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Des prix de marché ? Naïveté, ignorance ou pure désinformation ?

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Published : July 15th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

Officiellement, QE2 a pris fin le 30 juin dernier. Supposément, le rachat par la banque centrale américaine des bons du trésor américain serait donc terminé. Comme l’écrit à ce sujet Natixis dans une publication en date du 5 juillet, le contrôle des taux d’intérêt à long terme a donc cessé. Il faudrait donc en conclure à l’instar de la banque française que les taux d’intérêt à long terme seraient dorénavant déterminés par l’offre et la demande privée d’obligations. La fin du QE2 marquerait-elle donc le retour à un marché sur lequel s’échangeraient des obligations délivrées de toute entrave et réglementation ?


Cette interprétation repose sur deux erreurs. L’assouplissement monétaire n’est pas vraiment terminé et il est fort possible qu’il se poursuive dans les prochains mois. Et quand bien même, la Fed y renoncerait, il n’en demeurerait pas moins qu’elle continuerait par ailleurs à mener une politique monétaire active qui par définition empêche de parler de marché libre.


Ce n’est pas parce qu’on parle de marché que ce dernier fonctionne nécessairement selon des règles qui respectent les droits de propriété individuels de chacun. Ce genre d’analyse est trompeur en laissant planer l’idée que ce serait le cas. En se méprenant sur les phénomènes en jeu – fortement réglementés – l’analyse de Natixis n’est pas un outil d’aide à la décision mais risque, au contraire, de brouiller les pistes.


En effet, comme l’explique l’analyste Valentin Petkantchin, nous avons déjà un QE2.5.


L’assouplissement quantitatif (QE pour quantitative easing) est l’un des instruments monétaires que la Fed a décidé d’utiliser à partir du printemps 2009. Il s’agit du rachat par une banque centrale des bons du trésor d’un gouvernement dès lors que ce dernier ne parvient plus à les placer sur le marché (auprès des investisseurs privés) à un taux suffisamment bas.


Compte tenu de la préférence pour le présent des individus, les taux longs sont toujours plus élevés que les taux courts. Or, la hausse progressive de l’endettement du gouvernement américain au cours des dernières années (le Sénat discute actuellement de la possibilité de voter une hausse du niveau d’endettement au dessus de 14.3 billions de dollars) a créé des tensions sur les taux d’intérêt longs. D’où le rachat direct par la Fed pour tenter de discipliner des taux considérés comme trop élevés et rendant le crédit trop cher.


Jusqu’à présent, QE1 puis QE2 ont permis de calmer les marchés et un phénomène qui ressemble beaucoup à un QE est déjà à l’œuvre. En effet, le produit de la dette acquise, soit près de 300 milliards de dollars, sera réinvesti dans l’achat de nouvelles dettes américaines. Ensuite, la Fed poursuit sa politique de taux d’intérêt zéro et pourrait l’accompagner d’un contrôle des prix sur certaines obligations américaines. 


Croire comme Natixis que les taux d’intérêt avant 2008 et après juillet 2011 puissent être des taux de marché est erroné. En effet, quand il y a politique monétaire, il y a manipulation des taux et il ne saurait être question de parler de marché des taux comme s’ils étaient fixés librement par le jeu de l’offre et de la demande. 


Reste que la politique monétaire est plus ou moins « efficace » à lutter contre la hausse des taux longs et que face à l’impuissance des pouvoirs publics à réduire la dette, la Fed risque de proposer des doses de plus en plus fortes d’injections de liquidités dans l’économie, espérant acheter le temps nécessaire à l’économie pour se reconstruire.


Evidemment, nombreux sont les analystes qui commencent cependant à cerner le lien qu’il pourrait y avoir entre cette politique monétaire laxiste, un endettement massif et une croissance en berne. Loin de vivre un retour à la fixation des taux par le marché, les manipulations monétaires pourraient au contraire s’intensifier et provoquer des réactions violentes.



 

Cécile Philippe

Institut Economique Molinari



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Cécile Philippe est le directeur de l’Institut Economique Molinari, un organisme de recherche et d'éducation visant à entreprendre et à stimuler l'approche économique dans l'analyse des politiques publiques. Il a été baptisé du nom de Gustave de Molinari, économiste et journaliste franco-belge qui a oeuvré toute sa vie à promouvoir cette approche.

 

 

 

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Cécile Philippe est docteur ès sciences économiques de l'Université Paris-IX Dauphine et d'un Desup en gestion des entreprises dans les pays en développement. C'est au sein d'un think tank américain qu'elle a terminé sa thèse portant sur les théories de l'information et l'émergence d'un marché de l'information sur Internet. De retour en Europe, elle a crée en 2003 l'Institut économique Molinari, dont elle assure depuis la direction. Auteur d'un grand nombre d'articles publiés dans des journaux aussi bien francophones qu'anglophones, elle a publié en 2007 son premier livre aux Éditions JC Lattès intitulé "C'est trop tard pour la terre". Le livre s'intéresse aux questions d'environnement et cherche à mettre fin à un certain nombre de mythes, en particulier celui qui consiste à croire que réglementation et taxation vont de pair avec amélioration de l'environnement. Elle est intervenue à maintes reprises à la radio (BFM, RFI, etc.) et à la télévision (France 3, LCI, etc.) sur des questions de politiques publiques.
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Je crois, Paul B., que votre lecture est un peu schizophrénique...

Vous ne savez pas ce qu'est le quantitative easing. Le QE consiste pour la banque centrale à racheter les obligations à long terme afin de faire baisser les taux longs. Elle conssite donc, en une politique, de monétisation de la dette publique.

Il s'agit par, ce biais, de lutter contre la déflation en allumant la mèche de l'inflation. En rachetant sur le marché secondaire les obligations à long terme (essentiellement aux banques), la banque centrale assure ainsi le financement global de l'économie.

Dans votre article vous confondez effet d'éviction ( la dette publique évince la dette privée) et QE.

Il me semble important de porter à votre connaissance que la banque centrale a le monopole de l'émission de la monnaie et qu'elle assure le controle de l'offre de monnaie. Le marché monétaire est par définition, un marché réglementé. A moins de supprimer la banque centrale et le monopole dont elle jouit, comme le propose l'école autrichienne (Hayek, Von Mises).

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BertrandC - 9/18/2011 at 1:51 PM GMT
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