Aujourd'hui,
personne à Washington ne croit une minute que les déficits sans
cesse croissants vont être réduits un jour. Rien qu'en mars, le
gouvernement fédéral américain
généré un déficit historique de 85 milliards de
dollars. Les dépenses supplémentaires courantes du
Congrès sont passées de 92 milliards de dollars à plus
de 106 milliards, et chacun sait que cela ne provoquera pas le moindre veto
du président Bush. L
Les
plus avertis savent que l'inflation de la masse monétaire va non
seulement continuer, mais également accélérer. Cette
anticipation, en plus du fait qu’une grande quantité de dollars
créés au cours des 15 dernières années n'a pas
été encore totalement pris en compte par le marché,
garantit une dépréciation plus sévère du dollar
en termes d'or.
Il
n'existe plus aucun indicateur permettant de mettre à jour les actions
de la Fed ces quelques dernières années ou nous expliquant
exactement ce qu'elle va faire dans le futur. Oublions l'intérêt
de pure forme que manifeste Bernanke, le nouveau
président de la Fed, pour la transparence. Non seulement cette
administration est l’une des plus secrètes de notre histoire,
mais aujourd'hui la Fed refuse fermement au Congrès, à la
communauté financière et au peuple américain
l’outil de mesure le plus important de la politique monétaire
actuelle. À cause d'un manque d'intérêt et d'une mauvaise
compréhension de la politique monétaire, le Congrès
n’a exprimé sur le fond aucune inquiétude concernant
l’arrêt de la publication des statistiques de la masse
monétaire.
Depuis
mars dernier, la banque centrale a cessé de compiler et de publier
l'agrégat monétaire connu sous le nom de M3. M3 est la
meilleure description de la vitesse à laquelle la Fed crée de
la monnaie et du crédit. Le bon sens nous dit lorsque la banque
centrale d'un gouvernement crée de l’argent à partir de
rien, la conséquence naturelle est la dévaluation de chaque
dollar en circulation. Malgré l’importance de cet outil, il a
disparu sans que le Congrès n'a fait la
moindre demande pour continuer de le recevoir.
La Masse
Monétaire Américaine mesurée par M3 croit au taux de 17%
par an annualisés (Mars 2008)
Source :
http://www.shadowstats.com/alternate_data
(reconstitution)
Cela
dit, bien que M3 soit l'outil statistique le plus utile pour suivre
l'activité de la Fed, il ne nous permet pas de prévoir les
tendances de la politique monétaire. Le crédit bancaire total,
encore disponible, nous fournit des informations indirectes reflétant
les politiques inflationnistes de la Fed. Mais les marchés finiront
par comprendre exactement les activités de la Fed, et alors les
particuliers, les institutions financières, les gouvernements et les
autres banques centrales agiront en conséquence. Le fait que la masse
monétaire américaine augmente de manière significative
ne peut pas être totalement caché aux marchés.
La
réaction qui s'ensuivra fera baisser le dollar, tout en faisant
augmenter les taux d'intérêt et les prix des matières
premières. Cette tendance est déjà en train de se
développer, va continuer à accélérer dans le
futur. Une partie de cette réaction viendra de ceux qui sont à
la recherche d'un refuge pour protéger – et non investir –
leurs actifs, en traitant l’or et l’argent métal comme les
monnaies universelles et historiques. En pratique, cela signifie se
défaire de ses dollars, - dont la valeur baisse -, et acquérir
de l'or, dont la valeur augmente.
L'augmentation
du prix de l'or représente un vote de défiance dans la banque
centrale et le dollar, comme ce fut le cas en 1979 et 1980. Aujourd'hui, le
prix de l'or reflète une inquiétude grandissante concernant
l'augmentation de la masse monétaire, des déficits budgétaires
et commerciaux, des dettes sans garantie et de l'incapacité du
Congrès et du gouvernement à maîtriser la croissance
galopante des dépenses publiques.
Nous
priver d'informations statistiques, manipuler les taux d'intérêt
et essayer de maîtriser artificiellement le prix de l'or ne servira
à rien sur le long terme. Si les marchés sont dupés sur
le court terme, cela implique seulement que les ajustements seront bien plus
sévères par la suite. Et dans le même temps, d'autres
déséquilibres boursiers se développeront.
La
Fed tente de maintenir la folie dépensière des consommateurs
non pas grâce au travail et à l'épargne, mais en
créant des richesses artificielles dans des bulles boursières
et immobilières. Lorsque ces distorsions auront suivi leur cours et seront
découvertes, les corrections seront très douloureuses.
De
la même manière, un système de monnaie fiduciaire
encourage la spéculation et des emprunts peu sûrs. Lorsque les
problèmes surviennent, on cherche des boucs émissaires et on
les trouve fréquemment dans les pays étrangers. Cela incite
beaucoup de gens à demander une modification des taux de change et des
mesures protectionnistes, et nous pouvons déjà constater que ce
type de solutions recueille chaque jour de plus en plus de voix.
Bien
que chacun décrie l'inflation, les déséquilibres
commerciaux, les baisses économiques et les déficits
fédéraux, peu nombreux sont ceux qui étudient de plus
près notre système monétaire et la manière dont
ces événements sont étroitement liés. Même
s'il était reconnu qu'un étalon-or sans inflation
monétaire serait avantageux, rares sont ceux à Washington qui
accepteraient les inconvénients politiques qu'imposerait de vivre avec
la discipline de l'or, puisque celui-ci sert de contrôle à la
taille et au pouvoir du gouvernement. La situation actuelle est
déplorable. La meilleure analogie à la propension de notre
gouvernement à dépenser, à emprunter et à
créer de l'inflation est celle du drogué qui sait qu’il
mourra s’il n'arrête pas, mais qui ne peut arrêter à
cause de la difficulté de vaincre la dépendance. Faire le bon
choix est très difficile, mais rester dépendant à la
drogue garantit la mort, de la même manière que notre addiction
au déficit, aux dépenses, à la dette et à
l'inflation garantit l'effondrement de notre économie.
Les
groupes d'intérêts, qui se battent avec acharnement pour
l’obtention des dollars fédéraux, veulent
perpétuer le système plutôt que d’admettre leur
dangereuse dépendance. Ceux qui défendent les aides sociales
pour les pauvres, les droits des classes moyennes, ou les contrats pour les
grands fournisseurs militaires, sont tous d'accord pour maintenir la
capacité de la FED de fabriquer de la monnaie fiduciaire.
Les
banquiers, grands bénéficiaires du système de
réserve fractionnaire, ne critiquent jamais la Fed non plus, d'autant
qu'elle est le prêteur de dernier recours qui renfloue leurs
institutions en cas de crise. Et ils en profitent. Les groupes
d'intérêts et les banquiers se font régulièrement
renflouer, comme nous l'avons vu avec la crise du fonds Long-Term Capital Management il y a quelques
années. Dans le passé, des compagnies telles que Lockheed et
Chrysler en ont également bénéficié.
Mais
ce que la Fed ne peut pas faire, c’est garantir que le marché
maintiendra sa confiance dans la valeur du dollar. La politique actuelle
garantit que l'intégrité du dollar sera ébranlée.
Il est impossible de prédire avec exactitude quand cela se produira,
ni quelle sera l'étendue des dégâts sur le système
financier, mais cela va arriver. Beaucoup de nuages s’amoncellent
à l’horizon.
(à suivre…)
Ron
Paul
Membre du Congrès Américain
www.house.gov/paul
Ron Paul est
membre du Congrès Américain, où il représente le
14° District du Texas, et a
la réputation d’être un des principaux défenseur
des libertés. Il est
l’avocat à Washington d’un gouvernent limité,
d’une fiscalité très faible, de marchés libres, et
d’un retour à des pratiques monétaires saines
fondées sur une monnaie gagée sur un actif réel. Il est candidat à
l’élection présidentielle américaine de 2008 (http://www.ronpaul.org/)
Traduit et publié avec
l’autorisation de Ron Paul. Tous droits réservés.
|