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Cours Or & Argent en

Pourquoi la crise systèmique actuelle s’est-elle produite et comment peut-on en sortir?

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Publié le 27 septembre 2011
2111 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Rubrique : Or et Argent





L’engrenage de la crise :

Depuis que les Etats en 1971-1973 ont abandonné la convertibilité du dollar US en or et sont passés aux taux de change flottants entre les principales monnaies fiduciaires de papier, tout en pratiquant à partir de ce moment-là des politiques monétaires et économiques laxistes keynésiennes, l’Occident a d’abord vécu une crise inflationniste comme en ont alors témoigné les bulles successives des matières premières et métaux précieux puis des actions et divers autres actifs financiers qui ont finalement explosé en faisant beaucoup de dégâts.

La mondialisation et le libre-échange généralisé ayant ensuite pris place à partir des années 1980-1990 dans le cadre d’un Système monétaire international délabré, en raison duquel les vieux pays développés se sont révélés incapables d’entrer en compétition ouverte équilibrée avec les nouveaux pays émergents, sous-évaluant leurs monnaies comme bénéficiant de coûts du travail bien plus bas et d’absence de toute contrainte sociale ou environnementale, le chômage de masse a commencé à croître en Occident avec sa désindustrialisation. Mais les BRIC ont décollé et ont commencé à capter l’essentiel de la richesse monétaire, en raison de leurs excédents croissants de commerce extérieur et de balance des paiements au fur et à mesure qu’ils ont commencé à fabriquer chez eux la plupart des produits de consommation courante consommés dans le monde et aussi gagné de plus en plus de parts de marchés à l’extérieur.

Au lieu de revenir dès ce moment-là à l’étalon-or, qui aurait permis d’équilibrer le commerce international et de recréer les bases d’un Système monétaire juste au bénéfice tant des pays développés que des pays émergents, l’Occident a alors masqué son déclin économique et perpétué l’Etat-providence par l’endettement à tout-va comme par le laxisme monétaire généralisé, en particulier aux USA avec l’arrivée de Greenspan à la tête de la Federal Reserve à partir de 1987 qui a pratiqué des taux d’intérêt les plus bas possibles et la création monétaire maximale pour faire monter les marchés d’actions, comme pour faire baisser le dollar US et tenter de maintenir la compétitivité extérieure des USA.

La parenthèse de la création de l’euro, instauré dans une zone monétaire non optimale et géré par une banque centrale européenne supra-nationale à l’encontre des intérêts nationaux de ses États-membres, qui, inéluctablement, implosera prochainement parce que ladite zone n’est qu’une association d’Etats-nations indépendants sans solidarité budgétaire et fiscale automatique entre eux (comme cela existe aux USA) et que l’Allemagne ne paiera pas toutes les dettes des PIIGS, n’aura conduit l’Europe qu’à proportionnellement plus de dettes et moins de croissance encore que les USA. Raison pour laquelle l’euro/dollar US a récemment repris sa baisse qui devrait prochainement s’amplifier.

Nous sommes ainsi arrivés à une crise financière et monétaire tant aux USA qu’en Europe à partir des années 2000 que les Etats et les banques centrales n’ont fait qu’attiser par des politiques keynésiennes dites de « relance », dont ils n’avaient plus les moyens financiers, et des politiques ultra-laxistes de création monétaire artificielle, qui ont cassé le pouvoir d’achat des monnaies occidentales. Ce qui explique la hausse de l’or exprimé en dollars US, et à un moindre degré dans les autres monnaies, depuis 2001 comme les krachs boursiers répétés et l’instabilité monétaire globale structurelle.

Tout cela, ayant été mis en place pour faire reprendre par les pouvoirs publics les dettes excessives et les produits financiers pourris, qui menaçaient de provoquer la faillite en chaine des grandes banques privées, n’a en fait apporté qu’un court répit. Tout cela a aussi été décidé pour relancer l’inflation en Occident, dont les pouvoirs publics espèrent qu’elle allégerait mécaniquement le poids des dettes publiques et privées.

Mais les banques centrales, en dépit de leur monétisation à grande échelle des dettes et de leur création monétaire bien supérieure à la croissance réelle des économies, n’ont pas encore été en mesure de provoquer l’inflation massive attendue étant donné que la plupart des liquidités qu’elles ont créées ex nihilo sont revenues se placer chez elles ou sont allées s’investir dans les pays émergents, dont les perspectives de croissance économique semblent meilleures, et aussi dans les marchés d’actions ou bien dans l’achat d’or et de matières premières financiarisées.

Ces liquidités absorbées dans un « trou noir » (la « trappe » à liquidités déjà expérimentée par le Japon depuis les années 1980-1990) n’étant donc pas rentrées dans les économies réelles occidentales parce que les banques privées ont diminué leurs prêts et que les particuliers ou entreprises ont diminué leurs emprunts, il semble évident que l’Occident non seulement est toujours en récession mais encore est entré en déflation. A cet égard, la chute actuelle des taux d’intérêt à long terme US et allemands, comme la baisse des salaires réels et l’extension du chômage de masse tant aux USA qu’en Europe mais aussi les programmes d’ajustement dits de « rigueur » imposés par le FMI aux Etats lourdement endettés (les PIIGS), sans oublier l’effondrement des prix de l’immobilier aux USA, constituent des facteurs fortement déflationnistes. Voilà où les politiques manipulatrices absurdes des Greenspan, Bernanke et autre Trichet nous ont mené pour avoir sottement crû que leurs banques centrales (ou leurs Etats) étaient en mesure de créer de la croissance économique alors qu’elle ne dépend que des forces du marché libre.

Dans le contexte déflationniste actuel, tous les actifs indistinctement (les actions mais aussi les matières premières et l’immobilier) devraient donc subir des corrections de prix supplémentaires sévères à la baisse jusqu’à ce que leur valeur revienne en ligne avec la réalité des pouvoirs d’achat des populations occidentales et des moyens financiers effectifs de leurs Etats. C’est seulement après la purge précitée qu’une forte inflation pourrait se développer ; mais il sera alors vraisemblablement trop tard pour éviter la crise systémique finale en Occident qui fera passer le pouvoir politico-économique aux BRIC, avec l’émergence progressive du yuan et autres monnaies de ces Etats qui supplanteront alors le dollar US, l’euro ayant quant à lui déjà explosé bien avant.

Comment sortir de la crise avant sa tragique issue finale ?

Il n’y a que deux moyens à mettre simultanément en place pour éviter le double désastre de la déflation d’abord puis de l’inflation ensuite, cette dernière étant à tous égards pire que la première.

A savoir, premièrement, que les Etats et les banques centrales cessent de massivement intervenir dans les économies occidentales, en laissant les ajustements indispensables se produire. Ce qui conduirait à des faillites de grandes banques privées, mais qui pourrait ne pas nuire à leurs déposants dans la mesure où les Etats garantiraient leur remboursement intégral avec intérêts à terme de quelques mois ou de quelques années. Il faudrait aussi séparer strictement les activités des banques privées de dépôts, dorénavant interdites de spéculer pour leur propre compte, et des banques privées d’affaires libres de prendre des risques, que seuls leurs actionnaires auraient à assumer, dans le but de sécuriser au maximum le système bancaire. Les Etats les plus endettés devraient enfin organiser leurs défauts via des restructurations de leurs dettes au lieu de continuer à emprunter des montants toujours plus importants, qui ne font que les enfoncer toujours plus dans des trous noirs parce qu’ils ne seront jamais en mesure de les rembourser.

Mais aussi, secondement, que le Système monétaire international soit réformé par le rétablissement de l’étalon-or qui seul permettra de couper tout lien entre la création monétaire et le pouvoir politique. Tout en mettant un terme au mécanisme des « réserves fractionnaires », permettant aux banques centrales et privées de prêter avec un effet de levier exagéré sans disposer des fonds propres suffisants pour assumer leurs engagements futurs. C’est-à-dire d’en finir avec le sur-endettement étatique comme bancaire public et privé, tout en rétablissant l’équité dans les relations commerciales et monétaires internationales qui doivent rester les plus ouvertes possibles. Ce qui conduirait à la fin des politiques monétaires laxistes cassant le pouvoir d’achat des monnaies actuelles, mais aussi des dévaluations dites « compétitives ».

Autrement dit, il n’y a pas d’autre choix que de sortir définitivement du keynésianisme et de réduire le poids des Etats pour enfin appliquer les principes libéraux de l’Ecole autrichienne d’économie dont on peut vérifier tous les jours le bien-fondé. Ludwig von Mises écrivait que « les crises économiques sont provoquées par les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales ». Charles Rist écrivait qu’ « une monnaie de papier est une créance sur un inconnu, sur un pays ou sur un gouvernement dont personne ne peut prévoir à l’avance les aventures politiques, sociales ou financières et les décisions arbitraires ». Il est grand temps de reconnaitre qu’ils avaient raison et de rétablir l’ordre monétaire pour que les économies puissent recommencer à croître ! En ce sens, la crise actuelle est, aussi et surtout, une crise de l’intelligence puisque tous modèles économiques récents ont échoué et que presque personne ne veut admettre qu’il faut revenir à ceux qui ont fonctionné dans le passé.

Il y a, néanmoins, fort peu de chances que les pouvoirs publics (Etats et banques centrales) renoncent à leurs interventions déstabilisatrices et que les grandes banques privées, qui contrôlent de facto la classe politique en Occident, soient limitées dans leurs opérations spéculatives. De telle sorte que le pire a toutes les raisons de se produire, faute de dirigeants politiques acquis aux idées libérales et possédant des personnalités suffisamment affirmées pour convaincre leurs électeurs d’en finir avec l’étatisme sous toutes ses formes !

Comment placer son argent dans un environnement déflationniste?

Au plan pratique, les détenteurs d’actifs financiers doivent absolument cesser tout type de tactique d’investissement Long-Only ou Buy-and-Hold, dans des marchés dont la caractéristique majeure restera la volatilité et l’absence de tendance soutenue de court et moyen terme, mais recourir systématiquement à des pratiques de gestion Long-Short (sur lesquelles nous pouvons vous informer) comme rester les plus liquides possibles pour saisir les opportunités qui se présenteront pendant la grande purge qui a commencé. Mais aussi aller progressivement vers des investissements en actifs réels parce cette déflation débouchera ultérieurement nécessairement sur l’inflation et que, en cas de destruction encore plus avancée du Système monétaire, il n’y a finalement que l’or qui pourra garder son pouvoir d’achat. Ainsi, aux alentours de 1.470-1.520 l’once, l’or en USD constituerait une opportunité d’achat incontestable en vue d’un fort rebond. En attendant, il faut le traiter Long-Short, par exemple en achetant des options puts contre le physique que l’on peut détenir (qu’il ne faut pas liquider surtout si on le détient en EUR ou en CHF, deux monnaies appelées à s’affaiblir plus encore contre le USD, l’EUR surtout) ou des ETF comme le GLL, ainsi que nous l’avons fait pour nos portefeuilles-clients en gestion dans les banques comme pour notre Fonds d’investissement sur les métaux précieux (Fuchs & Associates Long+Short Precious Metals Investment Fund).



C’est encore la hausse du dollar US (que nous avions parfaitement anticipée) qui exerce une forte pression à la baisse sur les marchés d’actions (comme le S+P500 américain), lesquels sont entrés dans un “bear market” majeur et donc devraient baisser beaucoup, beaucoup, plus; les pires actions dont il faut impérativement se séparer (si l’on ne l’a pas déjà fait) étant celles des sociétés minières aurifères, argentifères et d’autres métaux. Actions qui ne peuvent que s’écrouler, avec la double correction baissière des métaux en particulier et des actions en général. On restera donc long SDS et TLT.



La clef de tous les marchés c’est en fait le prix du cuivre. C’est le seul indicatif à suivre en permanence. Parce que, si sa chute continue, cela voudra dire que la Chine, la plupart des BRIC et autres pays émergents en particulier d’Amérique du Sud, après l’Occident (USA et Europe) et le Japon, sont aussi rentrés dans un processus de récession et donc que l’on va vers le krach boursier mondial des marchés d’actions et des matières premières du type 2008 que tous les Etats et banques centrales seraient parfaitement impuissants à enrayer parce que le prix du cuivre ne dépend que de l’offre et de la demande sur le marché libre et non pas des manipulations des pouvoirs publics. Le cuivre est incontestablement orienté à la baisse (voir le MACD en partie basse du graphique qui commence à peine son renversement baissier) et semble devoir continuer de chuter vers 2,37 USD mais, si ce niveau venait à casser, il pourrait plonger sur son plus bas de 2009 vers 1,25 et alors ce serait la panique généralisée sur tous les marchés financiers, accompagnée d’une hausse explosive du dollar US contre toutes les monnaies (la chute des matières premières étant le seul facteur de nature à lui rendre son pouvoir d’achat). Ce qui voudrait dire… l’euro/USD à 1,20 et le S+P500 à 900-950 voire plus bas!



Pierre Leconte


Article originellement publié ici



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Economiste, essayiste, consultant financier et gérant de fortune, Pierre Leconte préside le « Forum monétaire de Genève pour la paix et le développement ». Il a été membre des bourses des marchés à terme de Londres et de New York. Il a aussi conseillé plusieurs institutions publiques, dont une banque centrale sud-américaine, et travaille actuellement à la création de produits financiers peu risqués, adaptés aux besoins de placement d’investisseurs institutionnels comme privés et de gestion des réserves de change de pays émergents. Pierre Leconte a publié en 2007 : La grande crise monétaire du XXIe siècle a déjà commencé !
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"il n’y a finalement que l’or qui pourra garder son pouvoir d’achat"
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