Selon
les économistes Keynésiens, les systèmes
monétaires basés sur un étalon or auraient tout au long
de l’Histoire été à l’origine de cycles de
croissance et de récession. Très récemment,
j’expliquais qu’aucun évènement économique
majeur n’avait été causé par une devise à
la valeur stable. L’objectif d’un étalon or est de
garantir la stabilité de la valeur d’une devise – pour autant
que ce soit possible dans notre monde imparfait – et j’aimerais
ajouter qu’il y est parvenu pendant un certain nombre de
siècles.
Des
cycles de croissance et de récession se sont-ils
développés alors qu’un étalon or était de
vigueur ? Bien sûr que oui. Et pour plusieurs raisons qui
n’ont rien à voir avec
une devise stable.
Ce
que disent vraiment les critiques de l’étalon or
lorsqu’ils le blâment pour l’apparition de cycles de
croissance et de récession est que l’étalon or
prévient la gestion macroéconomique au travers de la
manipulation de devises. Les économistes sont convaincus qu’ils
peuvent se confronter à n’importe quel problème
économique armés de leur boîte à outils de monnaie
de singe.
S’il
y a eu une récession en 1854 ou 1960, ils assument qu’elle
aurait pu être évitée si leur magie monétaire
avait été appliquée. Ils blâment donc
l’étalon or de l’époque pour avoir
empêché une telle ligne d’action.
La
récession, c’est la faute de l’étalon or !
La
gestion macroéconomique par le biais de la manipulation
monétaire est-elle le remède magique à tous les maux
économiques ? Les maîtres de l’argent flou ont eu la
liberté de faire tout ce qu’ils voulaient depuis 1971. Et
pourtant, des récessions apparaissent encore. Au cours de ces
dernières années, Ben Bernanke a
tenté de régler les problèmes du marché
immobilier, de l’insolvabilité des banques et de l’emploi
grâce à des politiques d’argent facile sans
précédent. Ses stratégies n’ont pas
fonctionné. L’amélioration du marché de
l’emploi enregistrée ces dernières années ne peut
être attribuée qu’à des interprétations
statistiques.
Les
vétérans de récessions passées – 2001 et
1992 – se souviennent certainement des raisons que les
économistes ont données pour expliquer l’échec de
leurs tactiques économiques.
Les
avocats de l’étalon or sont parfois accusés de ne rien
faire en cas de relâche économique. Et ces critiques sont
souvent justifiées. Bien souvent, de vrais problèmes ont
été laissés se développer de leur plein
gré, parce que les avocats de l’étalon or pensaient
qu’ils se règleraient d’eux-mêmes. Parfois,
même eux ont réussi à faire s’effondrer leur
économie en recommandant une austérité fiscale ou des
tarifs douaniers.
Nous
pouvons toujours nous attaquer aux ralentissements économiques
grâce à des actions
gouvernementales décisives et effectives. En revanche, ces actions
doivent viser à des améliorations fondamentales plutôt
que d’appliquer une solution d’argent facile à des
problèmes dont les causes ne sont pas monétaires. Il ne faut
pas jouer avec une devise. Cela ne fait que causer plus de problème
que d’en résoudre. Et bien souvent, cela ne sert à rien de
résoudre du tout.
Toutes
ces manipulations monétaires ne sont rien de plus qu’une forme
de dévaluation
de devises, même si ce n’est pas là leur objectif
premier. Avec le temps, la devise perd de sa valeur. Aujourd’hui, le
dollar ne vaut plus qu’1/1700e d’une once d’or.
En 1970, il valait 1/35e d’une once. Quatre décennies
de politiques d’argent facile ont réduit la valeur du dollar
d’un facteur de 48 !
Lorsque
la valeur de la monnaie chute, la valeur des salaires diminue
également. C’est une situation à laquelle on fait face en
augmentant les salaires nominaux, bien que cela ne suffise pas à
régler complètement le problème. Avec le temps, les gens
s'appauvrissent. Sur le long-terme, les manipulations de devises
découlent sur une généralisation de la pauvreté.
C’est la raison pour laquelle la famille Américaine moyenne est
plus pauvre aujourd’hui qu’elle ne l’était en 1968.
Lorsqu’une monnaie ne vaut plus qu’1/48 de ce qu’elle
valait en 1968, il vous faut payer plus pour vous acheter les biens dont vous
avez besoin. Maman doit aussi travailler, et pourtant, cela ne suffit pas.
C’est ainsi qu’entre en jeu les cartes de crédit, les
prêts étudiants, et ainsi de suite – jusqu’à
ce que même ces systèmes ne fonctionnent plus et que la famille
Américaine doive faire face à sa malheureuse
réalité économique.
Peut-être
quarante années supplémentaires suffiront-elles à ce que
la valeur du dollar diminue encore d’un facteur de 48. Le dollar ne
vaudrait ainsi plus qu’1/2304e de sa valeur de 1968. Essayez
d’imaginer à quoi l’économie, et les familles
Américaines, ressembleront. Le prix du litre d’essence sera 48
fois plus élevé. Les salaires augmenteront-ils aussi d’un
facteur de 48 ? Je ne le pense pas.
La
valeur du dollar baissera, et en même temps, le niveau de vie de la
famille Américaine moyenne. Il pourrait se passer un long moment avant
que nous comprenions ce qui ne va pas. L’Argentine a fait
l’expérience d’une devise de médiocre
qualité un siècle durant, et ne cesse d’obtenir les
mêmes résultats de ses interventions répétées.
L’Argentine était autrefois l’un des pays les plus riches
du monde. Aujourd’hui, elle n’est même plus
considérée comme une nation émergente.
Faudra-t-il
attendre un siècle pour que les Américains prennent conscience
de ces principes simples ?
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