J’ai pu lire autant d’articles
expliquant que la hausse des taux d’intérêt serait baissière pour l’or que d’articles
assurés du contraire. Quelle opinion croire ? Une hausse des taux d’intérêt
est-elle haussière ou baissière pour l’or ? La réponse simplifiée est qu’elle
n’est ni haussière ni baissière. Continuez de lire pour en savoir plus.
Je commencerai par
souligner ce qui est arrivé aux taux d’intérêt nominaux au cours des marchés
haussiers de long terme de l’or survenus ces cent dernières années. Les taux
d’intérêt ont généralement eu tendance à baisser pendant le marché haussier
des années 1930 et celui survenu entre 2001 et 2011. Ils ont grimpé pendant
le marché haussier des années 1960 et 1970. Ainsi, l’Histoire nous apprend
que la tendance des taux d’intérêt nominaux ne détermine pas la tendance du
prix de l’or sur le long terme.
Comme nous pouvons le
voir, des marchés haussiers de l’or peuvent se développer en parallèle à des
taux d’intérêt en hausse ou en baisse, mais nous ne devrions pas en conclure
que les taux d’intérêt n’ont aucune conséquence sur la tendance haussière ou
baissière de l’or. Les taux d’intérêt nominaux ne sont pas importants, mais
les taux d’intérêt réel sont extrêmement significatifs. Disons simplement que
des taux d’intérêt réels très bas ou en baisse sont haussiers pour l’or,
alors que des taux d’intérêt réels en hausse ou élevés sont baissiers. Par
exemple, alors que le prix de l’or grimpait pendant les années 1970 en
parallèle à une hausse des taux d’intérêt nominaux, les taux d’intérêt réels
étaient très bas. La raison en est que les gains en termes d’d’objectifs d’inflation
étaient égaux ou supérieurs aux gains des taux d’intérêt nominaux (le taux d’intérêt
réel est représenté par le taux d’intérêt nominal moins le taux attendu de
dépréciation de la devise). Le marché haussier de 2001-2011 a également eu
lieu en période de taux d’intérêt réels assez bas.
Les taux d’intérêt réels
très bas sont un artefact des banques centrales. Aux Etats-Unis par exemple,
les actions de la Fed se sont assurées à ce que les taux d’intérêt de court
terme sur la dette « sans risque » (sans risque de défaut direct)
soient négatifs entre les années 1960 et 1970 et entre 2001 et 2011. En
effet, « taux d’intérêt réels très bas » signifie « politiques
monétaires excessivement laxiste ».
Un autre facteur qui
influence la tendance du prix de l’or est la différence entre les taux d’intérêt
de long terme et de court terme (l’écart de rendement). Un écart de rendement
en hausse est haussier pour l’or, alors qu’un écart de rendement en baisse
lui est baissier. C’est ainsi que les choses fonctionnent, parce qu’une
tendance haussière des taux d’intérêt de long terme en comparaison aux taux d’intérêt
de court terme indique généralement une diminution de la liquidité sur les
marchés (une aversion accrue pour le risque) ou une hausse de l’inflation,
qui sont toutes deux haussières pour l’or.
Comme c’est le cas pour
le taux d’intérêt réel, dans le système monétaire actuel, l’écart de
rendement tend à être un symptôme de ce que font les banques centrales. Si la
monnaie était stable et libérée de l’intervention des banques centrales, l’écart
de rendement serait très souvent proche de zéro (la courbe des rendements
serait horizontale) et ne traverserait que des fluctuations mineures. Mais en
raison des tentatives des banques centrales de « stabiliser » les
marchés, l’écart de rendement fait l’expérience de fluctuations importantes.
Le graphique suivant montre les fluctuations qui ont eu lieu sur l’écart de
rendement entre les obligations sur 10 et 2 ans aux Etats-Unis depuis 1990.
Les fluctuations périodiques à la hausse sont principalement liées à la
pression baissière imposée par la Fed en fin de courbe, alors même que la
réduction du risque de dépréciation monétaire par les marchés faisait stagner
les taux de long terme.
Pour finir, l’or est
aussi influencé par la tendance des écarts de crédit (la différence entre les
taux d’intérêt des titres de bonne et de mauvaise qualité). L’or, qui est une
valeur refuge traditionnelle en temps de troubles, tend à bien se comporter
alors que s’élargissent les écarts de crédit, et à baisser lorsqu’ils se
contractent. C’est parce qu’un élargissement des écarts de crédit indique un
déclin de la confiance du public en l’économie.
Si les trois principaux
facteurs qui influencent les taux d’intérêt (taux d’intérêt réel, écart de
rendement et écarts de crédit) sont haussiers pour l’or, alors il est fort
possible que l’or entre dans une tendance haussière face aux devises et aux marchandises
du monde. De la même manière, lorsqu’ils sont baissiers, il est probable que
l’or entre une tendance baissière en termes nominaux comme réels. En
revanche, il n’est pas rare pour les conditions qui influencent les taux d’intérêt
d’être mixes. L’année passée en est un bon exemple, avec des écarts de crédit
généralement haussiers et des taux d’intérêt réels et un écart de rendement
baissiers. L’effet net en a été une tendance légèrement baissière pour l’or.
L’or tire profit d’une
baisse des taux d’intérêt réels, d’un élargissement de l’écart de rendement
et d’un élargissement des écarts de crédit, qui peuvent survenir lorsque les
taux d’intérêt nominaux sont en hausse aussi bien qu’à la baisse. Nous
pouvons donc ignorer tous les arguments selon lesquels une hausse des taux d’intérêt
est baissière pour l’or, ainsi que tous ceux selon lesquels une hausse des
taux d’intérêt est haussière pour l’or. La relation entre l’or et les taux d’intérêt
n’est pas aussi simple.
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