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Les nombreux
événements récents nous feraient presque oublier que des élections fédérales et
régionales se sont tenues le 25 mai 2014 en Belgique. Comme lors du précédent
suffrage, le Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) est arrivé en tête. Et, comme
habituellement, le système proportionnel a conduit à une grande incertitude
ayant pour conséquence que plus d’un mois après les élections, le
gouvernement n’est toujours pas formé, les alliances étant compliquées à
constituer : à eux tous, les trois partis arrivés en tête ne disposent
pas de la majorité… En outre, les relations entre les Flamands et les Wallons
sont ancestralement
mauvaises, ce qui n’arrange pas la situation.
Jusqu’à
présent, le Premier ministre était socialiste : le « cumulard »,
Elio
Di Rupo, dont le nombre de
mandats n’a jamais cessé d’impressionner. Di Rupo gouvernait avec cinq
autres partis politiques situés entre la droite et la gauche, en passant par
le centre. Plusieurs de ces partis ont vu leurs résultats électoraux baisser
en 2014 mais malheureusement pas au point d’être mis hors-jeu.
Un des membres
de cette coalition a même progressé : le Mouvement réformateur (MR).
Pourtant, s’il est bien un parti qui doit susciter la méfiance, ce sont ces
pseudo-libéraux, désormais dirigés par Charles Michel, dont les effets
d’annonce n’ont jamais été suivis en pratique. À ce titre, il est utile de
relire les chroniques d’Olivier Rach avant les élections. Ce dernier avait
rappelé les (justes) constats effectués par le MR en 2010 : ce parti
avait dénoncé, dans son programme, la pression fiscale insupportable qui
grevait le pays. Comment le démentir ? Une étude relative à l’année 2008
était illustrative quant à cette problématique, la Belgique étant classée 154ème
sur 178 dans le monde… Mais Olivier Rach ne manque pas de rappeler qu’avec le
MR au Budget entre 2010 et 2014, cela n’a pas empêché les impôts et les
dépenses publiques de s’envoler comme jamais, malgré les promesses
contraires ! En 2012, la pression fiscale a atteint le seuil symbolique
de 45%.
Les cadres du MR ont beau jeu d’imputer toute la responsabilité du mal sur le
Parti socialiste. En étant au gouvernement, qui plus est à un des
postes-clés, un tel discours passe difficilement…
Peu avant les
élections, Charles Michel entonnait de nouveau le refrain de l’« électrochoc
fiscal » : il promettait une baisse de l’impôt sur les bas
revenus et sur les sociétés, les personnes percevant moins de 13 000 € par an
voyant même leurs revenus cessés d’être taxés. De tels mensonges auraient dû
discréditer le MR pour un moment. Mais tel n’a donc pas été le cas !
L’électeur porte ainsi une part de responsabilité indéniable dans la chute de
son pays en confortant des politiciens n’hésitant plus à lui mentir de façon
éhontée, voire caricaturale.
Qui plus est,
alors qu’il n’est arrivé que troisième
lors des dernières élections fédérales (avec 20 sièges sur 150), le MR
pourrait finalement rafler la mise. Bart de Wever, le chef de file du N-VA a
demandé au Roi à être déchargé de sa mission
d’informateur du fait, notamment, du refus du Cendre, démocrate humaniste
(CDH) d’entrer dans un tel gouvernement.
Et, contre toute « attente électorale », c’est Charles Michel qui a
été nommé
informateur par le Roi. Ironie du sort, le N-VA, parti vainqueur des
élections, pourrait être exclu
de la coalition.
La suite au
prochain épisode dans un pays qui ne cesse de nous réserver de sacrées
surprises politiques !
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