Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
AnglaisFrancais
Cours Or & Argent en

Marxisme, communisme et gestion des ressources naturelles

IMG Auteur
 
Publié le 25 février 2015
871 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 2 votes, 5/5 )
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
[titre article pour referencement]
0
envoyer
0
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Editorial du Jour

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, sur les dix endroits les plus pollués de la planète, cinq seraient situés en Russie ou en Asie centrale1. Le public occidental a été informé à propos des données extrêmement alarmantes2 sur l’état de l’environnement en URSS grâce à des auteurs comme Keith Bush en 19723 ou encore Boris Komarov en 19814. Plus récemment, l’absence de littérature conséquente concernant l’histoire environnementale de l’URSS s’est fait ressentir5 et la littérature a voulu explorer les raisons de la tragédie environnementale qu’a été l’URSS.

 

Comme en témoignent le dessèchement de la mer d’Aral ou encore la catastrophe de Tchernobyl, la nature a également fait l’objet de la démarche constructiviste d’ordonnancement du réel du communisme. On peut mieux comprendre pourquoi en étudiant les déterminants de l’attitude des dirigeants de l’URSS vis à vis de la gestion des ressources naturelles à travers les prolongements qui ont été faits entre marxisme et communisme d’un côté et environnementalisme de l’autre.

 

La tragédie des biens communs

 

 

Les écrits de Marx et Engels ont nourri la doctrine soviétique en matière environnementale et l’effacement de la notion de propriété privée est au centre de la problématique environnementale. Karl Marx a écrit que :

 

D’un point de vue d’une organisation supérieure de la société, le droit de propriété de certains individus sur des parties du globe terrestre paraîtra tout aussi absurde que le droit de propriété d’un individu sur son prochain. Une société entière, une nation et même toutes les sociétés contemporaines réunies ne sont pas propriétaires de la terre. Elles n’en sont que les possesseurs, elles n’en ont que la jouissance et doivent la léguer aux générations futures après l’avoir améliorée en boni patres familias6.

 

En toute logique, ce qui n’est pas produit par l’homme est gratuit7, ce qu’offre la nature apparaît comme une donnée exogène, sorte de « manne tombée du ciel » (R. Solow, mais à propos de la démographie).

 

 

Le problème soulevé par la théorie libérale et mis en évidence par l’expérience empirique a été que la gestion en « boni patres familias » semble fort compromise en l’absence de propriété privée. La détermination de la rareté ne peut se faire de manière optimale que par les mécanismes de prix, qui sont inexistants dans le cadre des biens communs. En l’absence de propriété privée, l’État a pu, dans le cadre d’une économie totalement planifiée, disposer, ou plutôt piller, à sa guise des ressources environnementales pour la réalisation de ses plans quinquennaux.

 

 

L’Homme tout-puissant contre la nature

 

La doctrine soviétique se base sur une forme exacerbée de volonté de transformation du réel par l’Homme, qui trouve ses sources dans l’inspiration hégélienne des travaux de Marx. Sous Staline, les deux mythes majeurs sont le caractère inépuisable des richesses et le rôle conquérant de l’Homme. Cette vision de l’Homme conquérant a son importance historique. L’on sait à quel point la Russie a eu tendance à lancer de véritables bras de fer contre les éléments naturels pour mettre en place ses constructions humaines. Et cela s’est trouvé exacerbé avec le communisme.

 

Staline disait en 1952 que «  si l’on exclut les processus astronomiques, géologiques et quelques autres processus analogues, contre lesquels les hommes, même s’ils forçaient les lois de leur développement, resteraient impuissants à lutter, il y a bien d’autres cas où les hommes sont loin d’être impuissants, du point de vue de leur processus d’agir sur les processus naturels »8. Les implications philosophiques sous-jacentes sont d’une importance primordiale, et l’on comprend aisément que la doctrine communiste ait pu se fondre dans cette idée d’un (sur ?) Homme dominant les éléments par un effacement de l’individualité.

 

 

Le petit nombre de textes marxistes sur la question a laissé la place a beaucoup d’interprétations sur la question entre les relations entre communisme et ressources naturelles. Cela a donné lieu à des controverses9 qui ont animé les différents courants au début de la période communiste. S’opposaient, d’un côté, les tenants de la conservation de la nature autour de la Société panrusse de protection de la nature créée en 1924, qui regroupaient surtout les spécialistes issus de l’époque tsariste ; de l’autre, la jeune génération de spécialistes issus des divers instituts créés par l’URSS, qui soutenaient le droit à l’exploitation maximale des ressources au service de la production nationale.

 

Comme nous le verrons dans un article à suivre, la translation de la doctrine marxiste vers une approche spécifiquement soviétique de l’environnement soulèvera des problématiques différentes.

 

 Notes :

1- Blacksmith Institute

2- Ainsi, 40% du territoire serait pollué et 75% de la proportion des eaux de surface seraient impropres à la consommation.

3- Keith Bush, Problems of Communism, 1972, « Environmental problems in the USSR ».

4- Boris Komarov, Le rouge et le vert. La destruction de la nature en URSS, 1981.

5- Voir An Environmental History of Russia, par P. Josephson, N. Dronin, R. Mnatskian, A. Cherp, A. Efremenko & V. Larin, 2013.

6- K. Marx, Le Capital, Livre III, « Le procès d’ensemble de la production capitaliste », p. 49.

7- Théorie de la valeur chez Marx : « La valeur d’échange représente la quantité de travail dépensée pour sa production », Le Capital, Livre I.

8- J. Staline, Problèmes économiques du socialisme en URSS, 1952.

9- Développées dans An Environmental History of Russia.

 

 

Données et statistiques pour les pays mentionnés : Russie | Tous
Cours de l'or et de l'argent pour les pays mentionnés : Russie | Tous
<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :5 (2 votes)
>> Article suivant
Thomas Harbor est étudiant à Sciences Po et à la Sorbonne en Histoire. Il est secrétaire-général de Think Libéral Sciences Po, l’association qui promeut les idées libérales à Sciences Po. Il est contributeur pour Trop Libre, le blog de la Fondapol, pour Contrepoints ou pour l’Institut Coppet.
Publication de commentaires terminée
Dernier commentaire publié pour cet article
Soyez le premier à donner votre avis
Ajouter votre commentaire
Top articles
Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX