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Les interférences des
pouvoirs publics (banques centrales et Etats) sont de plus en plus
perturbantes pour les marchés financiers qui se comportent en
conséquence de façon de plus en plus illogique. Qu’on en
juge: l’arrêt du Quantitative Easing
aux USA et la hausse des taux d’intérêt à court
terme dans les pays émergents (BRIC), comme à un moindre
degré dans la zone euro (la BCE va encore relever son taux directeur),
mais aussi la crise dite d’endettement (en réalité de
solvabilité) chez les PIIGS, dans un contexte global de très
faible croissance économique, provoquent déjà une
contraction mondiale des liquidités de nature déflationniste
ce que reflète bien la baisse des cours des matières
premières et métaux précieux (en USD). Tout cela devrait
faire monter le dollar US contre la plupart des autres monnaies, l’euro
surtout -dont la viabilité est de plus en plus fragile-, et faire
baisser les marchés d’actions au profit des marchés
d’obligations (en USD). Ce qui s’est bien passé, par
anticipation, de début mai 2011 à la fin de la semaine
passée. Puis, soudainement, alors que la baisse des cours des matières
premières et métaux précieux (en USD) logiquement se
poursuit, en une semaine les actions sont vivement remontées et les
obligations ont rebaissé contre toute logique. Pourquoi? Parce que les
Chinois et quelques autres banques centrales ont effectué des achats
massifs d’euros pour éviter que les situations de panique chez
les PIIGS n’emportent la monnaie unique européenne et parce que
certaines sociétés internationales (aux USA surtout) ont
décidé de racheter elles-mêmes leurs propres actions de
peur qu’elles chutent beaucoup plus bas du fait de l’assèchement
des liquidités et de la désertion du marché des actions
par la grande masse des investisseurs.
Tout porte à croire que
ces interférences, qui ont poussé en peu de temps l’euro
comme les marchés d’actions à des niveaux assez
extrêmes de sur-achat et les obligations de sur-vente,
sont proches de cesser et que la suite logique du scénario
initialement exposé va reprendre son cours. Et même
s’accélérer en juillet, août et septembre, des mois
traditionnellement sans volume. L’analyste indépendant Marc Faber, qui a très justement prévu la baisse
à court terme des cours des métaux précieux en USD, est
maintenant convaincu, à l’instar de plusieurs banques allemandes
ou suisses et gérants internationaux, de
l’inéluctabilité d’une chute majeure des
marchés d’actions en liaison avec forte remontée du
dollar US qui dureraient jusqu’en fin 2011. A noter que le franc suisse
-la moins mauvaise monnaie fiduciaire de papier- a cette fois-ci
entamé dès cette semaine sa correction à la baisse
contre le dollar US (l’USD/CHF étant monté de 82,76
à 85,26), ce qui laisse peu de chances aux autres monnaies
d’échapper à cette même issue pour
elles-mêmes.
Le graphique ci-dessous montre
que les actions US (stocks) et donc mondiales montent quand le dollar US
baisse (ce qui vient de se reproduire cette semaine) mais qu’elles
chutent quand le dollar US monte (ce qui devrait mécaniquement se
produire prochainement du fait de la moindre création de dollars US
par les USA suite à la fin du Quantitative Easing
et à l’augmentation de la création d’euros par la
BCE et consorts pour financer les bailouts grec,
portugais, irlandais, etc.).
On notera, par ailleurs, sur le
graphique ci-dessous (qui date d’avril 2011), que la reprise des
actions depuis leur plus bas de 2009 a été principalement due
au Quantitative Easing, mais qu’elles ont
chuté à la fin du 1er QE. Il n’y a donc pas de raison de
penser qu’il en soit différent cette fois-ci avec la fin du
2éme QE.
L’indice S+P500 des actions US, comme indiqué dans le graphique
ci-dessous, a enregistré en une semaine une progression tout à
fait anormale (explicable pour les motifs précédemment
exposés). La formation en têtes-épaules est un cas
d’école qui devrait l’empêcher de dépasser
1345 puis le conduire à lourdement rechuter en direction de 1230, et
si cassé, vers 1170.
Le graphique ci-dessous montre
que les obligations d’Etat US sont fortement sur-vendues
par rapport aux actions US et que progressivement les premières
devraient remonter par rapport aux secondes. Ce pourrait être
d’ailleurs une opportunité historique d’acheter ces
obligations et vendre simultanément ces actions, ainsi que nous
l’avons récemment fait pour les comptes des clients que nous
gérons auprès des banques, puisque les économies
budgétaires et la baisse de l’endettement vont être
importantes aux USA à l’issue de la partie de bras de fer
actuelle entre le Congrès et la Maison Blanche au sujet du
relèvement du plafond de la dette publique de ce pays qui,
évidemment, interviendra en échange d’économies
budgétaires drastiques imposées par le Congrès.
Le graphique ci-dessous de
l’or montre que sa baisse devrait se poursuivre en direction du support
de 1.415 USD l’once puis, s’il casse à la baisse, vers
1.320 le plus bas de 2011. Ce qui serait positif pour notre “Fuchs
& Associates (Long+Short) Precious
Metals Investment Fund”, actuellement positionné à la
baisse des trois métaux (or, argent-métal, platine) via des ETF
dans l’optique de les racheter sur les niveaux précités
puis d’aller long pour une reprise graduelle à partir de la fin
de l’été.
Au même titre que les
actions ne peuvent pas monter dans un contexte de hausse du dollar US,
l’or ne peut pas non plus monter lorsque le dollar US monte, comme le
montre le graphique ci-dessous. C’est en revanche, alors, dans les
monnaies qui s’affaiblissent contre le dollar US que l’or monte,
raison pour laquelle il faut à notre avis le détenir en euros
voire bientôt en francs suisses (Attention, ce graphique n’est
pas à jour puisqu’il date d’avril 2011, ce qui ne change
rien au raisonnement).
Pierre
Leconte
Article originellement
publié ici
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