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Pêter un cable

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Published : October 20th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 


J’ai trouvé assez amusant d’observer le président Obama tenter d’accorder son violon au mouvement Occupy Wall Street. Il a demandé à ce que l’on ne « diabolise pas ceux qui travaillent à Wall Street ». Bien évidememment, la diabolisation découle de l’échec du président et de l’autorité publique à assujettir les traders de Wall Street aux mêmes règles que le commun des mortels pour ce qui concerne l’argent . Raison pour laquelle ceux qui travaillent à Wall Street peuvent apparaitre comme quelquechose d’autre que les mortels.  Ainsi, dans la mesure où leur travail (à Wall Street précisément) a eu quelque conséquence néfaste sur le bien-être commun, certains pourraient en tirer la conclusion qu’ils sont des créatures malveillantes ne faisant pas partie de la catégorie des mortels, en français des démons.


Cette première vague de convulsions étant venue secouer le monde Occidental, et plus particulièrement les Etats-Unis, s’est opérée jusqu’ici dans une ambiance de paix et de calme. La raison à cela est qu’un jeu est en train d’être joué. Il en fut de même en 1968. Le but de ce jeu est de faire descendre le plus de personnes possible dans la rue. L’idée est de promouvoir le droit de l’assemblée publique tout autant que de combattre une cause précise (bien que les bannières brandies à Wall Street arborent des messages n’ayant bien souvent rien à voir les uns avec les autres). Beaucoup de personnes se sentent attirées par ce genre de démonstration pacifique. Un sentiment de joyeuse anarchie caresse la foule, un sentiment que quelque chose d’important est sur le point de se produire, que les règles de la vie de tous les jours ont été pour un instant suspendues. La foule brille de sa propre masse, de sa solidarité joyeuse. Tout le monde se comporte parfaitement – ce qui est une raison de plus de se sentir bien.


Après un certain temps, cela devient quelque peu ennuyeux, tout particulièrement pour les jeunes hommes bourrés  de testostérone. Ils ressentent déjà le besoin de faire plus que de simplement être assis là à reluire de leur propre magnificence. Ils ressentent le besoin de déployer leurs muscles pour la défense d’une idéologie, ou de se venger d’avoir été victime d’escroquerie. C’est au départ un sentiment bien vague, mais assez large, qui finit rapidement par devenir cohérent. Des milliers de créatures démoniaques portant des cravates et des colliers de perles déambulent dans les bureaux chauffés et armés de machines à café des buildings de Zuccotti Park, et nous escroquent à cet instant même, nous dérobent notre futur par leurs opérations de trading. Observez-les voir s’agiter derrière ces grands murs de verre !


C’est à ce moment précis que les adeptes de yoga et de crochet sont mis de côté, laissant les autres manifestants s’exprimer d’une manière qui dépasse largement les droits de l’assemblée publique. Quelque invisible pensée semble soudain les réunir, de la même manière que les phéromones transforment un champ de sauterelles en nuées d’insectes voraces. Ces gens n’étant que des humains, tout ce qu’ils peuvent faire est de continuer à faire pression, jusqu’à ce que les géants de verre ne cèdent et que les banquiers soient à découvert, assis là, tremblant de peur dans leurs vêtement de luxe.


Nous nous dirigeons très probablement vers une telle situation. Les employés de banques doivent se sentir quelque peu nerveux d’apercevoir cette foule grouiller au pied de leurs bureaux. En plus de cela, il ne faut pas oublier de considérer les tensions internes aux banques, ou encore au système bancaire global, craquelé et fissuré de toutes parts, alors que la spirale de la dette entraine même les plus grands dans l’insolvabilité. Lorsque nous y regardons de plus près, ces évènements ne pourraient pas être plus parfaitement corrélés. Alors qu’un terrible accident est sur le point de survenir dans le domaine de la finance, une manifestation révolutionnaire vient se planter au pied de la maison-mère des vaisseaux monétaires du monde, comme si elle s’attendait à en recevoir les miettes dans ses bras ouverts après le bouquet final.


Le président Obama aurait pu changer la donne s’il en avait réellement eu la volonté. Il aurait très bien pu ordonner à son avocat général de renforcer les lois de sécurité. Il aurait pu remplacer les zombies de la Security and Exchange Commission et ordonner aux nouveaux arrivants de respecter les régulations préexistantes. Avant les élections de l’an dernier, il aurait pu user de sa majorité législative pour abroger l’acte Gramm-Leach-Bliley et réinstaurer l’acte Glass-Steagall. Il aurait pu initier le processus de décentralisation des banques – afin que le système bancaire soit à nouveau une institution utile plutôt qu’une base de lancement pour de multiples fraudes et escroqueries. Il a non seulement failli à mettre en place ces dernières réformes, il n’en a pas non plus soufflé mot, ni n’a tenté quoi que ce soit.


C’est assez culotté de la part du président que de se déclarer partisan du mouvement Occupy Wall Street. Ce qu’il a entrepris compte sans conteste parmi les multiples colères de son peuple. Je ne suis pas sûr qu’il parviendra à mener son mandat jusqu’à son terme. 2012 ressemble à la mise en scène d’un film d’horreur. La situation économique connait actuellement une descente aux enfers vertigineuse, de plus en plus de débats demeurent en suspens… 2012 pourrait finalement s’avérer bien pire que le fiasco de 2008. Les chaines politiques sont sclérosées et bouchées. Nos institutions sont en faillite. Les futurs candidats politiques ne parviennent à convaincre personne de leur capacité à gérer notre république.


La météo pourrait d’ici peu changer l’humeur des manifestants. S’ils ne s’emballent pas au cours de ces deux prochaines semaines, je pense que la nation s’enfoncera dans le désastre, dans une saison mélancolique suivie d’un hiver désespéré menant à un printemps rauque de transformations politiques – qui ne s’avèreront pas forcément être les meilleures.


Il semble pour le moment que nous soyons en l’attente de la première vitre brisée.


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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Il est vrai que casser le thermomètre est bien plus facile que soigner la fièvre. Mais de là a se substituer à lui... ça n'avait encore jamais été tenté. Bonne chance à tous les dirigeants !
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Atlantis - 10/20/2011 at 9:47 PM GMT
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