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Ils vont ouvrir les vannes !

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Published : February 03rd, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Les dirigeants occidentaux vont chercher à noyer l’incendie européen en déversant une masse de liquidités sur les banques et en multipliant les pare-feux afin de cantonner la crise obligataire. L’opération est planifiée pour se dérouler en deux temps.

En février d’abord, avec une nouvelle méga distribution de prêts à trois ans aux banques – une LTRO (Longer-Term Refinancing Operation) – dont il est estimé qu’elle pourrait doubler ou tripler en volume la précédente de décembre. Soit mille à mille cinq cent milliards d’euros pour la seconde vague.




Illustration par Sébastien Marcy

En avril ensuite, selon le Financial Times, qui annonce à l’occasion de l’assemblée de printemps du FMI la constitution d’un fonds de l’équivalent de 500 milliards d’euros sous les auspices de celui-ci. Il viendrait s’ajouter aux moyens qui seront maintenus du FESF et ceux à venir en juillet du MES, que les Allemands accepteraient d’additionner. Soit au total presque 1.500 milliards d’euros, si l’on tient compte des 150 milliards déjà engagés par le FESF.

Destiné à impressionner, ce second dispositif est le résultat des conciliabules tenus ces derniers temps entre Christine Lagarde, Timothy Geithner, Wolfgang Schäuble et François Baroin et vise à en finir en faisant la part du feu. Posant la question de savoir en quoi elle va consister.

C’est dans ce nouveau contexte que peut être compris la tentative allemande de mettre le gouvernement grec sous tutelle, le gouvernement allemand estimant que les Européens ont désormais les moyens de faire face, si la Grèce devait faire défaut. Ce qui explique que les voix se font entendre dans le pays pour réclamer le lâchage de la Grèce, si l’on comprend bien à titre d’exemple pour ceux qui pourraient vouloir la suivre en n’accomplissant pas leurs objectifs de réduction des déficits.

Il faut par contre à tout prix sauver le soldat Monti. Sans que l’on en distingue trop bien les raisons, les émissions obligataires italiennes continuent de recevoir un meilleur accueil du marché. Fruit sans aucun doute des efforts des banques italiennes financées par la BCE, mais aussi d’autres mains secourables non identifiées qui ont été appelées en renfort. Du temps est ainsi gagné, mais rien n’est joué.

Ce qui dans l’immédiat laisse pendants les cas très incertains du Portugal et de l’Espagne. Le premier subit de plein fouet les attaques des marchés et ne pourra tenir sans un second plan de sauvetage, s’apprêtant à suivre la Grèce sur un chemin dont on voit désormais où il peut mener. Une nouvelle opération de restructuration de dette étant impensable vu la manière dont l’actuelle se déroule. Mais le sort du Portugal et celui de l’Espagne sont intimement liés. Non seulement en raison de leurs relations économiques étroites, mais aussi de l’implication des banques espagnoles dans l’énorme dette privée portugaise.

L’Espagne, elle, se porte comme elle peut, c’est-à-dire très mal. Il est hors de question d’atteindre l’objectif de réduction du déficit public en fin d’année et la situation du système bancaire se détériore au fur et à mesure que la bulle immobilière continue de se dégonfler. Les régions sont rattrapées dans la crise, les coupes budgétaires perturbent la vie de tous les jours des Espagnols et le chômage est de plus en plus difficilement amorti par la solidarité familiale, les petits boulots informels, et le démarrage d’une nouvelle émigration.

À cela le nouveau plan européen n’apporte aucune réponse si ce n’est l’énoncé d’une discipline assortie de la promesse de sanctions pour ceux qui n’en suivraient pas la règle. Au chapitre de la relance de la croissance, qui figurait comme le principal point à l’ordre du jour du sommet européen d’hier, il faudra se contenter d’une vague déclaration de principe « Nous encouragerons les initiatives multilatérales et bilatérales visant à lever les barrières commerciales et à améliorer l’accès au marché pour les exportateurs et les investisseurs européens ». C’est plus que maigre, même si on l’accompagne des efforts de la Commission européenne qui propose de racler dans les fonds de tiroir du budget communautaire. « De l’audace, encore de l’audace ! », cette fois-ci elle consiste pour David Cameron a préconiser des accords commerciaux avec les États-Unis, afin de doper les échanges et les investissements et d’abattre « les barrières inutiles au commerce et aux services et à sabrer dans le nombre de professions réglementées en Europe ». Un visionnaire qui décidément voit loin.

Le FMI, qui a mis en garde contre une nouvelle vague de restrictions budgétaires en Espagne, cherche d’autres points d’appui. Il vient d’encourager la Chine à engager une relance budgétaire, afin de venir au secours de l’Europe qui n’en a pas les moyens. Faisant référence aux orientations du plan quinquennal 2011-2015, Anoop Singh, le directeur pour l’Asie du fonds, considère qu’elle pourrait avoir comme objectif le développement de la consommation intérieure et non pas l’investissement, grâce des aides à la consommation, l’amélioration de la protection et du logement social.

La question est en effet de savoir qui va contaminer l’autre de la Chine – dont la croissance s’essouffle – et des pays occidentaux, sous la menace de la récession, quand ils n’y sont pas déjà. Mais ces adjurations continuent de faire l’impasse sur la nature d’une croissance toujours considérée comme la cavalerie – dont on sait qu’elle arrive toujours à temps – ainsi que sur les modèles de développement économique.

Intervenant au forum social de Porto Alegre, Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, a précisément appelé à en changer, en ouverture des débats de la conférence de l’ONU sur le développement durable de juin prochain qu’elle présidera. « Ce qui sera en jeu à Rio+20, c’est un modèle de développement qui allie croissance et création d’emplois, lutte contre la pauvreté et réduction des inégalités (…) utilisation et préservation des ressources naturelles ». Critiquant les conséquences sociales des coupes budgétaires appliquées dans les pays développés, elle a pointé que « Le chômage et l’inégalité sociale sont particulièrement cruels quand il s’agit de nations riches qui ont conquis des droits et (…) ils touchent surtout les jeunes, les femmes et les immigrants ». « La dissonance entre la voix des marchés et celle de la rue semble augmenter de plus en plus dans les pays développés et menace non seulement les conquêtes sociales mais aussi la démocratie » a-t-elle conclu.

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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""" Ce qui sera en jeu à Rio+20, c’est un modèle de développement qui allie croissance et création d’emplois, lutte contre la pauvreté et réduction des inégalités (…) utilisation et préservation des ressources naturelles »""""

Super programme qui valait bien la peine d'être rapporté !
Mais c'est bien sur ! Comment n-y a-t-on pas pensé plus tôt !

Pour mémoire : qu'avons-nous fait de 1950 à 1974 ?
C'est vrai qu'avant il y avait eu une guerre
et encore avant un crise économique

Quelle sera la suite aujourd'hui ?
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Mais si bien sûr... tout va s' arranger... puisque que "tout le monde il est beau, tout le monde il est très gentil" et que notre bonne vieille Terre n' est qu' un "Grand Village" ....ah ah ah ah ah ah ah... ( <- RIRE INEXTINGUIBLE ).
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Mais si bien sûr... tout va s' arranger... puisque que "tout le monde il est beau, tout le monde il est très gentil" et que notre bonne vieille Terre n' est qu' un "Grand Village" ....ah ah ah ah ah ah ah... ( <- RIRE INEXTINGUIBLE ). Read more
fredbob - 2/3/2012 at 10:29 AM GMT
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