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Michael Novak, théologien du capitalisme

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Extrait des Archives : publié le 19 janvier 2015
1276 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Descendant d'immigrés slovaques, Michael Novak est né en 1933 à Johnstown, en Pennsylvanie, dans une famille catholique.  Il a consacré sa vie à la théologie, à la philosophie et aux sciences politiques. Après avoir été diplômé de trois universités prestigieuses, Stonehill College, l'Université grégorienne à Rome et l'Université Harvard, il a mené une carrière d'écrivain, de professeur et de chercheur, notamment au sein de l’American Entreprise Institute. Il est aussi ancien ambassadeur américain et ancien conseiller à la Maison-Blanche. Il a écrit plus de 25 livres et a été finaliste du prix Pulitzer en 1979.

 

Un théologien du libre marché, venu de la gauche

 

Michale Novak est un intellectuel issu de la gauche. Dans les années soixante, il milite contre la guerre du Vietnam et rédige des discours du président Kennedy. Mais dans les années soixante-dix, il devient un « néoconservateur ». En forme de boutade, il décrit le néoconservateur comme « un hippy dont les enfants sont devenus adolescents ». Il doit son virage idéologique à sa lecture des écrits d’Irving Kristol, le « parrain » du néoconservatisme de la première génération.  Mais Novak est avant tout un « théologien du libre marché ». Il rejette la « théologie de la libération », inspirée du marxisme, comme solution politique pour l'Amérique latine. Il est convaincu que l'économie libre, telle qu’elle s’est développée en Amérique du Nord, permet la prospérité pour le plus grand nombre.

 

Dans son œuvre, il s’efforce de mettre en lumière les fondements éthiques et théologiques du capitalisme. Tandis que la plupart des intellectuels catholiques défendent une « voie moyenne » entre le capitalisme et le socialisme, Novak plaide pour un « capitalisme démocratique », seule alternative viable au collectivisme socialiste. Il explique notamment que de nombreux enseignements catholiques sur les problèmes sociaux ont été formés dans un monde précapitaliste, celui de la société médiévale aristocratique. De plus, les enseignements pontificaux ont toujours été focalisés sur la juste répartition des biens disponibles, oubliant la production de nouvelles richesses. C’est pourquoi les théologiens ont généralement été critiques du capitalisme.  

 

Mais selon lui, le capitalisme bien compris est non seulement compatible avec la doctrine sociale catholique, elle est également la plus grande force de libération que le monde ait jamais connue. Ce type de capitalisme repose sur l'inventivité, la découverte, la coopération, l’effort, l'initiative, l'ouverture au changement, l'adaptabilité, la générosité, l'expérimentation et la participation volontaire. C’est un capitalisme intrinsèquement social.

 

Dans sa réflexion, Michael Novak est également redevable au philosophe thomiste français Jacques Maritain, qui a vécu et enseigné aux États-Unis un grand nombre d’années. À son propos, il note : « Dans la pensée politique et sociale, aucun chrétien n'a jamais écrit une défense plus profonde de l'idée démocratique et de ses composantes telles que la dignité de la personne, la distinction nette entre la société et l'État, le rôle de la sagesse pratique, le bien commun, l'ancrage transcendant de droits de l'homme » (Michael Novak, « A Salute to Jacques Maritain »).

 

 

 

Une nouvelle interprétation du capitalisme.

 

En 1982, Novak publie un livre qui le rend célèbre, L'esprit du capitalisme démocratique. Un capitalisme démocratique, selon Novak, est un capitalisme pluraliste, qu’il envisage comme « un mode de vie » et qui repose sur trois piliers : l’économique, le politique et l’éthico-culturel. L’économique se caractérise par le libre marché, le politique par la garantie des droits individuels et l'éthico-culturel par la promotion des communautés religieuses, des universités, des associations de toute sorte.

 

En effet, selon Michael Novak, une société libre a besoin pour son entretien et son épanouissement d’une structure à trois étages : au premier étage, il est nécessaire de libérer la créativité et l’esprit d’entreprise. Mais l’économique ne suffit pas, car sans l'autorité de la loi, qui limite le gouvernement et impose le respect des droits naturels, le progrès économique est à peine possible. Enfin la culture est elle-même plus fondamentale que la politique ou l'économie, car sans certaines habitudes du cœur, un amour pour la discussion argumentée et quelques autres dispositions morales et spirituelles, ni une république respectant les droits ni une économie capitaliste dynamique ne peuvent prospérer, ou même survivre. 

 

L'activité fondamentale du capitalisme est dans la vision de l’entrepreneur qui découvre la meilleure façon de répondre à un besoin : « Capital (das Kapital) ne veut plus dire uniquement bétail, terre et même ces choses matérielles que sont les instruments de production. Sa principale signification est désormais Capital Humain, esprit humain, créativité, connaissance, qualification, savoir-faire, esprit d'entreprise, capacité à organiser. On peut dire que Weber parla de cette dimension du capitalisme. Mais on ne peut pas dire qu'il a perçu l'importance centrale du capital humain ni la nature spécifique de l'intelligence capitaliste. Il insista sur la rationalité (cette sorte de calcul qui avance sur un rail) mais il ignora, manqua ou minimisa, la créativité et l'enthousiasme, le goût pour le nouveau, le libre et le flexible. Il cru que l'essence du raisonnement capitaliste réside dans une rationalité calculatrice, une arithmétique entre les moyens et les fins » (The Catholic Ethic and the Spirit of Capitalism). 

 

Une influence considérable

 

En 1985, le syndicat Solidarité en Pologne publie clandestinement un livre de Novak, Pensée sociale catholique et institutions libérales. En Tchécoslovaquie, le Forum civique de Vaclav Havel place L'esprit du capitalisme démocratique, dans son programme d’études clandestines. Margaret Thatcher, enfin, a reconnu dans le penseur américain « celui qui l'a aidé à développer ses arguments sociaux pour le libre marché ».

 

De plus, les travaux de Novak auraient influencé, dit-on, la réflexion du pape Jean-Paul II dans son encyclique Centesimus Annus de 1991. En effet, c’est dans ce texte que, pour la première fois, l'économie libre est qualifiée par un pape de « modèle qu'il faut proposer aux pays du Tiers Monde qui cherchent la voie du vrai progrès ». Il n’est plus question d’une troisième voie entre capitalisme et socialisme.

 

Quoi qu’il en soit, Michael Novak aura apporté une contribution originale au développement de la pensée sociale catholique contemporaine, principalement en aidant l’Église à mieux comprendre la signification chrétienne du capitalisme et ses relations avec la culture.

 

Pour ses travaux, Michael Novak a reçu en 1994 le prestigieux prix Templeton, d’un montant d'un million de dollars. C'est un prix qui encourage le « progrès en religion ». Mère Térésa l'a reçu pour avoir « aidé les enfants oubliés de Calcutta ». Michael Novak l’a reçu pour « avoir élargi la réflexion religieuse au domaine de la démocratie et du libre marché ». Lors de la réception de son prix, il a prononcé ces mots : « J'ai essayé d'orienter ma théologie et mes connaissances économiques en conservant la lutte contre la pauvreté au premier rang de mes priorités. La pauvreté de ma famille d'abord, mais aussi celle des pays d'Amérique Latine, d'Asie et d'ailleurs... Je souhaite que ce soient les pauvres qui bénéficient de ces recherches quant au système politique et économique le plus à même de les sortir de la misère et de la maladie ».

 

À lire :

 

Michael Novak, The Spirit of Democratic Capitalism, Madison Books, 1982. Traduit en français : Une Éthique économique, les valeurs de l'économie de marché, Le Cerf, 1987.

 

Michael Novak, Free Persons and the Common Good, Madison Books, 1988. Traduit en français : Démocratie et bien commun, Le Cerf, 1991.

 

Michael Novak, A Salute to Jacques Maritain. In The Catholic Writer: The Proceedings of the Wethersfield Institute 2 (1989): 65-82.

 

Michael Novak, The Catholic Ethic and the Spirit of Capitalism, Free Press, 1993.

 

Michael Novak, Business as a Calling: Work and the Examined Life, Free Press, 1996.

 

Michael Novak, On Two Wings: Humble Faith and Common Sense at the American Founding, 2001.

 

 

 

 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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