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Apache HTTP Server peut-elle se soustraire à la concurrence du fait de sa position « dominante » ?

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Published : December 30th, 2011
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La fondation Apache n’est pas une entreprise mais une organisation à but non lucratif dont le but est de développer des logiciels libres sous la licence Apache dont son célèbre serveur Web Apache HTTP Server. Il convient de préciser que ledit serveur a précédé la création de la fondation Apache puisqu’il date de 1995. Concrètement, c’était le groupe Apache qui avait « accouché » de ce logiciel de serveur HTTP.


De son côté, la fondation Apache fut créée en juin 1999 dans le Delaware aux États-Unis à un moment où de nombreuses entreprises se méfiaient encore de l’Open Source. Elle apporte un soutien organisationnel, légal et financier à tout projet de logiciel libre.


Historiquement, le serveur Apache HTTP Server est un des plus anciens logiciels de serveurs, et, au moment de son élaboration, il visait à faire contrepoids au serveur HTTP de Netscape. La mission fut plutôt réussie puisque, très rapidement, Apache HTTP Server s’imposa comme le serveur le plus répandu sur Internet. S’ensuivit une évolution cyclique : en mai 1999, il faisait tourner 57% des serveurs Web. Ce chiffre s’éleva à 69% en mai 2004 avant de chuter à 50,61% en janvier 2008 au point qu’en août 2007, certains médias se demandèrent même si Microsoft n’allait pas doubler Apache dans ce secteur. Mais, dès le mois d’octobre de la même année, on apprit que la part de marché d’Apache des serveurs web repassa à 72,98%... avant de retomber à 65% en novembre 2011.


Ce parcours incertain est plutôt sain : en effet, cela prouve que, malgré sa position clairement « dominante » sur le marché des serveurs web, Apache HTTP Server n’est pas à l’abri de la concurrence. Dernièrement, certains autres intervenants sur ce marché lui ont grignoté quelques parts. Évidemment on pourra toujours rétorquer que, malgré l’évolution cyclique des parts de marché d’Apache HTTP Server, ce logiciel de serveur conserverait néanmoins une écrasante « domination ».

C’est oublier les enseignements de la théorie des marchés contestables et les critiques de l’École d’économie dite autrichienne, selon laquelle l’atomicité n’est pas une condition de l’existence d’une véritable concurrence sur le marché[1]. Plus précisément, le fait qu’il n’y ait qu’une ou peu d’entreprises sur un marché n’est pas incompatible avec le maintien de pressions concurrentielles.


En effet, l’entreprise « dominante » devra constamment se défendre contre le risque d’apparition de nouveaux concurrents. Si elle parvient à maintenir ces entrants potentiels hors du marché, c’est parce qu’elle aura proposé des prix attractifs aux consommateurs sur lesquels ces entrants potentiels n’auront pas réussi à s’aligner. Ce fut le calcul de l’Aluminium Company of America et de la Standard Oil qui ne cessèrent pas de baisser leurs prix.


En revanche, si l’entreprise dominante fait l’erreur de croire que sa position préférentielle est éternelle et qu’elle peut donc se permettre le luxe de pratiquer des prix élevés pour ses produits et services, il y a fort à parier que ces nouveaux entrants auront des arguments à faire valoir et grignoteront des parts de marché.


L’histoire des grandes entreprises est, de toute façon, marquée par des phases d’expansion et de déclin qui rendent totalement incertaine leur évolution. Microsoft, souvent présentée comme une société écrasant à jamais tous ses concurrents potentiels, perd du terrain aujourd’hui face à Linux et MacOS. Certes, la cabale juridique dont a été victime la firme de Redmond peut, en partie, expliquer cette perte de vitesse mais sa stratégie n’a pas été dénuée d’erreurs, loin s’en faut.


Il est, par ailleurs, cocasse de lire que Microsoft attaque désormais Google pour… « abus de position dominante » sur le marché des moteurs de recherche !


Pour en revenir à Apache HTTP Server, rien ne permet donc d’affirmer que ce logiciel de serveur conservera éternellement sa confortable « position dominante », notamment s’il arrête de satisfaire les consommateurs. La fondation Apache, qui produit ledit logiciel de serveur, subit d’ailleurs déjà d’importantes difficultés qui font dire à certains qu’elle est devenue le « cimetière » des projets Open Source.


 

 



[1] Ceux qui voudront se familiariser un peu plus avec ces théories économiques liront avec profit, l’ouvrage d’Henri Lepage, La nouvelle économie industrielle.

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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