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L’échec de l’euro
“Toute vérité
franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée.
Ensuite, elle subit une forte opposition. Enfin, elle est
considérée comme ayant toujours été une
évidence” (Arthur Schopenhauer)
L’euro, une monnaie fiduciaire de
papier, artificielle parce que non émise par un Etat souverain ou
gagée par un actif réel comme l’or, ayant
été créée dans une zone monétaire non
optimale, a échoué. Étant donné que son but
effectif n’était pas -contrairement à ce qui a
été faussement avancé par les européistes- de
permettre une amélioration de la situation économique des
États-membres qui allaient l’adopter, mais de pousser -dans la
dissimulation- à une intégration institutionnelle forcée
et supposée irréversible du plus grand nombre possible
d’Etats-Nations dans une Union politique à
l’échelle du continent européen, dont les peuples ne
voulaient pas. L’échec de la double manœuvre initiale
mégalomaniaque décidée par quelques technocrates et
politiciens coupés des réalités, à savoir la
création ex nihilo d’une Union monétaire devant conduire
à une Union politique (ce qui n’a jamais fonctionné dans
l’histoire) comme la dissimulation volontaire de cet objectif final aux
citoyens des Nations européennes (qui n’étaient pas
prêts à se lancer dans une aventure supra-nationale
puisque la Nation est le seul cadre connu dans lequel puisse se mettre en
place la démocratie représentative), est la raison principale
du désastre actuel.
Viennent ensuite toutes sortes de dysfonctionnements
qui tiennent à l’incapacité des politiciens,
fonctionnaires et banquiers centraux qui ont eu à appliquer le plan
initial de se conformer à toute discipline, comme à
l’impossibilité de faire fonctionner une « usine à
gaz » aussi complexe que l’organisation des pouvoirs au sein de
la zone euro. D’abord systématiquement sur-évalué
par rapport au dollar US, en raison de taux d’intérêt trop
élevés pour combattre une imaginaire inflation, l’euro
est directement responsable de la faiblesse structurelle de la croissance
économique de la zone dans laquelle il a été
instauré. D’autant qu’il a accru les divergences
économiques, commerciales, sociales et budgétaires entre les
Etats européens qui ont continué à pratiquer des
politiques nationales non coordonnées pour répondre aux
exigences intérieures différentes auxquelles chacun d’eux
était confronté, puisque les traités européens
n’ont pas fondé une fédération avec un
gouvernement unique mais une Union d’Etats-Nations indépendants.
L’euro a ensuite conduit au sur-endettement
de la plupart des Etats qui l’ont adopté, étant
donné le laxisme de la BCE et de la Commission européenne qui
ont laissé les États-membres de la zone s’exonérer
des critères de Maastricht selon lesquels il devait être
géré. Supposé être adossé à la
puissante Allemagne, qui avait abandonné son deutschemark à son
profit et donc semblait assurer que l’achat de dettes des
États-membres de la zone euro ne représentait pas de risque, il
a conduit à la faillite la plupart d’entre eux qui ont recouru
à l’emprunt massif sans avoir les moyens d’en rembourser
ultérieurement les intérêts ou le capital puisque
l’Allemagne n’a jamais formellement consenti à une «
Europe des transferts » qui aurait abouti à une mutualisation
des dettes des 17 États-membres de la zone. Tout en fragilisant
fortement les grandes banques privées européennes, qui doivent
être dorénavant recapitalisées pour avoir elles-aussi
bêtement crû à la solidité des obligations
émises par les divers Etats européens qu’elles ont achetées
en masse, la plupart desdits Etats n’étant plus en mesure
d’en rembourser les intérêts ou le principal. Ce qui a
contraint la BCE, en violation de ses propres statuts comme des
traités européens, à se porter acquéreur de ces
obligations pour finalement se retrouver en situation de faillite virtuelle
-avec un bilan dont le passif dépasse de beaucoup l’actif-
puisqu’elle n’a pas le droit ni les moyens d’agir en
qualité de préteur en dernier ressort. Sans compter que
l’euro n’est pas parvenu à détrôner le
« roi dollar », qui est demeuré la monnaie de
réserve mondiale dans laquelle restent cotées les
matières premières et placées la plupart des
réserves de change des Etats émergents comme des fonds
souverains.
Quand un mécanisme
monétaire ou économique a échoué, il faut
purement et simplement l’abandonner au lieu de s’accrocher par
tous les moyens possibles à le perpétuer. Cet «
acharnement thérapeutique » à vouloir sauver l’euro
entrainera dans cette zone un chômage encore plus massif
qu’actuellement, un endettement public encore accru puis,
inévitablement, le double éclatement du « Grand
marché » et de la construction politique européenne, les
peuples refusant de subir la chute irrémédiable de leur niveau
de vie (comme de celui de leurs descendants) au nom de la préservation
de la monnaie unique européenne, un dogme sacro-saint sans autre
justification que d’éviter à presque toute la classe
politique européenne de reconnaitre qu’elle s’est trompée.
En effet, les politiques dites «
de rigueur » consistant à écraser d’impôts
les classes moyennes, imposées aux populations européennes
déjà appauvries, se traduiront par une chute brutale de leur
consommation c’est-à-dire par la récession dans tout le
continent. La restructuration des énormes dettes des PIIGS
-qu’ils ne peuvent honorer faute de croissance économique
supplémentaire- et la recapitalisation des grandes banques
privées européennes -bourrées d’obligations
d’Etats européens ayant perdu plus de la moitié de leur
valeur- nécessitant des sommes considérables, le sur-endettement déjà extrême des
Etats ne pourra qu’augmenter pendant que ces grandes banques cesseront
de prêter. Le « Grand marché » composé de 27
États-membres, dont seulement 17 ont adopté l’euro,
éclatera par suite des écarts croissants de
compétitivité entre ces deux groupes. Quant à la
construction politique européenne, elle ne survivra pas à des
niveaux différents d’intégration entre les 27 et à
la révolte des peuples qui n’accepteront pas de passer au stade
fédéral, c’est-à-dire au Super-État
européen de nature à broyer leurs identités nationales
ou locales comme leurs libertés.
Ludwig von
Mises écrivait « Il n’y a aucun moyen de soutenir un boom
économique résultant d’une expansion à
crédit. L’alternative est ou bien d’aboutir à une crise
plus tôt par arrêt volontaire de la création
monétaire ou bien plus tard avec l’effondrement de la monnaie
qui est en cause ». Nous y sommes ! Toutes les fausses recettes de
l’ingénierie financière (appels
répétés au FMI lui-même désargenté,
création d’un Fonds européen dit de «
stabilité » puis d’un Fonds monétaire
européen, reprise des créances pourries des PIIGS ou des
grandes banques privées par la BCE, etc.) ne solutionneront plus la
crise sans fin de la zone euro à 17 qui doit être au plus vite démantelée.
Soit en en faisant sortir tous les
Etats qui ne peuvent pas se conformer à une stricte discipline,
lesquels reviendront alors à leurs anciennes monnaies nationales et
organiseront le défaut sur leurs dettes souveraines converties dans
ces monnaies qu’ils laisseront se dévaluer, ce qui
rétablira aussi leur compétitivité économique.
Soit en en faisant sortir l’Allemagne et les deux ou trois autres Etats
économiquement compatibles avec elle, capables de s’imposer la
discipline nécessaire à la gestion d’une monnaie unique
de papier entre eux. Faute d’adopter l’une ou l’autre de
ces solutions, ce sont les forces du marché qui auront raison de
l’euro en faisant monter à des niveaux stratosphériques
les taux d’intérêt applicables aux dettes des 17 Etats les
uns après les autres. Et tous les Etats européens,
l’Allemagne et les deux ou trois autres Etats précités
aussi, risquent de finir ruinés parce que les montants
nécessaires au sauvetage de la zone euro actuelle comme de ses grandes
banques privées sont impossibles à réunir tant en cash
que sous forme de garanties, la BCE n’ayant pas le droit de les
imprimer. Quant au traitement de la crise des dettes souveraines
européennes, ouverte il y a près de deux ans avec le
défaut virtuel de la Grèce, il a été calamiteux
en raison de l’activisme brouillon du président français
et de la mollesse de la chancelière allemande qui n’ont rien
compris à l’importance de l’enjeu lequel n’est autre
que le sursaut ou la décadence irrémédiable de la
civilisation européenne ! Quand les historiens dans l’avenir
étudieront l’histoire de l’Europe, ils resteront confondus
que l’on ait pu tenter d’y créer une monnaie unique de
papier dont on n’avait aucun besoin et que l’on ait persisté
si longtemps à tenter de la conserver pour des motifs purement
idéologiques au prix de la ruine du continent tout entier !
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Commentaire stratégique de la
semaine
A la lumière des
évènements qui se sont produits pendant les deux
dernières semaines, notre scénario de l’implosion de
l’euro décrit ci-dessus pourrait paradoxalement, dans sa phase
initiale, ne pas se dérouler sous la forme d’une chute de cette
monnaie mais, au contraire, de sa hausse -mortelle pour la faible croissance
et l’exportation européennes- puisque les achats massifs
d’euros tant de la part de la BCE que de la part de la BNS comme les
rapatriements en euros d’actifs étrangers vendus par les grandes
banques privées pour consolider leurs bilans devraient empêcher
toute baisse supplémentaire de l’euro/dollar US pour un certain
temps. Sans compter que les USA ont repris en sous-main la
création monétaire à tout-va, puisque eux non plus ne
veulent pas de la poursuite de la hausse du dollar US, l’une des
raisons pour laquelle le dollar US/yen japonais atteint cette semaine son
plus bas historique. Le marché des monnaies n’étant plus
libre, mais le produit artificiel des interventions manipulatrices des
banques centrales, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il
reflète la réalité des rapports de force entre les
grandes économies.
Nous avons donc commencé de
vendre la plupart de nos dollars US en revenant sur le franc suisse dont
à notre avis l’appréciation va reprendre, surtout contre
le dollar US. Qui dit rechute du dollar US et reprise du franc suisse, dit
aussi hausse des métaux précieux (argent-métal et or
-sur lesquels nous restons très haussier-). C’est sous la
forme de la poursuite de la chute des obligations d’Etat
européennes -qu’il ne faut surtout pas conserver si l’on
en a encore- que va vraisemblablement se produire le scénario de
l’implosion de l’euro, cette monnaie étant finalement
entraînée elle-aussi dans leur chute mais à partir
d’un niveau de change et selon un calendrier imprévisibles.
Évidemment, toute nette cassure à la hausse de la
résistance vers 1.260 sur le S+P500, du fait d’une baisse
supplémentaire du dollar US index, nous conduirait à revendre
nos SDS puisque cela signifierait que le traditionnel rally
de fin d’année de cet instrument a commencé plus
tôt que prévu.
Beaucoup va dépendre des
réunions des dirigeants européens et internationaux du G20 des
jours à venir dont personne ne peut savoir si elles
déboucheront sur un nouveau compromis boiteux ou sur un clash, mais ce
qui est évident c’est qu’elles ne régleront rien
effectivement et durablement faute de s’engager dans la réforme
radicale de tout le Système monétaire international, et
européen en particulier.
Raison pour laquelle nous restons long argent-métal et or mais aussi,
simultanément, long SDS (ETF ultra short S+P500) parce que le
risque de clash entre ces dirigeants conduisant au krach boursier mondial
existe bel et bien, en dépit des stratégies actuelles des
grands manipulateurs des marchés d’actions qui sont en train
d’acheter les actions US et européennes mais
simultanément de massacrer les actions chinoises (ce qui a aussi
une visée géostratégique à savoir soulager
l’Occident tout en mettant les BRIC sous pression afin de leur soutirer
de nouveaux subsides) et des autres pays émergents (Inde,
Brésil, etc.). De telle sorte que ce pourrait être de
Shanghai et non pas de Wall Street que viendrait la grande secousse! En
fonction du résultat de ces réunions, nous décideront
alors de revendre les SDS ou bien de les garder. Quant à
l’argent-métal et l’or, qui ont touché cette
semaine d’importants support vers 30 et 1.600
USD/oz respectivement, nous restons d’avis que leur potentiel reste
à la hausse, même si leur stabilisation peut encore durer
quelques temps.
lire
http://www.zerohedge.com/news/us-money-supply...ths-gold-follow
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http://www.bloomberg.com/news/2011-10-21/e...is-summits.html
–
http://www.bloomberg.com/news/2011-10-1...ommodities.html
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http://www.bloomberg.com/news/2011-1...x-concepts.html
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Il semblerait que le dollar US index
(1er graphique ci-dessous), qui a rencontré une forte
résistance, soit susceptible de rebaisser nettement. Si tel devait
être le cas, la monnaie ayant le plus de potentiel de hausse contre
l’USD ce n’est pas l’euro mais c’est le franc suisse
(2ème graphique ci-dessous), raison pour laquelle nous avons
diminué les comptes courants en USD et augmenté les comptes
courants en CHF (nous rappelons que la BNS a fixé une parité
à 1,20 entre le CHF et l’euro mais pas de parité contre
l’USD, ce qui veut dire qu’il sera un peu difficile au CHF de
s’apprécier plus contre l’euro mais pas contre
l’USD).
Tous les marchés d’actions
restent orientés à la baisse, USA, Europe (France) et Chine.
Regarder les MACD graphiques du bas qui commencent à peine à
tourner à la baisse. Mais ce sont les actions chinoises qui semblent
les plus vulnérables, surtout si une nouvelle baisse du dollar US
-ayant mécaniquement pour effet d’alléger la pression sur
les actions US et européennes- intervenait.
Le support à 1.600 sur
l’or en USD ayant tenu et le MACD restant en phase de reprise, nous
restons convaincus qu’il devrait remonter au minimum vers 1.750-1.775
courant novembre 2011.
Pierre
Leconte
Article originellement
publ target="_blank"ié ici
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