« C’est là l’une des choses
que je trouve amusantes quant aux manifestations de la gauche radicale sur
les campus… Elle veut le beurre et l’argent du beurre. Elle se veut un membre
naissant de l’élite et le champion des défavorisés. Jusqu’où pourra aller ce
narcissisme ? Elle veut le bénéfice d’obtenir tous les bénéfices, et le
bénéfice de n’avoir aucun des bénéfices, parce qu’avoir tous les bénéfices ne
lui est pas suffisant. »
— Jordon Peterson, professeur de
psychologie à l’Université de Toronto
« L’Empire ne pouvait plus
se permettre le problème de sa propre existence. »
— Joseph Tainter sur l’effondrement
des sociétés complexes
Le trouble extraordinaire de la
pensée de cet instant particulier de l’Histoire est distribué équitablement
au travers du spectre politique. Il est le produit inévitable de ce que
Sigmund Freud a identifié comme les mécontentements de la civilisation, et
devient de plus en plus aigu à mesure que la civilisation entre en phase de
boom d’effondrement économique. Et si cette folie est distribuée
équitablement, ce n’est pas le cas du capital de la nation. Le vieux centre
implose aussi bien économiquement que psychologiquement, pour faire se
concentrer les distorsions de la réalité de chaque côté, à gauche comme à
droite.
La pensée désordonnée du
Trumpisme est tout aussi palpable qu’une tasse de covfefe, bien qu’elle soit
née de la douleur authentique des classes qui souffrent le plus de cet
effondrement accéléré. Mais ce sont les troubles de la pensée des adversaires
de Trump qui m’intéressent le plus, parce qu’ils émanent des couches les plus
instruites de la société, au sein desquelles est supposée être enseignée une
manière de penser plus rationnelle. Si nous ne pouvons pas dépendre de ces
gens pour garder les idées claires dans les moments difficiles, quel peut
donc bien être l’intérêt de l’éducation supérieure ?
Prenons par exemple l’idée
incroyable avancée par CNN selon laquelle il devrait être verboten pour les
représentants du gouvernement – et notamment le président – de s’entretenir
avec l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis. J’ai déjà posé cette question
par le passé, mais au vu de ces absurdités persistantes, il est évident qu’elle
devrait être répétée aujourd’hui : pourquoi pensez-vous que les nations
envoient des diplomates à l’étranger sinon pour s’entretenir et communiquer
avec les membres d’autres gouvernements ? Depuis quand – et pourquoi –
est-il choquant pour un président des Etats-Unis de s’entretenir à la Maison
blanche avec l’ambassadeur et le ministre des affaires étrangères de Russie ?
Les présidents précédents n’ont-ils pas rencontré de diplomates russes ?
Les représentants entrants des administrations précédentes ne se sont-ils
jamais entretenus avec des diplomates russes ? Et s’ils l’ont fait, de
quoi pensez-vous qu’ils aient discuté ? Des espoirs des Orioles de
Baltimore ? De la dernière cuisine fusion ? Ou de questions plus
sérieuses comme leurs intérêts géopolitiques mutuels ? Les diplomates
des Etats-Unis à Moscou évitent-ils la compagnie des représentants du
gouvernement russe ? Dans ce cas, pourquoi les y envoyer ?
Qu’il s’agisse d’une mauvaise
compréhension de la réalité par des gens instruits qui travaillent pour la
télévision ou d’une déformation volontaire de la crédulité du public, la
conséquence en est un effondrement douloureux de la cohérence collective qui
aura le potentiel de causer bien des torts à la vie américaine. La « résistance »
démocrate et progressiste pense peut-être se dresser contre un gouvernement dévoyé,
elle ne fait que se représenter comme dangereusement incertaine plutôt que
comme une alternative viable au Trumpisme.
La gauche démocrate et
progressiste dissipe son énergie politique et culturelle au travers de
campagnes chimériques contre la réalité et, ultimement, contre le projet de
civilisation lui-même. Citons par exemple sa croisade contre toute notion
américaine de masculinité. Dernière preuve en date, l’article de première
page publié vendredi sur le site du New
York Times : How
to Raise a Feminist Son.
Pour que les enfants puissent
réaliser tout leur potentiel, il leur faut poursuivre leurs intérêts, qu’ils
soient traditionnels ou non. Alors laissons-les faire… Offrons-leur des
activités plus ouvertes, comme jouer avec des blocs ou de l’argile.
Encourageons les garçons à s’adonner à des activités comme le déguisement ou
l’art, même s’ils ne s’y intéressent pas à premier abord. C’est ce que nous
recommandent les scientifiques sociaux. Abolissons les stéréotypes. (« Il
est bien dommage que cette boîte ne montre que des petites filles, parce que
bien des garçons aiment aussi jouer à la poupée. »)
Issu de l’article publié dans le
Times, artiste : Agnes Lee
Au cas où vous vous demanderiez
pourquoi la culture pop est saturée et préoccupée par des superhéros de bande
dessinée, c’est parce que les hommes américains ne sont plus autorisés à
jouer les héros de la vie courante, et ne sont plus autorisés à soutenir leur
famille en travaillant pour gagner leur vie. Il ne leur reste donc rien de
plus que des fantaisies absurdes pour leur dicter ce que signifie être un
homme. Détruire les frontières entre les sexes et rejeter l’idée que la
biologie puisse faire partie du débat ne fera que rendre la situation plus
difficile pour notre nation, qui navigue aujourd’hui des eaux économiquement
plus tourmentées que jamais.
Pour appuyer mon argument, j’aimerais
attirer votre attention vers les récentes demandes faites par des groupes d’étudiants
en vue d’établir de nouveaux dortoirs séparés en fonction des races, une fois
encore en le nom de l’inclusion et de la diversité. Il est une chose pour un
individu de 19 ans d’être confus, mais il en est une autre pour un étudiant
adulte d’adopter une telle hypocrisie dérangée – et je n’ai jusqu’à présent
entendu aucun doyen d’université s’opposer à cet affront égoïste à la raison.
La victime ultime de toutes ces absurdités est la vérité. Si vous pensez qu’elle
n’a pas d’importance, alors vous serez très déçu de la manière dont iront les
choses au pays du covfefe.