Le 22 octobre dernier, Mario Draghi a annoncé que la BCE allait poursuivre
sa politique d’assouplissement monétaire. Qu’est-ce que cela signifie en
clair pour l’économie ? Est-ce que cela va avoir des conséquences sur le
cours de l’or et quel rôle peut jouer l’or dans ce contexte ? Décryptage.
[Mise à jour du 09/12/2015]
Les marchés européens – et en particulier le CAC40 – ont vu rouge après
que la BCE ait annoncé une nouvelle baisse du taux de sa facilité de dépôt,
de -0,20% à -0,30%, et la prolongation de ses rachats massifs de dette
jusqu’en mars 2017. Face à un taux d’inflation plus faible que prévu, la
Banque centrale sort l’artillerie lourde et fait tout pour relancer la
croissance et favoriser le crédit.
Abaisser le taux de dépôt, cela signifie pour les banques qu’elles «
doivent rémunérer la BCE quand elles déposent des liquidités excédentaires
auprès d’elle au lieu de les utiliser pour prêter aux entreprises et aux
ménages, explique Lesechos.be dans son édition du 03/12.
Cette décision peut à terme rendre la rémunération de l’épargne négative,
comme c’est déjà le cas sur les comptes de quelques banques en Allemagne.
Avec des taux de dépôts négatifs, un compte bancaire ne peut rien rapporter.
Ces mesures d’assouplissement quantitatif et de baisse des taux n’ont pas
brillé par leur efficacité (cf le cas du Japon
http://www.loretlargent.info/japon/alerte-effondrement-yen/16442/). Elles ne
font que retarder l’échéance inéluctable d’un affaiblissement monétaire, pour
ne pas dire un effondrement. Les comptes bancaires ne sont décidément pas
conservateurs de pouvoir d’achat !
Résumé de la conférence
Selon le communiqué de presse officiel, la BCE a annoncé que le
principal taux directeur restera inchangé. « Lors de la réunion qui s’est
tenue ce jour à Malte, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé que le
taux d’intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de
la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt demeureront
inchangés, à respectivement 0,05 %, 0,30 % et – 0,20 % ».
Visionner la conférence dans son intégralité sur Youtube
(en anglais).
Quelle est l’efficacité de ces mesures ?
Pour rappel, la Banque Centrale Européenne avait décidé de démarrer un Quantitative
Easing le 21 janvier dernier : un programme de rachat des dettes
souveraines des pays membres de la zone euro par la BCE, visant à injecter de
l’argent dans l’économie en créant de l’inflation. En un an, la BCE a lancé 3
programmes de rachats d’actifs : le rachat d’obligations garanties, l’achat
de titres adossés à des actifs (ABS) et le rachat de dettes publiques (QE).
En baissant les taux, la BCE espère que les investisseurs qui revendent
leurs titres jouent le jeu et réinjectent une partie de cet argent dans
l’économie réelle.
Autant dire que les retombées positives de cette injection
indirecte de liquidités ne seront ni immédiates et encore moins
obligatoires. Même si l’annonce du maintien des taux bas vise à inciter les
Etats, les entreprises et les ménages à emprunter plus facilement, il n’est
pas dit que cela suffise à soutenir la reprise économique et que cela profite
à l’économie réelle. La preuve, près d’un an après, la BCE annonce le
maintien de ses taux bas car la reprise économique n’a pas vraiment été au
rendez-vous en 2015… Elle a même été catastrophique si l’on se réfère au seul
épisode grec qui n’est pas un pays isolé loin de chez nous, mais bien un pays
membre de l’eurozone, toujours en grande difficulté…
Dans un article à charge paru dans le magazine Trends début octobre 2015,
la BCE, accusée de privilégier de façon arbitraire certaines sociétés comme
le fournisseur d’énergie Enel, favoriserait certains titres (italiens)
éligibles au QE. L’exemple grec a en outre montré les décisions trop
politiques d’une institution qui ne respecte pas son devoir de neutralité.
Alors certes, les pays de la zone euro empruntent aux taux les moins chers
de l’histoire, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? En tout cas ce n’est
pas un signe de bonne santé économique et c’est là que l’or
et l’argent peuvent pleinement jouer leur rôle de couvertures de
risques et de valeurs refuges.
Conséquences sur l’or
De là à dire que le Vieux Continent est en récession, il y a un pas, mais
dans un pays où la monnaie subit une dévaluation, l’or se comporte
généralement bien. Il n’y a qu’à voir de quelle façon l’or performe en yen ou en roubles, devise dans laquelle l’appréciation
de l’or a dépassé les 77% en 2014, pour se rendre compte de la très bonne
tenue de route de l’or dans des contextes de dévaluation monétaire.
La baisse de l’euro contribue au repli stratégique des
investisseurs dans des valeurs refuges comme l’or et donc à une
montée des prix.
S’il n’est pas sûr que ce QE à l’européenne créé l’inflation tant espérée, il
devrait en revanche être profitable à l’or qui joue
parfaitement son rôle de refuge en période de dévalorisation monétaire et qui
protège aussi bien les valeurs, le patrimoine, en période d’inflation comme
en période de déflation. En règle générale, quand une monnaie est dévaluée
par un Quantitative Easing, l’or, libellé dans cette devise, remonte. La
baisse de l’euro est donc profitable au cours de l’or.
La conséquence sur le cours de l’or libellé en euro ne s’est pas fait
attendre :
Alors que la reprise de l’or en dollars est moins flagrante :
Les difficultés économiques rencontrées au sein de la zone euro renforcent
l’attrait sécuritaire des métaux précieux. La tendance à la hausse est la
même pour le cours de l’argent.