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Paris
intramuros – aéroport Roissy-Charles de Gaulle, quelles options
de transport à part le RER ? Un taxi coûte environs 60
euros, mais le prix peut facilement augmenter s’il y a des
embouteillages, s’il s’agit d’un horaire nocturne, si le
taxi est commandé à la maison, s’il y a plusieurs
passagers, ou encore s’ils ont des bagages. Le prix d’une navette
porte-à-porte (partagée avec d’autres personnes) est en
revanche de 27
euros environ et peut descendre jusqu’à 17 euros.
En
ce qui concerne le prix, cette dernière option semble de loin la plus
intéressante. Depuis 2008 moment où Luc Châtel a fait
adopter une loi autorisant les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), ce
type de service s’est beaucoup développé et l’on
compte plusieurs milliers de chauffeurs travaillant à leur propre
compte ou pour des agences de transport en région parisienne. La
croissance exponentielle de ce secteur, soutenue par une demande toujours
plus importante (qui va de pair avec la croissance du nombre de voyageurs
pour les compagnies aériennes low-cost) et surtout par les prix très
élevés des taxis traditionnels, laisse facilement entrevoir
l’existence d’une véritable opportunité
d’affaire dans le domaine du transport des personnes.
Les
taxis semblent avoir du mal à réagir face à cette
nouvelle concurrence. Les raisons pour lesquelles ils se trouvent
démunis devant la concurrence des VTC sont à chercher dans l’ensemble
des réglementations qui encadrent assez strictement leur
activité (tarifs, nombre d’heures etc.), et surtout dans la limitation
des licences. Celles-ci ne peuvent être obtenues
qu’après quinze ou dix-sept années d’attente et
à condition de travailler de nuit les trois premières
années, ou bien en les achetant
à ceux qui en détiennent déjà une pour environ
200 000 euros.
Comme
on pouvait s’y attendre, au lieu de mener une concurrence loyale
à travers des prix plus attrayants (en proposant par exemple des
voitures partagées pour des destinations comme les aéroports),
les taxis cherchent à éliminer leurs concurrents en
s’appuyant sur leur syndicat représentatif, la Fédération Nationale des Taxis (FNT). Face à la concurrence des VTC, elle
est montée au créneau pour demander au gouvernement
d’encadrer cette activité comme il le fait déjà
pour les taxis. Plus récemment, le gouvernement a proposé un
projet de loi sur la consommation (examiné en ce moment même par
le Parlement) qui devrait interdire aux chauffeurs de VTC de racoler des
clients dans la rue. Parallèlement à ce projet de loi, le
gouvernement a décidé d’imposer aux VTC un délai
entre le moment où la commande est passée et le moment
où le client est effectivement pris en charge, comme une forme de
handicap au départ.
Le 11 octobre, le
gouvernement est revenu sur sa décision précédente du 10
octobre en choisissant de ne pas imposer de temps d’attente aux clients
abonnés des VTC. Dans un communiqué commun, le
ministre de l'intérieur Manuel Valls et la ministre du tourisme
Sylvia Pinel ont annoncé
que le seul cas où ce délai ne s’appliquera pas sera « la prise en charge
d'un client à partir d’un hôtel haut de gamme ou à
l’occasion d’un salon professionnel ». Le changement de cap, la
diversité d’annonces des différents ministres
préoccupés par ce sujet et le nombre croissant de conditions et
détails dans l’arrêt laissent entendre que l’opinion
des membres du gouvernement n’est pas unanime et qu’ils se
trouvent eux-mêmes pris en tenaille entre, d’une part la FNT et
d’autre part, la FFTPR (Fédération française du
transport de personnes sur réservation), sans oublier les
intérêts des consommateurs.
Il
est intéressant de noter que les hésitations de gouvernement
sont symptomatiques du piège que l’État s’est
lui-même tendu au fil du temps. À travers le système des
licences, l’État a clairement détérioré ce
service : augmentation des prix concomitante à une
dégradation de la qualité du service (les chauffeurs des taxis
parisiens sont considérés comme les
plus grossiers des grandes métropoles). Lorsque les consommateurs
silencieux démontrent les failles de ce système en encourageant
activement les services alternatifs tels que les VTC, on comprend mieux les
hésitations du gouvernement à protéger davantage le
système de rente des taxis.
À suivre
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