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LA CHINE ENTRE BRUTALEMENT DANS LA CRISE

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Published : June 25th, 2013
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Category : Editorials

Les évènements financiers qui secouent ces derniers jours la Chine sont lourds de conséquence pour l’économie mondiale qui n’en avait pas besoin. Le pays, dont la croissance était supposée tirer celle du monde, partage et subit la décélération enregistrée que ce dernier connaît. Les exportations ne progressent plus et il sera difficile de réaliser les 7,5% de prévision de croissance de cette année. Le grand marché mondial unique est atteint, la mondialisation est en panne et la multiplication des accords commerciaux bilatéraux ou régionaux ne relancera pas une croissance à l’élan brisé par la crise financière.

Les autorités chinoises avaient anticipé ses effets en ouvrant les vannes de la Banque populaire de Chine (BPOC), inondant de liquidités le système bancaire, avec comme intention la relance du marché intérieur en substitution aux exportations en baisse. Mais cela ne s’est pas passé ainsi. Au lieu d’amortir le choc provenant de la baisse des exportations, la masse de liquidités a alimenté une croissance effrénée du crédit finançant des réalisations faramineuses, notamment immobilières. L’inflation qui en a découlé a touché les prix des produits alimentaires de base, suscitant des mouvements sociaux et l’inquiétude des autorités.

Dans un premier temps, celles-ci se sont efforcées d’endiguer ce danger en augmentant classiquement, à plusieurs reprises, le montant des réserves obligatoires des banques à la banque centrale, afin de les inciter à restreindre le crédit. Mais rien n’y a fait, d’autant que le système bancaire parallèle s’était mis de la partie, lui même grossissant et florissant, empruntant aux grandes banques contrôlées par l’État pour contribuer à distribuer le crédit de manière incontrôlée. Insensiblement, l’État voyait son contrôle de l’activité financière s’amoindrir et la bulle financière gonfler, avec le risque de son brutal éclatement.

L’agence Fitch a dressé un tableau impressionnant, dont Ambrose Evans-Pritchard a rendu compte la semaine dernière dans le Daily Telegraph. En 5 ans, le ratio du crédit par rapport au PIB est passé de 75% à 200%, une progression sans précédent dans le monde entier. Le système bancaire informel, très opaque, contribue aujourd’hui à près de la moitié du crédit, selon ses estimations, et les banques du secteur formel sont exposées au défaut de ses acteurs informels pour leur avoir prêté des fonds importants. Les investissements ont généré des sur-capacités massives des moyens de production et de logements, affectant la valorisation de ces actifs sur lesquels repose au final la montagne des crédits accordés.

Un coup d’arrêt était impératif, dont la BPOC a été à nouveau chargée. Sur ordre, celle-ci a brusquement cessé de pallier la défaillance du marché interbancaire, dont le taux a alors explosé pour dépasser 25%, l’asséchant et étranglant des banques qui n’avaient plus confiance et ne se prêtaient plus entre elles. La BPOC est finalement intervenue, injectant 50 milliards de liquidités, une rude secousse étant intervenue. Toutefois, si la finance informelle s’est considérablement développée, l’État conserve sa maitrise des grandes banques et peut, comme il l’a déjà fait dans d’autres occasions, les renflouer via la BPOC. Un tel arrêt brutal n’est toutefois pas sans imprévus et des rumeurs circulent à propos du défaut d’un établissement bancaire et du renflouement d’un autre.

Les similitudes avec la crise du système bancaire des pays développés n’en restent pas moins frappantes. Arrêter des mesures exceptionnelles n’est pas chose simple, comme la Fed l’expérimente actuellement à sa manière, en raison de l’addiction créée. Mais cela ne s’arrête pas là, en raison de la rapidité avec laquelle l’endettement s’est développé et de l’apparition de produits de placement à haut rendement (des instruments qui n’apparaissent pas au bilan des banques et qui regroupent en particulier des prêts titrisés dans le secteur informel, d’après Fitch). L’agence de notation estime à l’équivalent en yuans de 1.600 milliards d’euros l’encours de ces produits, ce qui représente plus de 16% du total des dépôts bancaires chinois. L’endettement des structures de la finance informelle est pour moitié à court terme (trois à dix mois), et celles-ci risquent vite de ne pas pouvoir se refinancer auprès des banques et à faire défaut. À charge pour ces dernières d’encaisser le choc avec l’aide de la BOPC. Le retrait de grandes banques d’affaire américaines avait été un signal qui n’avait pas été perçu en dehors des milieux familiers avec la finance chinoise.

Que peut-il se passer ? La croissance de l’endettement, de plus en plus utilisé pour payer les intérêts des dettes précédentes, ne pouvait se poursuivre sans danger, mais le désendettement va être douloureux. Des difficultés supplémentaires d’accès au crédit sont à attendre. Chargeant le secteur financier informel, l’agence de presse Xinhua fait état d’une « mauvaise allocation des ressources » et de la nécessité que les liquidités servent désormais l’économie réelle et favorisent la croissance. Reste à le réaliser. L’enjeu va être la réduction du poids de ce secteur avec la fermeture du robinet du crédit bancaire officiel, pénalisant au passage les PME qui n’ont pas accès au crédit des grandes banques d’État, car il est dans les faits réservé aux grandes entreprises publiques. La relance a échoué et la baisse de la croissance économique – dont on ne connait pas la réalité, masquée par une comptabilité nationale à la fiabilité douteuse et aux chiffres politiques – va se poursuivre et atteindre d’avantage l’appareil productif, avec pour conséquence une baisse de l’emploi et des troubles sociaux accrus en prévision.

Que peut faire le régime s’il ne se décide pas à employer les grands moyens en engageant résolument la réorientation de l’activité économique en faveur du marché intérieur, en raison tant de ses divisions internes que des intérêts en jeu à préserver ? Peut-être n’assistons-nous qu’au premier acte, mais l’immobilisme peut aussi prévaloir. La nécessité de s’appuyer sur les mécanismes de marché – et non sur les investissements de l’État – pour relancer l’économie sur de nouvelles bases est en attendant toujours officiellement revendiquée (on se rappelle les appels au développement de l’industrie légère sans succès en URSS !). Car le rendement des investissements publics ne cessaient de décroitre au fur et à mesure qu’ils augmentaient, et la croissance diminuait tandis que les déséquilibres financiers s’approfondissaient. Li Keqiang, le premier ministre, vient à nouveau de déclarer : « il faut revitaliser l’investissement privé et la dépense grâce à la dérégulation et d’autres réformes ». Va-t-il mettre en place un filet de sécurité, étant donné les conséquences sur les travailleurs migrants de la diminution de la croissance ? C’est de toute façon la fin d’un modèle, sans que le suivant ne soit encore apparu.

Il ne faut pas s’y tromper : la crise chinoise a bien entendu des aspects spécifiques – tout comme l’américaine, l’européenne ou la japonaise – mais elle participe de l’instabilité chronique qui parcourt le monde dans son ensemble, étant donné leurs dépendances réciproques. À son tour, la Chine est entrée dans la crise de la dette, alors que la mondialisation n’est plus, même dans son cas, porteuse de la croissance d’antan. Les promesses de celles-ci ont tourné au désastre, sous l’impulsion du capitalisme financier.

Les dirigeants chinois, qui avaient agité le drapeau d’une réforme du système monétaire international (SMI), ne l’évoquent plus dans les grandes réunions internationales. Ils se contentent de préparer l’avenir en augmentant le poids du yuan dans les échanges commerciaux mondiaux – en particulier lorsqu’ils sont Sud/Sud – et d’accroître lentement sa convertibilité. Un premier accord européen de swap monétaire vient d’être signé entre la Chine et le Royaume-Uni, suite à une vingtaine d’autres. Les obstacles dressés à tout aggiornamento du SMI, même limité, reflètent le poids toujours déterminant des États-Unis, mais pour qui le temps joue-t-il ? Rien ne peut empêcher la poursuite de ce travail de sape.

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Tout ceci était prévisible.
Le processus de développement de la Chine est encore trop extraverti... trop dépendant des marchés extérieurs des pays "développés" où la concurrence par les prix est féroce.
La Chine aurait du autocentrer son développement par le développement du marché intérieur... mais c'est là où réside le paradoxe.
Pour développer le marché intérieur, il faut créer une demande solvable croissante.... cela implique une augmentation du pouvoir d'achat de la population... notamment à travers l'augmentation des salaires qui induit l'augmentation des coûts... et la baisse de la compétitivité-prix internationale.
Les entreprises ayant délocalisé en Chine pour profiter des bas salaires, se re-délocaliseront dans des zones où les salaires sont encore plus bas : Viet-Nam par exemple...
Autrement dit, dans un contexte de libre-échange des biens, des services et des capitaux, les pays émergents n'émergeront pas, ils sombreront comme les autres.
Ils stockent en grande quantité de l'or, du riz, et même du lait en poudre pour bébé.
Savent-ils quelque chose que l'on ignore ?

Non tout va bien, c'est bientôt les vacances, payée avec nos maigres économies de toute une année, chantons avec les cigales, l'hiver est encore loin.
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les agences de notation ne sont qu un instrument du cartel bancaire pour obtenir la « bonne crise majeure »
un plan orchestrer pour semer le chaos mondial une replique mondial et bien pire que la crise de 1929
ne serait ce pas que le but ultime soit l instauration d une dictature financière mondiale des grandes banques ou l esclavage par la dette aurait ete le carburant

« La présente fenêtre d’opportunité, durant laquelle un ordre mondial pacifique et interdépendant peut-être construit, ne sera pas ouverte pour très longtemps. Nous sommes à l’orée d’une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est une crise majeure appropriée, et les nations accepteront le Nouvel Ordre Mondial.»

David Rockefeller, 23 septembre 1994

mais le yuan pourrais devenir la nouvelle monnaie de réserve mondiale une monnaie saine adossée a l or (yuan or ) et ca les us feront tout pour empêcher ce projet c est évident
pourquoi la chine achete autant d or et de minière surement pas pour se faire des colliers et des bagues !!
La Fed en faillite depuis le 6 janvier 2011
http://www.crashdebug.fr/index.php/divers/3109-la-fed-en-faillite-depuis-le-6-janvier-2011

Louis Thomas McFadden avait denonce les agissements de la fed et apres deux tentatives d assassinat il fut empoisonner le 1 er octobbre 1936
Extrait de son célèbre discours du 10 juin 1932 devant la Chambre des représentants

Monsieur le Président, nous avons dans ce pays une des institutions les plus corrompues qui ait jamais existé dans le monde. Je fais référence au Conseil de la Réserve Fédérale et aux banques de la Réserve Fédérale. Le Conseil de la Réserve Fédérale, un conseil gouvernemental, a fraudé le gouvernement des États-Unis d'assez de monnaie pour payer la dette nationale. Les déprédations et les iniquités du Conseil de la Réserve Fédérale et des banques de la Réserve Fédérale agissant ensemble ont coûté à ce pays assez de monnaie pour payer plusieurs fois la dette nationale. Cette institution diabolique a appauvri et ruiné le peuple des États-Unis; s'est elle-même mise en banqueroute, et a pratiquement mis en banqueroute notre Gouvernement. Elle a fait ceci grâce aux défauts de la loi sous laquelle elle opère, grâce à la mauvaise administration de cette loi par le Conseil de la Réserve Fédérale et grâce aux les pratiques de corruption des vautours qui la contrôlent.

Ce qu'il faut ici est un retour à la Constitution des États-Unis. Il nous faut un divorce complet de la Banque et l'État. La vieille lutte qui fut menée ici à l'époque de Jackson doit être à nouveau menée... L'Acte de la Réserve Fédérale doit être abrogé et les Banques de la Réserve Fédérale, ayant violé leurs chartes, doivent être immédiatement liquidées. D'infidèles fonctionnaires du Gouvernement qui ont violé leurs serments doivent être mis en accusation et amenés au tribunal. À moins que nous le fassions, je prédis que le peuple américain, outragé, volé, pillé, insulté et trahi comme il l'est dans son propre pays, se mettra en colère et enverra ici un Président qui expulsera les manipulateurs de la monnaie hors du temple.

« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat.
Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie,
les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession,
d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis »

Thomas Jefferson (1802

William Lyon Mackenzie, ancien Premier ministre de Canada qui a nationalisé les banques du canada.
« Tant que le contrôle de l’émission des devises et des crédits ne sera pas redonné au gouvernement, et reconnu comme sa responsabilité la plus évidente et la plus sacrée,
toutes les paroles au sujet de la souveraineté du Parlement et de la démocratie resteront vaines et futiles..
Une fois qu’une nation perd le contrôle de son crédit, peu importe qui fait les lois de la nation… »
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Il avait DEJA tout compris et les politiciens francais toujours à la préhistoire .
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Le cygne noir que j'attendais ?
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Skettage en règle là -bas !
Les minières vont être achetables .
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Tout ceci était prévisible. Le processus de développement de la Chine est encore trop extraverti... trop dépendant des marchés extérieurs des pays "développés" où la concurrence par les prix est féroce. La Chine aurait du autocentrer son développement pa  Read more
Bernard Conte - 6/29/2013 at 10:42 AM GMT
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