1. Le magicien de Cambridge.
Le jour où Jacques Rueff a qualifié John Maynard Keynes de "magicien
de Cambridge", c'était dans le texte destiné à la réunion mondiale
de 1976 de la Société du Mont Pèlerin (publié en deux
articles successifs dans le quotidien Le Monde).
Il a été, selon les uns, diplomatique, selon les autres, trop aimable.
Keynes était, en fait, un être malfaisant, pour ne pas dire un
contrefacteur "toxique" de l'économie politique du XXème siècle,
chère aux "élites" de la période (cf. cette vidéo
de Friedrich von Hayek) qui continuent à avoir pignon sur rue en France.
Par "toxique", il faut entendre les actifs financiers du
même qualificatif qu'il a contribués à faire créer avec sa notion absurde de
"préférence pour la liquidité" et que les socialistes n'ont pas
hésité à prendre comme référence dans la décennie 2000 (cf. ce texte
de novembre 2009),
Reconnaissons-le néanmoins, il est difficile de comparer Keynes à Trophim
Denissovitch Lyssenko, l'"économiste" contemporain du parti de
l'U.R.S.S. (cf. ce texte
de septembre 2014), quoique ...
2. Les socialistes.
Avant de s'engager dans d'autre voie, Vilfredo Pareto, un demi-siècle plus
tôt, avait eu l'occasion de distinguer deux grands types de socialistes dans
un article intitulé "Le péril socialiste"
(1900) : les "socialistes orthodoxes" et les socialistes
d'autres types.
Soit dit en passant, Keynes ne l'a pas mentionné dans son ouvrage
de 1936 sur la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de
la monnaie où il dit que tous ces prédécesseurs sont des
"classiques".
Pareto avait insisté sur le fait que, si tout continuait comme cela se
passait à la fin du XIXème siècle,en particulier, à propos de la liberté de
chacun, dans l'avenir, les libéraux auraient plus à gagner que la
politique füt le fait des "socialistes orthodoxes", c'est-à-dire
des communistes, que de tels ou tels autres socialistes.
Rétrospectivement, on peut dire qu'il a "tout faux"... et je le
regrette car il n'a pas eu toujours "tout faux" avant de se laisser
entraîner par la sociologie, "science" toute nouvelle au début
du XXème siècle.
Les propos qu'il avait développés sur les prélèvements obligatoires (dont
la fiscalité) et leurs coûts ignorés des gens et, en particulier, des
statisticiens, ont bien évidemment été dénaturés par les économistes qui
s'y sont référés (cf. ce texte
de juillet 2009).
Récemment, avec François Guillaumat, nous avons essayé de les rétablir
sous l'étiquette "loi de Bitur Camember" et des les approfondir
(cf. ce texte
de mars 2013).
3. L'équilibre économique.
La malfaisance ou la contrefaçon de Keynes a pour origine ce que certains
ont dénommé dans le passé "équilibre économique", au nombre de qui
il y avait Pareto.
La notion d'"équilibre économique" n'a aucune vérité.
Elle est un cocktail de diverses notions autres imaginé par de
prétendus savants depuis le début du XIXème siècle :
- offre de marchandises,
- demande de marchandises,
- égalité du marché des quantités de marchandises,
- quantité de monnaie unitaire convenue par les gens, dénommée
surtout "prix en monnaie" de marchandises,
- tâtonnement ou marchandage des gens sous les yeux d'un intermédiaire,
- équilibre à court ou moyen terme...
- équilibre certain et équilibre incertain ... (cf. ce texte
de mars 2010).
Les savants qui y ont contribué, au nombre de qui il y avait Léon Walras,
socialiste reconnu, professeur d'économie politique prédécesseur de Pareto à
l'école de Lausanne, l'ont construit à partir de la mathématique des systèmes
d'équations linéaires de Gabriel Cramer (1704-1752) au lieu d'approfondir
littérairement, d'une part, le raisonnement de Jean Baptiste Say sur la
"loi des débouchés" (cf. son Catéchisme
de 1815) et, d'autre part, celui de Frédéric Bastiat sur le fait que
"les services s'échangent contre des services" (cf. Harmonies
économiques, 1850).
Heureusement, les économistes dits "autrichiens" par les historiens
de la pensée économique, implicitement marxistes, s'y sont employés.
Toujours sans raison ... sinon celle des économistes stipendiés par
les hommes de l'état, l"'équilibre économique" n'a plus eu, à la moitié
du XXème siècle, comme seule mathématique, celle de Cramer, mais aussi la
toute nouvelle alors du "groupe Bourbaki".
Gérard Debreu (1921-2004) n'a pas hésité à résumer cette mathématique dans
son ouvrage de 1960 intitulé Théorie
de la valeur, en vingt sept "petites" pages (de taille
"moitié de format A4") et en y voyant :
"…
les canons de la rigueur de l'école mathématique formaliste
contemporaine" (cf. op.cit.,
p. x).
Oubliées l'économie politique et la notion de valeur !
Entretemps, des applications mathématiques à des phénomènes physiques ont
aussi été transposées à la notion d'équilibre économique sans raison économique,
sinon le choix par le savant économiste de la méthode analogique ...
C'était l'équilibre des "forces" du marché,
- transposition d'une représentation mathématique du phénomène physique de
la "balance" agrémentée de définitions variées de la notion de
"force" ou
- transposition d'une représentation analogue du phénomène de l'équilibre
chimique (loi de Le Chatelier-Van't Hoff)
où
* soit la monnaie était supposée ne pas exister,
* soit le "coût de la monnaie" était supposé exister et
nul,
mais on ne savait pas trop ce qu'il en était
(cf. ce texte de A. Marget
(1935), "The Monetary Aspects of the Walrasian System", The
Journal of Political Economy, Vol. 43, No. 2, avril, pp. 145-186).
Les règles de droit y ont été mises de côté ou introduites par des
contraintes, des relations inégalitaires ...
La psychologie y a été introduite et renforcée algébriquement ou
statistiquement à partir des élucubrations de Keynes, avec, par exemple,
"les espérances de quoi que ce soit qui seraient
auto-réalisatrices" ...