à ceux de leurs refinancements, font état de montants supérieurs à ceux des Etats.


Si l’on en veut une nouvelle approche chiffrée, la Banque des règlements internationaux (BRI) vient de rendre publique une analyse qui parle d’elle-même. Le seul respect par les banques – s’il devait intervenir cette année – du ratio de 7% de fonds propres « durs » par rapport à leurs engagements, en réalité prévu pour 2019, impliquerait de réunir 602 milliards d’euros. 94 mégabanques à elle seules, sur 263 prises en compte, contribueraient à ce total pour un montant de 577 milliards d’euros.


Pour avoir plusieurs coups d’avance, il faudrait regarder encore plus loin. La crise européenne est un drame en trois actes: calmer le jeu, en traiter les effets sur le système bancaire, relancer l’économie. Or, nous sommes loin de la conclusion du premier et l’écriture des deux suivants n’est qu’ébauchée.


De délicats et subtils mécanismes ont été élaborés pour rendre acceptable aux yeux des Allemands la création d’une agence de la dette européenne et l’émission d’euro-obligations. Mais, s’inscrivant dans le cadre de la réduction des déficits publics exigée par ceux-ci, ils rendraient problématique toute relance économique de la zone euro ; ils obèreraient la capacité des pays les plus fragiles à honorer le contrat qu’il leur sera demandé de signer impérativement. Aboutissant à reculer pour mieux sauter.


Comme un précédent historique le montre clairement – en Amérique Latine dans les années 80 – la relance économique passe par des restructurations de dette. Tourner le dos à cette leçon, c’est creuser son trou.


Quant aux banques, comment faire l’économie d’un processus de restructuration coordonné des plus vulnérables d’entre elles, qui imposera de mettre à contribution leurs actionnaires et créanciers ? Cela sera soit cela, soit un nouvel appel à des fonds publics pour les renflouer, à l’irlandaise, qui accroitra encore les déficits. Il n’y a que ces cercles vicieux dans cette crise.


Non seulement on ne se dirige pas vers cette issue, mais l’on assiste actuellement à un mouvement de concentration des banques, prévu pour se développer, en puissance dangereux en soi d’autant plus qu’il n’est toujours pas assorti d’une véritable régulation financière.


Si la question des banques reste taboue, le troisième chapitre de la relance économique est le parent pauvre du dispositif. Des réformes structurelles sont préconisées par de bonnes âmes qui ne perdent pas le Nord, en vue de dégager des marges de compétitivités grâce à la réduction des coûts salariaux et sociaux. La compétition sur les coûts salariaux, perdue d’avance, améliorera les marges des grandes entreprises – où elles sont déjà confortable si l’on considère leurs résultats – mais elle freinera une consommation ne pouvant plus compter comme auparavant sur l’endettement.


Des réflexions très générales sont engagées, qui traitent de « juste échange », de « régulation des échanges » ou de « démondialisation de l’économie », afin de fournir à l’Europe un hypothétique cadre de développement dans le nouveau contexte mondial. On croit entendre le discours américain sur le déséquilibre global, aussi peu en prise sur la réalité.


Est-il possible de s’engager sur de telles voies sans entamer une réflexion préalable portant sur la production elle-même : quels biens faut-il produire et pour qui (pour ne pas dire quel marché) ?


Dans les pays émergents, cette question se pose de manière très aiguë. Développer le marché intérieur ne s’y fera pas uniquement à coup de voitures et d’ordinateurs low cost, destinés à des classes moyennes minoritaires. La satisfaction des besoins les plus basiques de la population réclame la production de biens adaptés – par leurs technologies, performances et coûts – aux conditions concrètes de leur emploi.


C’est le secteur informel de l’économie qui pour l’instant pourvoit largement à la survie, tandis que l’on observe qu’il se développe dans les pays avancés en raison de l’approfondissement de la fracture sociale.


Dans les pays développés, le succès des produits low cost – lorsqu’ils sont disponibles – des soldes devenues quasi permanentes, des marques blanches et de la distribution discount témoignent d’un infléchissement notable des modes et structures de la consommation ainsi que des besoins, qui touche de nombreux secteurs et que constatent les études de marché.


A l’échelle mondiale, une nouvelle équation est posée, qui intègre trois paramètres : la redistribution de la richesse, l’adaptation de la production aux besoins réels et la diminution de la dépense énergétique.


Le fossé s’agrandit entre des dirigeants politiques qui ne peuvent lutter contre leur nature, celle-ci étant l’obstacle, et les mesures radicales que la situation réclame pour être dénouée.



Billet rédigé par François Leclerc



Paul Jorion

pauljorion.com



(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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