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Cours Or & Argent en

La face cachée de la production d’or péruvienne

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Publié le 24 juin 2014
1732 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Rubrique : Or et Argent

J’ai regardé le weekend dernier un documentaire au sujet des difficultés rencontrées par ceux qui cherchent à protéger la forêt d’Amazonie, qui se concentre principalement sur le Pérou.

Le documentaire suit le caméraman animalier Charlie Hamilton James alors qu’il observe les 100 acres de forêt tropicale qu’il vient d’acquérir. Il a acheté son terrain dans l’idée de pouvoir au moins protéger une petite partie de la forêt d’Amazonie contre l’exploitation forestière et minière clandestine. Le documentaire ne tarde pas à montrer à quel point Hamilton James a été naïf, et que derrière chaque cas d’exploitation forestière ou minière illégale se cache le combat d’hommes pour leur survie.

Le documentaire fait partie d’une série, mais il a particulièrement attiré mon attention parmi les autres, parce qu’il se penche sur les activités minières illégales au Pérou, ou plus précisément au cœur de la forêt tropicale.

Lorsque l’industrie minière aborde le sujet de l’exploitation minière clandestine, elle fait souvent référence à l’Afrique. Peut-être est-ce un signe des temps qui courent, et qu’on ait pu parler autrefois de la situation en Amérique du Sud, mais je ne m’intéresse pas au sujet depuis assez longtemps pour en avoir souvenir. Je me demande souvent si c’est dû au fait que le Pérou soit un gros producteur d’or qui ne profiterait en rien d’attirer l’attention sur les quantités d’or clandestin qui finissent sur le marché international.

Le Pérou est un gros acteur du marché de l’or

Selon le Ministre péruvien de l’énergie et des minéraux de l’époque, le Pérou est connu depuis longtemps comme « le pays de l’or ». Lorsque nous parlons de l’histoire de l’or, nous en arrivons très rapidement à parler des Incas. Le terme « Inca » fait référence à la fois au peuple péruvien et aux dirigeants de l’Empire. Comme Matthew Hart l’explique dans son terrible ouvrage « Gold: Inside the race for the world’s most seductive metal », les Incas étaient connus pour les quantités d’or qu’ils avaient accumulées, et qui en ont fait des cibles privilégiées pour les explorateurs espagnols partis chercher de nouvelles sources d’or.

Le Pérou est aujourd’hui le plus gros producteur et exportateur d’or d’Amérique du Sud. En 2013, il faisait partie des six plus gros producteurs d’or de la planète, responsables de la moitié de l’or produit globalement.

Un rapport publié en 2013 estime que l’or a représenté 21% des exportations totales du Pérou en 2012. Sa production d’or a représenté 6,5% de la production d’or globale la même année, avec 185 tonnes.

L’industrie aurifère péruvienne a beaucoup d’importance, et contribue grandement à l’économie du pays. Selon un rapport publié par le Conseil mondial de l’or en 2011, 4.500 hommes sont employées directement par les quatre plus grosses mines d’or du pays, et contribuent à 1,4% du PIB. En 2013, l’industrie aurait contribué à l’économie à hauteur de 8 milliards de dollars.

L’exploitation minière clandestine a elle aussi de l’importance

Mais il s’agit là de la face légale de l’industrie. L’exploitation clandestine, connue sous le nom d’exploitation informelle, a été rendue illégale en avril de cette année. Bien que l’aversion du gouvernement pour l’exploitation clandestine soit sans doute liée aux 305 millions de dollars de pertes de recettes fiscales qu’elle engendre, l’industrie détruit activement les forêts, et pollue les rivières sans vergogne.

L’exploitation minière clandestine contribue à la destruction de la forêt tropicale péruvienne plus rapidement que n’importe quelle autre activité industrielle ou clandestine de la région. Selon un article publié par The Guardian, 70km² de forêt de la région de Madre de Dios ont déjà été détruits par l’exploitation minière clandestine.

Madre de Dios est la capitale péruvienne de la biodiversité. C’est aussi une région dans laquelle vivent des communautés très pauvres. Et pourtant, sous les pieds de ces communautés se trouvent un sol empli de monnaie, un sol littéralement pavé d’or. Selon les estimations, le sol de Madre de Dios, un territoire de la taille de l’Autriche, contiendrait plus de 159 tonnes d’or.

L’exploitation minière apporte des richesses et tue en silence

Selon le gouvernement, l’or clandestin représenterait 20% des exportations d’or du pays. Les 4.500 personnes employées par le secteur minier sont en minorité face aux 40.000 personnes qui travailleraient dans l’ombre de l’exploitation minière aurifère.

Comme bon nombre d’autres industries dont les opérations s’avèrent lucratives et bénéficient financièrement aux communautés bien plus que le gouvernement ne pourrait le faire, l’exploitation minière clandestine tire avantage des processus gouvernementaux. Le Haut-commissaire a demandé aux électeurs de rester conscients du pouvoir et de l’influence des mineurs clandestins lors des prochaines élections locales.

Les quantités de monnaie impliquées dans l’exploitation minière illégale sont vastes, et s’expliquent par le risque que sont prêts à courir ceux qui travaillent au sein de l’industrie. Le gouvernement péruvien estime que l’exploitation minière clandestine est désormais plus lucrative que le trafic de drogues. Entre août 2012 et janvier 2015, El Comercio estime que la somme d’argent blanchie par l’industrie aurifère clandestine  devrait augmenter de 50%, une hausse bien plus importante que celle qui devrait être enregistrée par le trafic de drogues.

Empoisonnement au mercure

L’exploitation minière clandestine n’a pas seulement des effets destructeurs sur l’environnement, mais aussi pour ceux qui y sont directement ou indirectement liés.

Le mercure est utilisé dans l’industrie minière depuis des siècles et a encore une présence importante dans l’activité minière clandestine des pays du Tiers-Monde. Selon l’Association pour la conservation de l’Amazonie, « les exploitations minières de petite échelle sont responsables du tiers de la pollution au mercure dans la région. A Madre de Dios, on estime entre 30 à 40 tonnes les quantités de mercure déversées dans l’environnement chaque année ».

Nous savons tous à quel point le mercure est dangereux. Décrit comme étant une neurotoxine, il peut être à l’origine de fausses couches, de lésions cérébrales en cours de grossesse et de cancers.

Du mercure est mélangé à de l’eau dans laquelle sont placés les sédiments qui contiennent des particules d’or. Le mercure s’amalgame avec l’or mais pas avec les autres éléments. La structure argentée qu’on obtient de ce mélange est ensuite réchauffée au-dessus d’une flamme pour que l’or puisse être séparé du mercure. Non seulement l’eau est rendue toxique par ce procédé, du poison est aussi libéré dans l’air pendant le processus d’affinage.

Les niveaux de mercure de la région de Madre de Dios sont célèbres pour être très élevés. Les populations locales s’avèrent pourtant incapables d’effectuer des changements en matière de pratiques d’exploitation.

Lorsque des sédiments contenant du mercure sont rejetés dans les rivières, ils sont absorbés par l’écosystème sous forme de composé organique, le méthylmercure. Lorsqu’il est digéré par des poissons, les gens se retrouvent exposés à des niveaux de mercure près d’un million de fois plus élevé que ceux présents dans l’eau de laquelle proviennent ces poissons. L’Organisation mondiale pour la santé estime que les enfants nés dans la région présentent des niveaux de mercure cinq fois plus élevés que les niveaux considérés inoffensifs. Ceux qui vivent dans les zones urbaines proches de zones polluées présentent des niveaux de mercure deux fois plus importants.

Qu’est-ce qui est fait pour contrer le problème ?

Dans un article du jour publié la semaine dernière, j’expliquais comment le gouvernement péruvien en est arrivé à prendre la décision de placer des explosifs dans les mines clandestines pour tenter de mettre fin à ces activités. Cette décision n’a rien de nouveau. En avril, 400 camions ont été détruits par les autorités, qui ont également dynamité 13 raffineries clandestines évaluées à plus de 30 millions de dollars dans la zone côtière de Chala et Nazca. Deux tonnes d’or ont aussi été saisies.

En février, le gouvernement péruvien a établi un couloir de 500.000 hectares réservé à l'exploitation minière dans la région de Madre de Dios, dans l’espoir que cette zone plus restreinte s’avère plus facile à contrôler.

L’Organisation pour la préservation de l’Amazonie rapporte que le gouvernement s’est engagé à réduire les activités minières clandestines à Madre de Dios de 70% d’ici juillet, et de 100% avant décembre. Tous les mineurs ne pourront pas être découragés. Ils pourront demander à être formalisés et s’engager dans un processus d’un an qui, selon nature.com, consiste en l’établissement d’un projet de travail, d’une étude de leur impact environnemental et de la préparation d’un programme d’assainissement.

Seuls 4.000 mineurs se sont présentés avant la date limite du 13 juin pour demander à être formalisés. Voilà qui suggère que les autres n’ont pas cette intention. Ceux qui ne se plieront pas aux nouvelles régulations peuvent courir une peine de 10 ans d’emprisonnement, bien qu’il puisse s’agir là de menaces en l’air au vu de la richesse et du pouvoir de certaines organisations clandestines.

Mon investissement s’en trouve-t-il affecté ?

Comme nous l’avons déjà précisé dans un article plus ancien, chez The Real Asset Company, nous n’achetons de l’or qu’auprès de raffineries certifiées par le LBMA, notamment Valcambi. Afin de recevoir une telle accréditation, une raffinerie doit se plier aux normes établies par Responsible Gold, qui visent à prévenir de l’or clandestin ou en provenance de zones de conflit d’intégrer le système.

Vers la fin du documentaire, le journaliste était visiblement troublé d’avoir été témoin et pris part à des activités minières clandestines artisanales. Il a déploré le fait que tout cela ne soit fait que pour remettre des tonnes d’or dans un coffre souterrain parce que nous ne sommes pas capables de trouver un autre moyen de supporter notre économie.

La majorité d’entre vous n’ont pas besoin que je leur apprenne pourquoi nous ne soutenons notre économie grâce à rien d’autre que la dette. Si c’était vraiment le cas, pourquoi aurions-nous tant besoin d’or ? Pourquoi continuerions-nous d’en demander après des milliers d’années, et pourquoi en porterions-nous le prix à un niveau tel que des pères de famille soient prêts à s’empoisonner pour nous en vendre ? Parce que l’or est la devise ultime. Parce qu’il transcende frontières et cultures et a pu survivre les épreuves du temps.

Je n’essaie en rien de dire que les gens devraient mettre leur vie en danger, que ce soit leur santé ou leur liberté, pour obtenir de l’or. L’exploitation minière, légale ou non, est destructrice. En tant qu’investisseurs, nous avons le devoir de nous assurer que nous ne supportons pas de pratiques porteuses de tant de dégâts. Nous devrions soutenir les programmes d’éducation et les projets qui visent à encourager des formes plus durables d’exploitation minière.

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