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La
première édition de ce livre est parue en 1946 [1949 pour
l'édition française, NdT]. Au moment où
j'écris ces lignes, nous sommes trente-deux ans plus tard. Au cours de
cette période, combien a-t-on retenu de la leçon exposée
au cours des pages précédentes ?
Si
nous faisons référence aux politiciens — à tous
ces responsables qui ont formulé et imposé les politiques
gouvernementales — pratiquement rien. Au contraire, les politiques
analysées dans les chapitres précédents sont bien plus
fermement établies et répandues, non seulement aux
États-Unis mais presque dans tous les pays du monde, qu'elles ne
l'étaient lors de la première parution.
Nous
pouvons prendre un exemple flagrant : l'inflation. Il ne s'agit pas seulement
d'une politique imposée pour sa propre valeur, mais aussi du
résultat inévitable de la plupart des autres politiques
interventionnistes. Elle apparaît aujourd'hui partout comme le symbole
universel de l'intervention du gouvernement.
L'édition
de 1946 expliquait les conséquences de l'inflation, mais cette
dernière était alors relativement douce. Certes, bien que les
dépenses du gouvernement fédéral de 1926
n'étaient que de 3 milliards de dollars et qu'il y avait un
excédent, les dépenses de l'année fiscale 1946
étaient montées à 55 milliards de dollars et il y avait
un déficit de 16 milliards de dollars. Pourtant, lors de l'année
fiscale 1947, la guerre étant finie, les dépenses
chutèrent à 35 milliards de dollars et il y avait un
excédent d'environ 4 milliards de dollars. Pour l'année fiscale
1978, cependant, les dépenses ont grimpé à 451 milliards
de dollars et le déficit est de 49 milliards de dollars.
Tout
ceci s'est accompagné d'un accroissement énorme de la
quantité de monnaie — de 113 milliards de dollars de
dépôts plus devises hors banques en 1947, à 357 milliards
de dollars en août 1978. En d'autres termes, la quantité de
monnaie active a plus que triplé entre ces deux dates.
L'effet
de cet accroissement de la monnaie a été une augmentation
dramatique des prix. L'indice des prix à la consommation de 1946
s'élevait à 58,5. En septembre 1978, il était de 199,3.
Les prix, en résumé, ont plus que triplé.
La
politique inflationniste, comme je l'ai dit, est en partie imposée
pour ses « mérites ». Plus de quarante ans après la
publication de la Théorie générale de John
Maynard Keynes, et plus de vingt ans après que ce livre eut
été discrédité en détail par l'analyse et
l'expérience, un grand nombre de nos politiciens continuent à
nous recommander sans cesse de plus grandes dépenses et de plus grands
déficits afin de guérir ou de réduire le chômage
existant. Par une ironie consternante, ils font ces recommandations alors que
le gouvernement fédéral a déjà connu un
déficit pour 41 des 48 dernières années et que le
déficit a atteint la somme de 50 milliards de dollars par an.
Par
une ironie encore plus grande, nos fonctionnaires, non satisfaits d'avoir
suivi de telles politiques désastreuses chez eux, réprimandent
les autres pays, en particulier l'Allemagne et le Japon, pour ne pas suivre
eux aussi ces politiques « d'expansion ». Cela rappelle le chien
d'Ésope, qui, lorsqu'il perdit sa queue, exhortait tous ses
congénères canins à couper la leur.
L'un
des pires résultats de la persistance des mythes keynésiens est
qu'ils ne font pas seulement la promotion d'une inflation de plus en plus
grande, mais qu'ils détournent systématiquement l'attention des
causes réelles de notre chômage, tels que les taux syndicaux de
salaires excessifs, les lois sur le salaire minimum, les indemnités de
chômage trop importantes et trop prolongées, les aides
d'assistance trop généreuses.
Mais
l'inflation, bien qu'en partie délibérée, est
principalement de nos jours la conséquence des autres interventions
économiques du gouvernement. C'est, en bref, la conséquence de
l'État Redistributeur — de toutes ces politiques qui consistent
à retirer de l'argent à Pierre afin de le donner à Paul.
Ce
processus serait plus facile à comprendre, et ses effets ruineux plus
facile à exposer, si tout était fait par une mesure unique
— comme le revenu annuel garanti, bel et bien proposé et
sérieusement pris en compte par les comités du Congrès
au début des années 1970. Il s'agissait d'un projet pour
imposer encore plus impitoyablement tous les revenus au-dessus de la moyenne
et pour en distribuer les recettes à tous ceux qui vivent en dessous
de ce que l'on appelait la limite de pauvreté maximale, afin de leur
garantir un revenu — qu'ils aient envie de travailler ou non —
« leur permettant de vivre dignement ». Il serait difficile
d'imaginer un plan plus clairement calculé pour décourager le
travail et la production et pour finalement appauvrir tout le monde.
Mais
au lieu de faire passer une aussi simple mesure unique, et d'apporter la
ruine d'un seul coup, notre gouvernement a préféré
mettre en place une centaine de lois qui effectuent cette redistribution sur
une base partiale et sélective. Ces mesures peuvent passer
complètement à côté de certains groupes
nécessiteux ; et, par ailleurs, elles peuvent arroser d'autres groupes
par une douzaine de variétés différentes de
bénéfices, d'aides et d'autres aumônes. Celles-ci
comprennent, pour donner une liste au hasard : la Sécurité
Sociale [qui, aux E.-U., ne concerne que le système de retraite, et
n'a pas de branche « santé », NdT], « Medicare
», « Medicaid », l'assurance chômage, les bons
alimentaires, les aides aux vétérans, les aides aux fermiers,
les logements subventionnés, les subventions pour les loyers, les
repas scolaires, les emplois publics pour créer du travail, l'aide aux
familles avec enfants à charge et toutes les aides directes de tous
types, y compris l'aide aux personnes âgées, aveugles et handicapées.
Le gouvernement fédéral a estimé que, pour ces
dernières catégories, une aide fédérale a
été donnée à plus de 4 millions de gens —
sans compter ce que font les États et les villes.
Un
auteur a récemment compté et examiné pas moins de 44
programmes d'assistance. En 1976, les dépenses du gouvernement pour
ceux-ci s'est monté à 187 milliards de dollars. La croissance
moyenne combinée de ces programmes entre 1971 et 1976 fut de 25 % par
an — soit 2,5 fois le taux de croissance du produit national brut
estimé pour la même période. Les dépenses
prévues pour 1979 représentent plus de 250 milliards de
dollars. En même temps que la croissance extraordinaire de ces
dépenses d'assistance, on a connu le développement d'une
« industrie nationale d'assistance, » désormais
composée de 5 millions de travailleurs publics et privés, qui
distribuent des paiements et des services à 50 millions de
bénéficiaires [1]
Presque
tous les autres pays occidentaux ont connu un assortiment similaire de
programmes d'aide — bien que parfois plus cohérents et moins
aléatoires. Et pour ce faire, ils ont eu recours à une taxation
de plus en plus draconienne.
Nous
n'avons qu'à regarder la Grande Bretagne, par exemple. Son
gouvernement a taxé le revenu personnel tiré du travail (revenu
« gagné ») jusqu'à 83 %, et le revenu personnel
tiré de l'investissement (revenu « non gagné »)
jusqu'à 98 %. Devrait-il être surprenant que cela ait
découragé le travail et l'investissement, et ait
découragé de manière si profonde la production et
l'emploi ? Il n'existe pas de moyen plus sûr de faire reculer l'emploi
que de pénaliser et de harasser les employeurs. Il n'existe pas de
moyen plus sûr pour faire baisser les salaires que de détruire
toute incitation à investir dans des machines et équipements
nouveaux et plus efficaces. Mais, de plus en plus, ceci tend à devenir
partout la politique des gouvernements.
Et
pourtant, cette taxation draconienne n'a pas rapporté de revenus
permettant d'aller à la même allure que les dépenses
imprudentes du gouvernement et les plans de redistribution de la richesse. Le
résultat fut de creuser des déficits budgétaires
chroniques et de plus en plus profonds, et donc de conduire à une
inflation chronique et en hausse, et ce dans presque tous les pays du monde.
Lors
des trente dernières années, la Citybank de New York a
consigné cette inflation par période de dix ans. Ses calculs
sont basés sur des estimations du coût de la vie publiées
par les gouvernements eux-mêmes. Dans sa lettre économique
d'octobre 1977, il a publié une étude sur l'inflation dans
cinquante pays. Les chiffres montrent qu'en 1976, par exemple, le mark
d'Allemagne de l'Ouest, qui a le meilleur résultat, avait perdu 35 %
de son pouvoir d'achat au cours des dix années
précédentes ; que le franc suisse avait perdu 40 %, le dollar
américain 43 %, le franc français 50 %, le yen japonais 57 %,
la couronne suédoise 47 %, la lire italienne 56 % et la livre
britannique 61 %. Quand nous allons du côté de l'Amérique
latine, le cruzeiro brésilien avait perdu 89 % de sa valeur, les pesos
uruguayen, chilien et argentin plus de 99 %.
Toutefois,
comparé avec les résultats de l'année
précédente ou de deux ans auparavant, l'ensemble des
dépréciations des devises du monde était plus
modéré : le dollar américain se dépréciait
en 1977 au taux annuel de 6 %, le franc français au taux de 8,6 %, le
yen japonais à 9,1 %, la couronne suédoise à 9,5 %, le
livre britannique à 14,5 %, la lire italienne à 15,7 % et la
peseta espagnole au rythme de 17,5 %. Pour ce qui concerne l'Amérique
latine, la devise brésilienne se dépréciait en 1977 au
taux annuel de 30,8 %, celle de l'Uruguay à 35,5 %, celle du
Chili à 53,9 % et celle de l'Argentine à 65,7 %.
Je
laisse au lecteur le soin d'imaginer le chaos que ces taux de
dépréciation monétaire ont produit dans
l'économie de ces pays, et les souffrances infligées aux vies
de millions de leurs habitants.
Comme
je l'ai indiqué, ces inflations, elles-mêmes cause de tant de misère
humaine, étaient à leur tour pour une large part la
conséquence des autres politiques d'intervention économique du
gouvernement. Presque toutes ces interventions illustrent et soulignent de
manière involontaire les leçons de base de ce livre. Toutes furent
décrétées en faisant l'hypothèse qu'elles
apporteraient un bénéfice immédiat à un certain
groupe spécifique. Ceux qui les ont ordonnées n'ont pas
réussi à prendre garde à leurs conséquences
secondaires — n'ont pas réussi à comprendre ce que
seraient leurs effets à long terme pour tous les groupes.
En
somme, en ce qui concerne les politiciens, la leçon que ce livre
essaie d'inculquer depuis plus de trente ans ne semble pas avoir
été apprise où que ce soit.
Si
nous parcourons à la suite les chapitres de ce livre, nous ne trouvons
pratiquement aucune forme d'intervention gouvernementale
désapprouvée dans la première édition qui ne soit
pas encore poursuivie, habituellement avec une obstination accrue. Partout,
les gouvernements essaient de guérir par des travaux publics le
chômage consécutif à leurs propres politiques. Ils
imposent des taxes plus confiscatoires et plus lourdes que jamais. Ils
recommandent encore l'expansion du crédit. La plupart d'entre eux ont
encore le « plein emploi » comme objectif prépondérant.
Ils continuent à imposer des quotas à l'importation et des
tarifs protecteurs. Ils essaient d'augmenter les exportations en
dévaluant leurs monnaies encore un peu plus. Les fermiers se «
battent » encore pour la « parité » des prix. Le
Gouvernement fournit encore des aides à des industries non rentables.
Ils font encore des efforts pour « stabiliser » les prix de
certains biens spéciaux.
Les
gouvernements, qui font monter les prix des biens par l'inflation de leurs
devises, continuent de rejeter la responsabilité des prix
élevés sur les producteurs privés, les vendeurs
privés et les « profiteurs ». Ils imposent des prix
plafonds sur le pétrole et le gaz naturel, ce qui décourage les
nouvelles explorations précisément quand il faudrait le plus
les encourager, et ils ont recours au gel ou au « contrôle
» général des prix et des salaires. Ils continuent de
fixer les loyers en dépit des dégâts évidents que
cela a causé. Ils ne se contentent pas de conserver les lois sur les
salaires minimums mais les augmentent continuellement, malgré le
chômage chronique qu'elles engendrent si clairement. Ils continuent
à faire passer des lois donnant des privilèges spéciaux
et l'immunité aux syndicats ; à obliger les travailleurs
à en faire partie ; à tolérer les piquets de
grève et autres formes de coercition ; et à obliger les
employeurs à entreprendre des « négociations collectives
loyales » avec ces syndicats — c'est-à-dire à leur
concéder au moins certaines de leurs demandes. Le but de toutes ces
mesures est « d'aider le travail. » Mais le résultat est
une fois de plus de créer et de prolonger le chômage et
d'abaisser le montant total des salaires, en comparaison de ce qu'il aurait
pu être.
La
plupart des politiciens continuent d'ignorer la nécessité des
profits, de surestimer leur montant net moyen ou total, de dénoncer
partout les profits inhabituels, de les taxer de manière excessive,
voire parfois de déplorer l'existence même des profits.
La
mentalité anticapitaliste semble gravée plus
profondément que jamais dans les esprits. Chaque fois qu'il y a le
moindre ralentissement des affaires, les politiciens y voient pour cause
principale les « dépenses insuffisantes du consommateur. »
Au moment même où ils encouragent encore plus les
dépenses de consommation, ils entassent les mesures
décourageantes et les pénalités vis-à-vis de
l'épargne et de l'investissement. Leur méthode principale pour
ce faire est aujourd'hui, comme nous l'avons déjà vu, de
s'embarquer dans l'inflation ou de l'accélérer. Le
résultat est que de nos jours, pour la première fois de
l'Histoire, aucune nation n'a d'étalon métallique, et
pratiquement toutes arnaquent leur peuple en imprimant une monnaie de papier
se dévaluant sans cesse.
Pour
ajouter encore un point sur cette pile, examinons la tendance récente,
non seulement aux États-Unis mais aussi à l'étranger, de
tout programme « social » à échapper à tout
contrôle, une fois lancé. Nous avons déjà regardé
le tableau d'ensemble, mais observons de plus près un exemple
éclatant — la Sécurité Sociale aux
États-Unis.
La
loi originale fédérale sur la Sécurité Sociale (Social
Security Act) fut votée en 1935. La théorie qui se trouve
derrière elle était que la plus grande partie du
problème de l'aide résidait dans le fait que les gens
n'épargnaient pas pendant leurs années de travail et que, quand
ils étaient trop vieux pour travailler, ils se retrouvaient sans
ressources. Ce problème pouvait être résolu, pensait-on,
en les obligeant à s'assurer eux-mêmes, et en obligeant les
employeurs à contribuer pour moitié aux primes
nécessaires, de telle sorte qu'ils aient une pension suffisante pour
prendre leur retraite à soixante-cinq ans ou plus. La
Sécurité Sociale devait être un plan d'assurance
entièrement autofinancé, sur la base de principes actuariels
stricts. Un fonds de réserve devait être mis en place, suffisant
pour faire face aux indemnités et paiements futurs, quand il faudrait
les verser.
Cela
n'a jamais marché de cette manière. Le fonds de réserve
a principalement existé sur le papier. Le gouvernement a
dépensé les rentrées de la Sécurité
Sociale dès qu'ils les recevait, soit pour payer les dépenses
ordinaires, soit pour verser des prestations. Depuis 1975, les paiements des
prestations courantes ont excédé les recettes du
système.
On
a pu voir qu'à pratiquement chaque session, le Congrès trouvait
moyen d'augmenter les prestations, d'élargir la couverture et
d'ajouter de nouvelles formes « d'assurance sociale. » Comme l'a
indiqué un commentateur en 1965, quelques semaines après que
l'assurance « Medicare » fut ajoutée : « Des
succédanés de Sécurité Sociale ont
été votés lors de chacune des sept années
d'élection générale précédentes. »
Au
fur et à mesure que l'inflation se développait et progressait,
les prestations de la Sécurité Sociale ont augmenté non
seulement proportionnellement à cette inflation mais bien plus. La
méthode politique habituelle consistait à payer les prestations
dans le moment et à repousser les coûts pour le futur.
Cependant, ce futur finissait toujours par arriver : et lors de chacune des
années suivantes, le Congrès devait augmenter les taxes sur les
salaires payées par les employés et par les employeurs.
Non
seulement les taux d'imposition augmentaient sans cesse, mais il y avait une
augmentation constante du montant prélevé sur le salaire. Dans
le projet original de 1935, la partie du salaire taxé n'était
que les premiers 3 000 $. Les premiers taux d'imposition étaient
très bas. Mais entre 1965 et 1977, par exemple, la taxe de
Sécurité Sociale monta de 4,4 % sur les premiers 6 600 $ du
salaire (payé par l'employeur comme par le salarié) à
11,7 % (valeur cumulée) sur les premiers 16 500 $. (Entre 1960 et
1977, l'impôt total annuel augmenta de 572 %, soit environ 12 % par
ans. Il est prévu d'aller beaucoup plus haut.)
Au
début de 1977, le passif de la Sécurité Sociale
était officiellement estimé à 4 100 milliards de
dollars.
Personne
ne peut dire aujourd'hui si la Sécurité Sociale est
réellement un programme d'assurance ou simplement un système
d'aide juste un peu compliqué et mal construit. On assure au gros des
bénéficiaires actuels qu'ils ont « gagné »
et « payé » pour leurs prestations. Et pourtant, aucune
compagnie privée d'assurance ne pourrait se permettre de payer le niveau
des prestations existantes à partir des « primes » effectivement
reçues. Au début de 1978, quand les travailleurs à
faibles revenus prenaient leur retraite, leurs pensions mensuelles
représentaient généralement 60 % de ce qu'ils gagnaient
en travaillant. Les travailleurs à revenus moyens touchaient environ
45 %. Pour ceux qui avaient des salaires exceptionnellement
élevés, le rapport tombait à 5 ou 10 %. Si l'on pense
à la Sécurité Sociale comme à un système
d'aide, c'est un système d'aide étrange toutefois, car ceux qui
ont déjà perçu les salaires les plus élevés
touchent les prestations les plus élevées.
La
Sécurité Sociale est toutefois encore aujourd'hui sacro-sainte.
Il est considéré comme politiquement suicidaire de la part d'un
membre du Congrès de suggérer des coupes en ce qui concerne non
seulement les prestations actuelles mais aussi les prestations futures. Le
système américain de Sécurité Sociale devrait
représenter de nos jours le symbole effrayant de la tendance
inévitable de toute aide, redistribution ou plan « d'assurance
» nationaux, à échapper à tout contrôle, une
fois mis en place.
En
bref, le problème principal auquel nous avons à faire face, de
nos jours, n'est pas un problème économique mais un
problème politique. Les bons économistes sont fondamentalement
d'accord en ce qui concerne les choses qu'il conviendrait de faire. Presque
toutes les tentatives du gouvernement pour redistribuer richesse et revenu
tendent à étouffer les encouragements à la production et
conduisent à un appauvrissement général. Il est du
rôle du gouvernement de créer et de faire respecter un cadre de
droit qui interdise la violence et la fraude. Mais il doit s'abstenir de
toute intervention économique particulière. Le rôle
économique principal du gouvernement est d'encourager et de
préserver le marché libre. Quand Alexandre le Grand rendit
visite au philosophe Diogène et lui demanda s'il pouvait faire quelque
chose pour lui, Diogène lui répondit : « Oui,
ôte-toi de mon soleil. » C'est ce que chaque citoyen a le droit
de demander à son gouvernement.
Les
perspectives sont sombres, mais pas totalement sans espoir. Ici et là,
on peut voir une lumière dans les nuages. De plus en plus de personnes
deviennent conscientes du fait que le gouvernement n'a rien à leur
donner qu'il n'ait pris auparavant à quelqu'un d'autre — ou
à eux-mêmes. Des aumônes en augmentation données
à des groupes sélectionnés signifient augmentations
d'impôts ou déficits et inflation accrus. Et l'inflation, au
final, fourvoie et désorganise la production. Même quelques
politiciens commence à le reconnaître, et certains d'eux le
déclare même publiquement.
En
outre, il y a des signes clairs d'un changement de doctrine dans les
sphères intellectuelles. Les keynésiens et les partisans du
« New Deal » semblent entamer une lente retraite. Les
conservateurs, les libéraux et les autres défenseurs de
l'entreprise libre ne mâchent plus leurs mots et s'expriment plus
clairement. Et ils sont plus nombreux. Parmi les jeunes, il y a une rapide
croissance de l'école des économistes « autrichiens
».
Il
existe un véritable espoir que la politique publique puisse être
inversée avant que les dommages résultant des mesures et des
tendances existantes ne deviennent irréparables.
Note
[1] [1] Charles D. Hobbs, The Wefare
Industry (Washington, D.C. : Heritage Foundation, 1978).
Remerciements
: Hervé de Quengo, et traduction par Mme Gaëtan Pirou
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