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Quand
on veut s’attaquer à quelque chose, il est très important de comprendre cette
chose ainsi que les mécanismes de causalité qu’elle implique. Se tromper sur ces
points implique d’appliquer des solutions erronées qui peuvent aggraver les
problèmes. Il faut donc comprendre ce qu’est la pauvreté pour permettre une
analyse critique des politiques mises en place. En effet, les politiques de
redistribution ne sont en soi pas viables, et les deux facteurs qui importent
au fond sont le capital humain et la liberté économique.
Définir la pauvreté
Qu’est
ce que la pauvreté ? Voilà bien une chose difficile à définir. Est ce quelque
chose d’absolu ? C’est à dire que l’on est pauvre si l’on se situe sous un
seuil de revenu donné ? Est-on pauvre si on n’a pas accès à certaines
commodités (un toit, de la nourriture, internet?); ou bien l’est-on par
rapport à la situation des autres individus (généralement vivant dans le même
pays) ? Il y a là matière à débat. Considérons ici simplement que la
pauvreté est l’absence de richesse (biens matériels et financiers).
Au
début de l’humanité, l’homme était pauvre, il n’avait pas ou peu de biens
matériels (et au niveau financier c’était le néant). De même, quand un homme
naît, il est nu, sans aucune possession. La pauvreté (i.e. l’absence de
richesse) est la condition de départ de l’être humain, son « état de
nature ». En partant de cette situation, l’homme s’enrichit en produisant
des biens et des services, il sort de la pauvreté. La pauvreté n’a pas
apriori de cause, mais la richesse, elle, en a. Vouloir lutter contre la
pauvreté signifie faire en sorte que les individus produisent, qu’ils
s’enrichissent. Ces considérations sont importantes, notamment sur les
conséquences des politiques mises en place.
La redistribution
Mettre
en place une politique de redistribution implique un raisonnement inverse :
l’absence de pauvreté est une condition normale, et si certains sont pauvres,
c’est un accident, un problème dans la distribution des richesses créées dans
la société. Il faut prendre à ceux qui ont réussi à obtenir plus de richesses
pour les redonner à ceux qui en ont reçu trop peu. C’est bien entendu une
erreur, sur un marché libre les revenus que l’on perçoit viennent de
l’échange libre, c’est à dire que plus vous rendez service, plus vous créez
de valeur pour les autres, plus vous aurez un revenu élevé.
Le
problème ainsi posé amène à comprendre que la pauvreté de certains n’est pas un
problème de distribution de la richesse et qu’il faudrait la redistribuer
(selon des critères là encore qui varieront d’une personne à l’autre…), mais
bien un problème de production. La redistribution a un double effet pervers :
Si l’on prend à celui qui réussit pour le donner à celui qui échoue, on
pénalise la réussite et on encourage l’échec. Autrement dit, celui qui
réussit va avoir tendance à réduire ses efforts pour réussir, et de même pour
celui qui bénéficie de la redistribution : ses efforts pour améliorer son
sort vont eux aussi diminuer.
Le capital humain
Ce qui permet aux êtres humains de
sortir de la pauvreté, c’est leurs aptitudes à produire. Contrairement aux
machines ou aux capitaux, le capital humain ne se déprécie pas : une guerre,
une crise, n’entame pas le capital humain des individus, qui est le socle de
toute production. Thomas Sowell donne une définition large du capital humain
: « l’instruction
formelle (la plus visible mais pourtant pas la plus importante), les tours de
main pratiques, la discipline, les talents, l’organisation, la prévoyance, la
frugalité, ou la simple bonne santé ». Les différences
de capital humain entre groupes sociaux engendrent des différences de niveaux
de revenus impressionnantes, tant sur le plan national qu’international.
Et c’est là que la réflexion sur la
redistribution prend son sens. Le niveau de vie global augmentera que si les
moins bien lotis en termes de capital humain ont l’incitation à faire
l’effort d’investir par eux-mêmes en capital humain; et pour les mieux lotis,
l’incitation d’utiliser au maximum leur capital humain pour engendrer le
maximum de revenus.
L’ouvrage de Thomas Sowell regorge
d’exemples historiques et internationaux, citons simplement les réussites
économiques des immigrants juifs et japonais aux États-Unis ou encore
l’immigration chinoise en Asie du sud-est. Faire l’effort d’acquérir du
capital humain est parfois plus douloureux et plus long que de recevoir les
fruits du travail des autres grâce à la redistribution…
Liberté économique
Il faut permettre à ceux qui ont
une productivité faible de trouver du travail pour pouvoir acquérir une
expérience et améliorer leur capital humain (ainsi que d’obtenir des revenus
par eux-mêmes, c’est à dire les sortir de la dépendance des aides sociales),
et cela passe principalement par la suppression du salaire minimum, véritable
machine à chômage. Plus encore que le salaire minimum, le code du travail
français mérite de grands coups de hache : simplifier l’embauche et le
licenciement, réduire les charges sociales etc. Les individus devraient
pouvoir s’ils le souhaitent travailler plus pour gagner plus, sans avoir de
compte à rendre à personne, travailler le dimanche s’ils le souhaitent. Bref
la liberté de travailler.
Au passage, le code du travail
français a fait beaucoup pour le maintien de la pauvreté et de l’inégalité,
en créant deux groupes : les insiders et les outsiders sur le marché du
travail. Les insiders sont ceux qui ont réussi à obtenir un CDI, les autres
sont voués à errer dans la précarité du CDD ou du chômage. Les syndicats
défendent les travailleurs, pas les chômeurs, et c’est pour cela qu’ils
réclament des hausses de salaires et autres avantages sociaux : les insiders
voient leurs rémunérations et leurs conditions augmenter, tandis que les
outsiders voient leurs probabilités de trouver un emploi baisser encore un
peu plus car leur productivité est inférieure au coût qu’ils engendrent pour
l’employeur.
Une baisse drastique des aides
sociales ainsi qu’une simplification du système fiscal qui abandonnerait le
principe de progressivité au profit d’un taux unique (la Flat Tax) sont plus que souhaitables pour pouvoir donner de bonnes
incitations. Des réflexions sur l’éducation nationale doivent être aussi
mises en place car l’instruction formelle tend à prendre de plus en plus de
place dans une économie de plus en plus basée sur la création et la
connaissance. Développer ce sujet ici nous amènerait à dépasser le cadre de
cet article, mais il est certain que dénationaliser l’éducation ne peut pas
être une mauvaise chose.
Conclusion
Le seul moyen de sortir de la
pauvreté est de produire plus et plus efficacement : la productivité. Cette
hausse de la productivité passe certes par une hausse du capital (machine,
épargne,..) qui est une condition importante, mais surtout par l’amélioration
du capital humain. Cette amélioration du capital humain est un effort long et
pénible mais nécessaire. Vouloir le raccourcir à coup de politiques sociales
est une illusion politique. Il convient de favoriser cette accumulation de
capital humain par la liberté économique : donner la liberté et l’incitation
à investir en capital humain mais aussi la liberté d’utiliser son capital
humain pour s’enrichir. L’Etat-providence a échoué en empêchant les plus
pauvres de s’enrichir, il faut donc en sortir.
Concernant le capital humain, la
lecture de Race, Politique et Economie de Thomas Sowell est
vivement recommandée, quant à la liberté économique, le livre de William
Easterly Les
pays pauvres sont ils condamnés à le rester offre un développement
accessible et rigoureux.
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