Parce que les eaux
usées politiques menacent de se transformer en tsunami, écrire un article
sur l’inflation me donne l’impression de faire un rêve éveillé. Et pourtant,
une meilleure compréhension de la monnaie pourrait nous apprendre comment
nous protéger de malfaisances politiques comme économiques.
Lorsque nous
entendons parler de l’inflation, c’est généralement dans le contexte du
contrôle des prix. Elle est un levier que les décideurs politiques des
banques centrales utilisent pour empêcher le développement de la célèbre CHOSE
de Bernanke : une déflation, c’est-à-dire une baisse générale des
prix. La Fed et ses acolytes pensent qu’un objectif d’inflation de plus ou
moins 2% est idéal pour assurer la santé de l’économie. Mais, horreur, elle
est inférieure à 2% depuis un certain temps. Un récent article publié par The
Economist est allé jusqu’à exhorter la Fed de commencer à imprimer (The
only thing we have to fear is fear of inflation, la seule chose que
nous ayons à craindre est une peur de l’inflation).
Il est
complètement irresponsable pour la Fed d’avoir autorisé à l’inflation de
demeurer si faible pendant si longtemps. Nous devrions nous réjouir de la
récente accélération des prix, et devrions espérer la voir se prolonger.
Souvenez-vous
que, dans le monde Keynésien, l’épargne est une mauvaise chose, le
capital devrait être gratuit, et nous finirons de toute façon tous par
mourir (voyez ce que Ray Kurzweil
nous dit de ce dernier point, ou encore Henry Hazlitt). Dans le monde
réel en revanche, où les gens travaillent pour vivre, la situation est bien
différence.
Premièrement,
comme les Keynésiens détestent tant l’admettre, les objectifs d’inflation
impliquent une devise qui, au travers de la contrainte du gouvernement, a été
prise d’entre les mains de ses utilisateurs pour être placée sous la tutelle
d’un cartel bancaire, puis convertie en monnaie digitale susceptible d’être
instantanément manipulée. Nous n’avons jamais rien pu lire qui suggère que la
monnaie soit quoi que ce soit de plus que des nombres créés par un comité de
décideurs politiques. Nous ne lisons presque jamais que leurs interventions
ne se distinguent pas de la contrefaçon. Nous ne lisons jamais que la monnaie
a été développée en vue de surpasser les restrictions des échanges directs,
lors desquels une matière première a émergé comme étant la plus recherchée
dans le cadre des affaires, qui n’a jamais été un ensemble de chiffres ou
encore du papier. Nous n’entendons quasiment jamais que lorsque de la monnaie
papier devient monnaie, c’est toujours parce que le gouvernement passe outre
les choix des participants aux marchés.
Deuxièmement, loin
d’être téméraire, la Fed a été assez prudente avec la monnaie en maintenant
une certaine stabilité de
la base monétaire ajustée ces deux dernières années, après l’avoir portée
jusqu’à des niveaux records suite à la panique de 2008. Combinée aux
versements d’intérêt sur les excès de réserve, qui en décourageant les
banques de prêter permettent de stabiliser le multiplicateur de réserve
fractionnaire, sa politique employée ces deux dernières années a été
bénéfique à ceux qui souhaitaient voir leur monnaie leur permettre d’acheter
plus. Il est difficile de trouver quelqu’un qui prenne plaisir à payer plus
pour les mêmes produits. Dans le monde keynésien dans lequel nous sommes
forcés de vivre, nous sommes les victimes d’analyses macroéconomiques qui se
font passer pour des vérités générales.
Aujourd’hui, le
véritable problème de l’inflation n’est même pas la monnaie sous-jacente, qui
devrait être un ensemble de pièces d’or dont les réserves devraient être
déterminées exclusivement par les forces du marché. Le problème de l’inflation
est qu’elle est discutée comme si l’argent en notre possession n’était pas
légalement le nôtre.
Plus
important que la survie de l’Etat
A moins que vous
vous trouviez au sommet de la chaîne alimentaire politique, rien de ce que
vous possédez, par même votre vie, n’est hors de la portée de l’Etat et de
ses intermédiaires. Et si ce n’était pas le cas, comment Roosevelt aurait-il
pu confisquer l’or de ses citoyens en 1933 ? Comment Lincoln, Wilson,
Roosevelt et Johnson auraient-ils pu ordonner à leurs hommes de se battre
pour les guerres dont leurs gouvernements étaient responsables, sous peine d’amende
ou d’emprisonnement ?
Vous pourriez
être surpris d’apprendre que l’idée de l’omnipotence de l’Etat était rejetée
par beaucoup d’hommes à l’origine de la fondation des Etats-Unis.
Le 24 février
1761, l’avocat de Boston, James Otis Jr, s’est lancé dans un procès au cours
duquel il a littéralement démoli les arguments de l’avocat de la Couronne,
Jeremiah Gridley, qui avait défendu le caractère légal des mandats de main-forte.
Comme l’a expliqué Otis, un officiel armé de l’un de ces mandats est en
mesure d’entrer dans n’importe quelle maison et dans n’importe quel magasin
de son plein gré, et de demander à ceux présents de l’assister dans ses
recherches.
N’importe quel
homme assoiffé de revanche, ou simplement curieux d’entrer dans le domicile
de son voisin, peut obtenir un mandat de main-forte. D’autres pourraient en
réclamer un pour des raisons d’auto-défense. Un acte arbitraire en provoquera
toujours un autre, jusqu’à ce que la société baigne dans le tumulte et le
sang.
Le jeune John
Adams était présent dans la salle pendant l’oraison d’Otis. Selon Adams, Otis
aurait expliqué que chaque homme (dont les Noirs) possède des droits « inhérents,
inaliénables et irrévocables par une loi, un pacte, un contrat ou une
stipulation conçus par l’Homme.
[Otis a expliqué]
qu’aucune autre créature ne peut légitimement remettre en question le droit d’un
Homme à la vie, à la liberté et à la propriété. Ce principe, cette loi
inaltérable, surpasse même la survie de l’Etat. [p. 23]
Le public
américain a clairement été convaincu d’abandonner ses droits au bénéfice de
ceux qui prospèrent au travers de l’instrumentalité de l’Etat, auquel, lui
a-t-on assuré, il appartiendrait toujours. The Economist et les autres voix
de l’établissement nous disent que nous ne sommes pas vraiment les
propriétaires de l’argent qui se trouve dans nos poches, pas si l’Etat décide
de s’en accaparer une partie. La monnaie a de la valeur parce qu’elle est
utilisée comme moyen d’échange contre des biens. Si un comité peut réduire la
valeur de votre monnaie sans votre consentement, il ne vaut pas mieux qu’un
vulgaire voleur.
L’idée que l’objectif
premier de la Fed soit d’assurer le bon fonctionnement des économies de
marché est une mascarade du simple point de vue de son histoire, ainsi qu’en
matière théorique. Là où se rendent les banques centrales, la débauche
monétaire s’installe toujours, ainsi que les ravages du trouble sociétal.