1. La "loi de l'économie".
On se serait attendu à ce que la loi de l’économie fût au départ de
l’économie politique comme son expression le laisserait penser au premier
venu.
Il n’en a rien été.
a. L'économie politique.
D'où vient l'économie politique ?
…
C'est en 1615 que l'Économie politique a reçu pour la première fois le nom
sous lequel elle est aujourd'hui connue, dans un livre français, le Traicté de l'OEconomie Politique,
par Antoine de Montchrétien. (Gide, 1931, p.15)
après que Jean-Baptiste Say en 1815 avait précisé que :
"Qu’est-ce
que nous enseigne l’économie politique ?
Elle nous enseigne comment les richesses sont produites,
distribuées et consommées dans la société."
Tout cela est bel et bon, mais Say en était arrivé aussi à mettre
l'accent
- sur le gouvernement de l'Etat d'un pays et
- non pas sur la valeur, les richesses, les choses, etc. que les gens
cernaient ou produisaient, valorisaient et échangeaient, étant donné la
nature, la réalité, où ils se trouvaient et dont chacun ne pouvait qu'avoir
une connaissance limitée (cf. ce billet
d'août 2017) .
Et le fil conducteur de la valeur a été rompu.
Dans le livre intitulé Recherches sur les
principes mathématiques de la théorie des richesses 1838, il y a
donc 180 ans, Antoine Augustin Cournot précisait :
"La
science a laquelle on donne le nom d'Economie politique, et qui a si fort
occupé les esprits depuis un siècle, est aujourd'hui plus répandue que
jamais.
Elle est entrée avec la politique proprement dite en partage de ces grands
journaux qui sont le plus puissant instrument de publicité ;
mais on a tant été fatigué de théories et de systèmes, que maintenant on
veut, comme on dit du positif, c'est-à-dire dans cette matière, des relevés
de douance, des documents statistiques, des renseignements administratifs,
propres à éclairer par l'expérience ces questions importantes qui s'agitent
devant le pays, et auxquelles toutes les classes de la société sont si
directement intéressées."
b. Les sciences non économiques.
En fait, la "loi de l'économie" a été au cœur de la
"mécanique", domaine de la science physique, depuis le
XVIIIème siècle avec les succès qu’on sait
Et les économistes ont tenté de singer la nouveauté dans leur domaine en
procédant par analogie ...
La "loi de l'économie" a, en effet, fait les beaux jours des
futurs "mécaniciens" (cf. Georges Matisse,
1925).
Grâce au principe sur quoi la "mécanique" reposait, ils ont
pu développer un domaine qui a bénéficié au monde entier
jusqu'à aujourd'hui, en théorie et en pratique (cf. ce
texte)
La "loi de l'économie" n'est jamais que le principe que la
"Nature" fait toute chose :
- au moindre temps,
- au moindre effort, ou
- à moindre action.
Temps, effort et action sont ainsi le cœur de la "nature".
Et le principe de la moindre action est resté, selon certains
scientifiques, une énigme au cœur de la physique (cf. Roland Omnès, 1994).
Le temps a été, pour sa part, en tant que tel, une notion non définie
par les physiciens (cf. audio
de Lachieze-Rey de 2013).
Malgré cela, il a été développé en long et en large, le plus souvent
à partir de la "cinématique" (cf. audio de Klein de 2006).
Mais, au XXème siècle, le "mainstream" économiste, en bon
scientiste qu'il était, a procédé à l'analogie et s'est moqué des notions de
"temps" ou de "durée", "longueur du temps" ...
(cf. ce texte
audiovisuel de Etienne Klein).
N'oublions jamais que ce serait Adam Smith (1723-90) qui aurait vu dans la
"matérialité" et la "durée" de la chose cernée par
l'observateur le point de départ de la "théorie de la valeur",
- si l'on en croît ce qu'a écrit en 1850 Frédéric Bastiat (1801-50) (cf.
ce billet
de mars 2017) et
- si on n'oublie pas que le propos n'a pas été démenti, mais qu'au
contraire, il a été renforcé par la suite, en particulier par Vilfredo Pareto
(1848-1923), fin XIXème siècle.
Reste maintenant à ce que le "mainstream" économiste
se convainque néanmoins qu'en tant que tel, ce qu'on dénomme,
consciemment ou non, le "temps" (ou sa longueur, la
"durée") n'a rien à voir avec l'économie politique, une fois
exclues les analogies frauduleuses avec d'autres sciences qui permettent d'y
introduire le principe.
c. Temps, effort, action de l'être humain.
Curieusement, une habitude aveugle veut que l'économie politique soit une
conséquence de la "mécanique" des XVIII-XIXèmes siècles qui
résulte de tout cela alors qu'elle devrait en être la cause étant donné la
"loi de l'économie" et ce à quoi celle-ci donne lieu (cf. ce texte
d'octobre 2014).
Par analogie, la notion d'action de la "nature" est surtout
définie par la notion de "travail" de l'être humain, pour ne pas
dire son "service", notion autant physique qu'économique
aujourd'hui.
La notion de "force" y est davantage utilisée que l'effort quand
ce dernier n'est pas défini par l'"intensité" de l'action.
Et le "travail" a été mesuré depuis lors par des économistes,
sans raison débattue, par la longueur du temps, i.e. par la durée...
2. La valeur.
Le point de départ de l'économie politique ayant été la "théorie de
la valeur", les valeurs considérées par les économistes ou les
commentateurs se sont accumulé jusqu'à côtoyer le temps, la durée,
l'ignorance ou la connaissance, des "paramètres" selon les mêmes.
Aujourd'hui, le lien logique entre toutes les valeurs, variables ou
paramètres, est en grande partie rompu.
a. "La théorie de la valeur" d'hier.
Jusqu'au XIXème siècle, le mot "valeur" en est arrivé
à signifier :
- les choses (Adam Smith, matière et temps).
Soit dit en passant, il reste l'égalité que des savants de certaine
science (cf. ce texte par
exemple) aiment à établir entre espace et temps, entre matière et temps
et qui les amènent à dire qu'on peut transformer du temps en matière...
Convenons que, si la réalité est telle, la démarche ne fait que
rencontrer, à sa façon, le fameux "matérialisme
historique" imaginé au XIXème siècle par de prétendus philosophes
...
- les objets et services (Frédéric Bastiat),
- les produits et facteurs de production,
- les marchandises,
- les intermédiaires des échanges,
- la monnaie,
- l'utilité (valeur subjective),
- les quantités de tout ce qui précède.
Soit dit en passant, l'économie politique a eu pour point de départ, en
particulier, les valeurs qu'étaient une quantité de chose ou une quantité de
chose unitaire (i.e. une quantité relative à une autre quantité de chose).
- les taux d'échange des quantités,
- les prix
- les utilités de quantité (dont l'utilité collective)
- les utilités marginales ou ophélimités élémentaires (cf. ce billet
de mars 2017).
b. Frédéric Bastiat.
Au milieu du XIXème siècle (cf. texte
de janvier 2007), comme pour mettre un terme à la divagation qu'il
constatait en 1850, Frédéric Bastiat (1801-1850) avait fait le point sur le
"principe de la valeur
" en économie politique dans le livre intitulé Harmonies
économiques.
D'après lui, la "valeur", c'était alors:
- pour Adam Smith (1723-1790), dans la matérialité et la durée,
- pour Henri Storch (1766-1835), dans le jugement,
- pour Jean Baptiste Say (1767-1832), l'utilité,
- pour David Ricardo (1772-1823), le travail,
- pour Nassau Senior (1790-1864), la rareté.
En d'autres termes, Ricardo n'avait pas été original.
Dans la droite ligne de Smith, de la matérialité et de la durée de la
valeur, il avait privilégié quelque chose de non matériel, un objet non
matériel, un service, à savoir le travail.
En mettant l’accent sur un des "facteurs de production", valeurs
en général, il cachait le privilège donné par le savant économiste, au
produit sur la marchandise, à la production sur l'échange comme si la
production était plus importante que l'échange, comme si l'action humaine
était d'abord action de production avant d'être action d'échange... comme si
le travail n'était pas un service à la fois offert/produit, demandé/consommé!
Pour sa part, Storch avait mis l’accent sur le jugement de valeur de la
personne sur la chose.
A sa façon, Say avait ciblé la notion en introduisant la valeur
nécessairement subjective de l'"utilité" de la chose (cf. un
de ses livres où intervenait Say https://archive.org/details/coursdconomiepo02saygoog).
Senior n'avait pas été non plus original.
Il avait mis l'accent sur un aspect de la matérialité et de la durée de
Smith qu'il avait dénommé "rareté".
La "rareté" cachait, à la fois, la quantité ou le nombre d’objet
matériel à l'instant "t" et la relation de cette quantité ou nombre
à une norme donnée, mais non précisée, à savoir celle que ceux qui en
parlaient dénommaient ainsi, sans le savoir ou en le sachant.
La quantité ou le nombre était a priori petit, faible...
c. Vilfredo Pareto.
A la question de l'état de la «théorie de la
valeur" proposé par Bastiat, un demi-siècle plus tard, Vilfredo
Pareto (1848-1923) a ajouté, pour sa part, dans son Cours
d'économie politique (1896-97), les propos de :
- Karl Marx (1818-83) qui faisait référence explicitement à la
"marchandise" et au "travail" et dont lui-même n'a pas
hésité à démontrer les erreurs (cf. par exemple Pareto, op.cit.
§18),
- Gustave de Molinari (1819-1912) qui expliquait la valeur par
l'"intensité comparée des besoins" (cf. ibid. §81) et
- W. Stanley Jevons (1835-82) qui, selon lui, aurait introduit en économie
politique le concept de "taux d'échange" d’une marchandise en une
autre (cf. ibid. §74) et qu'il a préféré dénommer "prix d'une
chose en une autre chose", ne mettant pas ainsi, malheureusement,
l’accent sur l’accord convenu entre les parties.
Il n'a pas évoqué Carl Menger (1840-1921)...
Mais, en relation avec la rareté, dans son Cours
d'économie politique de 1896-97, il remarquait que :
"Pourquoi, répète-t-on, l'air qui est si utile, n'a-t-il
aucune valeur?
Au lieu de répondre simplement:
- parce qu'il existe à notre portée en quantité telle qu'elle excède celle
que nous pourrions désirer,
on dit:
- parce qu'il ne faut aucun travail pour nous le procurer.
Et l'on croit prouver cela en citant l'exemple d'un homme dans une cloche
de plongeur.
Mais si, dans cette même cloche, il se trouve un récipient contenant de
l'air comprimé, la personne qui en dispose pourra, pour se donner la peine de
tourner un robinet, se faire payer autant que les hommes qui manoeuvrent
péniblement la pompe à air.
Il faut bien se garder de vouloir résoudre cette difficulté par la
considération de la rareté (absolue) de l'air.
On retomberait ainsi dans l'erreur, qui se présente constamment,
de confondre une propriété subjective avec une propriété objective.
Ce qu'il faut considérer, c'est, comme l'a fort bien dit Mr. Walras père,
la disproportion entre
- la quantité d'une chose qui est à notre disposition et
- le besoin que nous ressentons de cette chose.
Mr. Ferrara dit avec raison (Préf. aux oenvres de Lauderdale, Malthus,
etc., p.482) :
«La rareté est un fait extérieur comme tant d'autres et ne peut se
convertir dans la cause de la valeur, sinon en tant qu'elle devient un des
éléments d'appréciation qui constituent la valeur.
Et sous cet aspect, la blancheur, la dureté, l'élasticité, le poids ...,
peuvent à leur tour devenir une des causes de la valeur.»
Il faut bien remarquer que la rareté dont parle Mr Walras, n'est pas la
rareté absolue;
c'est la quantité
- que nous avons appelée ophélimité élémentaire,
et
- qui se rapporte au besoin ou au désir qu'un
individu a d'une chose." (Pareto, 1896-97, pp. )
Bref en relation avec la rareté, pour éviter toute ambigüité, Pareto
identifiait la "rareté" et l'ophélimité élémentaire de la
chose, sans faire intervenir de limite.
Alors que même les "économistes autrichiens" ont eu l'occasion
de voir la "valeur" ... dans la rareté que l'être humain lui
donnait, sans préciser la limite qui conditionnait leur choix.
d. Louis Baudin.
Si l'on en croît ce qu'a écrit en 1850 Bastiat sur ce que
disait Smith à propos de la "matérialité" et de la
"durée" de la chose, point de départ ... du point de départ de
l'économie politique qu'était la "théorie de la valeur", et
si on n'oublie pas qu'il n'a pas été démenti, mais qu'au
contraire, son propos a été renforcé par la suite, par Pareto, en
particulier, fin XIXème siècle,
on ne peut qu'être intéressé par ce qu'a écrit Louis Baudin (1887-1964),
en 1947, un demi-siècle plus tard, sur la question de la théorie de la
valeur au point où Pareto l'avait laissée en 1896-97 en distinguant
- la "valeur utilité" et
- la "valeur rareté"
pour développer l'alternative "valeur d'usage"-"valeur
d'échange":
"8°
Il reste à examiner les théories marginalistes, synthèse moderne de la valeur-utilité et de la valeur-rareté ;
ce sont elles qui, en raison de leur importance, feront l'objet des
paragraphes suivants.[...]
Depuis Aristote, la plupart des économistes ont distingué la valeur
d'usage et la valeur d'échange (Adam Smith, Ricardo, Stuart Mill),
d'autres ont multiplié les valeurs :
- valeur d'usage concrète et valeur d'usage abstraite (Wagner),
- valeur subjective et valeur objective (Böhm-Bawerk),
- valeur de matière,
- valeur de forme,
- valeur de lieu,
- valeur de temps (Knies),
quelques-uns n'ont au contraire admis qu'une sorte de valeur:
- valeur d'usage (Rossi) ou
- valeur d'échange (Courcelle-Seneuil) ( 1 ).
(1) F. Oulès: Rapport au Comité d'initiative pour le Comité
d'initiative pour le Vocabulaire international de la Science économique., mot
"Valeur", pp. 3 et suiv.
Nous retiendrons seulement la distinction entre valeur d'usage et
valeur d'échange.
La première est une estimation subjective, individuelle, l'expression
d'une affinité entre un homme et une chose (2).
2) John Laird, The idea of value, p.317.
Elle ne se confond pas avec l'utilité, car chacun de nous, pour émettre
une appréciation, tient compte à la fois de l'utilité et de la « désutilité »
(effort, peine, coût).
La deuxième semble objective, mais elle n'est jamais que le résultat du
heurt de désirs et de moyens individuels.
Elle est distincte du prix, comme nous l'avons noté dans l'introduction.
Certains biens ont une grande valeur d'usage et une faible valeur
d'échange, par exemple un médiocre portrait de famille, d'autres ont une
faible valeur d'usage et une grande valeur d'échange, tel un aliment sucré
pour un diabétique.
Précisons le caractère subjectif de la valeur d'usage.
Pierre juge une automobile préférable à un piano, Paul juge un piano
préférable à une automobile ;
c'est parce que les préférences ne concordent pas que l'échange se fait et
que chaque partie trouve bénéfice à le faire.
La monnaie ne change pas l'aspect du phénomène, elle représente
une automobile pour le vendeur de piano, un piano pour le vendeur
d'automobile.
Pierre, qui possède le piano, n'a pas à savoir si le désir qu'il a
d'acheter une automobile est supérieur à celui que Paul peut avoir d'acheter
un piano.
Peut-être Pierre, étant à la fois musicien et sportif, désire-t-il plus
ardemment que Paul les deux objets à la fois, peut-être en tirera-t-il plus
grand profit, mais il importe peu.
Pierre peut tirer parti du piano mieux que Paul, pourtant il le lui cède
parce qu'il préfère encore l'automobile au piano.
La comparaison s'établit, en somme,
pour Pierre, entre le piano réel qu'il possède et l'automobile virtuelle
qu'il pourrait posséder;
pour Paul, entre l'automobile réelle qu'il possède et le piano virtuel
qu'il pourrait posséder.
Il n'existe aucun lien entre ces deux comparaisons (1).
_____________
(1) Il n'existe aucun lien direct, mais une certaine opinion commune peut
déterminer à la fois les jugements de Pierre et de Paul.
Ces remarques ne sont pas autre chose que la transposition sur le plan
individuel de la théorie ricardienne des coûts comparés
en matière de commerce international, sous cette réserve que Ricardo
regardait le coût comme base de la valeur.
_____________
En nous plaçant ainsi sur le terrain subjectif, nous évoquons
l'origine humaine de tous les phénomènes d'échange :
c'est l'homme qui donne au bien immatériel son caractère de richesse ;
son désir rompt l'« état d'indifférence» qui existe entre la chose et lui
(Simmel).
Nous sommes dès lors à même d'examiner comment chacun de nous établit sa
courbe d'offre et de demande, en partant de ce postulat que nous agissons
conformément à notre désir (2).
___________
(2) I. Fisher : Mathematical Investigations, p.
11.
"La valeur des marchandises est régie
par la valeur des besoins" (Von Wieser: Der natürliche Werth,
p. 5).
___________
[...]
En confondant besoins et désirs, on revêt malencontreusement les seconds
du caractère impératif que seuls possèdent les premiers.
Il ne faudrait pas croire que la valeur d'usage, étant subjective, reste
cantonnée dans le domaine de la psychologie et n'ait pas à être estimée par
des tiers.
Elle peut être mise en cause par les tribunaux lorsque règne une économie
dirigée et que le prix taxé est manifestement arbitraire.
C'est bien alors la valeur d'usage qui apparaît conforme à la réalité.
Il faut la prendre directement en considération, puisque la valeur
d'échange s'est écartée d'elle." (Baudin,
1947, pp. 37-40).
Au moment où Baudin a écrit ces lignes, des économistes, essentiellement
mathématiciens, ont appliqué à l’économie politique, non plus la "loi de
l'économie" évoquée ci-dessus, mais de nouvelles mathématiques qui
excluaient, en particulier, des notions économiques importantes comme celles
de "proportion de quantités" ou d’"utilité
marginale".
La notion d’ « équilibre économique » à quoi ils sont parvenus en est
arrivé à devenir à leurs yeux, une "valeur" (cf. l'ouvrage de G.
Debreu, (1959), Theory of Value (An Axiomatic Analysis of Economic
Equilibrium).
Ils confortaient la démarche des économistes qui avaient récemment émigré
aux Etats-Unis et qui y développaient le socialisme (cf. Lange et
alii).
e. Les impôts et taxes.
Soit dit en passant, la "théorie de la valeur" est aujourd'hui, selon
les goûts, désolée ou galactique même si, par exemple en France, impôts et
taxes sont assis sur des éléments de la théorie...
Ceci est peu connu mais il faut reconnaître que les impôts et taxes sont
assis en France sur des éléments de la théorie de la valeur.
Comme cette dernière est oubliée en grande partie par les gens au profit
de la macro économie, personne n'y comprend rien.
Ce n'est pas la notion nouvelle (à l'échelle de l'histoire) de
"valeur ajoutée" qui a permis d'améliorer la compréhension.
Seule la fiscalité rappelle, en vérité, le point de départ de
l'économie politique qu'est la valeur envisagée comme quantités de choses...
3. Les proportions.
Troisième considération
importante de l'époque, oubliée aujourd'hui : la notion de "proportion" (le "meden agan" du grec ancien), symbole de l'harmonie.
Faut-il rappeler qu'une
"proportion" n'est jamais qu'une égalité entre deux fractions,
chaque fraction étant un rapport entre un numérateur et un dénominateur.
Et le mathématicien en tire des lois ... de proportionnalité qui sont des
tautologies et non pas des lois de causalité.
A l’extrême, une proportion est une fraction supposée constante.
Dans ce cas, le mathématicien en tire une loide proportionnalité entre le
numérateur et le dénominateur, le numérateur étant égal au dénominateur
multiplié par un coefficient, la constante.
La proportion donne lieu ainsi à une loi de proportionnalité qui ne
saurait être confondue avec une notion de
"causalité" quoiqu'elle le soit, sans raison, le plus
souvent (par exemple, l'équation des échanges d'Irving Fisher, 1911, qui
amène à vouloir que la quantité de monnaie détermine les échanges..., cf. ce billet
d'octobre 2012).
Cette notion de "proportion" est d'ailleurs restée chère aux
juristes, jusqu'à aujourd'hui inclus, et à d'autres gens qui aiment à parler
... "toutes proportions gardées" (plutôt que "toutes choses
égales par ailleurs").
Mais elle n'est plus guère envisagée par les savants d'autres domaines, à
commencer par les économistes qui se sont polarisés sur des théories
mathématiques nouvelles plus récentes d'où la proportion est mise de
côté.
a. histoire.
Les proportions implicites dans la "loi de l'économie" ont été
ainsi oubliées.
Par exemple, depuis le XVIème siècle, la "théorie de la quantité de
monnaie" a reposé explicitement sur la loi de proportionnalité entre les
variations de la quantité de monnaie et celles des prix.
Et elle est devenue au XXème siècle, par l’intermédiaire de ce
qu’en disaient des économistes (depuis au moins Fisher), une relation de
causalité entre la variation de la quantité de monnaie et la variation des
prix ou des revenus nominaux (qu'on soient monétaristes ou keynésiens).
Entre temps, Antoine Augustin Cournot a montré dans le livre intitulé Recherches sur les
principes mathématiques de la théorie des richesses (1838)
qu'il y avait plusieurs proportions entre quantités de marchandises et prix
en monnaie de la marchandise (ou quantité unitaire de monnaie) à prendre en
considération.
b. La loi d'offre.
L'une d'elles faisait référence à la population des gens qui vendaient la
marchandise, ce qu'il a dénommé "offre de marchandises" et qui était
supposée augmenter avec le prix.
c. La loi de demande.
L'autre proportion faisait référence à la population des gens qui
achetaient la marchandise, ce qu'il a dénommé "demande de
marchandises" et qui était supposée diminuer avec le prix.
d. Egalité de l'offre et de la demande.
Et Cournot a introduit l'égalité des deux proportions qui a donné lieu à
une quantité de marchandises et un prix en monnaie d'égalité.
L'égalité a satisfait en fait deux des quatre populations qu'il a
introduites.
Ont été satisfaites les deux populations d'offre et de demande dont les
prix et quantités étaient inférieurs ou égaux aux prix et quantité d'égalité.
N'ont pas été satisfaites les deux population d'offre et de demande dont
les prix et quantités étaient supérieurs au prix d'égalité.
4. Les comptabilités nationales.
Au cœur de la ruine de l'économie politique où on se trouve aujourd'hui,
il y a non seulement les oublis précédents, mais aussi la "comptabilité
nationale" qui est mise en œuvre par les statisticiens chers aux hommes
de l'état socialo-communiste, depuis la décennie 1930 (cf. ce texte
d'avril 2014) et qui est censée mesurer les éléments économiques, à
partir de l'équilibre macroéconomique.
Cette comptabilité se moque bien évidemment de la "loi de
l'économie" et des "proportions" qu'elle ignore.
Laissons de côté l'absurdité qui consiste à parler de "biens" et
"services" et qui n'a rien à voir avec l'économie politique (cf. ce
texte
de février 2014 ou celui-ci
de juillet 2014 ou encore celui-ci
d'octobre 2014), ni avec la vraie comptabilité (en partie double et
droits constatés) (cf. ce texte
de juillet 2013) ou cet audio-video
récent).
La comptabilité nationale a, en particulier, détruit la connaissance
d'une partie des échanges de marchandises en agrégeant les échanges inter
industriels de façon à ne retenir que ce qu'elle dénomme "valeur
ajoutée" (cf. ce
texte).
Cette façon de parler, originale..., qui déforme la notion de
"valeur" de l'économie politique, recouvre, en pratique, le
bénéfice de toute industrie, à l'exclusion de toute autre considération.
Elle laisse, en particulier, de côté que le bénéfice, en l'espèce le profit
ex post, est un aspect de la valeur ex post, l'autre grand
aspect ex post ou ex ante étant le coût de l'action menée
par ls gens de l'industrie.
La comptabilité nationale réduit ainsi la "somme des échanges des
industries" qui ont été menés dans une certaine proportion à une
proportion largement inférieure qui devrait interdire de la comparer à de
vrais échanges comme, par exemple, les importations de l'étranger ou les
exportations vers celui-ci (cf. ce texte
d'août 2009, celui-ci
de février 2012).
Mais il n'en est rien.
La "somme des valeurs ajoutées" qu'est ce qu'elle dénomme
"produit intérieur brut" (cf. ce texte
de juin 2014) est
non seulement comparée à ces échanges "extérieurs",
mais encore elle leur sert de référence dans les données que sont les
rapports "importations/PIB" ou "exportations/PIB" pour
établir des comparaisons internationales.
Bien évidemment, ces comparaisons sont sans valeur.
Les chiffres de la comptabilité nationale pourvoient donc des idées
fausses.
Les chiffres en question sont construits par des gens à partir d'axiomes
et selon des méthodes ignorées de ceux à qui ils s’adressent.
Ces derniers ne sauraient donc les comprendre.
Et on comprend qu'ils n'y comprennent rien.
Pourquoi d’ailleurs les comptabilités nationales des pays sont-elles
fonction des pays qui les construisent ?
Pourquoi ces comptabilités nationales font-elles l’objet
d’« harmonisation » par des organismes mi publics, mi privés
(eurostat, FMI, OCDE, etc.) ?
Quelles sont les règles de l'harmonisation ?
Pas de réponse digne de ce nom.
En France, comptabilité nationale, comptes des organismes de sécurité
sociale et lois de finance font d'ailleurs trois…
5. Un dernier mot.
"Loi de l’économie", "valeur" et
"proportion" ne sont plus au cœur des travaux des économistes comme
ils l'ont été et comme ils devraient l’être.
"Loi de l’économie" et "proportion" ont même disparu
du raisonnement alors que des résidus de "valeur" y subsistent.
Reste que la "valeur" est un objet de définition sans fin qui,
par exemple, amène beaucoup de gens à voir dans les règles de la
fiscalité une "complexité" croissante alors que les règles en
question ne font que s'instiller dans une "théorie de la valeur" en
extension permanente, mais ignorée.